«
Pour qui tu te prends, hein, p’tit con ? Tu croyais p’t’ête qu’on avait pas repéré ton manège ? -
Ah, putain ! Merde, lâchez-moi, c’était juste pour rire ! »
En réponse, le coup partit. Une claque formidable, qui aurait pu lui déboîter le crâne, et qui l’envoya heurter douloureusement le mur. Il sentit ses jambes vaciller, mais l’homme l’attrapa à nouveau par le col de sa veste noire, l’empêchant de tomber, et le souleva, lui balançant son haleine puante à la figure. D’un naturel très provocateur d’habitude,
Zetsu n’en menait aujourd’hui pas large. Il était malmené par un malabar, le bras droit de Tatsuo Mishimi, membre du clan yakuza des Mishimi, où il était le
wakagashira, soit le premier lieutenant, directement sous les ordres de l’Oyabun, qui s’avérait être son grand-frère. Or, les Mishimi travaillaient pour le plus grand clan yakuza de la ville, les redoutables Guramu, et, à ce titre, n’aimaient pas particulièrement qu’on déconne avec eux… Or, c’était exactement ce que Zet’ avait fait.
«
T’entends ça ? Y nous prend pour des putains de clowns ? Le respect, sale babouin, ça te dit quelque chose, peut-être ?! »
L’homme s’appelait Guido. Zetsu avait entendu parler de lui. On disait qu’il aimait les Pokemon, qu’il les collectionnait depuis sa plus tendre enfance, pour autant que l’enfance d’un type comme Guido puisse avoir été tendre. À l’école, déjà, Guido aimait racketter les autres, usant de ses muscles. Trapu de naissance, il était très costaud, en plus d’être grand. Et c’était le fidèle bras droit de Tatsuo, là encore, depuis l’enfance.
Zetsu aimait se faire passer pour un Yakuza, même s’il n’en était pas un. C’était souvent un moyen facile pour obtenir de l’argent des commerçants, ou divers trucs. Pour ça, il disposait d’un pistolet-mitrailleur, un
vrai… Le genre de trucs qu’on trouvait dans n’importe quelle poubelle aux États-Unis, mais qui étaient super rares au Japon, un pays connu pour être l’un des plus stricts au monde concernant la règlementation des armes à feu. Hélas, il avait eu la bonne idée de refaire son petit coup en présence de vrais Yakuzas, des types qui avaient entendu parler d’un vaurien de la zone se faisant passer pour l’un des leurs.
Et, si Zetsu trouvait l’idée géniale, eux ne partageaient pas du tout le même avis. Et, comme pour s’en assurer, Guido lui envoya un puissant coup de poing dans le ventre, qui lui coupa la respiration, et l’envoya cette fois au sol, une main en appui sur le sol, l’autre sur son ventre.
«
Ooooohh… Puuutain, meerde… »
Zet’ respirait douloureusement, une douleur lancinante et furieuse remontant dans son torse. Au-dessus de lui, Guido, derrière ses lunettes de soleil, envoya son pied dans ses côtes, et Zet’ grogna à nouveau, s’étalant sur le sol.
Guido était en compagnie de deux autres Yakuzas, et ils fumaient nerveusement, en se demandant comment le tuer. Zetsu ne pleurait pas, car il savait que ça ne servirait à rien, et espérait plutôt un miracle. Il avait tenté de leur échapper, pour sûr, mais ces diables étaient rapides, et l’un des trois l’avait poursuivi en moto, lui fauchant les jambes dans la rue, avant que Guido ne le traîne dans cette impasse. Il était donc là, à se faire bastonner, et l’homme le releva, puis le plaqua contre le mur, et commença à l’étrangler.
«
Haaaa… Hnnnnn… -
Sale petite merde, les bâtards comme toi ont rien à faire au Japon.. »
Guido était bien décidé à le tuer, et Zet’ se débattait sur place… Quand il entendit comme un coup de tonnerre, puis se retrouva avec de la sauce tomate sur les yeux, tandis que ses oreilles sifflaient, comme si on avait fait exploser un pétard juste à côté d’elles. Et, alors qu’il tombait au sol, il constata que ce qu’il prenait pour de la sauce tomate était un peu plus poisseux, et qu’il avait aussi des bouts durs sur le visage, ainsi que des espèces de morceaux visqueux et rosâtres… Zetsu réalisa alors que Guido s’était écroulé devant lui, avec un trou à la place d’une partie du visage, dont son sang s’écoulait, ainsi que son cerveau.
Il rampait lentement sur le sol, hagard, avant de voir une femme se rapprocher. Une sorte de tueuse, dont le pistolet était encore fumant, et qui le pointa vers son visage. Incapable de parler, Zet’, qui avait perdu sa superbe verve, fixait ce trou noir béant, entendant la femme lui parler, comme si elle venait d’un rêve.
Puis elle relâcha l’arme, et lui indiqua qu’elle lui offrait un verre au bar du coin.
«
H-Hein… ? Q-Quoi… ?! »
Hébété, il se redressa lentement.
«
V-Vous… Vous avez tué ces gars… Putain, vous avez tué ces gars… Merde, vous les avez vraiment butés ! »
Zetsu constata qu’il avait un bout de cerveau dans les cheveux quand il passa sa main dessus, et sentit quelque chose se serrer dans son ventre, avant de remonter. Il s’appuya contre le mur, et se mit à vomir pendant quelques secondes, avant de soupirer, ses lèvres tremblant nerveusement. Il tenta ensuite de se reculer, mais glissa sur le pied de Guido, et s’affala sur le sol.
«
Merde, merde, vous les avez butés… Putain, mais… Vous êtes qui ?! »
Perturbé, voilà ce que Zetsu était cette nuit…