Un lapinou dans une toile [Elise]

Le Village des Toiles, un endroit sordide où les rumeurs dessus étaient nombreux. On disait de ses habitants qu'ils étaient de adorateur d'une sectes étrange. Green Honey n'avait pas peur de ses rumeurs, la raison ? Tout simplement car il n'avait pas de lieux où crécher ce soir et qu'il était hors de question de dormir à la belle étoile dans les contrées du Chaos, sous peine de ses réveiller avec un bout en moins, quand on se réveillait.

Le terranide était parti d'un autre village au petit matin, pour une raison très simple, avoir un logement et de la nourriture pouvait prendre beaucoup de temps. C'est aussi pour cela qu'il était en bordure du village alors que le soleil était à son zénith. L'aspect délabré et remplit de toile rendait le lieu sordide, mais il n'avait plus le temps d'aller dans un autre village, il allait devoir passer au moins deux jours ici. Trouver le chef du village ne fut pas d'une grande difficulté, le terranide allant le saluer. Contrairement à ce qu'il pensait, on lui offrit volontiers un endroit où dormir.

Ce que l'on avait oublié de lui dire, c'est que la maison qui lui était prêté n'avait plus de propriétaire, étant aussi le plus près de l'arachnide. Le chef du village avait profité qu'Honey soit un terranide, assez mignon de surcroit, pour le mettre en première ligne, afin de servir de cadeau pour la maîtresse des lieux.

Le terranide comprit très vite que la maison manquait légèrement d'entretiens. La porte n'avait aucun verrouillage et le toit, comme les autres avaient des toiles.  Green Honey entreprit donc de faire un peu de rangement et de nettoyage, chassant les araignée dans la bâtisse, sans les tuer, elles étaient là avant et ce n'était pas une raison de les tuer. S'il ne touchait pas à l’extérieur, l’intérieur fut nettoyé de fond en comble. Il ne restait plus qu'une chose à avoir, de la nourriture. 

Il ne vit aucune personne assez intéressé par son corps pour l'utiliser contre des victuailles. Il fit le tour des autres maisons, devant payer avec quelques pièces. Il n'aimait pas perdre de l'argent, mais sans nourriture, il n'allait pas faire long feux. La recherche de nourriture prit le plus de temps, si bien qu'arrivé à sa demeure temporaire, il faisait déjà nuit. Il put constater que les autres maisons étaient dans l'ombre, lui allait allumer la petite cheminée, pour faire cuire quelques légumes, afin de faire une soupe.

Dans tout le village, seule sa maison montrait des signes d'activité et de la lumière.

Au Village des Toiles, on perdait des gens plus qu’on n’en gagnait. La faute en venait principalement à son isolement. Un incendie avait jadis ravagé la majorité du village, et, depuis lors, le village n’était plus référencé sur aucune carte. Le nom qu’il portait avant n’était plus qu’un nom laissé aux oubliettes, et le village, par sa nature très particulière, avait acquis quelque chose de mythique. Le seigneur de la région, Sire Waleran, s’était également assuré que plus personne n’entende parler du Village des Toiles, et chaque villageois qui se risquait à sortir des environs du Village était traqué par les hommes de Waleran, soumis à la question, et finalement massacré. Car, entre Waleran et la Maîtresse de la Forêt des Toiles, un conflit larvé régnait. Si Waleran avait pu raser la Forêt, il l’aurait sans aucun doute fait depuis longtemps.

Le Village des Toiles, donc, était un village abandonné, dont on parlait dans les auberges, en indiquant qu’il était détenu par la terrible Élise, une femme arachnéenne cruelle et anthropophage. Elle était le croque-mitaine de cette région, celle qu’on invoquait pour faire peur aux enfants. Rentre te coucher, mon enfant, où la Reine des Toiles viendra te dévorer ! Avec ce genre d’histoires, nul n’avait spécialement envie de rejoindre le Village.

Pourtant... Pourtant, parfois, il y avait des gens qui se risquaient. Des croisés en quête de gloire, des paladins s’aventurant dans la forêt pour occire la Reine. Parfois, on les entendait hurler, et les villageois ne s’inquiétaient guère. Ceux qui n’étaient pas partis avaient fait le choix de rester. Et, parfois encore, de simples voyageurs arrivaient. Là encore, et de manière encore plus rare, ceux qui n’étaient pas rebutés par l’apparence austère et entoilée du Village choisissaient de s’aventurer vers l’auberge du coin.

On ne l’appelait pas « Village des Toiles » pour rien. Quand l’incendie avait tout ravagé, Élise avait utilisé ses araignées pour reconstruire, et les maisons du Village présentaient ainsi une architecture unique, mélange de bois, de paille, et de toiles d’araignées pour les consolider. Mine de rien, ceci en faisait des maisons extrêmement résistantes, car la soie d’araignée était un matériau aussi résistant de l’acier, l’un des matériaux organiques les plus durs qui existent. Ainsi, malgré cette apparence délabrée à voir toutes ces toiles recouvrir les murs et les toits, le Village était en réalité très bien bâti. Cependant, il était vrai que de nombreux quartiers étaient abandonnés. De cette manière, quand l’Usagi arriva, il y avait effectivement une maison à lui pourvoir.

L’annonce d’un nouvel arrivant fit grand bruit dans ce village, et l’information fut rapidement transmise à la Maîtresse des lieux. Le chef du village, l’aubergiste, n’était qu’un simple homme, qui n’avait de « chef » que le nom. Dans ce village hors-normes, atypique, seule Élise régnait.

Ainsi, quand la nuit s’abattit sur le Village, et que les habitants, soit allaient se coucher, soit se regroupaient ensemble autour d’un feu-de-camp au centre du village, quand ils n’étaient pas tous réunis à l’auberge, les arbres remuèrent, et les araignées annoncèrent son arrivée. Ses pieds se posèrent sur la branche d’un chêne surplombant le Village, et elle vit la maison allumée, dans un coin rempli de maisons vides.

*Le voilà donc...*

On ne s’installait pas par hasard au Village des Toiles. Était-il un espion de Waleran ? Élise en doutait, ce serait... Trop voyant. Mais, pour autant, elle devait bien se renseigner. La silhouette bondit depuis la branche, et atterrit devant la maison. C’était une sympathique chaumière, avec un étage, et le Terranide devait probablement être dans sa chambre, à l’étage.

*On m’a dit que c’est un Usagi... Curieux.*

Qu’est-ce qu’un Terranide-lapin viendrait faire ici ?

Élise était donc sur le palier de la porte, et, avisant une clochette, appuya dessus. C’était une clochette à l’ancienne, avec un levier à secouer pour faire du bruit, ce qu’elle fit donc.

Tout de même, on était civilisé ici, elle n’allait pas violer sa propriété...

Le terranide ne fut pas particulièrement attentif par les bruit à l'extérieur, le bruit des branchages pouvant être une mauvaise blague du vent. De toute manière cet endroit semblait tellement pauvre et délabré, que la présence d'un esclavagiste était presque impossible. Honey était beaucoup plus concentré sur sa soupe, qui était très facile à cuisiner.  Il put goûter la soupe, rajoutant un peu de sel qu'il avait déniché dans un petit récipient, ce qui donnait des indices que le propriétaire n'avait pas disparu depuis si longtemps que ça.

Les légumes étaient d'assez bonne qualité et donc le terranide prit le choix de laisser la soupe sous le feu, dans le cas où il y aurait un petit creux dans la nuit. Il prit le chemin vers la chambre, qui se trouvait en hauteur, passant par un escalier qui grinçait, non sans faire sursauter Green Honey dès les premiers bruits. Une fois dans la chambre, il vint à ouvrir la fenêtre, voyant une araignée sur la partie extérieur.

- Une vraie industrie d'araignée.

Le lapin n'était pas spécialement un ami de ses bestioles, sachant qu'elles étaient utile, sachant aussi que trop d'arachnide n'était pas bon. Il prit la couverture, le matelas et l'agitait à l'extérieur, retirant la fine pellicule de poussière. L'odeur n'était pas terrible, mais dès demain il pourrait aller dans les alentours afin de trouver des fleurs qui parfumerons la literie. Il avait fini de préparer le lit quand un bruit de clochette se fit entendre.  Le terranide se disait que cela devait être le chef du village qui devait aller le pour connaître sa satisfaction des lieux.

Il descendit les marches, son arrivée étant pleinement entendu par la créature.

Il ouvrit la porte et eu un sursaut de surprise devant cette femme, qu'il prenait pour une terranide, araignée vu sa forme. Ne pensant ayant rien fait de mal, il prit la parole, se voulant accueillant et aimable. 


- Bien le bonsoir mademoiselle. Vous désirez quelque chose ?

Le terranide n'avait pas entendu parlé de la créature ou avait tout simplement oublié ce détails, ayant plus intéressé par la localisation du village que de ses dangers.  Il ne savait pas qu'il avait affaire à la véritable gouvernante du village.

La scène semblait surréaliste : un Terranide-lapin ouvrait la porte à une Terranide-araignée. Élise, en voyant cet individu, pencha lentement la tête sur le côté, ses yeux rouges luisant dans la nuit. L’aubergiste lui avait confié une maison qui avait été assez peu touchée par l’incendie, ce qui faisait qu’il y avait peu de toiles. Et, plus étonnant encore, l’Usagi ne semblait guère impressionné. Certes, Élise n’était plus la plus menaçante et la plus cruelle de toutes les créatures peuplant Terra, mais il y avait, autour d’elle, toute une réputation qui circulait. Alors, quoi ? Était-il venu ici par hasard ? Ce serait bien la première fois qu’une telle chose se produisait...

*Non, rectifia instantanément Élise dans sa tête, pense à Shad... Elle aussi était arrivée par erreur, et ne voulait aucun mal à ma forêt.*

Shad Hoshisora, une Terranide-louve qu’Élise avait croisé il y a quelques semaines... Entre elles, le contact avait évolué de manière très positive, à tel point qu’Élise lui avait présenté son sanctuaire. Et là, elle se trouvait donc face à ce jeune Terranide, lui demandant ce qu’elle voulait.

« Hm... »

Elle resta sur le palier de la maison, et finit par lui répondre :

« Je m’appelle Élise, jeune Terranide. Tu es sur mes terres, c’est à moi qu’il revient de décider si tu as le droit d’y rester ou non. »

Élise s’avança alors un peu, se penchant vers l’homme.

« Alors, dis-moi... Pourquoi un Terranide-lapin viendrait s’installer chez moi ? De ce que je sais, les créatures comme toi n’aiment pas beaucoup les araignées... »

Le terranide lapin observait la femme-araignée, détaillant un peu ses formes d'un léger regard.  Elle avait de quoi impressionner, mais Honey savait parfaitement que le physique n'était pas tout, se rappelant le nombre de fois où il était tombé sur des mecs bien baraqués, mais avec l'expérience proche de zéro.  Le terranide n'allait pas s'opposer à ce que la demoiselle entre dans sa demeure temporaire, après tout cela était discourtois, sauf si elle comptais la dégager de la maison.  Il continuait d'observer les faits et gestes d'Élise, jusqu'à ce qu'elle daigne à se présenter. Il ne fut pas offusqué de se faire appeler "jeune terranide" après tout c'était la vérité, même si cela pouvait sonner comme être considéré d'être un enfant.  La suite ne plut pas beaucoup au lapin, il comprit que le choix de cette maison n'était certainement pas le fruit du hasard, comme il avait cru le comprendre au début.

* Ha le salle ...*

Saut Ardent restait droit, alors que l'arachnide s'avançait, laissant voir la différence de taille. C'était assez marrant que l'araignée était plus grande que le petit lapin.  Les questions fusèrent, avec une remarque qui était chargé de vérité.  Mais Honey ne se laissait pas démonter pour autant, il comptait se faire accepter et vint  donc à parler calmement, cela ne servait à rien de craindre inutilement ou de s'emporter. 

- Je me nomme Saut Ardent, mais on me surnomme dans la région Green Honey. Si je suis chez vous ce n'est nullement pour vous titiller. Il se trouvait que j'avais besoin d'un endroit où dormir et manger, ce lieu étant le plus proche. Heureusement les rumeurs furent assez préçis pour me permettre de trouver ce village, qui semble plus clair au vue du seigneur qui le contrôle. Si je n'apprécie pas beaucoup les araignées, je sais qu'elles sont utile et ce n'est pas de petites araignées qui vont me manger.

Le terranide savait pertinemment que la demoiselle allait certainement renchérir en usant de sa taille  comme argument, mais il n'avait pas finit les explication.

- Je vous rassure, je ne compte pas emménager ici, je souhaite simplement loger pendant, deux voire trois  nuits, afin de pouvoir me préparer et continuer mon voyage, voyez cela comme une étape touristique.

Le terranide jouait la carte de l'humour, ce lieu était tout sauf attirant. Il voulait en savoir un peu plus sur cette femme, qui sait, peut-être pourrait-il en tirer quelques chose .

Saut Ardent... Un nom curieux pour un Terranide, qui ne sonnait surtout pas esclave. Tandis qu’Élise entrait dans la demeure, elle entendit le délicat Terranide lui expliquer qu’il était venu ici par hasard, uniquement pour se ressourcer, et ne comptait rester que quelques jours. Autrement dit, le Green Honey n’avait nulle intention belliqueuse, ni envie de résider ici à long terme, juste quelques jours, le temps d’aller mieux.

« Hmmm... »

Élise lui tournait le dos en regardant l’habitacle, permettant ainsi au Terranide de voir, sur son dos, pointant vers le sol, une série de pattes arachnéennes ressemblant à des lames, ainsi que sa fine silhouette. Elle était plutôt belle, marchant sur de curieux pieds, des pointes nichées dans le sol, ce qui lui donnait une grande taille. On ne pouvait néanmoins, dans tous les cas de figure, lui renier sa troublante et sensuelle beauté. La Reine des Araignées finit ainsi par se retourner à nouveau, et regarda le Terranide-lapin.

Ses yeux rouges l’observèrent donc, et elle lui répondit rapidement :

« Tu peux rester aussi longtemps que tu veux ici, petit lapin. Nos portes te sont ouvertes, mais... J’ai du mal à croire que tu sois venu ici juste pour manger et te nourrir. Le Village des Toiles n’a pas la réputation d’être une auberge de jeunesse, et je sais que nous ne sommes indiqués sur aucune carte. »

C’était, en soi, toujours possible, mais, généralement, les véritables touristes arrivaient plutôt depuis la Forêt. Cette dernière était nettement plus grande que le Village, et donc plus accessible. Ils pensaient que toutes les légendes sur les araignées étaient factices, ou étaient juste des individus passionnés d’araignées. Mais lui ? Il avait repoussé les araignées de ce logis, Élise le sentait en constatant qu’il n’y en avait pas autant qu’à l’accoutumée.

Elle l’observait donc, sûre que le jeune homme lui cachait quelque chose, mais elle ne sentait nulle intention de lui nuire. C’est ce qui fit qu’elle se rapprocha de lui, et caressa l’une de ses joues. Ses mains griffues étaient à la fois fermes et relativement chaudes, et elle sentit toute la douceur de la peau de Saut Ardent.

« Et, de plus, je n’ai jamais entendu parler d’un village de Terranide-lapins qui soit proche d’ici... Mais tu peux choisir de taire la véritable raison de ta présence ici. Tout ce que tu dois savoir, Green Honey, c’est que je veille sur chacun de mes habitants. Certains sont des criminels de droit commun, des esclaves en fuite, qui se sont réfugiés chez moi, et, dès lors qu’ils sont prêts à respecter mon autorité, je les laisse libres de faire ce qu’ils veulent. »

Tout en parlant, elle continuait à caresser sa joue, et rajouta finalement, son visage se rapprochant de celui de l’Usagi :

« Est-ce clair, mon mignon ? »

Le terranide étranger laissait la demoiselle entrer, pouvant avoir un autre point de vue, le faisant un peu frémir. Elle restait tout de même une beauté glaciale, une beauté dont les épines étaient largement visible et où Honey préférait largement ne pas s'y frotter, sentant que la piqure serait très douloureuse. Mais cela ne refroidit par pour autant l'envie de mieux la connaître, afin de dénicher ses petites flammes que l'on pouvait embraser pour finir avec quelques cadeaux.

Honey fut bien heureux d'entendre la maîtresse du village donner son aval pour qu'il puisse loger ici, offrant même la possibilité de loger plus longtemps que nécessaire, ce qui était en soi une bonne nouvelle, il pourrait donc en faire une étape de repos, si d'aventure il devait repasser par ici. Le terranide lapin avait noté que la femme restait tout de même suspicieuse sur les rasons de sa présence dans ce lieu. Une femme trop sur ses gardes pouvait devenir une vraie plaie quand il s'agissait de s'attirer les faveurs. Et en effet, le village n'était présent sur aucune carte, seul les rumeurs avaient permit à Honey de pouvoir rejoindre ce lieu isolé de tout contact.

Saut Ardent eut un léger frémissement à la nuque en sentant la main griffu glisser sur son minois, mais il n'allait pas être effrayé par une paire de main pouvant visiblement faire de profondes entailles, comme tout choses dangereuse, il comptait tirer son épingle du jeu par l'art de la séduction et en étant le moins hostile possible.  Ce qu'Élise dit par la suite, sur le village de terranide-lapin n'était pas faut, personne n'avait dit que son village était uniquement constitué d'une seule espèce animale, tout comme il n'arrivait pas à comprendre pourquoi cette femme était si méfiante d'un petit lapin tout mignon et *tousse* innocent. Une fois le règles données et la dernière question posée, il vint à se détendre, prenant un air un peu charmeur.

- Clair comme de l'eau de roche. Je ne vous causerais pas d'ennui et je peux être à votre service, si cela vous permet d'être rassurée que je me tiendrais de manière convenable.

Pour survivre dans la Forêt des Toiles, en étant entourée de voisons hostiles et belliqueux, Élise se devait d’être particulièrement vigilante, à la limite de la paranoïa. Elle savait en effet que bien des gens désiraient sa mort, ou la destruction de la forêt. Dans ce genre de contextes, on ne pouvait pas se permettre une franche fraternité avec des étrangers, fussent-ils aussi mignons que le Green Honey. Saut Ardent lui dissimulait clairement quelque chose, mais, plutôt que de lui répondre, choisit de dire qu’il était prêt à se mettre à son service. De quoi s’agissait-il donc ? Était-il un esclave en fuite, un criminel aux abois ? Élise avait pourtant dit que, ici, le passé des habitants ne l’intéressait pas. Quiconque rejoignait la Forêt des Toiles en faisait intégralement partie, et avait droit à une nouvelle existence.

En conséquence, un léger silence vint s’installer entre les deux êtres.

« Oh, je ne m’en fais pas pour ça, mon petit. »

De la main, elle continuait à caresser son visage. Sa peau était légèrement duveteuse, comme si une fine fourrure venait le recouvrir, servant probablement à le protéger du froid, et Élise, peu à peu, confirmait sa mainmise sur l’Usagi. Ses doigts glissaient sur sa peau, la frottant tendrement et sensuellement, remontant dessus, encore et encore. Elle avait des griffes épaisses, mais là, elle ne les enfonçait pas, grattant juste l’homme, jusqu’à le rapprocher de son corps. Élise étant plus grande que lui, ceci faisait que le Green Honey avait une belle et agréable vue sur la poitrine de la Reine.

Élise lui sourit à nouveau, puis l’embrassa sur le front, déposant un tendre baiser sur sa tête.

« Et que ferais-tu à mon service, dis-moi ? Qu’est-ce qu’un petit Terranide comme toi sait donc bien faire ? »

Saut Ardent ne prit pas la peine de chercher à comprendre ce regard qui se portait sur lui, sachant qu'il s'agissait d'un regard emplit de questionnement et il y avait de quoi.  Le terranide ne connaissait l'esclavagisme que des propos qu'il avait entendu pendant son voyage et dans son village natal. Un terranide libre était une proie potentielle pour être esclave, c'est ce que les gens de son village n'arretait pas de répéter en boucle, il s'agissait surtout d'un moyen pour retenir la fougue de la jeunesse emplit d'idée de voyage.  Il ne fut pas troublé par le silence, se laissant caresser le visage et se familiarisant avec cette main griffue, qui se mit à gratter l'épiderme.

Honey n'était clairement pas inquiet, visiblement la femme-araignée n'avait pas envie d'en faire son quatre heures et il n'avait rien fait de répréhensible, même s'il n'avait pas connaissance de toute les règles dans ce village où les arachnides étaient maîtres.  Il se laissait guider vers la demoiselle, ayant une vue plus que confortable sur les deux seins, captant par la suite le baiser sur le front, qui le fit sourire d'amusement, le même baisé qu'il recevait, encore enfant, par sa mère avant de se coucher.  S'en suivit un intérêt sur le service, faisant renaître son côté marchand.

- Et bien je peux faire le ménage, la cuisine, j'ai vite appris à pouvoir contenter des personnes contre un logement et de la nourriture. Je ne cache pas avoir aussi des relations plus intimes, que cela soit dans le rôle du mâle ou de la femelle. Pour ce dernier point il ne s'agit que d'une attitude, je n'ai rien qui me permet d'être une lapine au sens biologique du terme.

Le lapin vint à doucement caresser les hanches de sa partenaire, posant on menton entre les seins d'Élise tout en la regardant droit dans les yeux, parlant d'une voix suave.

- Je suis assez expérimenté dans cette dernière matière.

Il se voulait séducteur, ayant déjà une fois entendu quelqu’un l'appeler gigolo, il n'avait jamais su qui était ce dénommé Gigolo.

Chaud comme un lapin, disait le proverbe… Élise n’aurait pas été surprise d’apprendre que ce proverbe avait été fait en considération de la réputation des Usagis. De ce qu’elle savait, les Terranides-lapins étaient de redoutables amants, avec leurs peaux douces, duveteuses, et leur impressionnante énergie. Après son baiser sur son front, Green Honey lui expliqua être doué pour beaucoup de choses… Y compris le sexe. Tentant alors d’amadouer la puissante femme à la carapace chitineuse dressée devant lui, il se lova contre son corps, caressant ses hanches, tout en venant nicher sa tête contre ses seins, ce qui amena ses longues oreilles à glisser sur le menton d’Élise. Se montrant mignon et affectueux, Saut Ardent tentait sa chance. Il est vrai que, dans un certain sens, Élise était une redoutable et sombre beauté. La chitine amplifiait son corps, mettant ses formes en valeur.

Devant l’impatience de l’homme, la Reine remua lentement les lèvres, et retourna gratter sa tête, entre ses deux oreilles.

« Oh… Vraiment ? » demanda-t-elle alors.

Un fin sourire vint étirer ses lèvres.

« Je n’aime pas la vantardise, un homme doit être à la hauteur de la réputation qu’il se forge. »

Élise, en un sens, l’était. Certes, elle n’était pas mauvaise, mais elle pouvait se montrer particulièrement cruelle. Quand on s’en prenait à elle, elle était impitoyable. Mais là, elle n’avait nulle intention de lui être hostile.

La femme s’écarta alors de lui, lui tournant le dos, et se mit lentement à marcher, claquant ses talons pointus sur le sol, tout en offrant au regard de Green Honey la vue, sans aucun assez agréable, de ses fesses. À chacun de ses pas, les griffes autour de ses fesses se redressaient légèrement, et elle tendit sa main vers le mur. Depuis un trou situé dans le plafond, une araignée en descendit, et grimpa sur la paume de la femme. Une grosse araignée, noire, avec des pattes et des reflets rouges sur son ventre.

Délicatement, Élise déposa un baiser sur le torse lisse de cette araignée, qui n’avait pas de soie visible sur le corps, lui donnant cette forme lisse.

« Je verrais ça en temps voulu… Je t’invite à me retrouver demain dans ma forêt, Saut Ardent… Tu n’auras qu’à suivre les araignées, elles te guideront jusqu’à moi. Tu n’as rien à craindre en mes terres, car tu es mon invité. Les araignées sont là pour te protéger. »

Elle hocha ensuite lentement la tête, puis l’araignée grimpa le long de son épaule, rapidement, pour rejoindre ensuite le mur, où elle remonta s’engouffrer dans un trou. Des araignées, il y en avait partout dans une maison, absolument partout, surtout quand on pensait les avoir chassés.

La Reine ébouriffa à nouveau les cheveux du Terranide.

Oui, mine de rien, elle le trouvait… Mignon.

La lapin se doutait que cette femme allait être plus difficile à séduire que les terranides qu'il avait croisé dans de précédent village. Ne sachant pas trop comment prendre cette grattouille entre ses oreilles.  Par la suite il vint à arborer un sourire confiant quand la femme-araignée, se mit à dire qu'elle n'aimait pas les vantards. Ce à quoi Honey aurait put répondre qu'il n'était pas le genre à se faire plus grand qu'il ne l'ai, oui il était assez expérimenté, bon il omettait sans doute de dire qu'il n'avait pas beaucoup de connaissance dans des pratiques plus exotiques que les relations basique.  Il n'avait pas une grande réputation, si ce n'est celui d'un terranide-lapin très entreprenant, quand il y a un logement à la clé et de la nourriture ou quelques modestes piécette.

Le corps de la femme araignée, fut une nouvelle fois sous le regard du lapin, qui ne se privait pas pour analyser un eu plus la morphologie particulière d'Élise. Il s'attardait par la suite sur l'araignée qui vint à surgir d'un trou. Il eut un frisson à l'idée que d'autres viennent à sortir et se faufiler dans le lit qu'il avait réussi à faire.  Il n'écoutait que d'une oreille ce que la maîtresse des lieux vint à dire, venant à hocher de la tête, se permettant une remarque.

- Tant qu'elles ne m'empêche pas de dormir, je saurais faire avec leurs présences invisibles. 

Il sentit la main griffue mettre en pagaille ses cheveux, mais il savait rapidement se recoiffer, pour être présentable. 

- Je ne serais pas en retard. Je passerais lorsque le soleil sera au zénith. 

Les deux individus s’entendirent ainsi. Élise sourit légèrement, et hocha la tête, continuant à tapoter la tête de l’homme, et posa de nouveau sa main sur son menton, soulevant doucement son visage. Grande femme avec ses talons, la Reine-araignée était généralement une femme assez impressionnante, mais sa majesté ne semblait guère émouvoir Green Honey. Tant pis ! Élise aimait bien effrayer un peu ses futurs amants, mais elle n’allait pas inutilement chercher à l’effrayer. Au lieu de ça, elle se pencha vers lui, et l’embrassa sur les lèvres, pendant quelques secondes. Difficile de refuser quoi que ce soit à Élise, surtout ce genre de choses.

Le baiser se prolongea pendant quelques secondes, puis la femme arachnéenne le rompit, et lui sourit à nouveau.

« À demain, alors. »

Et, disant cela, la femme tourna les talons, et partit. Elle laissa Saut Ardent seul chez lui, afin de pouvoir passer une nuit relativement tranquille. Il y avait assez peu d’animations dans la ville. Pour autant, la nuit, les villageois avaient pour habitude de se regrouper au centre du village, et, ce soir, comme tant d’autres soirs, la réunion eut lieu. Autour d’un grand feu de camp, les villageois se regroupèrent, parlant entre eux, évoquant surtout le sujet de l’Usagi qui venait d’arriver.

« Je n’ai pas confiance, et je n’aime pas ça ! tempêta l’un des hommes. À coup sûr, c’est Hamleigh qui nous l’envoie !
 -  Arrête de raconter n’importe quoi ! Si ce Terranide est un soldat, moi, je suis la Reine de Nexus ! »

L’homme qui avait proféré cette accusation se pinça les lèvres en grommelant.

« Je ne crois pas qu’on puisse arriver dans notre village par hasard, mais la Reine a été le voir, et je suis d’avis que...
 -  Je suis d’avis que vous le laissiez tranquille ! »

La voix d’Élise trancha fermement, imposant le silence, tandis qu’elle s’avança au milieu du cercle, les reflets du feu ondulant sur son corps gracieux. Belle, elle était même somptueuse, et porta son regard sur ses sujets.

« Saut Ardent viendra dans ma forêt, demain, à Midi. Pour l’heure, soyez accueillants et tolérants avec lui. Ne laissez pas votre peur étouffer l’hospitalité et la sympathie qui brûle dans vos cœurs. »

Élise se devait fréquemment de rassurer les membres de sa congrégation, qui étaient prompts à paniquer et à s’angoisser.

« Sachez que votre Reine contrôle et vous protège ! »

Et, demain, oui, demain... Elle aurait l’occasion de découvrir plus intimement Saut Ardent.

Elle avait même curieusement hâte, en ressentant un étrange frisson le long de la colonne vertébrale...

Le terranide se laissait embrasser, il ne craignait pas vraiment que la jolie veuve noire ai du poison sur les lèvre, oubliant des fois que même la plus magnifique des roses peut avoir des épines acérée. Il vint à hocher de la tête quand la dame vint à partir. Ce n'est qu'une fois la belle terranide partie, qu'il put souffler un peu, mine de rien il avait eut une légère tension à la nuque. Il prit soin de regarder son lit avant de s'y glisser et de dire dans la maison.

- Vous me laissez dormir, hein ?

Le terranide ne s'attendait pas à une réponse, les araignées ça ne parle pas, restait à espérer que les occupantes ne vienne pas le déranger dans son sommeil. Il vint d'ailleurs à très vite se retrouver dans les bras de Morphée, n'étant guère au courant des discutions qui faisaient rage plus loin. Sans l'intervention de la Reine, il n'aurait pas eu un réveil agréable. Mais il put dormir convenablement pendant toute la nuit, se levant aux premiers rayons du soleil. C'était une habitude chez lui, il ne pouvait supporter de dormir en journée, sans quoi il se sentait toujours épuisé et ce n'est guère pratique s'il doit se montrer convainquant. 

Il profita de ce petit temps avant le rendez-vous pour visiter un peu plus le village, sentant les regards inquiets et méprisant. Il ne savait pas ce qu'il avait fait et franchement, il ne souhaitait pas attirer des ennuis, il n'était là que temporairement, aussi prit-il soin d'aider ceux qui en avaient besoin. Le terranide savait que faire de bonnes actions permettait de s'attirer la sympathie de beaucoup, mais ici cela semblait renforcer l'inquiétude de certain.

Le temps vint à défiler assez rapidement, si bien qu'il prit la direction de la forêt, qui  donnait un peu froids dans le dos au passage. Comme indiqué, il vint à suivre les araignée, même si cela n'était pas pratique de regarder où poser ses pattes, afin d'éviter un malencontreux accident.  Il vint arriver dans ce qui semblait être l'antre de la Reine, le lapin ne pouvant retenir un frisson d'inquiétude.

- Je suis là ! Comme annoncé hier.

Il ne voyait pas la terranide, n'osant pas trop bouger.

La Forêt des Toiles était une forêt très particulière. Envahie par les araignées, elle donnait l’impression d’être une forêt maléfique, par la série impressionnante de toiles qui se trouvaient entre les arbres, et sur les arbres. Quand on s’y aventurait, on avançait ainsi dans des « couloirs », tracés le long des arbres par les séries de toiles d’araignées. Derrière ces « murs » composés de soie, on pouvait voir l’ombre d’araignées, petites ou grosses, qui se déplaçaient lentement. Dans cette forêt, il était impossible d’entrer sans se faire repérer. Si une araignée tissait sa toile, c’était pour piéger les autres animaux, et, dès qu’un animal heurtait la toile, des vibrations se faisaient ressentir jusqu’à l’araignée, posée dessus quelque part. Quand le Green Honey entra, Élise le perçut donc. Toute la difficulté, maintenant, était de s’enfoncer dans cette sinistre forêt, bordée par ce village atypique et hors-normes. Plus vous avanciez, et plus vous aviez l’impression de pouvoir mourir en quelques secondes, sur un simple claquement de doigts. De multiples araignées filaient et disparaissaient le long du sol, s’enfonçant dans les racines.

Saut Ardent, néanmoins, ne recula pas, et, au bout d’une longue marche, arriva devant l’entrée d’une grotte, au milieu de la forêt, comme s’il était devant l’antre de la Mort elle-même. Une grotte sombre, qui s’offrait à lui comme la bouche menant aux Enfers. Haussant la voix, l’Usagi annonça alors sa présence, et, pendant quelques secondes, rien ne sembla se passer... Puis des bruits de pas se firent entendre.

Une silhouette spectrale sortit alors de la grotte. Une femme d’une grande beauté sortit de la grotte, et lui sourit.

« Bonjour, Saut Ardent. Je m’appelle Médonée, et je suis la suivante d’Élise, ma Reine. Elle m’a parlé de toi. Viens, je vais te mener à elle. »

Au milieu de cette atmosphère sombre et pesante, Médonée pouvait apparaître, avec sa longue robe blanche, comme un phare dans l’obscurité. Pieds nus, la beauté ne semblait nullement craindre le sol, et fit signe au Green Honey d’entrer.

La grotte était le nid d’Élise, mais, à ce niveau-là, il était nécessaire de le guider, car il y avait de multiples galeries qui menaient vers de nombreuses araignées. Médonée se mit donc à marcher, en compagnie de l’Usagi, et alla, un peu comme Élise, rapidement caresser sa tête, entre ses oreilles, grattant ses cheveux.

« La traversée s’est bien passée ? Les étrangers ont souvent très peur, quand ils s’aventurent pour la première fois dans la Forêt... Mais, comme tu l’as remarqué, aucune araignée ne t’a attaqué. »