Ma mère m'a toujours dit que je dépensais trop. Bien entendue, je l'ai toujours ignorée quand elle me disait ce genre de chose, car elle n’était vraiment pas bien placée pour ouvrir sa grande gueule. Mais c'est dans une situation comme celle-ci que je me dis qu'elle avait peut-être, je dis bien peut-être, raison. Un peu. Mais pas tant que ça quand même. Mais voilà que mes coffres étaient à l'image de mon estomac : vide avec le besoin pressant d'être remplis. Uh... Bon, ce n’était pas aussi louche que ça dans ma tête, j'avoue. Ça fait déjà une semaine que je bouffais des trucs que je trouvais dans les poubelles des environs et pour être bien franche, mon estomac commençait à réclamer quelque chose de plus agréable. Je n’en ai pas envie, mais j'imagine qu'il est temps de retourner à la chasse. Par la chasse, je veux dire retourner braquer un magasin et de casser deux ou trois vitrines dans le quartier. L'habituel en fin de compte. Je me levai, réajustant mon long hoodie en donnant un bon coup de pied au cul de Colonel Squik qui se réveilla en sursaut.
-Tu parles d'un gros paresseux... Lève ton cul et amène toi, j'en ai marre de bouffer des ordures. Rassemble la familia, mon gros, on va faire un pique-nique!
Par pique-nique, j'entends braquage de banque. Aucun rapport, mais j'aime bien dire pycnique. Dès que Squik se leva, il poussa un genre de couinement qui ne ressemble pas du tout à ce qu'un rongeur aurait le droit de faire dans un monde idéal. Un drôle de mixte entre un couinement et un rot guttural et rauque. Pour être bien franche, je meurs un peu intérieurement à chaque fois que j'entends ça. Enfin, ce... Bah... Bruit, avait attiré ma petite armée personnelle qui se plaça devant moi en beaux petits rangs bien ordonnés. Si beau à voir, oh! J'en ai les larmes aux yeux! Bon, je dois leur expliquer la situation avant de vraiment chialer. Émotion quand tu nous tiens... Grande respiration... Ils m'aiment, ils ne jugeront pas, go!
Squee squee à vous mes frères et sœurs!
Squee! répondirent mes rongeurs en unissons.
La situation est critique... Enfin, pas critique. Elle est merdique, mais de là à dire qu'elle est critique, c'est un peu une hyperbole, on est loin d'en être là quand même ce n’est pas comme si on était tous en feu... Uh... Je m'arrêtai. Merde. De quoi je parlais déjà? Ah, ouais. C'est vrai. Le début de mon discours. Je disais donc, mes compatriotes, que notre situation est emmerdante. En effet, nos coffres sont vides, mon estomac réclame quelque chose de mangeable et je me fais horriblement chier. Je vous ai donc réunis ce soir afin de régler ces chiantises! Ça se dit chiantise? Enfin, ça. Notre cible? À déterminer! Qui est avec moi?!
Je levai les mains vers le plafond de ma petite base, m'aveuglant à la lumière du néon qui me fit presque tomber sur le dos. ''Squee squee squee!'' peut-on entendre. Ah... Les acclamations d'adorateurs... Dommage qu'en fait, ils n’ont rien compris de ce que je disais et qu'ils font simplement tout ce boucan parce que je leur ai appris à faire ça quand je lève les mains vers le ciel d'une manière dramatique. Quand même cool. Enfin bref! Il est bien temps de se mettre en marche vers l'extérieur! Mais pas trop vite. C'est glissant dans les escaliers. On a eu de la pluie il y a quelques heures.
Bon... La grande question à présent... Où aller? Franchement, j'ai presque fait le tour du quartier industriel, du centre-ville... Où aller? Le quartier résidentiel ne me fait pas très envie. Le braquage à domicile n’a jamais été mon truc. En fait, j'oserais même dire que ça me répugne. Va savoir pourquoi. Mmm... Oh, pourquoi ne pas prendre une petite marche! Je ne vais jamais trouver quoi faire si je me branle sur place pendant deux heures. Il est déjà pas mal tard, alors comme je m'y attendais, les rues étaient vides dans le quartier. Enfin, Squik et les autres me suivent à partir des égouts, alors même s'il y avait quelques personnes, ils ne verraient rien d'autre qu'une charmante jeune demoiselle en hoodie qui fait une innocente marche de soirée. Avec une crowbar. Après un petit cinq minutes de marche, que vois-je? N'est-ce pas là un charmant spécimen! Une charmante petite bijouterie que je n'avais jamais vue avant! C'est le temps de donner le signal à mon équipe. D'un coup de pied de biche sur une bouche d’égout. Presque immédiatement, tous mes rats en sortis et se mit en rangs devant moi.
Squik, tu restes avec moi pour l'instant. Sergent Camembert? Une petite souris portant un casque miniature d'un Pickelhaube allemand s'avance et pousse un petit couinement. Je veux que vous preniez votre unité pour pénétrer le bâtiment. J'ai besoin de savoir à quoi on a affaire. Un scan complet du bâtiment. Où est la marchandise, par où on rentre... Je veux tout savoir. Les autres en standby jusqu'à mon commandement.
Aussitôt dit, aussitôt mon équipe de scout disparut dans l'obscurité. Je sais qu'ils vont trouver un moyen de rentrer. Aucun bâtiment n'est à l’abri d'une petite infestation. Ces créatures sont tenaces, comme moi! Comme de fait, je n'ai pas eu à attendre très longtemps avant de recevoir des nouvelles. Bon, c'est un truc plutôt petit, avec une bonne protection, mais l'accès au toit est ouverte et... Hoho! Un emplacement secret avec des trucs intéressants? C'est bien. Je connais ma cible. Je grimpai sur le toit, utilisant l'échelle d'incendie pour m'y rendre facilement. Système d'aération... Je ne me lasse jamais de faire ma Solid Snake. Bien évidement, ce fut du gâteau de me rendre de l'autre côté. Avec le temps, j'ai appris à ne pas faire un seul bruit dans ces trucs et avec mes rats pour me servir de guide, rien ne pouvait m'arrêter! Sauf une trappe un peu mal vissée qui n'était clairement pas faite pour soutenir mon poids! Comme celle sur laquelle je me trouvais!
*ZBLAM*
Ouch... Fils de ta mère de conduit de merde! Qui est le connard qui a pas fait son job?! C'est sérieusement dangereux, ça aurait pu tomber sur la gueule d'un crétin qui passait par là! Sécurité au travail bande de cons! Et c'est qui l'enfoiré qui a mis son bureau là?! Ça aurait été difficile de mettre un lit ou une connerie du genre? Fuck fucking shit fuck FUCK!
Oui je parle en anglais quand je me fâche, ça pose un putain de problème peut-être?! Je vais leur en foutre moi! Tiens, un globe terrestre sur ton beau bureau cassé en deux? Bah tiens! Par la fenêtre! Je l'emmerde la subtilité, je L'EMMERDE! Non, non, non... Calme toi, Nezumi. Ce n’est pas le moment d'alerter la police. Même si c'est déjà probablement fait. Grande inspiration, et on relâche... Et encore... Fouuu... Finalement, les cours de relaxation africaine, ce n’était peut-être pas une mauvaise idée. Bon, pièce secrète, pièce secrète... Où. Où es-tu. Où est donc carnior. Où est Carmen Sandiego. Le front n'a pas grand-chose, mais pourquoi ne pas remplir un sac ou deux tant qu'à être dans le coin? Bon. Comptoir, les chiottes, le bureau que je viens de massacrer... Par où je commence. Le contenu de la caisse. Pourquoi pas. J'ai le temps. Pas comme si un employé était encore là. Ou que je me trouve dans une planque de mafiosi.