«
Haaaaaaaaaaaannnn!! Haaaaaaaaaaaaaannn !! »
Les soupirs s’échappaient des lèvres mi-closes de la belle femme aux cheveux de feu, tandis que, sous son poids, le lit grinçait frénétiquement, ondulant, ses supports accueillant avec toute la force disponible les deux amants endiablés lances dans leur danse sulfureuse. Les mains solides et partiellement grasses de
Maxence alternaient entre les fermes cuisses de la femme et ses fesses, se crispant dessus, les malaxant, son membre disparaissant parfois entièrement dans la grotte de cette femme. On la disait forte, intrépide, pleine de passions… Et on n’avait pas menti. Elle était venue il y a quelques jours pour la première fois dans sa forge, demandant à ce qu’il répare l’une de ses épées. Une tâche à laquelle il s’était appliqué, tant et si bien qu’ils finissaient dans la petite chambre de Maxence, à l’arrière de sa boutique, en couchant avec cette femme. Elle était arrivée récemment à Olkönd, une petite bourgade ashnardienne éloignée de la capitale, afin de trouver des pistes et des contacts. Olkönd se trouvait à quelques lieues des frontières actuelles de l’Empire d’Ashnard, et elle estimait que ce devait probablement être ici,d ans cette ville éloignée des grandes routes commerciales, qu’elle pourrait trouver des individus ayant besoin d’aide contre les monstres : des bûcherons ne pouvant pas travailler à cause de plantes toxiques, des barquiers qui étaient coincés à cause d’un monstre aquatique, ou encore des troupeaux de fermiers qui étaient bouffés par des loups sauvages… Elle s’était présentée comme une sorceleuse, mais Maxence avait rapidement éventé la réalité. Elle se battait avec force, et portait deux épées croisées dans le dos, à la manière des sorceleurs, mais il lui manquait le médaillon, ce fameux médaillon qui indiquait à quel ordre de sorceleurs elle appartenait.
Contrairement aux autres habitants d’Olkönd pour la plupart, Maxence était un homme qui aimait bien lire. Son père lui avait transmis sa forge, et sa mère la passion des livres. Il rêvait de voyager, de quitter cette ville éloignée de tout, de voir la capitale impériale, et même d’aller au-delà. Il avait entendu parler de Nexus et de ses rues interminables, de son port immense. Il avait entendu parler de l’Arbre-Cœur de la Sylve, cet arbre ancestral gigantesque abritant toute une ville. Il avait entendu parler des royaumes nains au nord de Nexus, dans de vastes chaînes de montagnes. Et il avait aussi entendu parler de Tekhos et de sa technologie futuriste. Maxence voulait voyager, et ça, Cirillia l’avait rapidement vu. Il lui avait expliqué qu’elle était surtout connue pour traquer les dragons, ce qui, il est vrai, était le hobby de la femme. Malheureusement, les dragons n’étaient pas aussi nombreux que ça, et avaient tendance à vivre en isolation, dans des zones rurales très peu peuplées, ce qui faisait que, pour avoir le droit de gagner sa pitance, Ciri’ devait diversifier ses activités. La lame de son épée d’argent s’était entaillée contre un ours sauvage, et son arbalète à répétition manquait de munitions. Une étape à Olkönd dans ses errances était donc de rigueur… Et si, au passage, elle pouvait avoir un coup de chignole, elle ne serait pas contre.
Maxence lui avait rapidement plu, et ils avaient fini contre le mur d’une chambre de l’auberge locale au bout de quelques rencontres. Olkönd était une petite ville, avec une grande rue principale abritant l’auberge, la maison seigneuriale au fond de la grand-rue. C’est dans cette maison qu’on trouvait le comptoir d’une guilde commerciale. La ville était trop petite pour accueillir les grandes guildes qui chassaient les monstres, et, fort heureusement, il n’y avait pas, non plus, de section locale d’un ordre de paladins acceptant de combattre gratuitement les monstres, au nom de la sécurité de leurs ouailles. Olkönd était trop petite, et, comme Ciri’ le constata rapidement, trop
paisible pour être un avenir durable. Elle s’était retrouvée dans l’auberge, racontant ses exploits à des paysans un peu ignares, qui avaient soif du monde extérieur.
«
Est-ce que vous avez déjà vu Nexus ? -
Le Lion est-il fidèle à ce qu’on en dit ? -
J’ai entendu dire que l’héritière du Roi de Sylvandell était une femme magnifique… »
Les informations de ces villageois ne reposaient principalement que sur les messagers venant à eux. Elle leur apprit donc que le Lion de Nexus était mort depuis des années, mais que la guerre n’était pas encore terminée, dans la mesure où sa fille avait survécu, et où les superforts nexusiens continuaient à tenir. Olkönd avait envoyé plusieurs de ses villageois rejoindre le contingent depuis quelques années, et les habitants n’avaient reçu aucune nouvelle. Quant à la référence sur Sylvandell, elle avait fait crisper Cirillia. Elle connaissait Alice Korvander, cette petite peste blonde, mais la femme évoquait en elle des sentiments contradictoires. D’un côté, elle trouvait que c’était une potiche incapable vivant dans sa tour d’ivoire, mais, de l’autre, elle ressentait une étrange affection pour elle. Elle aurait pu être la formatrice de la Princesse, l’entraîner au maniement des armes, mais la proximité de Sylvandell avec les dragons lui rappelait continuellement ses vieux démons. Chaque fois qu’elle dormait avec le corps de la petite tête blonde sur le sien, elle se rappelait le souffle du dragon noir ayant détruit son existence, ayant brûlé toute sa vie, ne laissant que quelques réfugiés de la cité pour survivre, incluant elle, sa mère, et son frère aîné. Les vieilles blessures n’étaient pas encore refermées, et elle avait décidé de reprendre sa route, malgré la souffrance évidente de la Princesse, qui avait fini par s’attacher à sa formatrice. Aussi imperméable soit-elle, en quittant Sylvandell, Cirillia avait également ressenti une pointe dans le cœur, hésitant entre revenir ou partir sans jamais retourner la tête.
*
Et maintenant, me voilà… À me faire sauter dans une forge et à être fauchée comme les blés…*
Aussi ignare soit-il du monde extérieur, et aussi idiot soit-il avec ses rêves, il était au moins un très bon amant. Elle s’empalait sur lui avec plaisir, et, au bout de longues minutes, finit par avoir son orgasme, et lui par cracher sa sauce.
Ciri’ se retrouva quelques minutes plus tard dehors, le corps apaisé. Aussi solitaire soit-elle, le sexe était quelque chose qui était toujours mieux à deux que seule, et, sur ce point, il fallait bien admettre qu’elle n’avait pas eu l’occasion de longuement coucher. Son épée était prête, et Ciri’ venait de la remettre dans son fourreau. Elle avait alors le choix entre, soit rester ici et attendre qu’une prime miraculeuse n’arrive, soit remonter la route pour retourner s’enfoncer dans les provinces impériales, soit s’en éloigner. Un choix important. Elle avait aussi fait le plein d’arbalètes, et retourner dans les provinces la tentait bien, ne serait-ce que pour trouver un alchimiste. Ses potions s’amenuisaient, et Olkönd n’avait pas de boutique d’alchimie. Il lui restait l’option de se rendre dans les grottes ou dans les forêts pour trouver ses propres ingrédients, une tâche longue, fastidieuse, mais gratuite…
*
Oui, pourquoi pas… Ils m’ont dit qu’il n’y a pas d’elfes dans la région, mais je trouverais peut-être de vieux trésors…*
Toute pensive, elle entendit alors des bruits de pas dans son dos, et se retourna. Son regard croisa celui d’une mystérieuse femme, qui semblait avoir toute la misère du monde dans les yeux, et qui, d’une voix basse, lui parla rapidement :
«
Excusez-moi, vous êtes bien Cirillia la chasseuse de dragons ? J'ai un travail à vous proposer, un travail bien payé. »
Surprise, Cirillia regarda cette femme pendant quelques secondes, avant de hocher la tête :
«
C’est bien moi… Mais je ne chasse pas que les dragons. Je traque aussi les monstres. »
Cette femme avait l’air très fatiguée, ce que le ton de sa voix exprimait bien.
«
Allons dans l’auberge, on y sera plus à l’aise pour discuter, Madame… ? »
Elle avait laissé la fin de sa phrase en suspens, comme pour inviter la dame à lui donner son nom. Comme quoi, il ne fallait jamais désespérer. On finissait toujours par trouver un client !