Le budget du lycée Mishima était assez élevé, ce qui permettait au lycée d’avoir de grands locaux, et aussi un vaste éventail d’activités extra ou périscolaires, qu’on désignait généralement sous le terme de « clubs ». Chaque lycéen pouvait librement et gratuitement s’inscrire à n’importe quel club, une pratique que le lycée encourageait vivement. Les clubs se déroulaient après les horaires des cours, selon des plannings qu’ils déterminaient eux-mêmes, et selon des thèmes librement choisis, sous réserve du contrôle du conseil d’administration du lycée. À chaque session ordinaire du conseil, les demandes d’ouverture de club étaient analysés par le conseil, qui décidait de les autoriser ou non... Mais chaque élève savait qu’il existait aussi des clubs officieux, des clubs qui n’avaient pas besoin de l’approbation du conseil, ni de figurer sur les brochures de présentation du lycée, mais qui existaient quand même. Ce n’était pas le cas du club artistique, qui était animé par une professeur. Par défaut, chaque club devait être coaché par un professeur, mais ce dernier n’assistait pas forcément à toutes les réunions du club (en principe, il était obligé de le faire, mais, en pratique, il était fréquent que les clubs se déroulent juste entre amis). Ces clubs étaient relativement prisés, car très populaires, et Mélinda avait l’habitude de s’y promener, afin de repérer des proies potentielles, des personnes qu’elle pouvait amener dans son manoir, afin d’en faire de nouvelles esclaves. Ce soir, elle était donc au club artistique, dans son uniforme de lycéenne, un uniforme moulant à la perfection ses formes, surtout sa magnifique poitrine.
Aujourd’hui, le club accueillait un nouvel élève : Ayahito Shin. Le jeune homme à lunettes était un individu qui venait d’arriver récemment, et Mélinda n’avait pas encore énormément d’informations sur lui. Généralement, elle essayait toujours de se renseigner un peu sur les nouveaux arrivants, d’obtenir leurs dossiers scolaires, mais, en l’occurrence, Ayahito était là depuis trop peu de temps pour qu’elle puisse réussir à obtenir des informations sur lui. Elle le regarda d’un air curieux, puis la senseï donna le sujet : se visualiser dans 30 ans. Immédiatement, on se mit à papoter, et elle-même s’assit sur son bureau, en mode décontractée, pour farfouiller sur son téléphone portable.
Mélinda, elle, contempla sa feuille blanche, pensive. Elle observait les personnes dans cette pièce, en cherchant celles qui pourraient aller dans l’autre pièce... Car, quand Mélinda songeait à ces clubs officieux, elle songeait, de fait, surtout aux siens. Un club ne figurant sur aucune brochure, mais qui, à chaque fois qu’il s’organisait, attirait toujours du monde, hommes ou femmes. Elle n’était pas sexiste, et, de ce point de vue, son club admettait aussi bien des hommes que des femmes. Les critères étaient différents.
*Il est toujours difficile de choisir...*
La vampire se mordilla les lèvres, continuant à réfléchir, quand Ayahito se rapprocha d’elle.
« Tu veux voir mon dessin ? Je suis curieux de voir le tien, si ça ne te dérange pas. »
Mélinda le regarda sans rien dire. Sa voix était forte et prenante, et il était plutôt mignon. Elle n’avait rien dessiné, et sa feuille était toujours blanche. Elle s’humecta les lèvres en le regardant, plantant ses magnifiques yeux verts contre ses lunettes. Il avait, lui aussi, des yeux verts, ce qu’elle nota rapidement, avec curiosité... Et aussi avec amusement. Un léger sourire s’échappa ensuite des lèvres de Mélinda quand Ayahito lui demanda comment elle se visualiserait dans trente ans.
« Et bien... Hum... »
La vampire croisa les jambes, puis ouvrit sa trousse, et en sortit un tube de glu. Sans rien dire, elle attrapa ensuite son sac à dos, le posa sur ses genoux, et farfouilla à l’intérieur, puis sortit un gros appareil photo, le genre qui photographiait et imprimait immédiatement par une petite fente.
« Tiens, rends-toi utile, et prends-moi en photo. »
Elle lui tendit l’appareil, et lui fit un sourire éblouissant. La photo fut prise, et, toujours sans s’expliquer, Mélinda la colla au milieu de la page, juste sous le titre : « Comment je me visualise dans 30 ans ». En souriant, elle colla la photo bien proprement, puis le regarda.
« Voilà comment je m’imagine dans trente ans... Aussi belle que maintenant. Pas toi ? Et... Je m’appelle Mélinda. »
Peut-être bien que c’était lui qu’elle allait emmener... Elle aimait bien ses yeux verts.