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’Chier, saloperie de flotte !*
Recroquevillée sous son parapluie,
Zan marchait rapidement, dans l’objectif d’aller au manoir de sa Maîtresse, Mélinda Warren. Elle avait passé l’après-midi, après la fin des cours, à travailler avec une amie de sa classe sur un exposé que les deux femmes devaient rendre en Histoire, sur les relations entre la Chine et le Japon… Un sujet qui parlait plutôt bien à Zan, puisqu’elle venait de Chine, et qu’elle était au courant de l’hostilité actuelle entre les deux pays. Une hostilité qui était très bien illustrée par la mer séparant les deux pays, et qu’on appelait, soit «
mer du Japon », soit «
mer de Chine », selon les influences qu’on avait. Zan avait passé une partie de la journée chez son amie, et elles en avaient profité pour jouer un peu, et pour surfer sur le Net… Autant de choses que Zan ne pouvait pas faire en Chine, où la censure était toujours d’actualité, le Parti communiste instaurant un contrôle très strict sur Internet, l’Internet chinois n’étant rien de plus qu’une sorte de propagande assez forte pour le Parti. Elle avait découvert YouTube, Facebook, et certaines oeuvres culturelles qui étaient interdites en Chine… Comme «
Retour vers le Futur ». De même, elle découvrait aussi de nombreux jeux vidéos qui n’avaient pas passé la censure étatique chinoise, et elles s’étaient donc détendues sur la PS4 de son amie… Tellement détendues que, quand Zan avait vu l’heure, dehors, il s’était mis à pleuvoir.
Pour ne rien arranger, la jeune femme avait raté son bus, et traversait donc le parc. Le vent soufflait fort, et la pluie continuait à tomber drue. Elle portait ses écouteurs sur sa tête, ainsi que son long manteau gris à capuche. Dans sa tête, Coldplay parlait des étoiles, chantant
Sky Full Of Stars avec entrain, et elle marchait. Le parc central de Seikusu était très grand, et, avec la pluie, également très vide. Il n’y avait aucun gamin en train de jouer au football, à se prendre pour Hyuga ou pour Tsubasa, aucun couple en train de se ploter, aucune grand-mère en train de maugréer sur l’impudicité des jeunes et sur la hausse de
gaijinsau sein de la population japonaise. Tout ce qu’il y avait, c’est ce que Baudelaire appellerait «
un ciel bas et lourd pesant comme un couvercle ». La nuit était en train de tomber, et le slampadaires du parc avaient commencé à s’allumer. En coupant le parc, Zan espérait pouvoir rejoindre le tramway, et ainsi pouvoir raccourcir son long voyage vers le manoir de sa Maîtresse, dans les hauteurs de la ville.
«
Such a heavenly vieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeewwww, wooohouhouhouuuuu ! » fredonnait-elle à voix basse.
Elle était à fond dans sa musique, comme toujours. Zan était une femme assez timide vu de l’extérieur, mais était aussi pleine de passion, que ce soit la musique, les jeux vidéos… Ou le sexe. Elle était un Diesel, se lançant à fond une fois que le moteur avait été bien réchauffé. Elle continuait à marcher, se rapprochant des toilettes publiques. Ils se trouvaient sous le sol, accessibles par une rangée d’escaliers… Et elle aperçut alors une femme, nue, se trouvant sur la pelouse, à côté des toilettes.
*
Hein ?!*
Éberluée, Zan cligna des yeux à plusieurs reprises, pensant avoir une hallucination… Mais non ! La femme était assise contre un arbre, la végétation couvrant partiellement son corps, et elle était en train de se masturber. Elle avait de longs cheveux noirs, et Zan, après quelques hésitations, se rapprocha d’elle. Où étaient ses vêtements ? Elle sentait que la pluie était progressivement en train de se calmer, et marcha un peu, sans rien dire, muette de stupeur. Cette fille… Zan écarquilla de syeux en reconnaissant son visage. C’était une lycéenne ! Une fille de Mishima !!
Rin !!!
*
Et ben ça alors… !*
Elle portrait un micro bikini extrêmement court, presque transparent… Et, avec la pluie qui ruisselait sur son corps, cette tenue était encore plus transparente… Et Rin extrêmement belle. Zan se rapprocha lentement, jusqu’à se trouver à quelques mètres, n’osant pas parler, trop… Trop
effarée par ce qu’elle voyait… Effarée… Et également étrangement excitée. C’était… C’était tellement
impudique de se caresser ainsi, sous un arbre… Mais il y avait aussi là-dedans quelque chose de profondément excitant.
Quelque chose qui, finalement, amenait juste Zan à regarder Rin se faire plaisir, sans chercher aucunement à se cacher, ou à masquer sa présence.