Lorsque la terranide cracha ses ordres sur les soldats terrifiés par la démonstration de force du Kurgan, ses plans parurent soudain clairs comme de l'eau de roche : tout simplement allaient-ils fuir. Mais fuir où ? Vers un autre village ? Il n'auraient qu'à suivre leurs traces et brûler le prochain hameau qu'il rencontrerait. Au vu des chèvres et autres animaux encore entassés, ils pouvaient aussi bien juger bon de se cacher quelque part et revenir.
Dans un geste plutôt hasardeux, la jeune femme battit le fer de son espadon, sans pour autant en faire quoi que ce soit. Au signal, elle lâcha son arme au sol et s'engouffra dans le petit village, décidée à jouer à cache cache avec celui qui allait bientôt en faire un trophée de guerre.
Se retournant, l'Highlander ne vit que quelques armes brillantes jetées auprès des cadavres de défenseurs, mais pas la moindre trace des pleurnichards qui les maniaient juste avant : tous étaient partis ce cacher, et le jeu n'allait que changer de règle.
Dans l'impossibilité jusque là, le Kurgan fit finalement son entrée dans le village, foulant d'un pas conquérant le sol et foyer de tous les habitants du coin. Le soleil était encore bien haut dans le ciel, il aurait largement le temps de s'amuser avant de devoir partir sur la route.
Souriant de toutes ses dents, époussetant légèrement sa tenue, le guerrier des guerriers s'approcha de la première masure qu'il trouva, où quelques animaux étaient retenus prisonniers. Altruiste, il brisa d'un coup sec la barrière qui les retenaient, livrant à la nature ses enfants captifs.
Dans le brouahah du bétail, il ne lui restait plus qu'à s'occuper des chaumières, pénétrant dans l'une d'elle. Peut-être un garde s'y trouvait-il ? En tout cas, lui ne vit rien, et préféra s'approcher d'un pot sur lequel chauffait un ragoût, qu'il n'hésita pas à goûter avant de rajouter quelques herbes et un brin de miel. Au second essai, le goût était nettement plus supportable, et sans doute les survivants se régaleraient-il.
Mais le Kurgan avait d'autres projets, et ces projets se cachaient ici, dans ces maisons, hors s'il voulait s'amuser, il devrait les faire sortir d'une manière ou d'une autre. Doucement, il posa le bout de sa lame à rougir sur le feu, laissant la chaleur monter. Lorsque celle-ci fut suffisamment incandescente, il la ficha un instant dans le toit de paille et de bois, qui s'embrasa à une vitesse impressionnante, séché et chauffé par le soleil qui poudroyait les terres sauvages.
Alors qu'il sortait, la bâtisse commençait à réellement ressembler à un feu de joie, mais à la surprise se mêla la joie lorsqu'un guerrier s'en extirpa en hurlant, le dos attaqué par un début d'incendie qu'il n'hésita pas à éteindre en se jetant et roulant par terre, dans la poussière.
Il ne releva son erreur qu'au moment de lever la tête, admirant les bottes faites maison du Kurgan qui le toisait à présent. Le frêle garçon se releva un instant et prépara une course pour sa vie, mais cette fois ci son talon fut sectionné sec par une tranchade de l'épéiste. Il rechuta lourdement et commença à hurler à l'aide, ce que l'Highlander espérait plus que tout par un tel acte.
La pression psychologique, des rats terrés condamnés à brûler les uns après les autres par les masures adjacentes, ou bien tués en tentant d'en sortir par l'espadon brûlant de leur agresseur. Pour une, en revanche, la peine serait sans doute moins mortelle, peut-être même agréable avec un peu de volonté.
Alors que le blessé hurlait à l'aide, la lourde voix de l'Highlander vint presque couvrir sa plainte d'agonie :
Vous êtes des pleutres, vous êtes des lâches, mais vous n'êtes pas des guerriers. Terrez vous encore et d'autres mourront, à commencer par celui-ci. Je brûlerais ce village masure par masure s'il le faut, mais j'aurais ce que je souhaite, entendez le bien !
Vous qui êtes cachés, voilà ce que je vous offre : la vie sauve !
Cherchez la terranide, et ramenez la moi, j'épargnerais vos maisons, vos familles, vos propres vies et le sang ne sera plus versé. Vous avez relevé mon défi et échoué, je vous en donne un autre : trouvez la et offrez la moi.
La fin de sa phrase s'abattit telle une hache et le silence reprit, seulement troublé par les pleurs d'un agonisant à terre, laissant les esprits s'échauffer. Les plus faibles allaient sans doute se jeter à la recherche de l'offrande vivante, d'autres probablement resteraient terrés à attendre la mort. S'offrirait-elle ? Peu de chance. Mais le village brûlerait.
Qu'elle se soumette et des vies seront épargnées, un village entier, même.