"Vous.
Nous sommes au fait de Vos exploits dans le domaine de la chasse ; Vos talents Nous poussent à croire que Vous êtes la personne désignée pour la mission qui s'en suit.
Vous Vous en doutez, Nous souhaiterions voir disparaître quelqu'un. Bien sûr, Votre professionnalisme fera que Vous ne Nous questionnerez pas sur Nos motivations. Sachez simplement que Votre cible est un homme se faisant appeler Vaelh. Vous n'aurez aucun mal à le repérer, cet excentrique est toujours vêtu de sorte à attirer l'attention. Pour Vous faciliter le travail, Nous Nous sommes permis de joindre à ce courriers des clichés de la cible. Vous ne devriez de toutes façons pas avoir de mal à le localiser, il s'avère qu'il est... "connu".
Compétent que Vous êtes, Vous parviendrez à trouver sa trace de Vous même, sans que nous n'ayant à fournir d'avantage d'effort. Mais attentionnés que Nous sommes, Nous tenons à vous faire savoir que votre cible dispose de quelques compétences au couteau, alors Vous veillerez à ne pas Vous faire avoir.
Dès que Vous l'aurez tué, Nous en seront informé sans que vous n'ayez à lever le petit doigt. Alors Nous voudrons bien Vous offrir neuf autres gemmes similaires à celle que Vous tenez sans doute dans votre main. Au cas ou ne Vous sauriez pas donner un prix à une telle merveille, sachez que dix d'entre elles représentent une vie faite de richesse et d’oisiveté pour vos et les 69 générations qui Vous succéderont.
Puissiez Vous réussir.
Bien à Vous.
Nous."
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A n'en plus douter, l'heure était à la révolution dans la ville. Vaelh avait vaguement compris, d'après ce qu'il avait entendu dire, que les citoyens de Nexus voulaient renverser l'élite dirigeante en place pour une meilleure répartition des privilèges, pour être mieux considérés ; pour être libres, disaient certains ! Un soulèvement comme le monde en a vu depuis la nuit des temps, et qui n'intéressait guère le Démon. Quoi que, les quartiers dans lesquels il circulait étaient empreints d'une atmosphère de chaos tout à fait délicieuse, comme il les aimait.
Bien sûr, le beau mâle n'était pas là par hasard. Une affaire importante mais risquée l'attendait, et histoire d'en mettre plein la vu à son futur... "Partenaire", Vaelh n'avait pas lésiné sur les moyens. Comme à son habitude, il s'était vêtu d'exotisme et de légèreté : sa poitrine sculptée était couverte d'une écharpe blanche gigantesque qui prenait sa source dans la nuque du mâle pour aller s'enrouler jusqu'à son poignet droit. En dessous, on devinait de fines lattes d'un métal rouge profond, presque rubis, agencées comme les segments de la carapace de quelque insecte écarlate. Son bras gauche était couvert du bout des doigts jusqu'au coude avec le même étrange alliage souple, de même que l'était son épaule devant laquelle pendant une petite sacoche en cuir noir qui devait sans doute contenir quelques marchandise. Son ventre était exposé, parfaitement nu, vulnérable et pourtant si solide et délicieux. Ses muscles s'y enchevêtraient élégamment en une cascade de chair langoureuse qui guidait le regard plus bas, jusque sous son nombril, pour trouver une seconde écharpe géante blanche qui couvrait le départ d'une grande robe à la mode des sorciers, quoi que plus fine et légèrement fendue pour ne pas restreindre les mouvements. Et quand l'attention du spectateur était portée à son maximum, il pouvait remarquer que le moindre centimètre carré du tissu que portait cet homme svelte était couvert d'incroyables petits motifs à la signification mystérieuse.
Mais dès lors que le spectateur était un professionnel de la chasse, d'autres détails plus dangereux lui sautaient aux yeux.
Quelque chose formait un relief longiligne sur le bras de l'homme couvert par son écharpe, et chacun de ses mouvements félins faisaient subtilement remuer l'objet qui pesait un certain poids ; une dague dans son fourreau, à n'en pas douter. La même observation pouvait être faite au niveau de sa taille, sans qu'on puisse clairement déterminer la silhouette de l'objet que la seconde écharpe cachait.
Toujours selon les yeux d'un expert, la démarche de l'individu, bien que d'une grâce surnaturelle, trahissait une vivacité et une puissance surprenante. Mais le plus dérangeant était ses yeux : complètement noirs couronnés d'iris dorées, ils se rivaient avec une attention à la limite de la paranoïa et un dédain royal sur quiconque osait approcher sa personne.
Ainsi paré de majesté et de défi, Vaelh avait erré dans la ville, passant d'une rue à l'autre selon un itinéraire qui semblait aléatoire, comme pour semer d'éventuels indésirables qui auraient pu interférer avec ses manigances, ignorant superbement les regards incrédules ou envieux qu'on lui coulait. Il se retrouva alors à devoir traverser une rue isolée des autres.