« (…) l'un de ces mystérieux lieu (...) », la réponse et inespérée, mais je ne saurais la laisser passer. Je ne sais si cette charmante féline a vu mes yeux briller dans la nuit, mais elle ne peut s'imaginer à quel point sa réponse m'enchante. La sacristie aurait été un peu dangereuse pour peu qu'elle remarque la propension à y avoir des crucifix, et son logement aurait peut-être révélé quelque petit ami ou quelque colocataire malvenus. C'est tout d'abord à l'ancien atelier de Monsieur Tomoshi que j'avais pensé, une belle bâtisse avec des vitres permettant de subtils jeux de transparences et de miroirs, adossée au bâtiment de fabrication un peu délabré mais avec de chouettes demi-niveaux mais surtout un éclairage encore opérant qui permet d'y voir comme en plein jour ; parfait pour des photos décalées, comme une jolie chatte au milieu d'un univers de béton et de métal, mais peut-être pas rassurant en pleine nuit.
« J'avais pensé à un endroit, mais il est dans la zone industrielle donc un peu loin, et peut-être pas très sûr. Mais j'ai une autre idée, bien plus près, juste à deux rues d'ici ; c'est un endroit au charme à l'ancienne, comme ces coussins où les chattes aiment faire leur griffes, et j'espère que vous aimerez. »
L'idée s'est imposée d'elle-même, l'ancienne maison des Régnier. Comment n'y avais-je pas pensé au début ? Ce couple de Français s'en est retourné dans son pays, voici six ou sept mois, et Madame Régnier, pieuse femme s'il en est, a fait, juste avant de partir, une donation pour que la maison revienne à l'Eglise, au jour de sa mort ; elle m'a demandé que, de son vivant, j'affecte cette maison à l'hébergement des sans-abris. Ce que j'ai fait, puisque j'y abritais les lycéennes de Mishima pour des shoots très intimes, qui se sont souvent finis par une partie de jambes en l'air. Je crois que 'ai dû en sauter dans quasiment toutes les pièces, et même dans le jardin ou dans le garage.
Et c'est comme ça que j'ai découvert le secret de Monsieur Régnier, une chose que sa pieuse épouse ignorait, j'en suis sûr ; je pense que cet homme au jeu bien caché devait profiter des absences de son épouse, se rendant au chevet de sa mère malade, pour inviter quelque femme partageant ses goûts disons très variés. La demeure est très grande, et lui a permis quelques aménagements fort dispendieux tant ils devaient demeurer discrets. Le premier choc fut de découvrir une porte cachée, commandée électriquement, vers un donjon, très bien équipé, mieux que ce que j'avais pu voir sur le Net ; je l'ai aussitôt essayé avec mon accompagnatrice d'alors, mais, ce à quoi je pense, c'est qu'il y avait laisse et collier idéaux pour la petite chatte qui m'accompagne. Ce n'était juste qu'une partie de mes surprise, car j'ai découvert, de ci de là, une chambre cachée avec un lit à baldaquin et un fauteuil à la Emmanuelle, un vrai studio photo avec fond et éclairage agencés autour d'un immense canapé, une pièce dont le sol n'était qu'un immense lit où l'on se couche à bien plus que deux, et bien d'autres choses, dont une sublime garde-robe plus grande que toute ma sacristie ; soit Monsieur Régnier avait écumé les sites de vente par correspondance, soit il avait gardé les dessous de ses conquêtes comme des trophées. Ca dépassait l'entendement, mais il y en avait pour tous les goûts, pour toutes les tailles. Et justement, en parlant de poitrine, je lorgne sur celle de mon accompagnatrice, et il y aura sûrement quelque corset ou autre qui la moulera à merveille, et fera plus encore pigeonner ses seins. Hum, Yves, voilà qui devrait bien conclure une soirée qui avait commencé sans charme !
« (…) attentive à tous vos conseils (... », on verra ça, ma chère petite chatte.
« Ne vous en faites pas, je maîtrise cet art depuis longtemps, et, si ces photos vous font plaisir, que vous soyez ainsi féline ou comme il vous plaira, bien sûr que je serai heureux de vous les offrir... Ah, c'est dans cette rue... Vous verrez, c'est une demeure de maître, cossue et pleine de surprises. »
Attention, Yves, ne vas pas trop vite en besogne ! Il faut justement ménager l'effet de surprise.
Je m'arrête enfin devant une petite porte grillagée. Me retournant vers elle, comme pour la rassurer avant de franchir le seuil, je la regarde par réflexe dans les seins, mais, aussitôt, je relève les yeux pour les planter dans ses jolies prunelles :
« Vous me faites confiance, nous pouvons entrer ? Il n'y a personne d'autre, ici, que vous et moi. Mais nous sommes dans le quartier résidentiel de Seikusu, et vous n'avez jamais entendu parler d'un prédateur qui y rôde. Donc, soyez rassurée. »
Parfaitement huilée, la grille ne couine pas. Autant être discret dans la nuit ; deux silhouettes, un vieux lubrique et une jeune chatte qui pénètrent ici, ça pourrait éveiller des interrogations.
« Venez, entrez ; la maison est au bout de cette petite allée. »