*Jadis, j’aurais probablement utilisé mes fameuses petites toxines sur tous ces gens condescendants...*
Pamela secoua lentement la tête. L’écologie, malheureusement, était loin d’être une préoccupation majeure, tant d’un point de vue politique, que sociétale. Les gens lambdas préféraient avoir de l’argent et du pain, plutôt que de se soucier des enjeux écologiques, de la protection de la Nature, et de l’état catastrophique du système écologique. Ils croyaient naïvement que la nature était toute-puissante, ce qui, malheureusement, était faux. Pamela sentait une certaine colère monter, et restait donc calme, isolée, mangeant des cakes. Elle était dans une ONG, et elle savait que bien des membres de l’organisation n’étaient pas concernées par l’écologie, et y allaient tout simplement parce que ça faisait « cool » d’être dans une ONG. De même, il fallait aussi se méfier des hippies et des junkies, qui fumaient à longueur de jour. Poison Ivy commençait à être lassée. Elle avait abandonné l’éco-terrorisme en quittant Gotham City, rejoignant Seikusu, et y avait découvert un autre monde, disposant de propriétés exceptionnelles, qui lui avaient permis de se doter d’un véritable repaire végétal dans les égouts, sous le lycée Mishima. Son refuge lui manquait. Elle regardait les différentes personnes se trouvant ici, cherchant lesquelles emmener faire un séjour dans ses plantes, afin d’en apprendre un peu plus sur les bienfaits de l’écologie, et sur la nécessité qu’il y avait à défendre la Nature.
Ivy y songeait lentement, quand elle entendit une femme lui parler. Surprise, elle tourna la tête, tombant devant une jeune femme assez mignonne, avec de longs cheveux verts. Un bon choix de couleur. La jeune femme semblait assez nerveuse, et lui parla en personne. En la revoyant, Pamela eut rapidement un souvenir de la conférence. Cette fille était dans les premiers rangs, et l’avait vivement applaudi suite à son discours. L’Empoisonneuse avait les bras croisés, et la femme continuait à lui parler... Et, au fur et à mesure qu’elle lui parlait, Pamela était de plus en plus surprise, de plus en plus... Indécise. Était-ce une blague ? Non, c’était trop sérieux pour être une blague.
« Si nous parvenons à expliquer aux gens que la nature nous rends ce que nous lui donnons, ils changeront probablement d'avis sur leur façon de consommer et de vivre ! » conclut-elle, sur un ton enjoué.
Pamela se mit alors à sourire légèrement, et décroisa les bras. Comme quoi, sur mille élèves, il arrivait parfois qu’on en trouve un seul qui vaille vraiment le détour. Était-il possible que ce soit cette jeune fille ? Dans tous les cas, elle était très intéressante. Pamela lui répondit rapidement :
« Malheureusement, les gens ont tendance à se préoccuper des choses qui leur sont essentielles. Il est très difficile de les responsabiliser, et de leur faire comprendre que le moindre petit geste peut avoir des conséquences dramatiques sur l’écosystème. C’est toute leur éducation qu’il faut revoir, car ils n’ont instinctivement pas conscience des problèmes écologiques graves. »
Ceci expliquait d’ailleurs pourquoi, initialement, Pamela avait agi sans chercher le consentement des gens, en voulant supprimer l’humanité, ou en la faisant muer, car elle la percevait (et la percevait toujours) comme une menace sérieuse envers la Terre. Une sorte de fils bâtard ingrat qui menaçait la survie de la Mère. Elle se devait donc d’agir, afin de protéger cette dernière. Aujourd’hui, elle avait juste opté pour des méthodes plus douces, plus diplomatiques... Même si elles impliquaient le rapt, la séquestration, et ce aussi bien sur des mineurs que sur des majeurs. Cependant, c’était sans douleur, et les sujets ne s’en plaignaient nullement.
« Ainsi donc, reprit Pamela, l’écologie est votre passion ? C’est une admirable passion... Et je suis au courant que les plantes communiquent entre elles. Tout ce qui est vivant communique et est lié avec le monde. C’est ce qui m’a toujours amené à considérer avec un certain scepticisme les individus qui, parce qu’ils refusent de manger du vivant, sont herbivores... Comme si les salades n’étaient pas constituées d’organismes vivants... »
L’hypocrisie humaine la sidérait parfois. Encore une fois, elle se référait à sa propre expérience. Elle avait eu dans son ONG une collègue qui était farouchement opposée à la culture de la viande, et prévoyait de participer à une grande manifestation écologique dans les États-Unis, contre ces immenses fermes dans le désert où des milliers de vaches étaient amassées. Elle ne se mangeait que de plantes et de salades, car, pour elle « le simple fait de manger du vivant était insupportable ». A l’heure actuelle, sa collaboratrice végétait dans une plante.
« Et tu ne m’ennuies pas du tout. C’est tellement rare, de nos jours, de rencontrer des personnes vraiment intéressées par les sujets sérieux. Regarde autour de toi. »
Sans vraiment le réaliser, elle venait, sous l’effet de la passion, de glisser du vouvoiement au tutoiement.
« Combien, suite à cette conférence, iront faire des recherches complémentaires sur l’état de l’Amazonie ? Et combien qui, en ayant fait ces recherches, décideront de changer leur comportement ? De respecter la Nature pour ce qu’elle est... Notre mère à tous. »
Pamela soupira légèrement, et revint au vouvoiement :
« Mais je n’ai pas eu la chance de connaître votre identité, jeune femme. Vous faites une thèse, alors ? »
Elle désirait naturellement en savoir plus. Sa curiosité était éveillée. Et, pour un scientifique, quand la curiosité était éveillée, c’est que la chose était d’importance.