La grande lande dévastée était devenue le lieu de voyage préféré de Cécil. À force de l'arpenter pour diverses missions et de nombreuses traversées, il avait fini par connaître certains lieux et certains chemins. De renseignement en renseignement, il avait vite découvert les lieux où se trouver pour éviter de mourir ou de tomber dans une embuscade. Son but premier était d'assurer avant tout la protection des convois contre les monstres envoyés par des entiers puissants comme les démons. Bien entendu, ce n'était pas des missions de tout repos, mais le paladin avait vite appris à combattre malgré la chaleur aride de la grande savane. Il avait jusque-là assuré une vingtaine de convois, sans réels problèmes.
Pourtant, cette fois-ci était différente. C'était un petit convoi, mais un convoi diplomatique. Un diplomate, détenant un grand objet de valeur, devait travers les landes pour se rendre au Nexus pour un simple échange pacifique. Cependant, vu qu'il avait un objet de très grande valeur, il voulait le protéger tout en restant discret. Aucun soldat de l'armée ashnardienne n'avait été pris pour cette mission, et seul le paladin avait été recruté pour cette mission, avec pour seule instruction de protéger le coffret que détenait le diplomate au péril de sa propre vie. En échange, il recevrait un objet magique d'une valeur inestimable. Une chance pour lui retournée dans son monde, il ne pouvait refuser.
Ainsi, accompagné de quelques civiles dans une carriole, semblable à un convoi de marchands, avec à son bord le diplomate déguisé en vieil homme, Cécil était le seul qui ressemblait à un guerrier, et qui en était un d'ailleurs. Les autres n'étaient pas des combattants, ils espéraient ainsi que le convoi n'attire pas l'attention. Pendant la première partie de la traversée, tout se passa bien. Mais arrivé dans le col de la montagne reliant les deux royaumes, Cécil dû faire un constat des plus périlleux : la voie bloquée par un énorme rocher laisser présager que quelqu'un avait prévu de les arrêter. L'un des civils questionna le paladin.
« Qu'allons-nous faire, sir Harvey ? »
Ce dernier descendit du convoi et s'approcha du diplomate en disant :
« Mon seigneur, il semblerait que nous ayons été trahis, d'une manière ou d'une autre. Quelqu'un a prévu de nous attaquer, sans doute sur le chemin que le convoi pourra prendre. Le mieux est de laisser le convoi faire demi-tour, pendant que nous prendrons un chemin plus abrupt, moins praticable, mais où, je pense, le ou les bandits ne songeront pas nous voir passer.
- Cela risque de nous retarder... Pensez-vous que le risque est tel qu'il est préférable de passer pas ce chemin plutôt que l'autre ? »
Cécil acquiesça en silence. Pour lui, il y avait trop de risque. Il valait vraiment mieux passer par le chemin abrupt et pouvoir réussir que tomber forcément dans un piège. Le diplomate réfléchit quelques instants, puis se leva et descendit, feignant une fatigue apparente :
« Je m'en remets à votre jugement, chevalier. Vous nous avez toujours offert satisfaction lors de vos missions, je pense que je ne risque rien à vous suivre. Partons, le temps presse : nous allons prendre près d'une journée de retard. »
Le paladin aida l'homme à descendre, ordonnant aux hommes du convoi de retourner à Ashnard, tandis qu'il prendrait le chemin prévu. Après plusieurs minutes de marche, ils avaient atteins le point d'entrée du chemin. La pente forte était pleine de roches qui rendaient la traversée difficile tout en la facilitant. Le diplomate derrière lui, Cécil s'assurait que le chemin ne serait pas bloqué par une autre menace. Mais à peine avait-il commencé leur ascension que le paladin s'arrêta : il sentait une menace non loin. Il fit signe au diplomate d'en faire autant, avant de partir en avant, la main sur le manche de son épée. À quoi devait-il s'attendre ? Les bandits pouvaient-ils avoir rejoint si vite le chemin abrupt, le chemin de rechange étant à des dizaines de kilomètres d'ici ? Il devait s'assurer que tout irait bien pour le diplomate, c'était là sa mission.