Les terres sauvages / Re : Au gré du vent qui souffle sur nos rameaux ( Privé Kementari )
« le: dimanche 01 octobre 2023, 17:16:07 »Il rencontrait la flot des cours d'eau, la vivacité de l'herbe folle et des buissons, remparts naturels qui guidaient son chemin. Son être percevait, par instants, les formes de vies animales qu'il dépassait dans cet état second à grande vitesse, reconnaissant tout au plus leurs empreintes énergétiques, percevant ainsi leur forme. De simples souris aux puissantes créatures magiques qui occupaient ces terres, l'homme commençait lentement à comprendre l'osmose particulière qui existait dans ces bois antiques.
Toutefois ces longues errances, même si facilitée par l'état de conscience dans lequel il se trouvait, semblait devoir trouver leur fin. Quelque-chose perturba sa nature première, un rappel à lui-même le conviant à retrouver place auprès de sa chair. La forêt le lui indiquait, son instinct aussi l'appelait à ce qu'il fasse un retour immédiat afin de réunir les deux parties de son être originel. Il ne fit pas plus cas de son besoin de comprendre ce milieu merveilleux, il relâcha immédiatement sa concentration, laissant donc ses sens revenir à lui.
Il ouvrit alors les yeux.
Rapidement, ses sens premiers lui permirent de comprendre ce qu'il se passait. Le poids léger dans ses cheveux laissait entendre que ceux-ci avaient été dérangés par un élément quasiment anodin. En revanche, la pression sur son épaule était, elle, plus marquée, lui indiquait que quelqu'un se servait de son corps pour s'équilibrer. La forêt ne l'avait pas alertée d'un danger, simplement de son devoir de réunir son être, aussi ne se mit-il pas en garde, ou sur le qui-vive. À la place, il tourna lentement la tête vers sa gauche pour observer ce qui se trouvait actuellement en contact avec son être.
Il s'agissait d'une femme. Ses traits se trouvaient être juvénile, mais il se dégageait d'elle une énergie que l'on attribue guère aux êtres du communs, réduisant l'observation de son âge apparent à néant. En revanche, cela n'ôtait pas la beauté fine, les contours délicats de son visage, ni même l'opulence de sa chair, autant de détails que le dragon accorda à un don évident de la nature envers cet être semblant y être intimement lié. Visiblement, elle était plus intéressée par une petite feuille qu'elle tenait entre ses doigts que par l'homme, mais il aurait été bien indélicat de sa part de ne pas la saluer maintenant que la conscience lui était revenue.
Alors il ouvrit la bouche lentement puis s'exprima d'une voix calme, presque trop basse au vu de la situation mais influencée par l'état d'intense respect d'Anoba envers la clairière où il se trouvait.
" Bonjour à vous, dame aux couleurs des canopées millénaires. Pardonnez donc ma présence en ces lieux, je ne m'attendais pas à occuper un lieu sous la surveillance d'un gardien des bois. "
C'était une supposition, mais la présence de cette dame, l'injonction des bois à ce qu'il cesse sa méditation ainsi que l'arrivée relativement rapide de ce nouveau partie dans la clairière lui laissait entendre qu'elle avait été appelée par la forêt elle-même. Était-elle un esprit sylvestre ? La compagne protectrice d'un des seigneurs des bois ? Une créature tutélaire de ces terrains boisés ? En tout cas, il la voyait dans l'immédiat comme une personnification de la forêt, d'une nature toutefois inconnue, venue peut-être pour répondre à son souhait d'en découvrir les profondeurs ou pour juger de sa valeur. Après tout, les coïncidences ne sont qu'un caprice du destin.
" Permettez que je me présente. Je suis Anoba Long'shue, dernier représentant à ma connaissance de la lignée des dragons d'encre. Je vous remercie, ainsi que ces bois, pour l'hospitalité dont vous avez fait preuve à mon égard. "