TROIS SŒURS ET DES AMAZONES
Aujourd'hui il ne fait pas très beau. Le ciel est gris, bas et menaçant . Il fait chaud et humide à la fois. Un temps orageux. Déjà, la plupart des insectes, des petits animaux et des hommes se sont abrités, peu enclins à affronter les grandes averses et les grondements terrifiants du ciel. Le spectacle mit du temps à commencer. D'abord, il ne s'agit que d'une sorte de grognement au lointain. Puis l'orage se rapproche tout doucement. Enfin, un éclair lumineux survient sans prévenir, suivit peu après d'un grondement sonore, plus fort que le précédent. Ensuite il y a une goutte, puis deux, puis dix et ça ne s'arrête plus. Un vrai déluge s'abat sur les terres dans un rideau glacé et déprimant. Plus personne n'ose rester dehors et le monde semble s'être endormit plus tôt que d'habitude. Cependant, le soleil commence à se coucher, invisible sous cette couche de nuages gris et noirs, apportant plus d'obscurité encore qu'il n'y en a déjà. Même le vent s'invite à la partie. Un vent chaud qui rend l'air étouffant.
Assise sur un gros rocher, et abritée sous ses ailes, Peste observait avec intérêt les cumulonimbus menaçants sur lesquels les lumières des éclairs se répercutaient. C'était son tout premier orage et malgré la puissance et la menace que cela dégageait, elle n'avait pas peur. Au contraire, elle était subjuguée. Rien n'aurait pu l'intéresser davantage qu'à cet instant, pas même ses sœurs qui prenaient leur douche sous le déluge. Depuis qu'elles s'étaient remis en route, elles n'avaient croisé que des plans d'eau vaseux, sales ou grouillants de bestioles peu engageantes. Alors, cette pluie importante était une aubaine pour faire sa toilette.
Elle finit tout de même pas les rejoindre au bout d'un moment. Elle ne s'attardèrent pas plus que de mesure, histoire d'éviter de se prendre la foudre ou d'attraper froid. Elles avaient décidé de se rendre au village le plus proche pour prendre un bon repas chaud et peut-être acheter quelques fournitures. Le problème lorsqu'elles se rendaient dans des endroits comme celui-là, c'était qu'elles étaient obligées de porter de grandes, larges et longues capes pour cacher leurs ailes ou, dans le cas d'Amarie, ses cornes. Les humains appréciaient peu les créatures comme elles, allez savoir pourquoi. Cela ne leur prit pas beaucoup de temps et la nuit venait de tomber. Lorsqu'ils entrèrent dans le village, tout était calme. Quelques lumières brillaient dans les demeures, on entendait un peu de musique et de chants venir d'une taverne. Tout était normal. Mais les choses se compliquèrent subitement alors que les trois sœurs s'apprêtaient à passer la porte de l'auberge.
Cela commença par un cri terrible de douleur, venant de la place du village. Puis d'autres cris, bien moins humains, de plusieurs créatures. Les jeunes femmes échangèrent un regard, puis s'élancèrent dans cette direction. Là, elles se retrouvèrent face à une scène étonnante. Des hommes rats armés jusqu'aux dents envahissaient le village. D'après leurs observations, ils devaient être plusieurs dizaines. Sans doute avaient ils réussis à creuser des galeries sous terre, puisque les derniers sortaient du grand puits situé au milieu de la place du village. Déjà les rats défonçaient les portes des maisons aux alentours pour piller et tuer ce qui passaient sous leur nez. On entendait des villageois crier et appeler au secours et très vite, une panique générale s'installa. Les trois sœurs sortirent alors leurs armes comme une seule et même personne.
Zeperia décrocha sa lance de son dos, Amarie sortit son sabre de son fourreau et Peste fit craquer sa nuque et les jointures de ses mains. Il y allait avoir un peu d'action ce soir.
Les trois sœurs aimaient se battre, mais chacun avait sa motivation propre. Zeperia voulait sauver des vies, Amarie voulait améliorer encore et toujours son niveau au combat et Peste voulait tout simplement arracher de la chair avec ses griffes pour le plaisir, histoire de s'amuser un peu. C'est ainsi qu'elles s'élancèrent, partant chacun de leur côté pour commencer à tuer et massacrer tous les hommes-rats sur leur passage.