Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Blue April

Pages: [1]
1
Lorsqu'elle réalise que le jeune homme est en train de fondre en larme, c'est déjà trop tard ; celui-ci s'éloigne déjà vers l'arrière du véhicule. Le sourire d'April se mue en une expression stupéfaite.

"Hey, le prend pas comme ça, c'était juste..."

Elle se redresse et fait quelques pas ;

"Non mais... hé, c'est juste que d'habitude les gens n'agissent pas ainsi !"

Elle hausse les épaules en essayant de sourire nonchalamment -mais le cœur n'y est pas, et ça doit se voir.

"Désolée va, pleure pas comme ça, on va -EH !!"

April se jette directement en direction de Ludya alors qu'il s'élance à l'extérieur, pour le rattraper. Trop tard ; elle le rate d'une bonne seconde, se rattrape au métal froid des portes de la fourgonnette. Le vent froid lui fouette le visage, et elle passe la tête par l'ouverture en mettant sa main en visière pour se protéger des flocons qui viennent s'écraser sur son visage. L'abyssian file en travers la neige, à toute vitesse.

"REVIEEEENS !!"

Putain, mais c'est pas possible ?! Il est complètement instable ce gamin ! Elle fait volte face et se précipite vers le sac de Ludya qui était resté posé au sol, l'attrape par la bretelle et le jette sur son - "HHHHNNNGG ?!". Qu'est-ce que c'est que ça ?! Le sac doit peser une bonne vingtaine de kilos, c'est à peine si elle arrive à le soulever. Elle pousse une grognement de frustration et se décide à abandonner le paquetage -tout comme elle abandonne son écharpe trempée- pour se lancer à la poursuite du fugueur.

Elle s'élance de toutes ses forces et bataille contre le vent qui tente de la repousser, aveuglée par la neige. C'est à peine si elle le voit, dans la nuit, à travers les flocons de plus en plus denses et, elle a beau courir de toute son énergie, pousser de toute sa volonté sur ses jambes trop lourdes, elle ne parvient plus à gagner de terrain sur lui. Elle craint même d'en perdre, tant sa gorges la brule et tout son corps s'engourdit.

"Lud-...LUUUDYAAAAAAAA !!"

Ça n'est pas un cri très puissant, mais elle est certaine qu'il l'a entendu -au moins un peu. Il ne se retourne pas. Elle s'efforce de tenir le rythme ; elle ne rattrapera pas, d'accord, mais au moins... elle ne doit pas le perdre. Le suivre jusqu'à... où qu'il aille. Elle ne veut pas appeler ses supérieur pour leur dire qu'elle l'a perdu. Elle a déjà trop fait d'erreurs ces derniers temps. Non, il faut qu'elle règle cette histoire elle même, qu'elle leur montre qu'elle est capable de gérer la situation et de réparer ses erreurs... Elle commence à entendre le bruit des voitures ; une route ? Ludya la devance ; qu'il bifurque par la gauche ou la droite, April pourra gagner du terrain en coupant. Mais il ne bifurque pas. Il s'élance directement entre les voitures. April aurait certainement ressenti les effets de l'angoisse, s'il y avait encore une quelconque place pour des émotions parasites dans son organisme. Le sort de l'abyssian se réduit dans l'esprit de sa poursuivante à une bref calcul : si il a pu passer, il n'a pas ou peu ralenti. Dans tous les cas, il faut continuer à courir.

Elle arrive devant la quatre bande, ralentit le pas. Sa vue est trouble ; elle cligne des yeux, hébétée, tente de suivre le mouvement des véhicule et d'anticiper... Les deux premières voies lui offrent une ouverture ; elle bondit par dessus la barrière, effrayée par sa propre témérité, et sprint à travers les deux premières voies. Une voiture vrombit tout près d'elle et manque de la faucher. Elle gémit de terreur, se jette désespérément en avant entre les monstres de fer rugissant qui tentent de lui barrer la route. Un poids lourd fond sur elle dans un crissement de pneus, prêt à l'écraser ; elle plonge pour se sauver, mais le pare-choc lui attrape les jambes et l’envoi tourbillonner par dessus la barrière, et elle s'écrase dans la neige pour y faire quelques tonneaux désordonnés. L'adrénaline la remet sur pieds, mais une douleur impérieuse lui fait aussi plier le genou ; sa cuisse droite, meurtrie, cède sous son poids et la fait tomber sur le flan.

Elle geint de douleur, se laisse rouler sur le dos ; elle réalise lentement qu'elle est hors de danger. Sa panique se calmant, ses forces l'abandonnent aussi sûrement que l'eau quitte un récipient troué. Impuissante à faire le moindre mouvement, elle se contente de fermer les yeux pour les protéger de la neige qui se dépose grain par grain sur son visage. Elle n'a pas la moindre idée de l'endroit où elle se trouve, ni de l'endroit où se trouve Ludya. Elle a froid, elle a mal, et n'a plus la volonté d'effectuer le moindre mouvement. Ses doigts anesthésié par le froid reposent, comme morts, hors de ses manches où la neige s'est déposée. Elle commence à prendre conscience que sa jambe blessée n'a plus de botte.

C'est son tour de pleurer, péniblement. Dans la poche de son manteau, son téléphone portable vibre sans même qu'elle s'en aperçoive.

2
April se met à rire doucement devant les descriptions de garçon. D'accord, courir, arracher des trucs... une vie au grand air, avec une touche de surréalisme en plus. Pourquoi pas. Les jeunes indigènes des tribus primitives qu'on voit parfois à la télé ont aussi tendance à être athlétique - certes moins musclés, mais ils n'arrachent pas de pièces métalliques à mains nues.

Mais voilà que l'extraterrestre commence à se déshabillé devant elle.

"Euh... tu n'est pas obligé hein, c'était juste une question comme ça..."

Mais ça semble lui faire plaisir, alors... alors elle ne dit rien de plus et elle le laisse faire. Elle croise les bras, pour se donner une contenance, et surtout... elle essaie de ne pas rire. Pas trop. Mais malgré touts ses efforts, elle ne peut retenir un immense, ni les convulsions qui lui seccouent les épaules. Lorsqu'il se cambre pour bomber les muscles des fesses, c'est trop. Elle explose dans le bruit d'une grande inspiration aigue et cache derrière sa main son visage qui grimace de rire, se laissant aller au fou rire silencieux qu'elle ne peut plus contenir ; le corps secoué de spasmes à peine audibles ("hg hg hg !") elle titube jusqu'à la paroie la plus proche et s'y appuie en suffocant, la respiration bloquée par son hilarité.

"Ahh... attends... hg hg hg...hg... "

Elle le voit se rhabiller, à travers la fente larmoyante de ses yeux. Elle s'efforce de respirer, de reprendre son sérieux. Elle commence à peine à retrouver son calme lorsqu'il parle à nouveau.

"Ben ça doit faire seize ans ! je crois... Mais... Je sais pas quand je les ai eu... J'ai sûrement seize ans... Mais j'ai pas d'anniversaire... je dois avoir eu seize ans au cours de cette année voila !
- Seize ans ? Ben t'es un grand... hg hg hg... un grand garçon, pffffrrrrrt HG HG HG !!"


Calme toi April, c'est pas vraiment drôle ce que tu racontes... seize ans, n'empêche, ça l'éclaire un peu sur la manière dont elle doit interpréter ses actions. C'est un gamin mais... la puberté est passée, chez les humains du moins.

"Hg hg... hehe... hm... bon... hmf... hehe...
- Et toi... Tu... Euh... T'as quel âge ? Tu fais quoi ? Parce que... Ben... T'as une taille fine puis... Des jolies hanches et des cuisses aussi assez... Hum... belles et larges... Elles ont l'air musclées... Tu dois faire un truc... Tu... Tu fais quoi ? Tu nages ? Tu fais des... accroupissements ? Tu étrangles des gens avec ? Parce que... C'est... Enfin... C'est bête ce que je vais dire... Hihi... C'est... Hmmmm... je trouve ça... Hihi... Ah ben c'est... Intéressant..."


A peine en est-il à la moitié, qu'elle est déjà à nouveau adossée au mur, à se tordre de rire. Tout en se bidonnant, elle se laisse glisser contre la paroi, jusqu'à tomber assise et ramène ses genoux contre elle pour se recroqueviller et masquer son visage. Ça ne se fait pas, de rire comme ça, mais c'est plus fort qu'elle. Il est trop con. Et beaucoup trop candide pour qu'on puisse s'énerver. Elle redresse la tête et le fixe de son regard humide pendant deux seconde, avant que son sérieux ne l'abandonne à nouveau et qu'elle laisse à nouveau son front tomber sur ses genoux. Une deuxième tentative, quelques secondes plus tard, est plus fructueuse. Elle s'essuie les paupières du revers de la main et secoue le cheveux en reniflant.

"Hmmmmm... bon... hem... j'ai 25 ans."


Elle sourit à nouveau et détourne le regard en effectuant ce que les experts nomment un facepalm. Visiblement cet adolescent ne sait RIEN sur les codes sociaux et la bienséances (April n'est heureusement pas trop à cheval sur ces règles), et elle ne peut pas juste esquiver la question comme si il avait 8 ans, tout simplement... parce qu'il en a seize. Aussi, elle ne sait pas tout de suite quoi répondre.

"Je nage un peu oui... si tu veux que je t'apprennes, il faudra d'abord que je t'explique une ou deux choses, avant de t'emmener à la piscine. Je peur que tu t'y plaises... un peu trop."

Bien sûr, elle n'aura certainement jamais à l'emmener où que ce soit, si l'enlèvement se déroule comme prévu. mais peut être qu'elle prendra le temps de lui expliquer qu'il n'est pas censé se montrer aussi direct avec des inconnues.

"Mais tu verras, y'aura peut être des filles qui ont la taille fine et... tout ces trucs intéressant là bas. Peut être même qu'elles auront seize ans comme toi !"

3
April était sûre d'avoir refermé son manteau, pourtant. Elle est quelque peu surprise quand elle s'aperçoit qu'il est de nouveau ouvert. Carrément outrée quand elle voit que l'adolescent pointe du doigt sa chair privée. Le sang lui monte au visage, et elle gifle le dos de la main tendu vers elle pour la faire dévier.

"Hey ! Casses-toi !"

Elle se détourne de lui en remontant sa fermeture éclaire -qui est cassée de toute évidence. Elle ne retient plus rien, et redescend d'elle même dès qu'elle est lâchée. La pudique maintient donc son col dans sa main gauche, avant de lancer un froncement de sourcil offensé à son interlocuteur.

"C'est tout mignon mais j'ai eu peur en le voyant ! J'ai eu peur parce qu'on dirait un pauvre piti Abyssian perdu sur une colline de neige. Comme quelqu'un que je connais oui... S'il refusait de venir chez April.
-Oh."


A la fois mignon et agaçant. Elle ne peut pas dire qu'elle n'est pas attendrie ; le soudain changement d'expression de son regard la trahirait. Face à cette attitude elle ne sait plus trop que répondre. Elle plisse le coin des lèvres d'un air contrariée. Contrariée de devoir admettre qu'elle est un peu fascinée. Il aurait été tellement plus facile d'être simplement en colère.

"Hm."

Elle le suit du regard pendant qu'il s'agite ; il est beau. On dirait un homme, légèrement plus petit... beaucoup plus félin. Elle le regarde se déplacer avec ce même plaisir qu'elle a toujours eu à regarder les chats trottiner avec aisance sur des arêtes en hauteur. Il oure la porte et recouvre sa tignasse de flocons. Elle frissonne lorsque que le courant d'air froid serpente jusqu'à elle, et rentre la tête dans les épaules en faisant la grimace. Il s'approche d'elle et... son baisé se perd dans le vide, April ayant un mouvement de recul soudain au moment où il approche les lèvres.

"Merci de m'avoir aidé dans l'eau tout à l'heure...  
- Ah mais... de rien... enfin j'étais bien obligée...
- Bon alors c'est décidé je vais venir... Tu sais, j'aurai bien aimé apporter mon prototype de vaisseau spatial à ta maison mais c'est un peu trop grand à transporter ! Puis si ça se trouve chez toi y aurait pas la place pour le mettre... J'espère que personne viendra casser mes jouets pendant mon absence... hum... Puis tu m'apprendras peut être à nager ?"


Le gamin commence à se sentir à l'aise avec elle... c'est un avantage, sûrement. Mais ça la gêne un peu, elle ne saurait dire pourquoi. Sûrement parce qu'il la... drague ? C'est un comportement un peu déstabilisant pour un enfant qui craint qu'on lui casse ses jouets. Mais dont les muscles sont outrageusement saillants.

"Pourquoi on te casserait tes jouets ? Si c'est le cas, on retrouvera celui qui a fait ça, et tu lui racketteras les siens."

Du dos de la main, comme si elle frappait à une porte, elle tapote le torse du petit athlète.

"J'ai pas de piscine chez moi, et je pense pas que tu puisses apprendre à nager dans ma baignoire... Ça vient d'où ces muscles ? Tu t’entraînes ou quoi ? Et t'as quel age en fait ?"

April n'est pas une femme à chiffres, mais tout de même, ça a rassurerait de savoir ; a-t-elle affaire à un enfant bodybuildé ou à un jeune homme immature ?


*

*    *


A une distance indéterminée de là, Vince conduit à toute allure. Il fait toujours ça quand il est à cran, ça le calme un peu.

4
"Pascale ?... Tu te fous de moi j'espère"

Elle hausse un sourcile un peu hautain. Pascal, nan mais quoi ? Dur de faire plus laid.

"Tu veux dire que je ressemble à un homme ? C'est ça ?"

Elle n'a pas l'air de plaisanter, elle s'intéresse à la question avec sérieux, quoi que sa remarque ait plus un aspect rhétorique.

"Mindy pourquoi pas."

Elle balaie la question d'un revers de la main, parce qu'après tout... bah, il y a plus important à penser, sur le moment. Mais on en reparlera, ça c'est sûr. Si elle arrive à l'attirer chez elle. Parce que sa réaction n'est pas vraiment celle qu'elle attendait ; c'est elle qui fait peur comme ça ? Il a facilement peur le gamin. On en oublierait presque qu'il peut défoncer des portes de camionette avec les pieds.

Bon. Finalement, elle se recule, ça ne sert à rien de jouer au prédateur.

"Non mais, c'est une proposition que je te fais, t'es pas obligé hein."

Elle pince les lèvres d'un air agacé. C'est pas qu'elle manque de sens de l'humour, mais là... il commence à l'emmerder. Il se fout de sa poire, c'est passablement irritant. Elle croise les bras, se râcle la gorge. Non, faudrait pas commencer à s'énerver. Diplomatie..., la diplomatie c'est primordial. On attrape pas les mouches avec du vinaigre, ni les ESPers avec des reproches.

"Samedi... c'est dans trois jours nan ? Deux ? Enfin t'as le temps de te les geler. C'est toi qui vois. J'ai un lit pour es invités et une couette. J'dis ça je dis rien."



*

*     *



Quelque chose ne tourne pas rond dans l'organisation. Tous ces gens d'habitude super compétents, qui s'emmêlent les pinceaux et qui semblent devenir complètement irrationnel dès qu'il s'agit de... cette fuite d'argent. Un an et demi que 5.4% de son budget annuel disparaît... on ne sait pas trop où. Des chercheurs qui ont travaillé sur des trucs, mais on sait pas quoi. Quand on les interrogent, ils racontent n'importe quoi. Comme si tout le monde était devenu taré. Pas plus tard qu'hier, Linderberg a filé une danse à son agent compatble. Pour se soulager, pis pour le réveiller.

...

"Bordel, tu vois bien que tes comptes ne sont PAS ÉQUILIBRÉS ! T'es payé pour le savoir, bordel de merde !!
- Ben je... ouai, c'est vrai. Il manque 5.4% là mais euh... ça doit... hm. J'ai du oublier le budget d'une équipe dans le compte ou je sais pas...
- Kevin, putain... tu fais les comptes tous les mois.
- Euh... o-ouai..
- Ca fait plus d'un an ! T'as fait 12 bilans complètement faux ! T'aurais pas eu ton premier semestre dans une école de compta Congolaise ! Tu joues à quoi ?!"


Là, le type commence à se décomposer et à balbutier des trucs ; Linderberg sent qu'il est prêt à se pisser dessus, alors il décide de redescendre un peu. Soit Kevin ne comprend vraiment pas ce qui lui arrive, soit il manigançait des trucs. Dans les deux cas, c'est inquiétant, et s'énerver ne résoudra rien. Non, Linderberg va garder son calme et explorer rationnellement les possibles. Faire causer un peu son suspect, en douceur.

"Bon, j'ai normalement pas que ça à foutre, mais on va regarder ensemble. Imprime moi tout ton dossier du dernier mois, déjà.
- Euh, oui, enfin pourquoi ?
- Hmmfff... eh ben pour qu'on cherche où est l'erreur...
- [color=greenL'erreur ?[/color]"


C'est là. C'était trop. Il lui a fait péter l'arrête du nez sur celle du bureau.

Il faut dire que ces derniers temps... il se maitrise mal, lui aussi.

Il sait pas pourquoi.

Mais des fois il se sent angoissé.

Sans raison.

5
Le quartier de la Toussaint / Re : Sur la même longueur d'ondes. [pv]
« le: jeudi 25 décembre 2014, 00:21:31 »
Un petit taquet dans sa face n'aurait peut être pas été de trop pour le faire taire. C'était un peu crispant de l'entendre se chercher des excuses en parlant avec le ton précipité caractéristique du coupable. La patience a toujours manqué à la jeune femme. Mais au moins, il vient de prouver qu'il est très mauvais menteur, ce qui la met un peu en confiance. La naïveté, c'est quelque chose qui rassure, sans doute. April avait croisé les bras à nouveau, en attendant que les explications débouchent sur des aveux, dans une pose légèrement autoritaire. Il avait beau avoir la force d'un taureau, il n'en imposait pas des masses, en ce moment. Elle aurait sans doute pu lui tirer l'oreille pour le rabrouer qu'il se serait laissé faire. Enfin, ça n'est qu'un théorie qu'elle ne se risquera pas à expérimenter pour l'instant.

Ça lui fait une sorte de pincement au cœur de voir l'enthousiasme de Ludya, lorsqu'il se met à fantasmer sur une éventuelle existence extra-terrestre, puis son désarroi. Sûrement parce qu'elle s'attend à ce que les désarrois s’enchaînent pour lui. Si semblables il a, ceux-ci le croient sans doute mort. Et il ne construira jamais un vaisseau spatial tout seul. Dans tous les cas, il y a de grandes chances pour qu'il soit bloqué sur Terre pour toujours, et il ne peut pas y faire grand chose.

"Olala, mais.. Mais non c'est... C'est pas possible... C'est juste... pas possible hein, c'est bien trop long ! C'est pas vrai dis... J'espère vraiment que mon message est bien parti.
- Euh, je ne sais pas... il était très puissant en tout cas, ça me faisait mal aux oreilles au début. Mais ceux qui vont le recevoir sauront le lire ? Comment tu fais pour savoir à quelle fréquence les contacter, et où ils sont ?"


Elle le toise toujours, un peu malgré elle mais c'est un fait, la position debout lui donne l'impression de le dominer, un peu trop froidement peut-être. Aussi agaçant qu'il soit... elle ne veut pas se montrer dure avec lui. Il a l'air complètement perdu. Derrière cette façade pleine d'énergie et d'immaturité se ache sans doute une grande détresse et une grande solitude, pense-t-elle. Elle s'approche et se met à genoux en face du jene homme pour que leurs regards se trouvent à la même hauteur. Elle en encore à se demander s'il est vraiment extraterrestre, ou si c'est simplement une histoire qu'il s'est bâti pour lui-même -les enfants malheureux ont souvent besoin de se raconter des histoires. Il est tout de même différent d'un humain normal en un nombre de points assez important, ce qui pourrait laisser penser qu'il est réellement d'une autre race, et donc...

"L.U.D... comment tu le prononces ? A l'anglaise ? Moi c'est April." continue-t-elle sur un ton plus doux.

Elle est bien embêtée qu'il se soit présenté en EPELANT son nom. C'est bien la première fois qu'un truc comme ça lui arrive, tiens.

"Hm, sinon je... si tu as besoin d'aide, par exemple euh...  je pourrais pas t'aider à retourner sur ta planète par exemple, mais si tu es bloqué sur Terre, ben on peut essayer de... faire ce qu'on peut. Si il te faut un endroit où dormir par exemple ben pas de problème. Tu habites quelque part ? Moi je vis dans un appartement pas trop loin d'ici. Et puis y'a mon mari aussi. Il doit venir nous chercher en voiture. Enfin me chercher, mais tu pourras venir te réchauffer aussi si tu veux."

Il semblait chercher le contact tout à l'heure. Donc, quel meilleur moyen de gagner sa confiance que de se rapprocher physiquement ? Elle essaie de lui sourire, et penche légèrement la tête en inclinant le corps vers lui. Leur visages ne sont plus qu'à une vingtaine de centimètres, et April pose sa main sur le genou de du garçon ;

"Ça te dit ?"

Spoiler (cliquer pour montrer/cacher)

6
Le quartier de la Toussaint / Re : Sur la même longueur d'ondes. [pv]
« le: vendredi 19 décembre 2014, 20:41:14 »
La Volkwagen noire de Vince vient de pénétrer la banlieue de Londres : sur le siège passager une jeune femme, de petite taille, les cheveux noirs. Elle doit à peine être sorti de l'adolescence. Les mains dans les poches du grand manteau noir qu'elle garde fermé malgré la chaleur confortable du véhicule, elle regarde d'un air ennuyé par la fenêtre. Vince lui jette des coups d’œil curieux de temps à autre, mais ne dit rien. Comme elle lui a dit, qui elle est et ce qu'elle a faire ne sont pas intéressants. Pourquoi elle a voulu qu'il la prenne n'est pas une question à poser non plus. Ça n'aurait pas de sens. Pourtant une sorte de malaise s'empare petit à petit du mâle grisonnant. La sensation que quelque chose cloche l'irrite et le tracasse, tenace.

"Tu... tu n'enlève pas ton manteau ?
- Non."


L'agent fait jouer nerveusement ses doigts sur son volant et fronce les sourcils en regardant la route. Il jette quelques regards furtifs à sa passagère avant de reprendre :

"C'est un coup à attraper la crève ça, tu gardes ton manteau à l'intérieur et puis-
- Eh ! Regarde moi... t'as pas envie de parler. Pourquoi tu parles ?
- ..."


La voix de la jeune fille est calme, posée. Le visage de Vince, ses traits taillés à la serpe, sa barbe poivre et sel de deux jours se figent dans une expression hébétée. Des rides se creusent sur son front. Oui, qu'est-ce qui lui arrive ? Les essuie-glaces chassent inlassablement les épais flocons de neige qui descendent à l'assaut de son pare-brise, brouillant sa vision de la route. Son cœur palpite très vite, ça l'inquiète. Ça l'angoisse. Qui était là en premier ? L'angoisse ou la frénésie de son pouls ? Quelque chose ne va pas. Une impression d'avoir oubliée quelque chose. Il y a un problème, c'est sûr. Ça ne lui ressemble pas pourtant, de perdre son sang froid, celui-ci est à l'épreuve des balles.

Merde. Il écrase brusquement la pédale de frein, et le véhicule s'arrête au beau milieu d'une rue à sens unique. Il avait presque oublié qu'il devait déposer la gamine au 45th Stacktrace street.  Et voilà, il y est, à moins qu'il ait perdu la boule. La portière passager s'ouvre et le bruit lui fait tourner la tête ; il regarde la jeune femme qui vient de déployer un grand parapluie rouge au dessus d'elle. Elle claque la porte dont la fenêtre est ouverte, puis se penche légèrement pour regarder pour l'ouverture et braque sur lui ses grands yeux violets.

"Tu dois faire plus attention quand tu conduits, surtout en hiver. Tu sais que tous les hiver, il y a environ trois millions de morts sur les routes, rien qu'en Angleterre ?... Bon. On vient juste de se rencontrer, il y a trente seconde. Tu n'as pas su m'indiquer le chemin, c'est dommage. Au revoir, monsieur !"


*

*     *


"Hmmm... salut ?... T'en fais une drôle de tête."

April bat paresseusement des paupières en reprenant ses esprits. Le jeune est allongé, juste en face d'elle.  Puis elle se redresse péniblement sur son séant, en soupirant. L'endroit n'était pas des plus confortables pour passer la nuit. Puis la sensation d'une fermeture éclaire sur le menton lui fait baisser les yeux ; hein ? Elle se retourne brusquement en direction du jeune homme avec un air incrédule voir scandalisé. Elle ne porte rien dessous et, pour peu qu'il ait fourré son nez, son visage était dangereusement proche des seins d'April.

"T'as ... t'as ouvert mon manteau ?"

Elle s'empresse de le refermer. Cela, quand même, est particulièrement gênant, d'autant qu'elle n'a aucune idée de la manière dont elle devrait réagir. Voilà que la chaleur lui monte au visage, qu'un instant elle ne sait plus soutenir son regard. C'est quand même trop fort, ça n'est pas elle qui devrait être gênée ! Enfin elle même ne s'est pas embarrassée de scrupules lorsqu'elle a tripoté son visage, mais c'était quand même... différent. Elle se redresse avec un air un peu contrarié et met les mains dans les poches, son regard perdu à 90 degrés du jeune impertinent. Elle décide de ne rien dire, et de faire comme si l'incident n'avait pas eu lieu, finalement. Elle pense à lui annoncer qu'elle compte rentrer dans son appartement et qu'elle peut l'amener avec elle s'il le souhaite, puis se ravise ; peut être vaut-il mieux en apprendre d'abord un peu plus sur lui. Elle se décide enfin à le regarder à nouveau, de biais, avec une expression en fronçant légèrement les sourcils ;

"T'es quoi ? C'est quoi ton nom ?"


*

*     *


Vince sirote son café, assis tout seul à la table d'un bistrot . Faire une pause comme ça, si près du but, ça ne lui ressemble pas. Il est à moins d'une heure de Blue April, si on en croit la transmission GPS de la puce qu'elle trimbale dans son portable. Mais il se sentait étrangement nerveux, alors il a préféré prendre le temps de se calmer. Ça ne lui ressemble pas, d'être nerveux sans raison. Lui qui a des nerfs en acier. On dirait cependant que ça se calme ; une crise passagère, sans doute. Il caresse la poignée de son pistolet automatique, à l'intérieur de sa veste de cuir. Le contact le rassure : il est totalement calme à présent. Il soupire, se laisse aller contre son dossier, finit son café d'un traite, va payer au comptoir et sort pour se diriger à nouveau vers sa voiture ; il aurait bien pris quelque chose de plus alcoolisé, pour le coup. Mais avant de conduire, ça n'est pas raisonnable. Il ne tient pas à faire partie des trois millions de morts de cet hiver.

7
Le quartier de la Toussaint / Re : Sur la même longueur d'ondes. [pv]
« le: lundi 08 décembre 2014, 21:31:59 »
Le grand aryen est soucieux. Le soucis creuse des ridules dans son front de quadragénaire, même. Il le voit en se regardant dans le petit miroir accroché au mur de son bureau, juste à côté de la porte. Un bureau à l'ambiance de début de siècle, si l'on omet l'ordinateur auquel une ventilation parfaitement silencieuse permet de se faire oublier. Avec moquette moelleuse, et tapisserie aux motifs travaillés. Avec des meubles de chêne sombre couverts d’arabesques sculptées à même le bois, dont les reliefs apparaissent étrangement marqués sous l'effet des ombres projetées par la petite lumière orangée de la lampe de bureau.

Docteur Page, car c'est son nom, du moins celui sous lequel ses subordonnés le connaissent, déplisse le front et y passe sa main, comme pour aplanir à nouveau sa peau que l'age et les responsabilités commencent à marquer. Il fait quelques pas lents jusqu'à son bureau, en tripotant son stylo entre ses doigts, puis tapote du bout du pied, en attendant qu'une idée lui vienne. Bon, normalement les affaires sont florissantes : mais justement. Tout cet argent dernièrement rentré devrait lui permettre de développer encore son projet. Or il semble que les sujets d'expérimentation se trouvent de moins en moins bien. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec l'or noir, sur lequel on avait fondé tant d'espoir, et pour lequel on avait imaginé aucune alternative. Dire qu'il a cru tenir l'avenir entre ses mains, à un moment... Non, bon. Il faut rebondir, avant que le projet ne s'essouffle par manque de cobayes. Mais comment ? Les idées, ça n'est pas ce qui manque. Les bonnes idées, en revanche... La liste des contraintes auxquelles il devrait se soumettre pour voir son entreprise prospérer lui tourne dans la tête, lui les retourne, les examine et les réarrange. T-t-t, tellement d'argent à investir, sans savoir...

Une section de violons lance un appel théâtral à travers les enceintes de son ordinateur. Ah ! Le message d'un chasseur. Ça faisait trois semaines qu'il n'en avait pas reçu, il ne peut être qu'excité ! Voyons... La jeune April... il ouvre son profil pour faire remonter ses souvenirs à son propos. Ah oui, bien sûr, April ! Une femmelette pas trop mauvaise dans son domaine. Elle n'a jamais encore eu de gros pépin, ce qui est miraculeux vu sa vulnérabilité et son inconscience des risques. Enfin, c'en est une qu'on pourrait se permettre de perdre de toute manière, même si la mort ou la disparition d'un agent constitue toujours un embêtement.

Un deuxième assaut de violons le fait sursauter. Encore April ? Il pince les lèvres de déplaisir. C'est vrai que la petite ne sait pas lire, et qu'ils ont du installer un dispositif de raccourcis sur les touches de son clavier. 1993345 + un numéro = un message type, correspondant à une situation donnée, envoyé directement au système informatique de l'organisation. Directement dans l'ordi du patron. Bibi. Bon, il est temps de voir ces messages :

# Situation semi-critique : en difficulté, sans danger immédiat #
# Sujet potentiel trouvé #

Tout ça, c'est de la bonne nouvelle. Une puce dans le portable de la chasseresse permet de la localiser, Page enverra donc un autre agent sur place pour se tenir plus précisément au courant de la situation.

*
*  *


*Un peu plus tôt, dans une camionnette disloquée et ronronnante, le nez enfoncé dans la neige, sous une chute de flocons renaissante :*


"Haaaaoooon...."

April a mal. Dans la tête, dans les cervicales, un peu partout. Toute courbaturée, étendue inconfortablement sur le dos. Ses pieds bottés raclent le fer oxydé qui lui sert de plancher ; elle se recroqueville, roule sur le flan, frissonne. Elle est dans son manteau. Le gamin ?! Elle se tord le cou en grognant ; il est à côté, étendu. Ils sont dans la camionnette... elle le voit respirer, alors... tout va bien. Le danger immédiat semble être passé. Elle attrape son portable et envoie deux messages, en tapant laborieusement les combinaisons qu'on lui a appris. "Situation difficile, sans danger", et "Enfant potentiellement intéressant". Elle remet l'objet dans sa poche, et se recroqueville, en position fœtale. Ses cheveux sont trempés, il faut qu'il les essuie si elle ne veut pas tomber malade. Avec une grimace plaintive, elle se redresse et se met à genoux, laissant son manteau sur le sol. L'air est à peine plus chaud que dehors, malgré le chauffage -c'est vraiment lui qui a fait démarrer le moteur de ce vieil engin déglingué ?- car l'ouverture laissée par le pare-brise, même à demi obstruée par la neige, laisse sans cesse s’infiltrer un désagréable courant d'air.

April se penche en avant et prend sa tignasse bleue entre ses mains pour la tordre. Elle répète plusieurs fois l'opération, jusqu'à ce que l'eau cesse de jaillir, puis ôte à nouveau son haut.

"Brrr..."

La peau parcourue d'une furieuse chair de poule, elle frotte sa tête avec son habit, jusqu'à ce que ses cheveux soient à peu près secs, puis elle enfile son manteau pour se réchauffer. Elle jette ensuite un œil au jeune homme étendu ; il va falloir qu'elle s'occupe de lui. Elle s'agenouille à son côté et lui soulève délicatement la tête, pour avoir accès à sa crinière. Essorer cette dernière lui prend quelque minutes, soucieuse qu'elle est de ne pas troubler son sommeil... il dort comme une pierre, cela dit. Peut-être aurait-t-elle pu se montrer plus sèche et gagner en efficacité ?... Elle sacrifie cette fois son écharpe pour essuyer les cheveux de son protégé, car son haut est déjà trop imbibé pour servir à nouveau. frotte délicatement les cheveux entre les pans de tissu, puis passe lentement sa serviette improvisée sur sa tête. Le visage du petit est détendu par le sommeil, et elle en profite pour l'observer comme elle peut, dans la pénombre. Son teint ne ressemble à rien d'humain... elle passe la main sur sa joue ; la peau est étrangement et terriblement douce, mais d'une douceur différente de celle d'un bébé. Encore une raison supplémentaire; s'il en est besoin, pour le croire lorsqu'il affirme ne pas être humain.

Elle le déplace délicatement pour ne pas reposer sa tête dans la petite flaque d'eau qu'elle vient de créer, et plie l'écharpe, après l'avoir essorée, pour fabriquer un oreiller de fortune et caler la caboche du jeune mâle. Puis elle reporte son attention à son visage, maintenant que ses mains sont libres... Son visage dont la texture est si étrange et si suave au touché. Elle effleure les joues du bout des doigts, suit la courbe du visage... hm, peut être que ça ne se fait pas. Enfin, c'est peut être parce qu'il n'est pas humain qu'elle se permet ça... ce qui n'est peut être pas une excuse... mais elle ne fait rien de mal après tout, personne ne le saura, pas même lui. Il dort profondément, et elle a pu lui essuyer les cheveux sans le ramener à la conscience, alors... elle approche ses lèvres et les fait glisser le long de la mâchoire, avant de continuer son exploration avec la joue, et l'arrête du nez, fermant les yeux pour savourer la sensation, appuyant doucement leurs pommettes ensemble. Elle reste plusieurs secondes ainsi, à faire de lent va et viens gourmands sur sa peau soyeuse. Chaque instant ramène la même réflexion ; "bon, cinq secondes et j'arrête !"... jusqu'à ce que son portable vibre et l'arrache à sa torpeur.

Elle se relève et sort pour répondre, la tête rentrée dans le col.

"Oui ?
-C'est Vince. T'as b'soin d'aide ? Page m'envoie t'épauler et donner un deuxième avis."


Donner un deuxième avis. Jolie manière d'exprimer le manque de confiance total qu'on a en elle. Elle n'est pas d'humeur à grogner aujourd'hui, car un peu d'aide serait plus que bien venu. Elle ne se sent pas le courage de ramener le gamin chez elle à pied. Pourtant c'est bien là qu'il serait le plus simple de l'interroger et, peut être, de le capturer.

"On est coincés dans une décharge, mais je sais pas trop où, euh... ah mais tu peux me trouver avec la puce... donc... enfin, on est à 3 ou 4 heures de marche de mon appart', hmmm... je sais pas comment il va coopérer, mais je peux essayer de le faire venir là dans un premier temps, et... et puis on avisera...
-Okay. De toute façon j'arrive dans plus d'cinq heures. Essaie de l'interroger d'ici là.
-Oui. Enfin, il dort et du coup je sais pas-
-Ça, écoute, tu t'démerdes, tu m'redis si y'a un changement de plan.
-Okay...
-J't'envoie un signal de type 3 sur ton portable quand j'arrive, vu qu'tu sais toujours pas lire.
-...
-On prend les mêmes rôles que la dernière fois, à toute."


April remet son portable dans sa poche avec une grimace de mépris. Bon sang, qu'est-ce qu'elle déteste cet enfoiré...

A son retour, le petit est toujours endormi. Elle même est morte de fatigue et n'a qu'une seule envie, s'allonger. Elle s'étend sur le dos à côté de l'alien et pousse un soupir. Elle tourne son regard vers lui, commence à penser à quelque chose puis s'endort.

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Le quartier de la Toussaint / Re : Sur la même longueur d'ondes. [pv]
« le: dimanche 07 décembre 2014, 16:47:56 »
"C'est... Euh... C'est une drôle de stratégie... Hmmm... Tu te mets toute nue pour m'attirer vers toi. C'est sûrement une technique... Ou un pouvoir d'humaine... Je sais pas si ça va marcher.
-Prends pas tes désirs pour des réalités, gamin !"


Comme si elle avait que ça à foutre, de se faire draguer par un alien balourd ! Le type, elle est en train de crever de froid pour l'aider -c'est à peine si elle sent encore ses orteils- et il en profite pour lui faire des réflexions ambiguës.

"Aaah je vois, en fait... Tu implores sûrement tes dieux païens d'humains d'épargner ta vie en te mettant toute nue dans le froid... Tu penses vraiment que ton dieu va t'accorder, chais pas, un miracle parce que tu es a pwal ?
-Je fais pas ça par plaisir ! J'me casse si tu veux !
répond-elle du tac au tac en pointant de l'index la pente derrière elle, Je voudrais pas outrer ta pudeur trop longtemps !
-Glups... D'accord... Bien que... Je n'aie que peu de foi en tes croyances primitives de terrienne, je vais faire ce que tu m'demandes hein ! Faut pas se fâcher !
-MAAAAAGNE TOOIIIII !!"


Elle piétine la neige sur place pour se produire un peu de chaleur. L'extra-terrestre se décide enfin à lui envoyer ses vêtements, elle les attrape un à un et les jette sur son manteau avec ses propres habits. C'est bête, mais en même temps que du soulagement, à le voir ainsi effectuer son premier acte sensé, elle éprouve une sorte de satisfaction ; la satisfaction du professeur qui vient d'inculquer quelque chose à son élève, sans doute.

"Je peux garder mon slip et mes chaussettes ? Oui ?
-Fais comme tu veux !"
répond-t-elle en balayant la question du revers de la main.

Quel slip ! Avec son grand A et le physique d'athlète de son propriétaire, on pourrait se croire en face d'un super-héros modèle réduit. C'est vrai que malgré sa musculature impressionnante, il n'est pas très grand. Plus étonnante encore est l'absence de ce ballot flasque que les hommes arborent normalement dans leur sous-vêtement. Son pubis semble être en fait celui d'une femme, d'après la forme. Enfin, ce n'est pas ce genre de détail qui va déstabiliser April, après tout ce qu'elle vient de voir.

"Avance doucement !"

Elle a à peine prononcé ces mots que la glace cède sous le poids du jeune homme et le laisse tomber dans les eaux. Le cœur d'April fait un bond et poussée par l'adrénaline elle s'élance directement vers le petit extra-terrestre qui s'agite en hurlant. Elle court quelques mètres sur la glace, mais ses pieds se dérobent sous elle : elle tombe sur le flan avec un cri perçant, son bassin heurte lourdement la glace et la fend. Une douleur sourde remonte dans sa fesse et lui arrache un grognement plaintif ; elle tente de se redresser, mais la plaque de glace qui soutenait ses jambes bascule, et l'eau vient lui attraper les jambes : elle gémit sous le supplice que lui impose le froid, tente d'agripper la zone de glace devant elle, mais celle-ci se disloque également et penche sous son poids, la laissant sans prise. April s'en fonce jusqu'au cou dans l'eau glaciale.

Le choc est si violent, son cœur ne bat plus. Non, si, son cœur bat, c'est sa respiration, elle suffoque ! Elle se met respirer par petit halètements précipité. Le froid lui fait l'effet d'un million d'aiguilles, comme si son sang gelait au bout de ses membres et empêchait la circulation dans ses vaisseaux. Elle se débat de toutes ses forces, pour maintenir la tête hors de l'eau, pour garder ses jambes et ses bras en vie. Il ne faut pas qu'elle panique, elle n'a jamais eu peur de se noyer, nager est comme une seconde nature pour elle. Mais maintenant, chaque seconde refroidit un peu plus son organisme, et menace de l'engourdir toute entière, jusqu'à ce qu'elle perde toute force, et... il ne faut pas y penser. Le garçon est à tout près. Elle aurait toute confiance si elle devait nager cette distance en brasse coulée, à la piscine. Ce n'est rien, elle l'a déjà fait des centaines de fois. C'est ce qu'elle se répète en plongeant la tête sous l'eau. Il fait un noir d'encre, là dessous. Elle entend les remous qu'il transmet en se débattant, et garde son cap à l'oreille... si ce n'était le froid, elle se sentirait parfaitement dans son élément, tant l'acte lui parait naturel. Quelque brasses l'emmènent juste à côté du jeune homme qui remue de manière désordonnée : elle pose la main sur ses côtes pour lui signaler sa présence et éviter qu'il ne lui envoie un coup de pied involontaire... puis elle s'approche de lui, enroule le bras autour de son buste et l'agrippe à hauteur d'aisselle en remontant.

Elle émerge avec lui, ou plutôt avec lui serré contre elle, en battant furieusement des jambes, ses cheveux collés sur son visage obstruant à moitié sa vue.

"On va... aller... vers le bord... arrête de bou... de bouger... bat juste des jambes... voilà... à trois... tu relâcheras tout... puis quand... on sera sous l'eau... je te pincerais... tu battras des jambes pour m'aider..."

Elle reprend péniblement son souffle, sans lâcher le rescapé.

"Faudra que tu casses la glace... au bord... prends ta respiration... à trois... on y va... oublie pas de... battre des jambes... pas tout de suite, quand je... t'aurais pincé ... si tu fais une connerie, on meurt... tous les deux."

Pourvu qu'il n'en fasse pas, c'est tout ce qu'elle espère. Cette dernière précision devrait le pousser à la concentration, mais elle continue de craindre qu'il fasse quelque chose de stupide, pour une raison tout aussi mystérieuse que celle qui l'a poussé à sauter sur la glace.

"Dans mon dos, prend moi... par les épaules. M'étrangle pas... voilà. Un... deux... trois !"

Elle prend une grande bouffée et se laisse couler, puis passe en position horizontale en direction de la berge, entrainant le petit alien comme un sac à dos. Elle fait quelques brasses et lui pince le bras pour qu'il l'aide à avancer. Les secondes s'écoulent, sans qu'elle parvienne à savoir si le bord de la rivière approche ou non. Une vague angoisse commence à l'étreindre à l'idée de manquer d'air. Une angoisse bien plus grande nait quand elle réalise que son passager doit être bien plus apeuré qu'elle ; il ne faut surtout pas qu'il panique, sinon c'est la fin. Elle accélère le mouvement, quitte à bruler son oxygène trop vite. Ses mouvement sont de plus en plus rapide, tout en s'efforçant de rester régulier pour donner l'impression au jeune homme qu'elle maitrise la situation. Tu n'as rien à craindre, petit, le pilote sait ce qu'il fait.

Ses mains heurtent enfin les rochers du bord ; un réflexe la fait remonter brutalement, et leurs deux crânes frappent douloureusement l'épaisse couche de glace.

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Le quartier de la Toussaint / Re : Sur la même longueur d'ondes. [pv]
« le: samedi 06 décembre 2014, 14:53:32 »
Comment ça, je suis pas une fille ?

Bah, tout ça c'est de la mauvaise répartie d'adolescent, c'est tout, elle ne devrait pas se laisser déconcentrer dans son objectif. Mais le "jeu" qu'elle a initié exige qu'elle réponde, sans doute.

"Ah bon ? Et toi t'en es une ? lance-t-elle, peu inspirée.
-Déjà... T'es plus grande que moi, de deux, t'es une humaine et ça, ça suffit pour que je te croies pas ! Pis de trois tu m'as déjà menti ! Regarde la glace elle tient très bien !"


Pas humain, mh ? Elle n'a pas le temps d'y réfléchir maintenant, mais elle aurait du s'y attendre... ou peut-être raconte-t-il simplement n'importe quoi. Difficile de faire la part du jeu et du sérieux, avec lui. Ce qui l'inquiète plus, c'est qu'elle vient de remarquer que le gamin a raison : la neige, en s'étendant depuis la berge, recouvre une partie de la rivière gelée : April s'est imprudemment avancée, sans réaliser que son poids à elle aussi reposait sur une croute fragile. La provocation d'adolescent la ramène donc à la réalité : c'est déjà un miracle qu'elle ne soit pas tombée en marchant sur un tel terrain. Elle pince les lèvres d'un air contrarié ;

"Je... j'avais pas vu..."

Elle se tend et reste le plus immobile qu'il lui est possible, craignant à chaque instant que la neige se dérobe sous ses pieds et la fasse chuter. Au delà du choc, c'est bien sûr de fracturer son plancher précaire dont elle a peur. Un simple choc pourrait bien fissurer le-

"ARRETE CA ABRUTI !!"

C'est un cri qui vient du fond du cœur, fait de panique et d'exaspération, lorsqu'elle le voit sauter joyeusement sur la glace. La mégère agite ses bras dans des mouvements de colère impuissante, en crispant les mains, pour finalement mimer un étranglement en direction de Ludya en tordant l'air à deux mains, une expression furieuse sur le visage.

"Espèce de débile ! Je te préviens si tu... putain tu vas nous tuer, et je vais... je te préviens, je viens pas te chercher, je retourne, je... tant pis pour... MAIS FAIS GAFFE REGARDE !!"

Pendant que le jeune non-humain continue de faire le pitre, la glace autour de lui se fendille, et les vibrations qui viennent aux oreilles d'April sont de très mauvaise augure. Elle ne saurait le décrire avec des mots précis, et elle n'a pas l'habitude d'écouter la glace se fendiller, simplement les sons de craquement qu'elle perçoit indiquent que le point de rupture approche dangereusement... enfin, elle le suppose intuitivement, elle n'a pas le loisir de  se montrer plus critique. Le jeune homme lui-même semble s'en rendre compte en voyant les fissures blanches se dessiner autour de lui. Il s'arrête, comme s'il prenait soudain conscience du danger. Enfin, c'est à se demander s'il a vraiment peur où s'il est encore dans un quelconque jeu.

"Viens me chercher... Siteplait ?
- Tu... te fous de ma gueule ?..."


Pour l'instant, elle a plutôt envie de lui en coller une. Parce que oui, forcément, elle va devoir le récupérer. Elle ne va pas laisser un gamin se noyer, la question ne se pose même pas.

"Ne bouge pas !"

Elle regarde autour d'elle : une corde, s'il vous plait ? Dans les films on trouve toujours une corde, une perche, quelque chose pour récupérer un personnage en situation précaire... il y aurait sûrement un objet utile dans la décharge, mais celle-ci est beaucoup trop loin, ça n'est même pas la peine d'y penser. Le temps qu'elle revienne avec le moindre instrument... sa main trouve à nouveau, dans sa poche, son pistolet taser. Non non non... Lindeberg a récemment remplacé l'ancien modèle par un taser sans fil, pas moyen de d'en tirer quoi que ce soit dans cette situation. Elle n'a pas 36 solutions. Elle recule avec précaution, jusqu'à être sûre de se trouver sur la berge, et non sur la glace.

"Passe moi tes vêtements, dépêches toi ! Et NE BOUGE PAS."

Elle même est déjà en train de défaire fébrilement son manteau et de son écharpe, en serrant les dents : dès qu'elle l'ouvre, un courant d'air glacial s'enroule autour de son buste et la fait frissonner. Le manteau étant très épais, elle ne porte en dessous qu'un maigre haut de corps noir, qu'elle retire avec tout autant de hâte, laissant son torse complètement nu. Puis c'est au tour des bottes et des chaussettes, et enfin du pantalon. Elle jette tous ses vêtements derrière elle, le haut et le pantalon posés en boule sur le manteau étendu en grand dans la neige. Vêtue seulement de sa culotte noir, elle fait face à l'adolescent, tous les muscles du corps crispés par le vent glacé qui la mord de toute part, ses membres serrés contre son corps dans une vaine tentative de retenir la chaleur.

"Essaie de venir vers moi !"

Pour peu que l'adolescent se soit exécuté et lui ait envoyé ses vêtements, elle se baissera pour les ramasser et les mettre à côté des siens. Si jamais la glace venait à se briser, il faudrait certainement qu'elle plonge pour récupérer l’imprudent, mais elle espérait ne pas avoir à en arriver là.

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Le quartier de la Toussaint / Re : Sur la même longueur d'ondes. [pv]
« le: jeudi 04 décembre 2014, 21:19:34 »
" ...Qui t'es toi ?! Comment tu savais que j'étais là ?.. T'as pas l'air de venir d'une autre planète... Et je crois pas que tu étais là par hasard... En plus tu m'as repéré plus vite que l'armée et la police..."

Ces questions la forcent à reprendre ses esprit : elle se redresse péniblement sur ses jambes et émet un sourire mal assuré en signe de sympathie. Elle se veut plus rassurante que précédemment, n'ayant pas envisagé lors de sa première approche qu'elle pourrait l'effrayer. Erreur de débutante. Elle s'avance jusqu'à se trouver dans l'ouverture, cherchant à mieux le distinguer :

"Je t'ai entendu... quand tu as utilisé ton engin, là j'ai -EH ! Pourquoi tu m'env-mbpppeuh-peerk !..."


La jeune femme se penche en avant en crachant la neige de la deuxième boule qui lui est arrivée en pleine bouche.

"Nan mais ça va p-HEEEY !"

Un bond de côté lui évite de se faire faucher par un tâcle de l'adolescent ; elle se tourne vers lui, qui semble hésiter, et leurs regards se croisent ; mince, pour la première fois qu'elle le voit, ça lui fait un choc ; Son visage est plutôt rond, quelque peu enfantin. Typé caucasien, d'une étrange couleur : quelques chose qu'elle qualifierait de caramel, oui. Et la couleur surnaturelle de ses yeux... elle écoute à peine ce qu'il lui raconte. Sa stature est imposante ; étrangement imposante pour un individu au visage et aux paroles aussi juvéniles...

"Att- ahh !!"

Elle n'a encore pas le temps de parler, que la créature effectue une nouvelle glissade : elle s'écarte à nouveau, sentant instinctivement qu'un corps à corps avec cette créature ne tournerait pas à son avantage.

"Calme toi, je veux juste ... parler !"

Elle ouvre les mains dans sa direction en signe de paix, mais il ne semble pas être très sensible à ses promesses, et April doit se pencher pour esuiver une troisième boule de neige : alors le garçon se retourne et... fait sauter la porte arrière, d'un simple coup de pied. Le cri de surprise d'April est masqué par le vacarme assourdissant des énormes battants métalliques. La apuvre reste ensuite figée sur place, incapable d'agir pendant plusieurs secondes, comme frappée par la foudre : pendant ce temps, sa proie s'échappe en courant dans la neige. Prise d'une soudaine frayeur à l'encontre de cette bête à la force démesurée, elle sent son courage l'abandonner. Elle tâte à nouveau le taser qu'elle a dans la poche, pour se donner du courage, mais l'arme lui semble soudain bien dérisoire. Sera-t-il même chatouillé par le courant de l'arme, si d'aventure elle se trouve obligée de tirer sur lui ?... Rah ! Elle ne peut pas le laisser filer !

La course à pied fait partie des domaines de maitrise d'April ; pour autant, courir par ce temps, dans la neige, avec de grosses bottes aux pieds, est une autre affaire. Elle s'y emploie avec vigueur, suivant les traces du fuyard qui a de toute évidence disparu derrière un relief ; elle s'arrête au sommet de la pente, le souffle court et la gorge commençant à bruler : le sol subit une brusque descente, dangereusement raide, sur plusieurs dizaines de mètres et, à en croire les traces laissés par le passage du jeune homme, celui-ci a effectué une descente plutôt choatique. De nouveau sur pieds, il s'aprête maintenant à traverser une rivière gelée.

"ATTENDS !!"

Elle gesticule d'en haut en hurlant, pour attirer son attention.

"Il fait pas assez froid !!"


Elle n'en sait rien, en fait, mais elle le voit progresser à pas de loup, et il n'a pas l'air à l'aise... lui même doit avoir conscience du danger.

"Fais pas l'idiot, reviens !!"

Elle commence à vouloir descendre la pente à son tour, à pas prudents. Elle réfléchit à toute vitesse. Il faut qu'elle trouve un moyen de lui faire entendre raison, de le ramener. Elle ne veut pas le voir filer, et elle veut encore moins le voir se noyer...

"Pourquoi tu fuis ? Tu vois bien que t'es plus fort que moouUAAa-aaAAh !!" ; la fin de sa phrase s'achève par un éclat de voix affolé, tandis qu'elle perd son appuis en glissant sur une couche de neige instable : elle tombe sur les fesses et glisse en emportant sous elle une masse de neige qui s'accumule tout au long de la descente, jusqu'à ce que l'amas se stoppe soudainement lorsque le sol redevient horizontal et qu'elle s'écrase mollement, les quatre fers en l'air. Elle se relève prestement, et secoue ses membres pour chasser la neige de ses vêtements. Elle en a partout, de la neige : dans les manches, dans le col, dans les bottes, dans les cheveux. Ses mains sans gants sont devenues rouges de froid et s'engourdissent, et son visage suit le même chemin. Elle est assez proche du jeune homme, maintenant. Assez pour lui parler sans crier. Elle croise les bras et le toise de sa position.

"T'es vraiment un héros de pacotille, t'as peur d'une fille ! Et moi j'ai même pas de pouvoirs !"

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Le quartier de la Toussaint / Re : Sur la même longueur d'ondes. [pv]
« le: mardi 02 décembre 2014, 22:36:40 »
Un adolescent ! C'est la voix d'un adolescent qui lui répond. April exulte. C'est exactement ce qu'elle cherchait. Soudain un vacarme assourdissant la ramène à la réalité : toutes les carcasses en lévitation retombent dans un concert de claquements et grincements. Prise d'un réflexe de survie, April s'éloigne en quelques pas précipités. Puis un quasi silence se fait pendant un instant, troublé par le bruit de quelques objets qui dégringolent encore les pentes du monticule, et les bruits de pas du jeune homme qui résonnent sur le toit d'une vieille camionnette.

Celle-ci commence à pencher... elle perd à nouveau l'équilibre ! L'adolescent tombe à demi dans la cabine, et la jeune femme laisse échapper un cri de terreur alors qu'elle le voit emporté par la camionnette qui dégringole la pente dans un grondement de tôles martyrisées. Bientôt elle rencontre le sol, et continue son chemin droit sur le grillage : elle s'y écrase et décolle, emportée par son propre poids, comme un vélo qui aurait brutalement freiné de la rouge avant. Le corps du jeune homme est projeté hors de la cabine et s'écrase sur le sol. Elle n'ose pas bouger, captivée et terrifiée par la scène surréaliste qui se déroule devant ses yeux. L'énorme silhouette noir du camion décrit un arc dans les airs. L'inconnu se relève. Oh mon dieu, il est vivant !

"ATTENTION !!!"

Le hurlement strident d'April arrive aux oreilles de Ludya, juste avant que la camionnette ne s'écrase sur lui.

La jeune femme regarde les trois tonnes d'acier broyer l'adolescent comme un insecte, mettant brutalement fin à son existence. Un vague vertige l'attrape. Un relatif silence s'est installé, maintenant. Elle avance, sur ses jambes qui tremblotent comme des spaghettis cuits, vers le lieu du désastre. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle doit... voir. Elle longe la carcasse disloquée de la camionnette, s'approchant de la cabine : du bruit. Ses entrailles se tordent, sa respiration se fait saccadée ; les pires horreurs défilent devant ses yeux, que faire ? Et s'il a perdu ses jambes, ou... oh non... elle ferme le point et se mord la jointure, pour s'empêcher de flancher, pour se faire taire. Elle plaque son dos contre la cloison, respire à plein poumons par le nez : maintenant.

Son coeur s'arrête pendant le dixième de seconde interminable où elle surgit devant l'ouverture de la cabine.

"RAAAAH !!..."

C'est un râle de soulagement qui quitte sa gorge : elle lève le visage au ciel, plaque ses mains contre ses joues, ferme les yeux. Vivant. Il est vivant.

"Putain..."

Elle se laisse tomber à genoux expire à nouveau bruyamment. Elle s'appuie de la main gauche contre le cadre de la porte et, de la main droite, retire son bonnet en laissant sa tête retomber en avant. Elle regarde le sol pendant une seconde, secoue sa tignasse pour décoller le mèches collées sur son front par la sueur, pour enfin relever le regard sur l'inconnu. Ce dernier est étrangement hâlé... elle ne peut pas réellement voir dans l'obscurité, mais elle jurerait qu'il est couleur caramel.

"Ce... ça va ?" demande-t-elle doucement, en le dévisageant d'un air soucieux.

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Le quartier de la Toussaint / Re : Sur la même longueur d'ondes. [pv]
« le: mardi 02 décembre 2014, 17:15:41 »
Son épais et long manteau vert lui donnait l'étrange aspect d'un sapin. C'est ce qu'elle se disait, en regardant son reflet dans la vitre d'une boulangerie. Elle était plantée dans la neige, avec ses deux bottes marron, le menton et la bouche enfouie dans le tissu rouge de son écharpe. Le bout de ses cheveux bleus s'agitait au gré du vent en dépassant par dessous son bonnet de laine blanche -la même laine blanche que celle de ses moufles. Elle avait l'air fine, tiens. Mais c'était les vêtements que lui avaient offert Linda avant qu'elle ne parte, pour qu'elle "n'attrapes pas froid comme la dernière fois. Au cas où tu ne serais pas rentrée pour Noël !" Ce qui serait certainement le cas.

April soupire pour chasser le petit poids qui commence à peser sur son cœur et remue son nez frigorifié. Elle voulait s'acheter quelque chose à manger, quelque chose de bon. Pour faire passer le blues d'être seule en décembre. Son regard passe d'une tarte au citron à une buche de noël. Boah. L'idée d'avaler un truc trop sucré lui pèse d'avance sur l'estomac. Elle n'a plus très faim finalement. Et puis un buche ça se mange à plusieurs. Rien que de s'imaginer découper dans cet énorme gâteau pour elle toute seule, elle en a le cafard. Bah !

C'est vraiment pas juste, d'avoir été envoyée en mission pour Noël. D'habitude, Noël c'est une période de vacances, on la laisse tranquille à l'internat. Toujours est-il qu'octobre/novembre dernier elle est rentrée bredouille. Pas le moindre gamin mutant, rien. Eh, c'est pas une raison pour l'envoyer dehors en plein blizzard ! Elle y peut rien, elle, si aucune piste ne s'est présentée. Si y'a pas d'mutant y'a pas d'mutant ! Pfft.  Dire qu'au début, c'était un cadeau, de sortir de l'internat. C'est devenu un devoir régulier. Bon, elle est peut être mauvaise langue de se plaindre ainsi. On ne peut pas la nourrir et la loger gratuitement toute sa vie dans une sorte d'hôtel de vacance, tout ça sans contrepartie. Et puis cette fois on 'a envoyée au Japon. C'est chouette le Japon, c'est la première fois qu'elle y met les pieds.

Il n'y a plus qu'à espérer que la saison fasse se manifester un quelconque enfant bizarroïde. Ça serait bien ça. Un enfant qui aurait le pouvoir de faire apparaitre les guirlandes sur le sapin. Un lutin du père Noël.

Merde, elle vient de pouffer toute seule dans son écharpe. Fait pas bon d'être seule trop longtemps. Elle soupire à nouveau, et ouvre doucement les écoutilles. Les sons qui batifolaient autour d'elle, qu'elle percevait sans entendre, remontent peu à peu à sa conscience : bientôt, elle se retrouve noyée aux milieu de leurs flux désordonnes. Elle ferme les yeux, passe d'une hauteur sans jamais s'y arrêter. Les radios New Yorkaises diffusent leurs musiques et leur émissions, toutes sortes d'appareils produisent des signaux autour d'elle. Elle reprend sa marche hasardeuse au milieu des rues.

...

...

...

Voilà trois heures qu'elle erre, et ça commence à bien faire. Elle est frigorifiée. Tant pis pour la recherche, aujourd'hui, elle rentre se mettre au chaud ! Le sens de l'orientation n'étant pas ce qui lui manque, elle n'a pas prévu de trajet particulier avant de quitter son appartement. Elle fronce les sourcils et fait un tour sur elle-même, cherchant à évaluer sa position. Si elle remonte par là...

"AAh !!"


Un hurlement ondulatoire vient de lui agresser les tympans ; les passants se tournent vers elle, qui vient de manquer de se casser la figure en sursautant sur le sol verglacé. Elle reprend une posture naturelle, et se met à marcher comme si de rien n'était. Le cri continue : comme d'habitude ses oreilles s'y accommodent pour en rendre l'audition supportable. Bon. A les en croire, le bruit viendrait d'une source proche... un, deux, trois... quatre kilomètres ? Ça n'est certainement rien, ou en tout cas rien de surnaturelle, mais April n'est pas en position de faire la difficile. C'est toujours en suivant les évènements insolites qu'elle a pu trouver des enfants pour l'organisation : autant persévérer en usant des méthodes qui ont déjà fait leurs preuves. Il n'y a qu'à espérer qu'elle ne se trompe pas trop, concernant la distance. Elle tourne au premier angle de rue disponible pour se diriger dans la direction du bruit. Si rien de surnaturel n'a lieu là bas, sûrement essayera-t-elle de les convaincre de stopper leur tintamarre. Car c'est vraiment pénible. La puissance de l'onde semble fluctuer, sans pour autant devenir totalement inaudible. Vingt minutes d'un marche rapide (aussi rapide qu'il est possible sans tomber), et elle se trouve proche de la source. Quelques centaines de mètres, peut être moins. Tout ce vacarme provient donc d'une... déchetterie ? Celle-ci est entourée par des grilles ; un panneau aux tons rouges indique un danger ou une interdiction. Peut être les deux.

April retire ses moufles et les range dans une poche de son manteau : de la main gauche, à travers le rembourrage, elle tâte son portable qui attend dans le revers de son vêtement, près de son sein droit. Avec un peu de chance, elle va tomber sur un fille qui balance des ondes. Et ça ne sera plus son problème, elle n'aura plus qu'à appeler pour que quelqu'un d'autre s'en charge. Et elle pourra rentrer pour Noël !

Elle attrape le grillage à deux mains et entame une escalade fougueuse. Il lui faut une dizaine de secondes et force grognements pour avaler les trois mètres de grille de fer froid qui s'élèvent depuis le sol et lui scient les doigts dans la manœuvre. Elle attrape finalement la barre verticale qui marque le sommet du rempart et s'y hisse ; monte la jambe, y pose un pied, soulève son corps en position horizontale et précaire, tremble de tout son corps en tentant de retourner ses mains pour effectuer la descente : elle glisse, tombe du côté décharge, l'intérieur de sa cuisse heurte la barre, ses mains mal orientées lâchent prise, son corps pivote inexorablement en l'entrainant vers le sol, elle tombe sur le flan et se brise la hanche.

...

Non, c'est vraiment une idée de merde. Grimper une grille de quatre mètres pleine de givre avec des grosses bottes rembourrées, nan. Elle préfère faire le tour pour trouver une faille, ou quelque chose. Ce genre de grillage a toujours une partie découpée par laquelle on peut passer en douce. Elle commence à longer la muraille de grillage ; la décharge semble vraiment immense. Elle marche pendant une bonne minute, quand le bruit se met à nouveau à rugir à ses oreilles : elle y plaque ses mains pour se protéger et lance un regard vers l'intérieur de la décharge ;

Là ! Au somment d'un tas de ferraille, à un endroit qui lui était jusqu'alors caché par d'autres monticules, s'agite une silhouette. Oh... elle lève les yeux ; le temps se comporte étrangement... un bruit de ferraille  lui fait ramener le regard vers la silhouette : son cœur se met à battre frénétiquement d'excitation, et l'adrénaline lui envoie une décharge dans la colonne vertébrale. Autour de l'homme, d'énorme carcasse métalliques vibres et se mettent à léviter... elle en tient un ! Enfin, le terme est peut être un peu fort. Elle balaye les environs du regard : pas un seul trou de grillage. Bon. Tant pis, il faut qu'elle y aille.

Elle attrape le grillage à deux mains et entame une escalade fougueuse. Il lui faut une dizaine de secondes et force grognements pour avaler les trois mètres de grille de fer froid qui s'élèvent depuis le sol et lui scient les doigts dans la manœuvre. Elle attrape finalement la barre verticale qui marque le sommet du rempart et s'y hisse ; monte la jambe, y pose un pied, soulève son corps en position horizontale et précaire, tremble de tout son corps en tentant de retourner ses mains pour effectuer la descente : hop, trop facile. Elle se laisse glisser de l'autre côté, jusqu'à avoir les bras tendus, et retombe sur ses pieds. L'individu ne fait visiblement pas attention à elle : elle avance à pas rapide vers lui. Un rapide mouvement de la main pour vérifier que son pistolet taser est bien dans sa poche extérieur droite ; précaution peut-être dérisoire, étant donné la puissance supposée de l'inconnu. Peut être même ferait-elle mieux de fuir, de ne pas tenter le diable ? Mais... non. Non, elle veut voir cette personne de plus près.  La puissance du son devient bientôt insupportable, lui obligeant à plaquer ses mains sur ses oreilles. Elle arrive au pied du monticule : l'homme ne semble toujours pas avoir remarqué sa présence. Il est temps d'engager la conversation :

"EH !! BONJOUR !" hurle-t-elle à plein poumons, pour couvrir le bruit des ondes qu'elle est certainement la seule à entendre. Peut être, du coup, que la salutation paraitra un peu moins courtoise qu'elle aurait du.

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Prélude / Re : Aaaaaall I hear is radio goo goo, radio ga ga [Validémonisée]
« le: dimanche 30 novembre 2014, 20:02:04 »
Law > désolée, si tu n'as aucun pouvoir particulier je ne suis pas intéressée !

Merchi à tous o/

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Prélude / Re : Aaaaaall I hear is radio goo goo, radio ga ga
« le: dimanche 30 novembre 2014, 17:56:49 »
Qu... comment osez vous ? Les fiches de Maelie sont mille fois mieux que celle là éè

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Prélude / Aaaaaall I hear is radio goo goo, radio ga ga [Validémonisée]
« le: dimanche 30 novembre 2014, 17:48:16 »
Blue April, ça n'est pas son vrai nom, mais c'est comme ça que les scientifiques l'ont baptisée. Comme une comète, parce qu'il n'y a pas que les astronomes qui ont le droit de s'amuser, et que les biologistes peuvent aussi parfois se lâcher. Et il faut avouer que c'est joli ! Elle-même, elle ne peut nier qu'avec une certaine mauvaise fois l'élégance du titre. Ça dégage quelque chose de plus mystérieux que April Smith, son nom d'origine.

April a toujours eu les cheveux bleus, aussi loin qu'elle se souvienne. Déjà à la maternelle, elle trimballait sa tignasse bleu marine dans la court de recrée. Elle était mal malentendante aussi, ce qui n'arrangeait pas son cas. Difficile de se faire des amis avec un bagage pareil, surtout en ayant constamment l'air absorbée dans ses pensés. Un peu à l'écart dans la des autres enfants, quand elle vivait à Londres, elle préféra vite la compagnie d'objets inertes à celle de ses pairs. Empiler des cubes, disposer des cailloux selon des formes suivant ses envies, jouer avec tous les objets qui lui passaient sous la main, voilà quelle était sa principale activité. Elle s'y adonnait avec un air absent, pendant que les autres s'échangeaient des cartes pokémon. La pose d'un appareil auditif fut, à la grande surprise de son médecin, un échec total. Aucune amélioration de son état. Ses parents désemparés s'en trouvèrent réduits à crier pour se faire entendre, et cela resta la meilleure solution pendant un moment. Elle fit un passage par une école spécialisée pour les enfants souffrant de troubles de l'attention, mais rien n'y fit. Impossible de la faire se concentrer sur la moindre activité scolaire plus de 5 minutes.


Elle affabulait, souvent. Prétendait entendre des choses à des moments où, de toute évidence, il n'y avait aucun bruit. Elle utilisait des mots étranges pour une enfant de son âge, de temps en temps. Parlait de manière assurée et décousue des hommes politiques, sans même savoir qui ils étaient, chantait des chansons qu'elle n'aurait jamais du entendre. Sa mère lui fit consulter ce... psychoquelque-chose, spécialisé dans la petite enfance. Ce dernier lui diagnostiqua un truc entre l'autisme et la schizophrénie et la mit sous traitement médicamenteux. Aucune amélioration ne se fit sentir cette fois encore, et ses parents se résolurent à stopper le traitement.


Puis arriva l'age de raison : elle était toujours aussi mauvaise en classe, et ne savait pas lire le moins du monde. Toujours aussi absente au quotidien. Cependant, son état général sembla s'améliorer lentement. Son ouïe se développa petit à petit jusqu'à atteindre un sensibilité presque normale. Puis, à partir de dix ans, elle commença à se montrer capable de fournir une attention soutenue envers le monde qui l'entourait. Comme si elle se réveillait lentement d'une semi-léthargie, elle commença à aller maladroitement vers ses semblables.

Son retard scolaire était réellement colossal, si bien que lorsqu'elle commença à porter un début d'intérêt à ses études, à l'age de 12 ans, elle en étant encore à mémoriser l'alphabet.


En réalité, son ouïe n'avait jamais été défectueuse, bien au contraire. Aucun être humain normalement constitué ne pouvait prétendre à entendre mieux qu'elle. Si son ouïe ne se distinguait pas par la finesse, elle le faisait par l'amplitude ; April, depuis tout petite, était d'"entendre" des sons dont les fréquences allaient bien au delà et en deçà des bornes habituelles de l'oreille humaine. Le brouhaha qui parvenait à ses oreilles était bien sûr une distraction continue, et il lui fallut du temps pour apprendre à faire abstraction de certains sons pour se concentrer sur ceux qui l'intéressaient : c'est pourquoi, durant la première partie de sa vie, elle était incapable d'entendre correctement ou de se concentrer.

Cette capacité lui vient de l'anatomie hors du commun de ses oreilles, au delà du canal auditif : les scientifique qui la disséqueraient trouveraient, derrière une batterie de 12 tympans, une cinquantaine de marteaux de tailles variables, du microscopique au super gros.


C'est à l'age de 15 ans qu'April Smith disparut de la surface de l'Angleterre. Elle avait décidé de fuguer, à nouveau. Ça n'était pas la première fois, non, c'était la troisième, en deux ans. Elle avait fini par prendre pleinement conscience du gouffre qui la séparait des autres adolescents, elle qui ne savait toujours pas lire, et peinait à parler à quiconque. L'enfermement dans cette école pour enfants en difficulté était devenu un véritable enfer pour elle. Elle n'avait jamais eu de plan lors de ses escapades, mais au moins elle respirait, pendant le court moment où elle était libre. Elle goûtait, chaque fois, pour quelques jours, l'illusion d'avoir effacé ses problèmes, et elle errait à sa guise, son sac sur le dos. Le plus souvent, elle partait au hasard en sautant dans un train et cherchait à quitter la ville. Elle cherchait une rivière, ou un lac et en profitait pour nager. Puis elle attendait qu'on la trouve. Les deux premières fois, cela avait pris quatre jours. Cette fois, les autorités britanniques perdirent complètement sa trace.


Elle était retournée au lac de la première fugue, pour sa troisième. Manque d'imagination, sans doute, mais elle l'aimait, ce point d'eau. Elle y était arrivée au beau milieu de la nuit : mais qu'importe, c'était l'été. Elle avait fait un tas de ses vêtements et s'apprêtait à pénétrer la surface lisse du lac, quand un bruissement lui fit tendre l'oreille ; en quelques secondes, le murmure qui emplissait l'air se transforma en vacarme, en un concert désordonné de croassements et de battements d'ailes frénétiques. Une nuée de corbeaux, à peine visible dans la nuit, mais produisant un chahut terrifiant, tourbillonna au dessus du lac, ridant le miroir de sa surface par le souffle de sa spirale enragée. Pendant quelques secondes, les oiseaux formèrent une masse opaque et mouvante, aux déplacements erratiques. La jeune fille restait figée, captivée par ce spectacle dont l'aspect mystérieux l'oppressait ; elle s'était accroupie les bras devant la poitrine, comme pour se faire minuscule, invisible. Et elle scrutait. Elle observait la chose, priant pour que celle-ci ne s'aperçoive pas de sa présence.

Et soudain la masse instable se, et l'essaim explosa dans une cacophonie de hurlements stridents ; April s'enroula sur elle même pour se protéger, genoux et face contre terre, tête entre les mains. En quelques instants tout était fini, mais l'adolescente haletait et tremblait toujours, les yeux fermés.


"Tu n'as rien à craindre, petite."

Difficile de dire pourquoi, finalement, elle fit confiance à cette femme soudainement apparue au milieu du lac, enveloppée dans un tissu rouge sang. Peut être parce qu'elle se sentait seule, ou peut être à cause de la beauté captivante de l'inconnue. Toujours est-il que son hésitation ne fut pas si longue, quand la femme aux corbeaux lui fit lentement signe d'approcher, avant qu'elle s'exécute. Elle n'avait jamais été pudique, et la femme semblait tout aussi nue qu'elle, sous son manteau : April ne prit donc pas la peine de tenter de masquer sa nudité. Elle s'avança d'un pas hésitant jusqu'à la lisière du lac, et s'enfonça progressivement dans les eaux sombres, jusqu'à ce son intimité indigo soit éclaboussée par les remous qu'elle provoquait à chaque pas. La dame en rouge lui ouvrit son drap, découvrant sa nudité immaculée. Le visage de la brune se fendit d'un sourire devant le regard inquiet que lui lançait la demoiselle. Tendre la main suffit à ce que la timide la saisisse et se laisse entrainer. La belle inconnue blottit April contre son torse, et le voile rouge s'enroula autour des deux femmes qui s'enlaçaient comme une mère et son enfant. L'adolescente se sentit soudain bercée, affaiblie. Elle se sentait tellement bien qu'elle aurait presque pu s'endormir.


Lorsqu'April se réveilla, elle était étendue sur la paillasse d'une cellule froide. Où était-elle ? Au commissariat, certainement. Je vous épargnerais la suite de désillusions et de désespoirs qui s'emparèrent de la jeune fille au fur et à mesure qu'elle comprenait qu'elle n'avait pas été attrapée par la police et qu'elle ne recevrait pas bientôt une énième remontrance de ses parents. Je ne vous détaillerais pas sa tentative de rébellion contre ce médecin qui lui posait des centaines de questions dont elle ne comprenait pas la finalité, les gifles, puis les coups de trique qu'on lui administra pour la rendre docile. Ses bleus, sa lèvre fendue, ses larmes, ses cris, sa coopération obtenue par la force. Elle finit par se résigner, au fil des jours, et répondit aux questions sans même tenter de travestir la vérité. Mentir pour quoi ? Elle leur raconta tout, le moindre détail de sa vie, ses parents, ses problèmes à l'école, ses oreilles ; surtout ses oreilles. Ses ravisseurs étaient tout particulièrement intéressés par elles, depuis le début. On l'anesthésia, l'incisa derrière le pavillon pour observer comment elle était faite en dedans. On la fit se reposer en chambre d'hôpital, puis la renvoya à sa cellule. Un homme en blouse blanche lui dit, en riant, qu'elle était une merveille de la nature. On la déplaçait inlassablement de la chambre à sa cellule, aux salles d'opérations, aux dispositifs de test, dans des couloirs éclairés aux néons, emballée dans une blouse blanche sur laquelle était collé un badge vert à son nom de cobaye : "Blue April".


Au bout de quelques semaines, elle ne posait plus de question, n'opposait plus de résistance. Un réflexe lui faisait encore rentrer la tête dans les épaules lorsqu'on levait brusquement la main près d'elle. Pendant plusieurs semaines, on lui fit subir plusieurs batteries de test. On lui balançait des ondes, elle répondait. "Oui, j'ai entendu, c'est une chauve souris", "C'est Helter Skelter, en beaucoup plus grave ?", "Non, je n'entend rien là"... On lui plaçait des électrodes sur la tête, lui rebalançait des ondes. On imprimait des vues en coupe de son cerveau sur des écrans d'ordinateur. On s'extasiait devant les zones jaunes qui apparaissaient sur son lobe temporal lorsqu'elle recevait des infrasons; "c'est dingue, elle les entend vraiment !".

Les médecins étaient des brutes et n'avaient aucune compassion pour elle. Sauf le docteur Lindeberg. Elle ne pouvait parler à personne, sauf au docteur Lindeberg. Lui l'écoutait, essayait de la rassurer. Oh, ça ne s'était pas fait comme ça. Ça avait commencé par un regard d'excuse au moment de lui tondre la tête. Puis quelques petits mots d'encouragements  avant une expérience. ne petite question d'inquiétude ; "tu tiens le coup ?", un jour, alors qu'elle restait assise, avachie dans sa cellule. Cette simple attention, le croisement de son regard, et elle avait fondu en larme : il était entré pour éponger les sillons sur ses joues et la bercer dans ses bras. Elle avait pleuré plusieurs minutes contre son vieux pull marron, entre les pans de sa blouse ouvert. "Ça ira", lui disait-il.


Il avait promis d'essayer de la faire sortir plus vite. Elle n'avait pas vocation à rester ici éternellement. "Mais les chefs ne m'écoutent pas toujours." Il s'était démené. Il ne pouvait pas lui rendre sa liberté, mais il pouvait la déplacer dans un endroit plus accueillant, où on ne la harcellerait pas avec des expérience, où elle serait avec des gens comme elle. Il avait fait tant pour elle ! Si elle avait tenu, c'était sûrement grâce à lui, parce qu'elle avait quelqu'un à qui parler. Et parce que sans lui, qui sait combien de temps elle serait restée dans ce laboratoire sordide ?


Elle avait 16 ans lorsqu'elle fut enfin déplacée. Elle était, en quelque sorte, de retour dans un internat. Un internat immense, avec des parcs et des terrains de sport. Une bibliothèque, une piscine, des chambres individuelles, des salles de bain luxueuses. Un internat rempli de jeunes femmes et des petites filles aux dons étranges. April n'avait jamais aussi bien mangé dans une cantine. Elle n'avait jamais été autant libre de faire ce que bon lui semblait pendant la journée ; pour la première fois de sa vie, elle respirait. Elle bénissait le docteur Lindeberg qui lui avait permis de sortir de l'enfer pour atterrir ici. Elle fut quelque peu meurtrie d'apprendre qu'il en avait fait autant pour toutes les demoiselles présentes à l'internat. Toutes avaient subi le même genre de traitement, après avoir été enlevées.

Pour la première fois de sa vie, April commença à se faire des amies. Toutes les pensionnaires, ici, avaient quelque chose de spécial, de surnaturel. L'une pouvait se tordre comme du caoutchouc, l'autre faisait évaporer les liquides par le regard... Elles acceptaient sans scepticisme qu'April puisse entendre au delà des fréquences normales pour un humain. April noua un lien très étroit avec une nymphe (c'est comme ça que celle-ci se définissait). Une jeune fille nommée Linda : quelque peu superficielle, espiègle, mais sans une once de méchanceté. Une jeune femme très câline, avec laquelle... ça ne vous regarde pas :c


April se sentit rapidement chez elle dans cet endroit. Elle y passa plusieurs années. Elle retrouva le goût de la vie, et son tempérament jovial, qui avait jusque là été bridé, put enfin s'exprimer. Son illettrisme et son inculture dans tout ce qui touchait aux domaines scolaires étaient toujours là pourtant, comme une aiguille dans son amour propre. Toutes ses amies avaient conscience de cette faiblesse et préféraient généralement ne pas aborder le sujet.

Le docteur Lindeberg passait de temps en temps à l'internat, où les pensionnaires se disputaient son attention. Il prenait parfois du temps pour parler à certaines d'entre elles, seul à seul. April était source d'une attention particulière de sa part. Elle lui racontait combien la vie était agréable ici, combien elle se sentait chez elle. Certes, elle aurait bien voulu explorer à nouveau le monde extérieur. Il était ravi qu'elle ne porte plus grief à l'organisation qui l'avait enlevée : ce passage en laboratoire était désagréable, certes, mais elle se sentait bien mieux ici, comme toutes les pensionnaires. Toutes avaient eu des problèmes dues à leur spécificité à l'extérieur. Finalement, elles avaient toutes eu de la chance qu'on les enlève contre leur gré !

A l'age de 22 ans, on lui proposa enfin d'effectuer ses premières sorties à l'extérieur. Bien sûr, ça n'était pas gratuit ! Il s'agissait d'un donnant-donnant. Sa mission était de retrouver d'autres enfants à dons à l'extérieur, et de les ramener, pour leur bien. Des garçons (car il existait également un pensionnat pour garçon), en priorité. Lorsqu'elle trouvait des filles aux dons potentiellement surnaturels, elle devait prévenir au plus vite son supérieur (un certain docteur Page), qui envoyait un autre agent sur place pour évaluer la situation. Quant aux garçons, elle devait s'en approcher le plus possible, juger de leur degré d'étrangeté en gagnant leur confiance. Puis les attirer, si possible, dans un lieu où l'on pourrait procéder à l'enlèvement.



April ne sait pas lire, est émotive et semble souvent déconnectée de la réalité. Il est très rare qu'elle planifie quoi que ce soit sur le long terme. Il ne faudrait cependant pas en déduire qu'elle est stupide. Elle est même plutôt vive et astucieuse. C'est une compagnie agréable et affectueuse, pour qui sait l'approcher : il est vrai qu'au premier abord, son comportement peut désarmer. Son attitude envers les gens passe aisément de l'indifférence à l'intérêt ostensible, et son approche d'autrui a souvent quelque-chose de direct et d'enfantin. Elle est de nature plutôt gaie, même si elle ne le communique que rarement de manière exubérante ; on la verra plus souvent dans ses pensées, le visage serein, qu'en train de sauter de joie. Il lui arrive de se mettre en colère, cependant. Elle est relativement émotive et prend rarement du recul sur elle même, une attitude qui peut la rendre quelque peu instable, tantôt hyper-affectueuse, voir collante, tantôt agressive, voire violente. April aime la musique, la nourriture, la solitude, les amis, les jeux de société, le sport, et le beau temps. Elle craint les défis purement intellectuels de type scolaire, les insectes et les médecins.

Lorsqu'elle marche dans la rue, elle fait immanquablement dévier les regards masculins. Elle n'y prête pas grande attention, en générale, toute occupée qu'elle est à écouter autour d'elle. Elle fait quelque peu les frais des vêtements qu'elle a pris l'habitude de porter, au contact de son amie Linda, qui soulignent avantageusement sa silhouette. Il s'agit souvent de robes fines et proches du corps, ou de hauts synthétiques qui épousent son buste, accompagnés de jeans serrés ; un accoutrement qui met l'accent sur sa taille athlétique et ses hanches marquées. Son corps, d'une manière général, est celui d'une sportive, taillé par son temps libre dépensé à la piscine de son internat. Ses bras et son buste son fins et vigoureux, et ses jambes robustes, entrainées par les marches incessantes qu'elle effectue à la recherche d'enfants et d'adolescents aux pouvoirs surnaturels. Son visage se dessine dans un ovale doux et féminin, avec des lèvres charnues et une face toute en courbes et rondeurs, aux pommettes pleines et aux grands yeux bleus. Derrière son oreille gauche se trouve encore une fine cicatrice blanche, séquelle de son passage au laboratoire.


Age :
25 ans

Expériences :
April est à l'aise avec son corps. Bien qu'elle préfère les hommes, ses expériences avec eux sont très réduites, et elle a surtout pratiqué les plaisirs de la chair avec son amie Li-ah non, j'ai dit que je n'en parlerais pas ! :c

Notes :
Ses dons lui permettent d'entendre des sons sur un large bande de fréquences, incluant entre autre les ondes radio ou celles des talky-walky.

Le pensionnat est situé en Angleterre, protégé par des artifices magiques, tel un Pouddlard non-mixte.

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