Je montais à bord du bateau qui s’appelait la Princesse des Mers, un navire marchand qui me semblait très grand, d’après mes renseignements, c’était un galion à cinq mâts, rapide, mais il me faudrait deux semaines pour arriver à Ashnard. Deux semaines ou chaque soir, je devrais danser pour l’équipage, cela pour payer mon voyage. C’était un bon compromis, même si j’aurais préférée avoir mes soirées pour moi.
Le capitaine, un certain Antonius Greeben, m’accueillit avec tous les honneurs dû à mon rang d’Erotiste d’Antia. Il m’indiqua ma cabine, qui était très spacieuse car j’avais trois pièces, une pour me laver, une autre pour dormir et la dernière pour manger si je ne voulais pas manger avec l’équipage ou le capitaine. Je déposais mon sac dans la chambre puis je retournais sur le pont, essayant de ne pas gêner les matelots du galion qui travaillait.
Les membres de l’équipage, de plus de cents hommes et femmes, faisaient monter la cargaison, des étoffes et des produits exotiques d’Antia. Le navire devrait partir avec la marée du soir, dans quelques heures… je retournais dans ma chambre et m’installais, attendant le départ.
* * * * *
Cela faisait maintenant sept jours que nous étions partis pour Ashnard, les matelots et matelotes m’avaient bien accueilli une fois que mes danses les aient subjuguées. C’était dans un bon esprit que je me trouvais parfois dans la cabine principale des hommes et femmes d’équipage du Princesse des Mers. La plupart voulait simplement me parler de mon travail de danseuse, demandant si c’était dur. Bien évidemment, je répondais que cela faisait plus de dix-sept ans que je m’exerçais quasiment tous les jours.
Au septième jour pourtant, je sentais que l’atmosphère avait changée durant la vie, on me regardait assez bizarrement, je ne compris ce qu’il se passait que lorsque le mousse, un gamin de seize ans du nom de Cléon, un nom typiquement Antian, frappa à ma porte après ma séance de danses journalière.
_ «
Je peux entrer ?_
Oui, bien sûr… entre, Cléon. »
Le jeune homme n’avait pas encore atteint sa taille adulte, mais il était déjà bien battit. Je lui souriais.
_ «
Vous connaissez mon prénom ?_
Et pourquoi pas ? Tu n’es pas venu seulement pour parler, non ? »
Je le vis rougir tandis qu’il détournait le regard de ma chemise de nuit diaphane. Je me levais pour me mettre devant lui.
_ «
Pourquoi es-tu venu ?_
Votre symbole sur votre cape…_
Oui ? Tu sais ce que ça veut dire ? »
Il hocha la tête.
_ «
Tu sais aussi que je ne fais pas payer ce genre de service ?_
Ah ?_
Apparemment non, ce n’est pas grave, j’accepte les dons. Tu ne l’as jamais fait n’est-ce pas ? »
Il secoua la tête, mais je voyais bien qu’il n’y avait pas que cela.
_ «
Alors, il y a un pari là-dessous ? _
Comment le savez-vous ? »
Je me mis à glousser tout en lui touchant doucement le torse.
_ «
Je ne suis pas née de la dernière pluie et je suis très intelligente… la côte est de combien en ta faveur ?_
Quatre-vingt-dix-huit contre un, le preneur de pari ne pouvant pas être dans le jeu._
Je vois… il y a donc une grosse somme en vue pour savoir si je coucherais avec toi… et tu n’as rien dit du fait que j’étais une Prostituée Sacrée en plus d’être une Erotiste ?_
Non… »
J’amenais ma bouche près de la sienne et l’embrassait…
* * * * *
Au matin, le mousse était encore à mes côtés, je le regardais tendrement… il deviendrait un bon amant avec le temps. Je lui caressais le visage puis déposait un baiser son front. Il ouvrit les yeux et me sourit avant de devenir rouge pivoine. Il était si craquant.
_ «
J’espère que ça t’a plu… parce que pour moi, c’était très bon… viens me revoir ce soir et les autres soirs tant que je serais à bord. Je t’apprendrais à faire beaucoup mieux._
Oui… c’était très bon… vraiment, je peux revenir ? »
Il ne croyait pas vraiment à sa chance, qu’une femme comme moi ait acceptée de faire l’amour avec lui, faisant de lui un homme.
_ «
Oui… mais ne dévoile pas mon secret. Je ne tiens pas à ce que tous les matelots viennent dans ma cabine… »
Il hocha la tête puis se rhabilla et quitta la cabine. Je m’habillais puis sortis à mon tour sous le regard étonné et dégouté de certains des matelots.
* * * * *
Durant les jours suivants, Cléon vint dans ma cabine tous les soirs et repartait au petit matin. J’appris que ses gains allaient lui permette de faire des études de navigation, et ainsi qu’il aurait la possibilité de devenir Navigateur. Si les matelots étaient un peu chahuteur au début, j’y mis fin rapidement, leur rappelant que je n’aimais pas être la cible d’un pari… pari qu’ils allaient devoir honorer sinon, j’allais leur faire une très mauvaise renommée.
C’est ainsi que j’eu l’honneur d’apprendre nombre de chose sur le sexe à un jeune homme qui pourra ainsi combler une autre jeune femme. Toujours était-il que j’avais fait de lui un être doué en les choses de l’amour. Et c’était pour moi, la meilleure des paies. Savoir que mon propre savoir allait servir était une joie simple.
* * * * *
L’arrivée au port d’Ashnard se fit sans problème et, tandis que je débarquais après avoir eu un entretien avec le capitaine pour que Cléon ait ses gains de son pari, les autres matelots commençaient à débarquer les marchandises provenant d’Antia. La cité d’Ashnard est une grande cité, bien plus grande que ma ville d’origine… allais-je m’y retrouver ? Et trouver l’Auberge de la Belle Aguiche ?
Je m’avançais un peu sur le port quand je vis quelqu’un courir vers moi. Instinctivement, je me mis en position de combat. Bien m’en prit car, j’avais à peine tirée une de mes dagues, que la femme, car c’était une femme, même si je ne voyais pas qui elle était, avançait la sienne vers mon cœur. Je n’eus que le temps de parer son attaque avec ma dague en faisant un saut en arrière. Je dégainais ma seconde dague, mais je n’avais absolument pas l’intention de m’en servir pour attaquer, mais uniquement pour me défendre.
La femme m’attaquait sans relâche malgré toutes mes parades, à chaque fois, je reculais pour éviter ses assauts, mais elle continuait. Je commençais à fatiguer mais j’essayais de rester toujours de me protéger coute que coute. Je ne fis qu’une seule contre-attaque, je sentis ma dague manger la chair de la femme. Je la vis chanceler mais je savais que je n’avais pas touché d’organe sensible.
Elle compressa sa blessure et quitta le port rapidement, tandis que mes jambes se dérobaient sous mon corps. Je soufflais encore sous le coup de l’émotion… je venais à peine d’arriver qu’on m’attaquait et ce sans que je sache pourquoi.