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« le: jeudi 07 avril 2016, 20:57:03 »
Il t'énervait à avoir raison, hein ? Oh oui, p'tite Marquise, bien sûr qu'il t'énervait. Il arrivait à mettre le doigt sur des soucis qui te hantaient depuis assez longtemps Et lui, cet idiot, il arrivait comme un ange dans la pièce et trouvait la solution d'un claquement de doigts. Décidément, il était temps que tu te reprennes en main, si même un inconnu pouvait résoudre tes problèmes sans vraiment te connaître. Il aurait été temps que tu t'en rendes compte aussi, de toi-même, comme une adulte. Tu sais que tu es une adulte, mm ? Tu finis par soupirer. Tes pensées tournent sur elles-mêmes, tu continues toujours à réfléchir aux mêmes choses et tu t'embourbes dans tes problèmes, dans tes répétitions. La seule chose que tu sais bien faire, c'est provoquer les situation. Alors provoquer là, vas-y. Manipule le, oblige le à le faire. Et enfonce tes dents dans sa gorge pour en sucer l'essence vitale. Fais le, Ophélia. Il est si proche de toi, tu peux sentir son souffle, tu voudrais encore le rapprocher de ta peau. Tu voudrais pouvoir mêler vos souffles en un seul gémissement commun. L'appel de la luxure, voilà ce que tu ressens, puissamment ...
Et brutalement, le contact humain, le contact physique. Le contact de son torse contre ton dos, de son membre durci par l'excitation sur le galbe de tes fesses, de ses mains sur tes hanches, tu cambres légèrement, creusant tes reins dans un gémissement intense, presque nerveux, presque animal alors que tu mordilles ta lèvres inférieure. Le gémissement se tord en un grognement plus farouche que tendre, mais tu ne fais aucun mouvement pour te défaire de sa présence. Tes yeux se baissent sur ses mains. Ses paroles sont des caresses au creux de tes oreilles, des caresses libidineuses, glauques et un peu maladives. Elles ne sont pas belles, elle ne sont pas douces, mais elles sont foutrement excitantes et tu sens ton souffle s'accélérer alors que tu l'écoutes, bien forcée de sentir son souffle et sa voix contre ta peau. Tu continues de fixer ses doigts qui détache ta blouse, ses doigts un peu paumés et agiles qui se font plus pressant, découvrent tes cuisses, se frottent à ton corps. Impatient. Candide. Tu glisses ta main sur les siennes pour le guider, pas qu'il ne sache pas s'y prendre, mais tu connais bien le fonctionnement de ta jupe que lui, non ? Tu ne l'écoutes plus, il ne raconte que des insanités pour se délester du poids de la frustration et de l'excitation. Chacun sa manière de crever l’abcès, il choisit la médiocrité et la vulgarité. Ca lui va bien, avec ses yeux sauvages et sa lèvre inférieure déchirée, ce souffle cru de tabac et les muscles tendus sous son T-Shirt. Plus tu es proche de lui, plus l'odeur du sang remplit tes narines, plus l'ivresse te prend, te met des œillères. Du sang. Du sexe. De la violence. Il est violent, brutal, rugueux.
Puis soudainement, il te donne raison. Un hoquet de surprise t'échappe, tu ne réagis plus, tes bras tombent de chaque côté de ton corps, telle une poupée de chaire terriblement fragile, une poupée de chiffon et de tissu qui va s'écraser au sol dès qu'il te lâchera. Si. Si, tu as le courage d'assumer tes conneries. Si, tu le prendras ce risque. Un gémissement étouffé s'échappe de tes lèvres alors que d'un coup, tu retombes en avant, t'étalant sur une des tables alors que tu continues de ne apas répondre. Ton corps est éveillé, ton corps frissonne, ton intérieur te brûle, le désir si intense parcourt tes veines comme la seule sensation qui te rend la vie, qui te fait sentir vivante. La vie se résume à tuer et à baiser. Ta vie se résume à ces deux verbes, et il te donne l'occasion de réaliser deux en un. Tu as envie de sa main, ton souffle est presque chaud sous l'excitation, le stupre coule dans ton corps et tu te relèes en laissant tomber ta blouse au sol, le corset suivant le chemin et sombre sur le carrelage foutrement propre. Ta poitrine rend bien, avec cette blancheur livide. Comme quoi, il y a des points positifs à être crevée.
<< - J'assume ce que je dis. Totalement. >> La jupe glisse rejoindre la suite de ton habit au sol, suivie par les collants. Seule le shorty noir, dentelé est encore en place. Il moule tes fesses, se colle parfaitement à ta peau légèrement vieillie. Un tout petit peu, mais c'est assez pour te rendre soucieuse. C'est le manque de sang, c'est le manque de sang ... Tu te répètes en boucle les mêmes bobards. << Je gère ce que je dis. J'assume totalement. Alors vas-y. A toi d'assumer tes paroles. >> Tu n'as que faire d'être nue dans une bibliothèque dans un lycée publique, en ce début de nuit de printemps. Tu veux jouer au même jeu que lui, dans la cours des grands. Il s'attaque à la chaire ? Bon sang, tu sais le faire aussi. Tu le fixes et le bloques contre une de ses tables, tandis que tu passes une main dans ses cheveux, et un doigt entre ses lèvres, pour lui baisser lentement la machoire et venir attraper sa langue de deux doigt insidieux. La violence sauvage en toi s'est réveillé, l'instinct de survie de ton identité gronde. << Forge moi mon identité. Renomme moi. Change moi. Fais le. >> Tu relaches sa langue puis ses cheveux pour doucement glisses tes doigts sous son T-Shirt, tes ongles griffant la peau de son torse, pour le faire saigner sans aucune pitié. Tu lui fais retirer ce tissu gênant et glisses ta langue sur les blessures, léchant le sang avec un haut le coeur. Ton visage se fige. Non, non ! Tu dois aimer ça, sens le parfum âcre et le gout d'acier qui se répand sur ta langue, sens la chaleur dans ta gorge. Tu n'en fais rien et continues de lécher les petites griffures, le souffle haletant.
<< - Comment vas-tu m'appeler ?>> Tu as relevé les yeux. C'est les mots d'une désespérée mais pourtant si sûre d'elle. Tu délaisses son torse en bougeant légèrement tes épaules pour faire onduler tes lourds seins devant toi, devant ses yeux, devant ses mains. << Tu as raison. L'idée d'avoir ta queue à portée de ... >> Ta main caresse son entrejambe avant de s'y arrêter définitivement, glissant contre son caleçon << .. Main, m'excite. >>
Tu t'offres bien à lui. Mais pourtant, tu ne veux pas passer à la suite et tu recules de quelques pas, écartant doucement les bras comme pour l'attirer, comme pour lui dire d'aller de l'avant. Qu'il te nomme comme on nommerait une poupée, une poupée de sang, une poupée de chair .. La chanson se glisse dans ton cerveau, langoureuse et sombre.
« Poupée de chiffon, poupée de porcelaine … poupée de papier, poupée de cire. Une poupée aux cheveux d’acier, une poupée au regard de bronze, aux cheveux pourpres comme une tache de sang. Poupée de chiffon, poupée de papier qui tombe et se casse, se plie et se déchire comme un vulgaire jouet. Poupée de rien, de néant, d’ambigu, poupée de porcelaine, aux bords tranchants comme le couteau, poupée de cire qui prend feu en un instant, qui s’immole. Poupée de chiffon tressée dans les rimes d’un poème, poupée de papier découpée dans les phrases d’un roman. Belle poupée aux lèvres décorées et aux doigts d’aiguilles effilées. Une poupée de plus, une poupée de moins, tout ce qu’il y a de normal, forme anorexique, modèle des enfants, une poupée de papier qu’un rien chiffonne et rend perplexe, une poupée de porcelaine aux habits d’antan : des chaussures avec lacets, des robes avec volants, une poupée presque aussi grande qu’un enfant. Poupée rendu démoniaque par tant d’amour, humaine à en devenir, immobile quand vous la quittez, animée d’un souffle de poésie. Poupée de cire, qui fond entre vos doigts brulés, poupée de chiffon à la robe froissée. Qui a dit que la poupée ne se renouvelait pas ? Poupée barbie bien moins romantique, image de la femme libérée, le rêve en moins. Et puis, il y a encore cette poupée sur les scènes de crimes, un peu différente à chaque fois. Poupée de chair, poupée de chiffon, poupée de roses rouges, poupée de sang, poupée de papier, poupée de porcelaine, poupée de mots, poupée de cire…Il ne reste que ses doigts blancs comme la neige et ses yeux de turquoise pure, sa robe tachée de sang et son regard vide, son sourire aux traits cruel et ses cicatrices rouges. Une poupée Frankenstein qu’un enfant à peu à peu démantelé et écartelé sans s’en apercevoir. Lent supplice, lot de toutes les poupées, torture naïve contre ses êtres imaginaires. La poupée, notre double implacable… fabriquer et coudre des poupées avec leurs peaux différentes et leur sang qui coule lentement dans les veines de mes poupées. Poupée…»
Un jouet. Voilà ce que tu es. Un jouet qui se met enfin à nu, totalement, avant de lui lancer un livre, avec un rire un peu sombre. Il feuillettera le livre et tombera sur ton portrait alors que tu hoches la tête de gauche à droite. << Le sang me dégoute. >> Tu ne peux plus reculer devant cette vérité que tu énonces, comme un fait divers. Tu ressens encore le haut le coeur, la honte et la gêne. << Même ça, je ne suis plus capable de le faire. >> Tu devrais le tuer pour ce qu'il doit comprendre. Mais non, tu lui donnes les solutions dans les mains, tu lui offres toutes les clefs.