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Messages - Yukka

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: mercredi 19 novembre 2025, 21:38:32 »
Je ne dis pas que le gamin est un incapable, loin de là. Il m'a aidée plusieurs fois dans ces terres constamment hostiles, sans rien demander. Ça peut paraître louche, je ne lui ai pas accordé une confiance totale. C'est normal, ça ne fait que quelques heures que nous avons fait les présentations. Si je me suis proposée comme premier tour de garde, c'est pour surveiller les environs...Et le surveiller lui aussi. Même s'il a l'air plus faible que moi, ça pourrait très bien être une illusion, un bon coup de théâtre et lorsque j'aurais le dos tourné...PAF ! Coup de poignard entre les nibards ! Et si vraiment la fatigue me gagne, et bien, il faudra bien que je me repose, mais ça ne sera que d'un œil ou d'une oreille. D'être toujours aux aguets, ça ne va pas être réellement reposant mais j'en ai l'habitude.

Il a beau ne pas être aussi fort que moi, ça ne fait pas tout. Ce gamin a l'air de parcourir de nombreuses contrées, aux climats et aux paysages bien différents des uns des autres. La faune, la flore...Il semble la connaître sur le bout des doigts, et peut facilement l'esquiver lorsqu'elle devient dangereuse apparemment. Ce petit bout d'homme sait se débrouiller, et en réalité, il n'a pas vraiment besoin de moi pour survivre ici. Il suffit de voir comme il a monté un petit truc pour faire sécher sa...chemise. Visiblement, il n'a pas froid. Ahem...On va éviter de trop le fixer, et je me concentre sur le feu, agitant une branche pour l'attiser sans l'éteindre. Sa remarque me fait rire, juste un peu. Est-ce qu'il sous-entend quelque chose ? Boarf, j'ai pas à m'en faire.

Je lève un sourcil quand je l'entends fouiller dans son sac, jetant un œil vers lui. Il me tend alors un petit paquet que j'attrape gentiment, le remerciant premièrement par un hochement de tête.

- Merci. T'étais pas obligé.

Je le vois bien qu'il reluque mon corps. Bon, j'vais rien dire. C'est pas le premier à le faire, et ce ne sera pas le dernier. Au moins, ce qu'il dit me fait sourire. Même rire un peu. Mon esprit se perd un peu dans des souvenirs forts lointains.

- Comme quatre, j'sais pas, mais il fallait bien manger pour gagner en force et en muscles afin de battre mes frères. Et maintenant, j'entretiens la machine. On va dire ça comme ça.

Ça fait longtemps que je n'ai pas pensé à eux. Quelle ingrate. J'ai un peu honte, je dois l'avouer. Il faut dire que plus les années passent et plus leurs traits s'effacent de mon esprit. Parfois, ce sont leurs voix qui s'éteignent...Ne voulant pas afficher une mine déconfite et triste, je me concentre sur ce qu'il m'a donnée. Je me penche un peu, reniflant le paquet offert. Ça sent ni bon, ni mauvais, donc ça doit être au moins comestible. Je ne fais pas la fine bouche et croque un tout petit bout dans ce précieux mets de fortune. Il est bien gentil de me laisser taper dans ses réserves. Au moins, c'est pas du poison.

Je ne suis plus bavarde. Je ne vais pas parler la bouche pleine non plus ! Quoique...Je prends mon temps pour manger à petites bouchées. Je hausse les sourcils de surprise quand je l'observe sortir de son sac une sorte de matelas...Attends, son sac, c'est un trou sans fond ? Ha. S'il prend des missions sur Lenwë, ça ne m'étonnerait pas plus que ça qu'il ait obtenu des objets magiques en récompense...Mmh, la chose qui me titille un peu plus, et promis, j'reluque pas pour ça, mais...Il n'a absolument aucune cicatrice. J'veux dire...Même si ce n'est pas un combattant et qu'il a tendance à esquiver le danger, il crapahute dehors tout le temps. Il devrait avoir des cicatrices de coupures ou d'anciens coups, sur ses mains, son t...torse. Merde, quitte ça des yeux, Yukka !

Je gronde, mâchouillant la dernière bouchée de mon dîner, tandis qu'il s'installe sur son lit de fortune. Le nez froncé, reniflant longuement, j'me lance, vu qu'il a l'air de vouloir bavasser.

- J'ai une question. Tu l'as eu où, ton sac de l'infini, là ? On te l'a offert ? Tu l'as acheté ? Tu l'as volé ?

Oui, bon, ça ne fait pas qu'une seule question. Dans tous les cas, j'attends qu'il me réponde, et il a intérêt à être sincère, sinon, ça risque de ne pas être une très bonne nuit, j'le garantis.

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: mercredi 15 octobre 2025, 01:32:51 »
- Pffrr...

J'retiens un rire, qu'on pourrait même prendre pour un pet d'ailleurs, tellement je serre les lèvres. Je détourne le regard sinon j'vais éclater. C'est pas vraiment l'endroit pour se taper une barre et se faire repérer. Finalement, il me plaît de plus en plus, ce gamin. J'ai beau lui balancer des trucs à la con à la gueule, il répond plutôt bien. J'aime sa répartie, et surtout, le fait qu'il ne se laisse pas faire, alors que je pourrais lui paraître trop impressionnante et qu'il ne moufte pas. Mais ce n'est pas le cas. D'habitude, les gens font la tronche parce que je suis assez vulgaire et que voulez-vous, « c'est mal vu chez une dame ». Mais ça n'a pas l'air de le déranger, au contraire. Il ne s'offusque pas à mes blagues douteuses, pas du genre à bouder pour quelques broutilles, même quand je l'appelle « gamin ». Il a du répondant et c'est...rafraîchissant. Et en dehors de ça, il est plutôt...mignon.


Blague à part, l'endroit où nous avons atterri est des plus lugubres. Je ne saurai trop d'écrire l'ambiance, mais j'ai juste l'impression d'être tombée dans un profond trou de désespoir. Que toute la peine du monde se trouve ici et se manifeste en ses lianes et autres racines mouvantes. À moins que cela ne vienne des stèles qui sont ravagées, ici et là. Je ne sais pas réellement pourquoi mais j'ai la sensation d'être dans un endroit connu. La remarque que fait Grayle a le don de me faire retourner dans la réalité. Je hausse doucement les épaules, le regard perdu devant moi.

- Dans un certain sens, on est aussi en train de le faire...

Et je n'ai pas tort. On ne sait rien de cet endroit et on va devoir passer à travers pour s'approcher de notre destination finale. Grayle me désigne quelques maisons en pierre plus loin, et souhaite qu'on s'y établisse pour la nuit. Soit. Je n'ai rien contre. Je dégaine alors ma hache, en serrant un peu plus la garde. Il entame alors la marche, et je le suis, tout en restant aux aguets. Je ne sais pas si c'est un simple geste de galanterie, ou un truc chevalier, même s'il n'en a pas l'air du tout...Ça pourrait être seulement de l'ego de mâle mal placé...Mais j'apprécie, juste un petit peu. Une pensée me frappe l'esprit, me disant que d'un côté, s'il y a un souci, c'est lui qui prendra le premier. Un petit sourire étire mes lèvres en coin. C'est pas très gentil de ma part de penser ainsi.

Nous avançons par petits pas. L'air y est de plus en plus lourd, chargé de cette odeur putride qu'on voudrait oublier dès qu'on la sent. Ça pèserait presque sur mes poumons, mais ce genre d'ambiance, j'en ai l'habitude. Les champs de bataille, les morts...Eurk. Je retiens un haut-le-cœur, des souvenirs douloureux se ravivant dans mon esprit. Lorsque je remarque que les racines se faufilent vers nous, je gronde, un son roulant dans le fond de ma gorge. Doucement, je décide de passer devant Grayle, ne lui accordant qu'un hochement de tête. Je lui emboîte le pas. Mes pas se font plus lourds, appuyant davantage sur mes sabots pour paraître plus imposante. J'espère que mon aura est impressionnante, car c'est ce que je veux : les effrayer. Je veux qu'elles se disent qu'elles n'ont pas intérêt à me faire chier...Et ça marche ! Mon aura meurtrière et menaçante les fait reculer. Ouf...

La remarque de Grayle sur ma magie me fit sourire, presque amusée.

- Je ne contrôle que la glace, magiquement parlant. Alors non, pas de magie du feu. La glace, ça peut brûler, d'une certaine manière, mais ce n'est pas du feu. Par contre, je sais en faire avec les bonnes vieilles méthodes.

Plus proche des ruines, je me rends compte que ce sont plus que des décombres : chaque pierre semble avoir gardé la mémoire d'un passé violent. Mais qui suis-je pour juger cela ? Personne. Des pans de murs brisés dressent encore leurs silhouettes décharnés, comme les ossements d'un colosse tombé depuis des siècles. Le sol semble trempé ici et là, là où la toiture fait défaut.

Mon regard balaie l'endroit ici et là, me mettant à ramasser différentes choses qui pourront me servir à faire un feu. Oublions le bois humide et j'me concentre que sur du petit bois qui était à l'abri. Dans un coin qui me semble adéquat, je fais un petit tas avec les plus petites brindilles au dessous. J'ouvre mon sac à dos et j'en sors une tige métallique et un silex. Avec aisance -oui, je peux me la péter un peu-, j'allume un feu, soufflant délicatement sur les premières braises et paf, ça prend ! Je baille doucement, mais je fixe Grayle, sérieuse.

- Si t'as peur, j'peux prendre le premier tour de garde. Comme ça, on se surveille les miches chacun son tour.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: mardi 14 octobre 2025, 23:06:23 »
Quelle idiote, je fais ! Pourquoi ai-je regardé dans cette direction ? Est-ce qu'il a remarqué ? J'espère que non, putain. C'est pas comme si je n'en avais jamais vu de ma vie, non plus ! Bordel...Qu'il se grouille, histoire que je mette le feu qui me prend les joues et les oreilles sur le compte de l'eau chaude. Je me redresse, quittant mon lit pour aller fouiller dans la malle et en sortir une serviette pour ma pomme, et ainsi que des vêtements propres. Je n'ai qu'une hâte, c'est de me débarrasser de toute cette crasse , que ce soit de la poussière, de la boue, du sang séché et de la sueur qui me colle depuis belles lurettes. Ma peau doit être noire à certains endroits, et je ne parle même pas de l'état de mes blessures. Ça m'blase.

Enfin, je l'entends sortir de la salle de bain. Il a bien meilleure mine. Même le fait d'avoir sa chevelure luisante d'eau, ainsi que sa barbe, ça le rend mign...PUTAIN, YUKKA ! Je secoue vivement la tête, prenant mon barda sous le bras, et filant à vive allure vers la pièce au petit brouillard chaud.

- C'est pas trop tôt !

Une fois la porte fermée, j'enclenche le verrou derrière moi. Simple sécurité. J'dis pas que Zorro est dangereux mais...C'est peut-être moi le prédateur. Putain.  Je dépose mes affaires près du lavabo. Je prends le temps pour me défaire de mon armure et de mes habits sales. Je suis encore plus délicate que je ne l'ai jamais été lorsque je retire les vieilles bandelettes cracras de mes blessures. J'observe ce qu'il en est dans le miroir légèrement embué. C'est pas très joli. J'vais avoir de nouvelles cicatrices. J'devrai aller voir Miuggrayd, il pourra faire quelque chose.

Je prends place sous l'eau légèrement chaude et voilà déjà que je serre les dents. J'inspire longuement. Ce n'est que de l'eau pour l'instant et ça tire déjà pas mal. Je lui en dois une, il s'est bien occupé de moi pendant tout ce temps, jusqu'à ce que je me réveille. J'ai bien vu aussi qu'il faisait attention lorsqu'on a grimpé jusqu'à Lenwë, prêt à bondir si je fléchissais le genou. Mmh...J'attrape un savon et je commence à me frotter le corps, ainsi qu'une éponge naturelle, voyant l'eau devenir trouble, en fin filets. Ma peau commence doucement à retrouver sa couleur initiale, et sincèrement, ça fait un bien fou. J'en fais de même pour ma chevelure, même s'il est vrai qu'un mouvement trop appuyé de l'épaule m'arrache quelques plaintes. J'vais douiller encore un peu...

Alors que je pensais prendre un peu de temps pour profiter de cette eau, j'entends des trucs qui tombent dans ma chambre. Que dis-je...J'entends un bordel sans nom ! C'est pas possible ?! J'peux pas être tranquille deux minutes, putain !

- Mets tes mains à ton cul ! Tu vas péter toutes mes affaires !

Vraiment...Je grogne, parce que j'entends toujours Zorro qui geint. Si ça se trouve, il s'est blessé ce con...J'vous jure. Ni une, ni deux, je sors de sous le jet d'eau, utilise ma serviette pour me sécher au maximum mais en vitesse, et enfile la tenue que je m'étais préparée. J'ai un mal de chien à la mettre, vu comment ça me colle à la peau. Pas le temps de bander mes blessures. J'vais plus avoir de chambre si je traîne encore plus ! Finalement, j'ouvre la porte avec la rage et la peine au ventre, puis je me fige en voyant le spectacle devant mes yeux.

Miuggrayd est là, en train d'user de ses pouvoirs pour tenir à distance Zorro qui, visiblement, n'a pas été assez rapide pour riposter comme il se doit. Il ne devait pas s'y attendre. Après tout, on est dans ma chambre, un endroit où on est censé se sentir en sécurité. Je me masse une tempe, baissant le visage un instant, grommelant face à cette situation absurde. C'est agaçant !

- Lâche-le. Ça s'rait con d'tuer l'gars qui m'a...sauvée.

Argh. Même si c'est vrai, qu'est-ce que ça m'arrache la gueule ! Je soupire longuement, faisant signe à Miuggrayd de vraiment le laisser tranquille.

- Désolée, Zorro.

- Je ne pouvais pas savoir ! Je vois un total inconnu, un homme de surcroît, dans ta chambre et sans te voir !

Je suis remontée. Je fais mes gros yeux à Miuggrayd pour qu'il s'excuse, même si je peux le comprendre. Mais ça suffit avec son comportement de papa hyperprotecteur là ! J'suis plus la gamine d'il y a des siècles, bordel ! Je croise les bras sous ma poitrine, attendant qu'il le fasse, en tapotant de mon sabot gauche sur le parquet. Je vois bien que ça le fait chier, mais Zorro n'a rien fait ! Il ose soupirer en plus. Enfin, il finit par s'incliner, la mine désolée.

- Mes plus plates excuses. J'ai cru que vous veniez pour faire du mal à Yukka.

J'ai l'impression que quelque chose lui vient à l'esprit, car il me fixe gravement.

- Mais tu es blessée !

Ah ? Mon regard se tourne vers mon épaule droite, que je vois saigner un peu. Pas besoin de me retourner pour savoir que c'est la même chose pour la blessure de ma queue. Je me masse de nouveau une tempe.

- La faute à qui ? J'ai pas eu le temps de m'bander avec tout le foutoir que t'as foutu, putain !

J'le crois pas ! Encore un peu et il m'engueulait, hein !

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: mercredi 10 septembre 2025, 22:34:23 »
- Ferme t...

Je m'arrête là, levant les yeux au ciel mais n'empêchant nullement un grognement rouler dans ma gorge, lorsque je l'entends m'appeler Maman. Va t'faire foutre. J'ai bien compris que c'était mon « gamin » qui te faisait tiquer, mais arrête ou sinon, je t'étripe. Je me garde bien de le lui dire en face. Après tout, je l'ai bien cherché, et l'admettre me fait tout autant chier, mais ça aussi, j'le dirai pas ! Il y a au moins un truc de rassurant, même si je ne peux pas lui faire confiance à cent pour cent, il dit qu'il ne me trahira pas. Chouette, mais je l'aurai à l’œil quand même.

Je ne dis rien d'autre. J'écoute, j'observe et je constate que l'environnement change, et quand ça devient rouge, en général, ça n'annonce rien de bon. Mais c'est lui le spécialiste. Il m'a clairement montré qu'il connaissait l'endroit, que ce soit sa faune que sa flore, notamment ses dangers, alors même si je reste sur mes gardes, je préfère le suivre lui. Il m'a sortie d'un sacré pétrin, juste avant, et puis, je sais qu'il doit trouver la plante pour Hecilia...D'ailleurs, faut pas que je l'oublie, elle. Cette professeur entendra parler de moi à mon retour à Lenwë.

- J'ai bien une liste mais que deux plantes à trouver dans le coin et pour le coup de main...Ça dépend de si tu dois passer par un intermédiaire pour rendre ta plante, ou si tu dois te rendre à l'Académie et remettre la plante en mains propres à Hecilia.

Je ne lui prendrai pas la fleur de Vérité éphémère des mains, mais je pourrais l'accompagner jusqu'à ce qu'il puisse toucher ce que cette mégère lui doit. Et j'pourrais également en parler à Miuggrayd. Pour l'instant, c'est la Centella Brumatica qui m'intéresse, c'est pour ça que je suis là. Je montrerai les dessins de la plante au gamin plus tard, une fois dans un endroit calme pour se poser.

Nous continuons notre marche et rien autour ne donne envie de rester dans le coin. Grognements, sifflements, ciel qui change de couleur...Et cette putain d'humidité ambiante. Ça colle, bordel de merde ! On sent que tout autour de nous veut notre mort, et heureusement que y'a pas des moustiques géants, mais je comprends mieux que cet ordre de chevaliers ait fini par partir. C'est invivable. Autant se tirer une balle ou se pendre, plutôt que d'être obligé de vivre dans cet enfer. On s'arrête un instant et Grayle me prête sa gourde pour que je ne finisse pas toute desséchée. Même si j'ai la mienne encore, je ne vais pas refuser un si bon geste, et puis, comme ça, il m'en restera pas mal s'il me pose une colle. Une, puis deux gorgées, et ça suffit. Je sens même une petite goutte filer sur mon menton, continuer dans mon cou et disparaître vers mon poitrail. Je ne l'enlève pas, c'est juste de l'eau. Ça fait du bien. Je la lui rends en le remerciant d'un hochement de tête. Puis on reprend notre route...

...Jusqu'à un nouvel obstacle. Objectivement, ce n'en est pas vraiment un pour moi mais visiblement pour lui. Grayle s'énerve et, étrangement, ça me fait rire un peu. Je cache le tout dans un petit sourire et observe ce qu'il y a devant nous. Cette roche est étrange et j'ai franchement pas envie de toucher sans savoir ce que c'est. Miuggrayd m'a toujours répétée de ne pas foncer tête baissée, et même si c'est encore souvent ma marque de fabrique, on va éviter pour ce coup-ci. Dans le reflet de la roche, qui ressemblait à un miroir, le ciel prenait une teinte violette. Mon reflet en était déformé, celui de Grayle également, et clairement, ce n'était pas agréable. Un bref instant, pour ne pas dire une micro-seconde, j'ai cru voir le reflet de mon père. Des siècles sont passés et pourtant, ma blessure semble être toujours aussi vive.

Je masque mon amertume avec un sourire en coin, fixant mon compagnon de route.

- T'aider ? J'avoue que la tentation de t'abandonner est grande mais, ne t'en fais pas, j'le ferai pas. J'ai pas envie de perdre du temps à chercher un autre guide dans c'te fange.

Je hausse les épaules, comme si je m'en fichais, mais j'ai juste envie de l'embêter. Une vengeance pour le « maman » de tout à l'heure. Je m'approche du mur lisse, posant la paume dessus. Aussitôt, une sorte de force invisible repousse ma main, une fine onde faisant vibrer l'air. Je grogne.

- C'te merde...On peut même pas poser un pied d'ssus...

Je jette un regard vers Grayle, puis vers le haut du muret, et de nouveau sur lui.

- J'imagine que si j'te balance direct par dessus, tu vas te péter les chevilles à l'arrivée...Alors j'vais devoir y aller mollo...

Je m'accroupis légèrement, prenant bien appui sur mes sabots. Je joins alors mes deux mains, faisant signe au gamin de se servir de moi.

- Allez, pose ton panard ici et grimpe. Jt'aide à monter et moi, j'vais me débrouiller.

J'ai bien compris que si j'dois prendre appui sur le mur et escalader, j'vais juste me faire rejeter par ce fichu mur à la noix, et prendre un chemin pour contourner l'obstacle, ça pourrait nous faire perdre du temps, en plus de nous emmener vers d'autres emmerdes, même si je ne sais pas ce qui nous attend derrière. Grayle pose son pied droit sur mes mains, puis se tient sur mes épaules pour ne pas perdre l'équilibre. À partir de là, je compte.

- Une...Deux...Trois !

D'un coup puissant, je me redresse et je le pousse au plus haut que je peux, afin qu'il atteigne le sommet du mur et puisse y grimper avec aise. Il ne lui fallut pas longtemps pour finalement passer de l'autre côté. Sauf que moi, j'peux pas faire pareil. Bon, aux grands maux les grands remèdes, et comme j'ai pas envie de prendre des plombes pour juste passer par dessus cet obstacle, j'vais utiliser un peu de magie. Doucement, je me concentre et avec le bas du manche de ma hache, je tape le sol, me fabriquant un escalier de glace, sauf que j'ai intérêt à me grouiller. Ça ne tiendra pas longtemps. Remettant ma hache dans le dos, je grimpe les quelques marches que j'ai pu figer, les entendant craquer sous mon poids et la chaleur qui commence déjà à fondre avec la chaleur ambiante. Ni une, ni deux, je pousse sur mes sabots sur la dernière marche et me projette par dessus, finissant par retrouver le sol de l'autre côté. Réception parfaite. Mes entraînements n'ont pas servi à rien...

- Eurk, ça fouette ici...T'as pété ?

Ça sent le cadavre et le sang...Le spectacle derrière le mur n'avait rien à envier à celui-ci : une clairière, si vaste, entourée d'arbres morts et de statues effondrées, s'étend devant nos yeux. Des stèles jonchent le sol en partie retourné, comme si tout était frais. Des racines vivantes les enlacent comme s'il s'agissait d'objets à garder précieusement. Un soupir bruyant s'échappe de mes lèvres. Cela promet pour la suite.

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: mardi 12 août 2025, 21:49:54 »
J'ai beau le secouer, Grayle ne bouge pas. Mes menaces ? On dirait qu'il n'en a rien à faire. Pas que je lui fasse peur mais comme s'il ne craignait rien...Bien au contraire, les traits de son beau visage n'indiquent aucunement qu'il est effrayé...J'viens de dire que ce gamin était beau ? Mphm ! N'importe quoi ! Je souffle du nez, exaspérée par cette simple et ridicule pensée. Ça m'énerve, aussi bien ça que le fait que je ne l'impressionne pas le moins du monde. Cela peut arriver quand je joue les séductrices parce que, par principe, je ne cherche pas à faire peur, mais ça doit bien être la première fois que quelqu'un se retrouve las, presque sans émotion, face à mes menaces. Aurais-je perdu de ma superbe ? Putain, ça m'saoule. Je brusque un peu le gamin, sa tête cognant contre l'écorce de l'arbre. J'insiste. Je veux une réponse et je l'ai finalement en peu de temps.

- Hecilia ?

J'ai bien entendu ? Ce n'est pas un prénom commun, certes, mais il doit y avoir d'autres femmes le portant sur tout Terra, tout de même. Non, attends Yukka, c'est peut-être vraiment quelqu'un d'autre. J'agrippe toujours ce jeune homme, attendant clairement qu'il me donne plus d'informations. Je le fixe intensément de mon regard inhumain, prête à lire la moindre trace de mensonge sur son visage. Mais je n'entends rien de tout ça. Mes yeux, surplombés de mes sourcils arqués, indiquent ma surprise, tandis que ma bouche se tord d'un réel agacement. Je fais en sorte que Grayle retrouve le sol, le déposant délicatement, avant de relâcher complètement ma prise sur sa chemise bien froissée désormais.

- Putain, Hecilia ! MAIS QUELLE CONNASSE !

Ma voix porte. Avec rage, je frappe de mon poing gauche dans l'arbre, l'écorce s'enfonçant et épousant à merveille la forme de mes doigts. Hecilia the Vixen est, en effet, comme l'a décrit le gamin : une belle femme brune, d'un teint pâle. Une nécromante, en plus d'être professeure et chercheuse au sein de Lenwë. Elle est respectée de ses élèves et de ses pairs, tout en étant crainte d'une certaine façon. Il faut dire que la nécromancie, ça fait rêver que les esprits...dérangés. C'est une femme forte, de caractère bien évidemment, qui n'hésite pas à franchir certaines limites au nom de la science. C'est bien souvent Miuggrayd qui lui rappelle les règles et qui la sanctionne lorsqu'elle les enfreint trop souvent ou que cela amène à de plus graves répercussions sur l'Académie en général.

Elle fait également partie des professeurs qui aiment à ce que je fasse leurs « courses ». Je ne rentre jamais bredouille de mes sorties, même si j'y vais que pour mon compte, et ce même aussi, s'il m'arrive d'avoir des couilles en chemin. J'ai toujours rempli les missions qu'on me donnait. On me fait confiance à l'Académie, en particulier lorsqu'il s'agit de ramener des plantes...et des personnes. Et juste parce que je n'pars pas directement pour sa foutue plante, j'me fais remplacer ?

- Cette salope a pas su attendre, bordel ! Elle entendra parler d'moi quand j'rentrerai !

Je retire mon poing du tronc, qui a clairement pris plus de dégâts que ma main, dont je secoue les doigts pour faire craquer mes articulations. Je soupire longuement, laissant tomber mes bras, agacée à un point. Cette expédition devient de plus en plus ridicule. Manquerait plus que j'trouve la fleur de Vérité et le Souffle de vie dans l'cul d'un monstre !

Je me redresse un peu, faisant rouler mes épaules pour délacer mon dos, avant de m'approcher de Grayle, afin de lui remettre correctement sa chemise. Oui, j'suis encore grognon. Oui, j'serre les dents.

- Désolée, gamin. J'devais être sûre qu'tu cherchais pas à m'doubler...Enfin, plutôt à t'garder la plante avec de mauvaises intentions derrière...

En passant les mains sur le tissu pour le rhabiller, je sens que ce petit a matière sous ses vêtements. Tiens, il est plus musclé que je ne le pensais, ce jeune Grayle.

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: samedi 26 juillet 2025, 21:58:03 »
Lenwë est une grande académie de magie nichée haut dans les montagnes blanches de Terra. Ce domaine « un peu » à part n'est pas facile d'accès et heureusement, sinon on se prendrait tous les chiants qui chouinent comme élèves et ce n'est clairement pas ce que les professeurs souhaitent. S'ils arrivent à atteindre l'Académie, cela prouve qu'ils en ont dans le ventre. Les professeurs, mmh...Que dire ? Il y en a une petite flopée, certains plus agréables que d'autres, mais personne n'était dans mes bonnes grâces plus qu'un autre. Sauf Miuggrayd, bien entendu. Quelques uns sont plus plongés dans leurs propres études que dans le véritable but d'enseigner. Aussi, il n'est pas rare qu'ils fassent part de petites listes de courses à faire, et c'est souvent moi qui m'y colle. Non pas que ça me dérange en fait, ça me fait bouger et j'aime ça. Cela me permet de récolter des plantes et de les étudier aussi. J'en profite pour me défouler aussi, parfois...Souvent, quand on vient m'faire chier en fait.

Cette fois-ci, sur la liste du professeur Simón Estanyol et de Miuggrayd, j'ai choisi la Centella Brumatica parce qu'elle me semblait être la plus importante. Elle est censée guérir bien des maux, alors la fleur de Vérité éphémère, elle va faire quoi ? Faire cracher sans torture toutes les vérités ? En fait, je sais pas, et je m'en fous, j'ai pas lu le résumé dans ce qui était demandé ou je ne m'en souviens plus. C'est clairement pas ce qui importe en ce moment-même. Comment ça se fait qu'un gars, rencontré par hasard au fin fond du trou du cul du monde, cherche une des plantes que je dois chercher par la suite ? C'est putain d'suspect. J'insiste.

- Qui ?

Je le garde toujours au dessus du sol. Il doit craquer, mais j'ai pas l'impression qu'il va pas cracher le morceau aussi facilement. Néanmoins, il cherche à se débattre, posant ses pieds sur mes cuisses. Tu penses t'enfuir ou te défaire de moi ? Hm. Un sourire en coin, en plus de ma colère, se dessine sur mon visage. J'utilise ma queue pour balayer assez rapidement les pieds de Grayle. L'agrippant toujours, je rapproche son visage du mien, ma gorge grondant les prochains mots.

- Ça l'est. J'dois savoir si t'es un ami ou un ennemi...Et ça, même si tu m'as sauvée la vie y'a peu. T'vois, ta fleur, elle est aussi sur ma liste. Alors ? T'vas m'dire qui t'envoie, ou jt'envoie valser plus loin et qu'la plante ou créature je sais pas quoi te croque le cul.

Et si c'était vraiment un ennemi ? Aucune pitié n'est permise. Même si elle arrive seconde dans ma quête, la fleur de Vérité éphémère reste importante, et ça m'ferait chier d'être devancée pour ce genre de choses. Pire encore ! Qu'elle tombe entre des mains malveillantes. Je secoue un peu le jeune homme, le visage dur.

- J'attends, Grayle. Mais ma patience a des limites.

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: mercredi 23 juillet 2025, 19:35:59 »
Pas b'soin de te cacher, t'sais. Je l'ai remarqué, ton visage qui prenait des teintes cramoisies. Ce jeune homme...Est-ce parce que je l'ai appelé « gamin » ? Ou bien est-ce parce que je l'ai touché ? 'Fin, ce n'est pas comme si notre premier contact avait été une sérieuse poignée de main qui m'a fait sortir de la gadoue. Je le reconnais un peu ce regard, et même s'il est d'un bleu intense, je crois que je lui plais, ou tout du moins, ma plastique l'impressionne. C'est vrai qu'on ne voit pas des Nunaats tous les jours. J'aurai pu le prendre mal si cela avait été un homme dans une ruelle de Nexus, avec le regard vraiment pervers, mais ce n'était pas le cas. Il m'avait aidée après tout, mais je devais me montrer méfiante. Le coup des yeux, on me l'avait déjà fait pour s'approcher de moi et me la faire à l'envers.

Il me fallait des informations, aussi bien sur la topographie des lieux, le faune et la flore générales, ainsi que, plus précisément, sur le « Souffle de vie ». Et rien de ce qui suivit ne me donnait envie de continuer. J'vais sûrement y laisser un bras ou une jambe, si ce n'est plus. Tout dans cette région voulait la mort d'un vivant, que ce soit une plante, un animal, une créature ou plus que ça. J'ai bien peur que rien que de respirer nous mettait en danger. Alors autant ne pas rester sur place et commencer à avancer, qu'importe la direction, sans aller dans la bouche géante d'une créature...

Si je faisais de plus grandes enjambées que lui, ce gamin faisait tout pour me rattraper, bien plus habile et léger dans ses mouvements. Là où j'avais la force, lui avait la légèreté. Et comme il connaissait plus l'endroit, je lui obéissais bien docilement, même si parfois, je levais les yeux au ciel, agacée. Même quand il me disait de me taire, je ne bougeais plus d'un poil, ni ne respirait profondément. Jusqu'à ce que s'étende devant nous une clairière. Elle semblait paisible, mais étrangement, l'ambiance était de plomb. Y'a bien un truc qui cloche, et l'inconnu vient m'expliquer le pourquoi du comment, en plus de me donner des informations sur le pourquoi de sa présence, en plus de son prénom. Et en plus, il m'appelle Maman ? Ok, bien joué, bonne répartie.

- Grayle...Gamin...Ok, ça commence pareil, alors j'vais retenir facilement. Moi, c'est Yukka, et j'cherc...

Que...Quoi ? C'est pas possible...Il me fait une blague.

- Attends, quoi ? La fleur de Vérité éphémère ? T'es sérieux ?

Mes yeux doivent paraître encore plus gros, sous ma surprise. J'ai bien entendu, j'ai pas rêvé ? Comment se fait-il qu'il soit à la recherche de cette plante alors qu'elle était sur ma liste donnée par Lenwë ? Un grondement sort alors du plus profond de ma gorge, m'approchant de ce Grayle. Mes mains empoignent ses habits au niveau de sa poitrine et je le lève du sol, jusqu'à avoir son visage en face du mien, vraiment pas contente, les traits tirés de colère et d'incompréhension.

- Qui t'envoie chercher cette plante ?

À Lenwë, en plus de Miuggrayd, certains n'hésitent pas à faire des listes de plantes ou même d'objets pour m'y envoyer les chercher. J'avais décidé de me focaliser sur la Centella Brumatica car j'étais certaine qu'elle me prendrait bien du temps à aller chercher, et ses capacités faisaient qu'elle me semblait plus importante à étudier et à ramener à l'Académie...Est-ce que quelqu'un d'autre serait sur le coup pour la fleur de Vérité éphémère ? Qui aurait pu devancer Lenwë ?

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: vendredi 18 juillet 2025, 23:30:34 »
Si les années et ce monde m'ont bien appris quelque chose, c'est que la gentillesse, c'est rarement gratuit. Tout du moins, envers ma personne. J'ai la gueule et le physique d'une terranide, alors j'avais déjà eu mon lot d'emmerdes avec des esclavagistes qui voulaient m'vendre à des putains d'nobles, comme bête de foire ou comme sac à foutre. C'est pas pour rien qu'on nous apprenait à manier les armes dès le plus jeune âge, chez les Nunaats. Que je suivais mes frères, les observais et me battais avec, juste pour savoir me défendre plus tard. Mais ça, c'était avant...Quand Miuggrayd m'a recueillie au sein de Lenwë, je me suis dit que la force brute n'allait pas me suffire pour venger les miens, alors je lui ai demandé de l'aide pour me lancer dans la magie et me perfectionner vers l'élément de glace. Il est devenu ma famille et le seul en qui j'ai totalement confiance. Même les autres professeurs et étudiants, de passage ou non, je m'en méfie. Je vois bien dans leur regard que je suis une curiosité, dans tous les sens du terme. M'étudier, me parler, découvrir mes secrets, ou même mon corps...Je ne suis pas dupe.

Il y a toujours un retour dans un acte de bonté quand ça me concerne. Ce n'est pas pour rien que j'ai posé la question à ce petit...Mais visiblement, il n'attendait rien, juste que je ne le découpe pas en rondelles. Arquant un sourcil, je le vois un peu reculé lorsque je me tiens enfin correctement debout. J'en impose, hein ? Sa réaction fait un peu gonfler mon ego, en voyant que je l'impressionne. Un sourire naît sur le coin de mes lèvres, m'approchant de lui pour fourrer ma main dans sa chevelure et la foutre en bordel, dans une caresse digne d'un chien, un peu amusée de la situation.

- Je tue pas c'qui m'a sauvée et c'qui peut encore servir.

J'suis peut-être un peu trop dure là, non ? La remarque sur son possible âge semble le faire tiquer aussi. Je m'en carre un peu mais, de le voir fouiller son visage à la recherche de poils, ça me fait un peu sourire.

- T'es pas bien grand et...Un peu qu'on dirait un jeunot ! Bien plus jeune que moi, ça, c'est sûr.

J'en connais des personnes qui ne font pas leur âge. Je ne fais pas mes presque trois siècles, et ne parlons pas de Miuggrayd...Bien sûr, y'a des personnes, à l'aspect humanoïde, qui sont pourtant bien plus vieux qu'ils en ont l'air. M'enfin. Qu'il soit un gamin, une vieille croûte, je m'en fous. Ça ne fera pas avancer le schmilblik, et encore moins ma recherche de plantes.

Je hausse un peu les épaules, pour signifier que ça m'importe peu, et alors que j'étais prête à reprendre ma route en délaissant le gamin sur le bord du chemin, un frémissement fit vibrer mes sabots. Ça n'annonce rien de bon. Les galères vont se suivre, c'est ça ? Pas le temps de dire « ouf » que la terre se met à trembler. Je ressens les vibrations du sol du plat de mes sabots jusqu'à la pointe de mes cornes. Le jeune homme se mit à hurler de le suivre, et je décide de lui faire confiance. Il a l'air de mieux connaître l'endroit que moi et il faut dire que je n'ai pas d'autre choix actuellement. Je trace ma route à toutes jambes, filant derrière cet inconnu. Mes enjambées sont peut-être plus grandes que les siennes, mais plus lourdes aussi, alors je ne le dépasse pas. Je cours, je me raccroche à la vie...

Enfin, on se met à l'abri. Si lui prend place assis contre un arbre, moi je reste debout. Immobile, légèrement penchée vers l'avant, les bras peu écartés pour rétablir un certain équilibre sur le sol encore tremblant. À moins que ce ne soit mes pauvres jambes, fatiguées d'avoir eu à se débattre pour sortir du précédent bourbier et de courir comme une dératée...Mes yeux fixent l'eau en contrebas, maintenant devenue rougeâtre du sang des bêtes mortes dans le torrent. J'inspire longuement pour reprendre mon souffle, mon regard se faisant plus dur face à ce spectacle.

- Fait chier, putain...

La mâchoire serrée, je me rends compte de ce que sera la suite de cette excursion. Si déjà, à la base, ça semblait compliqué de par ce terrain merdique que je ne connais pas, là, ça ne va pas être une partie de plaisir. Et je ne sais pas pourquoi, mais je sens que le gamin va m'coller...Je lui jette enfin un regard, tout en restant aux aguets. Si les secousses et le raz-de-marée ont balayé des pauvres animaux sur son passage, c'est presque sûr que des créatures allaient profiter de cette prolifération de carcasses sans avoir à chasser.

- Tu vas bien, gamin ?

Il est vrai que je le toise mais sans hostilité, juste avec une curiosité froide, presque analytique. Je jauge, je juge. Il ne m'a pas l'air dangereux, mais on sait jamais.

- T'as l'air de connaître les environs. C'est fréquent dans l'coin, ce genre de trucs ? Ou alors, c'est peut-être mon karma qui m'en fourre plein la gueule...

Un long soupir accompagne ma dernière remarque. C'est vrai qu'on pourrait croire que je porte la poisse, avec toutes les folles mésaventures qui m'arrivent. Putain d'chat noir.

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: mardi 13 mai 2025, 19:51:08 »
Quelle connasse que je fais, putain ! J'aurais mieux fait de rester à Lenwë moi, sérieux...Tout ce chemin parcouru pour finir embourbée jusqu'à la taille et pas savoir se sortir de là. Elle est grande hein, la dernière des Nunaat...Elle est forte, la grande guerrière à la hache...Elle est puissante, la mage de glace. Je fulmine. J'enrage tellement. Je suis si en colère contre moi-même. J'ai juste l'air d'une abrutie coincée dans ce fichu trou plein d'berdoule ! J'aurais dû faire plus attention, surtout dans un coin que je ne connais pas, plus en particulier dans un type d'environnement que j'ai pas l'habitude d'arpenter. Je soupire, les dents grinçantes à force de serrer la mâchoire. Mes mains s'agrippent avec force sur ce petit bout de bois ridicule, en priant trèèèès fortement pour qu'il ne cède pas, car il est mon seul salut à l'heure actuelle. Si je tire davantage, il y a de fortes chances que le bois cède et que j'me retrouve à faire un léger vol plané en arrière et que je m'enfonce encore plus, jusqu'à ce que mort s'en suive...Pitié, j'ai pas signé pour ça et surtout, c'est pas encore mon heure ! Si je lâche, la même merde m'arrivera. Si je reste trop longtemps, j'vais me fatiguer, tomber de sommeil, avoir la dalle ou, si j'ai une chance proche du négatif, avoir la petite visite d'une bestiole plus ou moins grande qui voudra me choper le bout de gras...En clair, ça craint.

Réfléchis...Réfl...Hein ? Un bruissement me détourne de ma quête. Puis un soupir accompagne le tout, ainsi qu'un haussement de sourcils. Visiblement, je n'étais pas seule...Mon regard se pose sur cet homme, sorti de nulle part. Je n'aurais jamais pensé rencontrer quelqu'un ici, au fin fond d'un marécage, dans une végétation aussi dense. Et que dire de son accoutrement ? Il voulait clairement ne pas être vu. Soit il se la joue discret pour ne pas se faire attraper par la faune locale, soit il ne se veut pas se faire voir pour une toute autre raison...Et ça, c'est suspect. Je fronce les sourcils, pas très à l'aise. Même s'il a l'air un peu gringalet, je reste dans une situation où je n'ai clairement pas l'avantage, même si j'peux toujours lui mettre une petite misère à coups de magie de glace, mais cela voudrait également dire me foutre dans de beaux draps.

Je ne lui réponds que d'un grognement, hostile, même s'il cherche visiblement à m'aider. Pourquoi ? T'es une belle âme, c'est ça ? À moins que tu fasses semblant pour me la foutre à l'envers une fois que je serais sortie de ce merdier ? Je ne vais pas te faire passer un interrogatoire là maintenant, j'ai besoin de lui finalement, même si ça m'arrache la gueule de le reconnaître.

Je le vois sortir une corde, m'en balançant un bout avant d'aller en accrocher l'autre autour d'un tronc bien épais. Bon, concentrons-nous. Je relâche la poigne que j'ai sur la branche de ma main droite afin d'attraper cette fameuse corde...gigantesque d'ailleurs. Il l'a sortie d'où ? Son cul ? Je me saisis de la corde, l'enroulant autour de mon poignet droit, mon avant-bras, jusqu'à mon coude...Mais putain, il commence à me casser les couilles que j'ai pas, cet enculé !

- Mais...TA GUEULE, PUTAIN ! Tu m'prends pour une abrutie?

Je sais quoi faire. Qu'il tire de ce côté et basta. Surtout qu'il a quand même des muscles, là ! J'me penche en arrière, remuant un peu les sabots pour me défaire de cette prison de boue. Enfin, j'arrive à sortir une jambe, dans un « pop » ou un « slurp »...Une succion presque dégueu. De l'autre main, je retire ma hache pour m'appuyer dessus et....Je suis déjà énervée, mais là, il me gonfle vraiment.

- Ferme-la !Tu causes beaucoup trop !

Et puis quoi ? Jeter mes affaires ? J'te connais pas, bonhomme. J'vais pas te laisser le loisir de me voler, sous prétexte que t'es en train de m'aider ! On sait jamais, il pourrait partir avec tout mon bordel et finalement, me laisser en plan...Pour que j'devienne un plant, enfin, plutôt mon cadavre. Mais...AH ! Argh, c'est quoi ce regard ? Il va me filer la gerbe en plus, ce con ! Enfin, je sors de ce calvaire, me laissant tomber lourdement à genoux, presque face à cet homme, grognant un :

- Merci.

Je ne suis pas facile mais j'suis pas une connasse. Toujours à l'aide de ma hache, je me redresse, couverte de boue, mais on n'est pas au bal. J'en profite pour me défaire de cette corde, observant les marques qu'elle m'a laissée sur le bras droit. Je dois avouer que j'ai les jambes tremblantes, et la corde s'est bien imprimée dans ma chair, mais ce ne sont que des petites blessures qui partiront très vite. Rien d'insurmontable. Je suis fatiguée, mais j'dois rester aux aguets. Il pourrait profiter de cet instant pour tenter quelque chose. Je me redresse sur mes sabots, rien qu'un peu, histoire de paraître plus imposante. Le message ? Viens pas me faire chier.

- T'veux un truc en échange, c'est ça, gamin ?

Sait-on jamais. Peut-être qu'il attend quelque chose, et si c'est un oui, peut-être que j'pourrais me débarrasser de lui et reprendre ma route et mes recherches.

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Les terres sauvages / Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)
« le: mardi 04 mars 2025, 01:21:57 »
- Tu n'es pas obligée d'y aller toi-même, tu le sais ?

- Oui, mais je préfère aller la récupérer moi-même. Je pense être la plus apte à ramener quelques échantillons sains et complets. Je pourrai rajouter des observations lors de la cueillette également.

Miuggrayd acquiesce, même s'il affiche une mine inquiète. D'après ce qu'il m'a dit avoir trouvé dans des vieux grimoires de la grande bibliothèque, je vais devoir voyager pendant une bonne grosse semaine avant d'atteindre ma destination, et une fois sur place, cela ne sera pas de tout repos. La Centella Brumatica, également appelée le « Souffle de vie », est une plante que l'on trouve dans un environnement de type inhospitalier. Rares sont les plantes qui fleurissent dans des marécages, et celle-ci est encore plus difficile à trouver. La plante semble être utilisée pour guérir des maux dits incurables, mais les informations sont bien trop minimes pour les valider et pour savoir s'il s'agissait des racines, de la tige, des feuilles, des pétales ou de la plante dans son entièreté qui renfermaient ces dons de soin.

Alors je vais devoir prendre plusieurs spécimens, les plus complets possibles. Il va falloir que je prenne des fioles de conservations aussi...Mh. Je sais lire toutes les pensées qui traversent l'esprit du Miuggrayd. Son visage avait beau être des plus impassibles, j'ai pu apprendre durant toutes ces années, à lire le moindre de ses traits et le plus minime de ces changements. Haaa...Mon père avait les mêmes quand je voulais m'aventurer seule, loin de tous et surtout, sans l'aide de mes frères.

- Tout ira bien, ne t'en fais pas.

- Mon inquiétude ne s'en ira pas parce que tu me le dis, jeune fille. Les années ont beau passé, tu resteras la jeune Nunaat que j'ai ramassé, pleine de neige.

- Rooh ! T'exagères ! , ruminais-je.

Je n'ose pas lui dire plus, au risque de lui balancer des mots blessants, juste parce que ce genre de remarques m'agace. J'suis plus une gamine ! Il n'était pas mon père biologique, mais un de substitution, et moi...La fille colérique et désagréable qu'il rêvait d'avoir. Cela me fait penser que...Je ne lui ai jamais demandé pourquoi il ne trouvait pas quelqu'un pour fonder une famille. Il a beau être un elfe déjà âgé, il était frais comme un gardon ! Il pouvait toujours se créer ce petit foyer entouré de proches de son propre sang. Bref...

- Je reviendrai en un morceau, avec quelques cicatrices en plus, peut-être. De toute façon, si je ne reviens pas, tu vas m'ram'ner par la peau du cul !

Miuggrayd s'approche de moi, sourire aux lèvres, puis me fait une tape à l'arrière du crâne. Je bougonne un peu mais je le comprends. Son geste m'arrache un grognement puis un léger sourire étire mes lèvres foncées. Je ne suis pas la plus familière avec les gestes d'affection, mais on se comprend, lui et moi. Je m'éloigne un peu de lui, préparant mon sac à dos avec mes outils de récolte comme mon sécateur et un plantoir. Je me saisis également de fioles contenant des potions de conservation magique. Il faudrait peut-être que je prenne un deuxième sac pour installer les plantes dedans pour éviter qu'elles ne s'abîment en contact de mes instruments. En voilà une bonne idée !
Je demande aussi à mon ami immortel s'il peut me procurer une reproduction de la plante sur papier, avec une description précise, histoire que je ne me trompe pas lors de la cueillette. Je le laisse s'éloigner, le suivant pour quitter ma chambrée. Alors que lui part vers des salles d'études, je me rends vers les cuisines, allant me préparer des vivres et les ranger dans mon sac. C'est bon, j'ai tout. Une fois que tout est préparé, je me rends à l'entrée de l'Académie où m'attend déjà Miuggrayd. Je lui fais mes adieux, pas de câlins hein, au grand elfe, ainsi qu'à Lenwë, que je ne verrai que dans quelques semaines. Je m'enfonce à grandes enjambées dans les sillons enneigés, traversant les hauteurs familières sans difficulté, à force d'habitude...

Le voyage fut mouvementé. Si le début du périple fut plus aisé parce qu'il s'agissait de terrains que j'avais déjà arpentés, le reste des contrées rendait l'excursion plus ardue. Moi qui avais plus coutume des landes enneigées et des simples forêts et clairières, me voilà dans des terres arides où tout cherche à me bouffer ! Heureusement que ma hache ne me quitte jamais, et que, même sous ce soleil brûlant, ma magie de glace fait son petit effet. Koz-Tarela, terre de tous les dangers ? Du pain béni pour moi, oui ! Mais on ne va trop s'y attarder. J'ai beau avoir plus d'un tour dans mon sac, je ne suis pas venue pour séjourner dans cette savane dangereuse. Mon objectif est bien plus loin, dans cette masse au loin, paraissant telle un mur sombre, comme un orage près à éclater.

Le changement d'ambiance est...grisant. Adieu le soleil tapant sur ma peau claire, bienvenue dans l'empire des moustiques et autres crapauds ! Ce n'était pas une grande touffe d'herbe immense et étouffante qui allait me faire peur ! On tire et on arrache par ici, un coup de machette par là, et ça fait le travail ! Cela avait beau être un tout nouvel environnement pour moi, cela ne faisait que gonfler ma poitrine d'une excitation et d'un engouement que j'avais oublié avec le temps, à force de fouler le sol des mêmes paysages. Mais bon, je ne suis pas là pour la rigolade, ou bien même, pour me défouler. Bien que des bruissements discrets chatouillaient mes oreilles, le silence du marécage ne me trouble pas. J'avance tout de même d'un pas mesuré sur ses terres spongieuse. Je me fiche de cette moiteur oppressante, ni des volées d'insectes avides de goûter à mon sang. Mon regard glacial balaie les environs, analysant chaque détail avec une précision chirurgical. Il faut dire qu'avec le peu d'informations que j'ai sur la Centella Brumatica, je me dois de regarder partout et d'être atte...

- Et merde...

Je n'arrive plus à lever ma jambe gauche...Ni la droite. Mon corps se fait de plus en plus lourd, comme si on se mettait à me tirer exprès vers le fond. Putain de marais et ses boues comme des sables mouvants ! Bon, ne paniquons pas et ne bougeons pas trop non plus. Mes yeux se baladent de droite à gauche, de haut en bas, tout autour de moi à la recherche d'une branche, d'une liane, d'UN TRUC QUOI, qui pourrait m'aider à me sortir de ce merdier ! Je me penche en avant pour agripper du bout des doigts une branche mousseuse, presque glissante. Je m'y accroche comme je peux, tirant avec force pour essayer de sortir mes sabots, mais rien n'y fait. Je ne peux même pas utiliser ma magie, vu que la glace risquerait d'emprisonner mes cuisses et que le sol deviendrait si friable que je m'enfoncerai davantage jusqu'à en créer un énorme trou, pour ne pas dire une tombe...Bon, ainsi agrippée, au moins, je ne m'enfonce plus, mais là, faudrait pas que je m'éternise dans cette position et trouve assez rapidement une solution. Manquerait plus qu'une créature des marécages vienne me faire chier...

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: samedi 26 octobre 2024, 23:38:00 »
J'aurais dû formuler ma question autrement. Ce connard en a profité pour sauter littéralement à pieds joints en plein dedans. Tss...Tu ne pouvais te retenir, hein ? T'as pas l'air assez fatigué visiblement. J'aurais dû te laisser te geler le cul dans les neiges pour trouver Lenwë. Je souffle fortement mon mécontentement par les narines, levant la main, prête à le taper pour qu'il ne recommence jamais ce genre de conneries, même si je lui tends des perches involontairement.  Mais il s'apprête à esquiver, comme s'il s'y attendait. Ça m'enlève toute envie de vengeance, alors je rebaisse ma main. T'es même pas drôle.

- Va te laver, puant !

C'est ça, fuis tant que tu le peux. Il s'enferme enfin dans la salle de bain. J'en profite pour attraper mon petit aspergeur pour arroser mes plantes. Vous n'avez pas l'air d'avoir trop soif. Miuggrayd a dû s'embêter à venir s'occuper de vous pendant mon absence. Il faudra que je l'en remercie plus tard. Je me rapproche de mon bureau, venant poser mon sac dessus, puis je l'ouvre pour en sortir toutes mes affaires. Mon couteau-scie et mon sécateur son dans un sale état. Encore une chose à faire sur ma liste, alors que je viens à peine de rentrer à la maison. Pff...Soigneusement, je dépose le peu de plantes qu'il me reste. Il semble avoir utilisé bien des choses pour me soigner. Grognant de nouveau, ça m'embête. Moi qui étais descendue pour cherche des lantes, je rentre presque bredouille. Pardon...J'ramène des emmerdes, surtout une toute poilue. Pff...Fouillant dans l'une de mes bibliothèques, j'attrape un vieux grimoire, prenant place sur mon lit, assise en tailleur. Alors que je feuillette mon imposant livre, j'entends quelques cris bien aigus résonner depuis la salle de bain. Je ne cache ni mon rire ni ma satisfaction face à ce chant divin.

- Bien fait. Juste retour du bâton.

Je n'ai même pas le temps de finir d'en lire une page entière, de profiter de ce moment de solitude que l'autre nigaud passe un bout de sa tête à travers la toute petite ouverture de la porte. « Ô grande et magnifique Yukka », hein ? Ce qu’il ne ferait pas pour éviter une raclée. Je soupire profondément, luttant entre l'amusement et l'agacement.

- T'es vraiment irrécupérable.

Je me lève péniblement du lit, y délaissant ma lecture que j'étais en train de parcourir sur les draps. J'ouvre une malle au pied de mon lit pour en sortir une serviette propre, d'un ton beige, puis j'attrape le sac de Zorro pour le lui ramener. Mes pas sont toujours aussi lourds, encore plus sonnants sur le vieux parquet de ma chambre. Arrivée devant la porte, je lui tends son nécessaire tout en détournant le visage. Jveux pas voir son berlique.

- Tiens. Quand t'auras fini et moi aussi, on ira chercher à manger sinon j'vais tomber. Et d'quoi te donner des habits propres, histoire de laver tes fringues puantes, le temps de, en tout cas.

Son exclamation me fait tiquer joyeusement. Je tourne la tête un instant, instinctivement. Mes yeux se baissent subitement vers l'endroit où devrait être la serviette, s'il en avait porté une, juste quelques secondes. Des micro-secondes.

- En effet. Un abruti nu et mouillé...

Oh put...Que...Hein ? Je me reprends assez vite et claque la porte. Je retourne au lit, m'y affalant sur le dos, le temps qu'il finisse. Quelle plaie ! Mais qu'est-ce que j'ai foutu encore ? Arrête, Yukka ! Tu dois encore avoir de la fièvre et tu délires ! C'est sûrement ça. Cela ne peut être que ça ! Ou alors, c'est...C'est parce que ça fait longtemps ou bien parce qu'il m'attire réellement ? Bon, c'est vrai qu'il est séduisant. PAF ! Je me claque le front fortement, grimaçant sous le coup, un plat magnifique. J'espère qu'il n'a rien vu, ni capté.

- Raaah ! Bordel !

Ça m'énerve rien que d'y penser ! On dirait une gamine, presque une pucelle qui n'a rien vu d'la vie. D'un geste vif, je me redresse, m'arrachant une belle grimace. J'suis trop con, j'ai oublié ma blessure...J'ouvre une nouvelle fois la malle pour en sortir une tenue simple mais confortable. Une propre surtout, et une serviette également. Je referme le coffre et laisse ce que j'en ai sorti dessus en attendant. Assez rapidement, je reprends place sur le lit, à moitié affalée dessus : allongée, les bras sous la tête, à fixer le plafond, tout en laissant mes jambes dépasser du lit, mes sabots tapotant le parquet légèrement. Je patiente, je patiente, mais avec ce qu'il s'est passé, je crois avoir atteint mes limites. Une douche froide m'aiderait sûrement à reprendre mes esprits.

- Grouille-toi un peu ! T'es pas tout seul ! T'as chopé des puces ou bien ?

Des morbacs, peut-être...

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: vendredi 12 avril 2024, 23:55:18 »
Et la nunaat sombra.

Attendez, est-ce que je suis dans un rêve ? J'ai cette sensation d'être là sans l'être, de voir mon corps comme si j'étais quelqu'un d'autre, d'être en face de moi sans pouvoir me contrôler. Est-ce que je suis...morte ? Non, s'il-vous-plaît...Je ne peux pas partir ainsi. Miuggrayd...Je n'ai pas encore accompli ma mission. Je...Je devais venger les miens. Je suis désolée, Père. Je n'apporte que le déshonneur sur notre famille. Déjà de par ma survie, d'avoir été la seule et unique encore debout, mais surtout, de n'avoir pas réussi à vous rendre hommage, ni fier comme il se doit...

Tout est sombre autour de moi. Pas même une étoile ne vient éclairer mon chemin dans ce désert obscur baigné d'une aura mystique impalpable. Mes lèvres s'entrouvrent comme pour crier, mais aucun son ne sort. Rien ne vient troubler ce silence de mort. Je me laisse happer par cette force invisible qui m'attire comme un aimant dans un sommeil qui me semble infini, ce sommeil que je ne veux pourtant pas du tout...

___***___

Aujourd'hui, je suis descendue dans les plaines. Ce n'est pas un fait rare, mais il est pourtant important de le noter. J'ai prévenu mon père que je partais cueillir quelques plantes pour célébrer la future union de Mebe et Drom. Ils se connaissent depuis si longtemps mais, étant de grands timides tous les deux, ils ne se sont déclarés qu'il y a quelques mois. Il n'a pas fallu longtemps pour que ça finisse par un mariage. Cela m'arrache un sourire. Certes, c'est un peu niais mais ça reste mignon. Ce n'est pas à moi que cela arriverait. Il est vrai que je suis toute jeune encore et que je ne connais rien à l'amour, mais je ne m'y suis jamais intéressée et j'ai cette sensation que c'est quelque chose qui n'est pas fait pour moi. Mon père me rabâche que ma mère m'aurait dit qu'il y a de l'amour pour toute personne sur Terra, même pour une bourrue comme moi, mais ces paroles sonnent creuses. Non pas que mon père est un menteur mais vu mon caractère, le garçon manqué que je suis, j'émets de réels doutes. C'est aussi cela de vivre dans une grande fratrie composée que de garçons, mis à part ma personne. Mais je ne m'en plains pas. Malgré l'absence de ma mère, j'ai toujours été heureuse. Et c'était tout ce que je souhaitais aux futurs jeunes mariés !

L'air est si agréable, plus doux que dans les hauteurs du village. Il faut dire que les plaines ne subissent pas les blizzards violents, ni même les tombées de neige incessantes. Ici, cela respire le printemps ou même l'humidité des forêts. La végétation y pousse joyeusement, et ce n'est pas pour rien que je me retrouve ici aujourd'hui.  C'est un sourire aux lèvres que j'avance vers la lisière pour y récupérer de la digitale pourpre. À l'aide de ma serpe, je cueille quelques plantes supplémentaires pour faire des guirlandes afin de décorer la scène, mais aussi quelques petites choses en plus pour préparer de succulentes boissons. Ce soir, c'est plus qu'une simple fête ! C'est l'amour qu'on célèbre ! ...Ergh. J'ai eu un léger dégoût dans le fond de la gorge, qui m'est remonté. Un frisson me prend un instant dans le dos. Bon, faisons vite. Je dois encore faire le chemin retour, la besace pleine, jusqu'au village, et préparer tout ce que j'ai ramené. Personne ne pourra résister à mes cocktails !

Adieu le printemps, en route vers les glaces éternelles ! Le vent se met doucement à hurler à travers les montagnes, soulevant des tourbillons de poudreuse, obscurcissant le ciel déjà bien gris. La tempête fait rage, engloutissant tout sur son passage, mais je reste debout. J'avance péniblement à travers ce chaos blanc, mes sabots marquant à peine le sol balayé par une épaisse couche de neige fraîche. Je n'ai pas froid. Les Nunaats ne le craignent pas. Des légendes disent que c'est pour cela que nous avons la peau bleutée, voire violacée. Je sais, par des échos, qu'on nous dit sauvages, mais surtout très cruels. Comment peut-on nous décrire ainsi alors que ma mère était une crème ? Alors que nous vivons principalement reclus dans les montagnes. Il n'y a quasiment aucun étranger qui ose s'aventurer à travers les glaces pour rejoindre le village et échanger avec nous. Mais les Nunaats n'ont que faire de ces paroles.

Les yeux plissés pour éviter le vent qui me fouettait le visage, je scrute l'horizon. À mesure que j'avance, la neige craquant sous chacun de mes pas, les ombres des bâtiments du village se dessinent faiblement à travers la tempête. C'est le sourire aux lèvres que je me dirige vers ma maison, accélérant le rythme, histoire de mettre à l'abri mes plantes, durement récoltées à la sueur de mon front.

Cependant, alors que j'approche du village, un frisson étrange me travers l'échine. C'est désagréable. J'ai un très mauvais pressentiment. Une atmosphère sinistre s'installe assez rapidement. Pourtant, c'est censé être un jour de fête, non ? Mis à part le vent qui crie sa présence, pas un bruit. Où sont les chants d'amour ? Où sont les gens qui crient pour installer les tables ? Où sont les cuistots qui hèlent pour terminer le repas ? Aucun son. Aucune lumière. Rien ne venait briser ce silence qui me rend nauséeuse. Difficilement, j'avale ma salive, m'arrachant la gorge comme si j'avalais des rasoirs...

Je...Je ne sais décrire ce que je vois devant moi. La neige...est rouge. Le vent hurle, interrompant uniquement le silence pesant au sein du village. Celui que j'avais laissé si animé est désormais un énorme tombeau taiseux. Les portes des maisons étaient ouvertes, non pas pour accueillir les invités, mais pour démontrer les scènes sanglantes qui s'y sont déroulées. Mon père ? Mes frères ? Tous éparpillés autour du village, ils ont dû se battre pour protéger tout le monde mais...Des corps gisent ici et là, dans des positions...Un peu comme s'ils avaient été des marionnettes. Ils sont désormais les témoins muets du massacre qui m'a rendue orpheline.

Je sombre. Ce doit être un mauvais rêve. Je vous en prie...À bout, je m'effondre à genoux, des larmes gelant sur mes joues. Ma gorge se noue. J'ai beau hurlé, personne n'entend ma peine. La tempête ne cesse de battre la poudreuse qui recouvre petit à petit le corps de mes proches, faisant disparaître à jamais les Nunaats. Le blizzard étouffe mes pleurs, mes cris de désespoir, lui si indifférent à ma douleur...Lui qui ne fait qu'accroître ma solitude. Lui qui fera cesser d'exister...

Je ferme doucement les yeux. À quoi bon vivre maintenant ? Qu'est-ce qui m'attend ? Je m'allonge dans ce lit de glace. La mort me paraît être une bonne amie. Neige, absorbe-moi. Nourris-toi de moi, comme tu l'as fait de mes frères, de mes pères...Une douce lueur caresse mon visage. Je sens même mon corps se chauffer un peu. Serait-ce la délivrance ?

___***___

- Miuggrayd...

Un son, comme un bourdonnement, résonne dans ma tête. Je sens mon corps si lourd que même mes paupières peinent à s'ouvrir. Une légère lumière m'éblouit mais rapidement, une ombre semble approcher de moi. Ma vision est trouble et je ne parviens pas à distinguer le visage de ce compagnon, si cela en est un. Suis-je encore en train de rêver ? J'essaie tant bien que mal à me redresser, grimaçant à la douleur qui me lancine le corps.

J'ai l'impression d'être plongée en plein brouillard. Le peu de formes que j'arrive à distinguer sont comme vaporeuses, pour le peu que je puisse voir. C'est...Cette sensation ne m'est pas agréable DU TOUT ! Je dois être plongée dans un songe. J'ai comme un nœud dans la gorge, comme si les mots ne voulaient pas que je les prononce. Cette interdiction m'indique-t-elle qu'on m'a arrachée la langue ? Ou alors, suis-je beaucoup trop faible pour dire le moindre mot ?

Un souvenir vient me faire grimacer, un peu comme si un rayon de soleil m'aveuglait, à l'instant. Ah oui, c'est vrai...J'étais en plein combat et j'ai perdu connaissance. Hin...Je crois qu'il me prend de sourire, à moins que ce ne soit une grimace. Je ne saurai dire. Cette sensation que mon corps ne m'appartient plus, putain, que j'la déteste !

Cette ombre qui s'approche, est-ce Zorro ou bien un ennemi ? Je prends le temps de réfléchir deux secondes, et ne sentant pas un coup de dague dans ma gorge, mon flanc, ou mon cœur, c'est qu'il s'agit de cet idiot. Un grondement rauque fait vibrer ma langue contre mon palais, essayant de retrouver ne serait-ce qu'un peu de parole. Je dois lui répondre. Il m'a appelée « belle demoiselle », après tout !

- Bâ...tard..Tu p...p-perds rien p...pour at-attendre...

Bordel, c'que ça a été compliqué ! Un léger rire me secoue un peu, mais j'ai sacrément mal, putain. Je suis lessivée ! Comme si je m'étais faite piétiner par une horde de chevaux sauvages. Au moins, je suis avec quelqu'un que je connais un peu. Bon, depuis deux jours mais ce n'est pas un total inconnu ! Ce n'est pas un ami mais je suis encore en vie ici, c'est bien grâce à lui. Je devrais le remercier...Mes sourcils se froncent légèrement, accompagnant mes dires.

- M...Grmph...M-merci...

Argh, ma gorge, bordel de merde ! J'ai avalé du sable ou quoi ? À moins que ce ne soit des cendres...Cela n'en reste pas moins dégueulasse. J'essaie de lever un peu mon tronc, d'appuyer sur mes bras, mais je n'ai pas de force...J'dois tirer une de ces gueules...En même temps, avec la douleur pulsante dans ma tête, y'a peu de moyen pour que je sois divine. Et puis en fait, qu'est-ce que je m'en tamponne le coquillard, moi ? Depuis quand je pense à ça ? C'est le malaise qui m'a fait perdre la ciboulette ? Mh. Mh ? Y'a quelque chose qui me gêne...Baissant ma tête, toujours les yeux dans la brume, j'observe mon corps, recouvert d'une sorte de chemise, en peu trempée, et des bandages. Où est mon armure ? Attends, ça veut dire que...Je grogne un peu plus, sentant que je m'enflamme, mais mon état général me rappelle vite à la réalité, soufflant de douleur au moindre soubresaut de colère.

- J'espère pour toi que t'en as pas profité ! Putain...

Un frisson de gêne me parcourt l'échine alors que je jetais un regard confus autour de moi. Dans la précipitation, je croise le regard de Zorro puis grimace une nouvelle fois, ressentant comme de la confusion...Mêlée à de l'inconfort. Argh, il a dû voir tout ce que je cache...À quand remonte le dernier homme qui m'a vue ainsi ? Sans compter Miuggrayd, bien sûr...La honte, putain. Est-ce que je rougis ? Je n'espère pas. Putain, faites que non.

La nunaat se sentait encore engourdie et désorientée. Faible et honteuse.

- Q-qu'est-ce qu'il...s'est p-passé ?

Bordel, on dirait une vierge, gênée de faire sa première fois ! Je le vois bien qu'il est conscient de la situation délicate dans laquelle on se trouve, mais il ne prend aucun détour pour m'expliquer tout ce qu'il s'est passé depuis que je suis tombée dans les pommes. Elle est belle, la guerrière nunaat, n'est-ce pas ? PUTAIN ! J'enrage ! Même si je lui en suis très reconnaissante d'avoir pris soin de moi alors qu'il aurait pu me laisser pourrir sur le champ de bataille et me faire dévorer par les flammes, je me sens trop vulnérable. C'est désagréable d'être autant exposée à une personne qu'on apprécie, même si on vient de la rencontrer...Je me retrouve dans une situation inhabituelle qui me perturbe au plus haut point. C'est comme si...Comme si on m'avait mis du poil à gratter sur tout le corps et je n'avais aucune possibilité de pouvoir me soulager. C'est très TRÈS frustrant !

___***___

Il m'a fallu quelques heures de plus pour me remettre un peu plus sur pieds. Nous avons décidé de partir du lendemain, malgré les légères remontrances de Zorro par rapport à mon état. Je crois m'être suffisamment reposée pour reprendre la route vers l'académie. Un long voyage nous attend. Il nous faudra probablement plus d'une semaine pour atteindre les sommets enneigés de Lenwë, dans mon état. Je ne suis pas totalement requinquée mais on s'en suffira. 

Forêts de conifères et chemins rocheux ont été sur notre trajet pendant un bon moment, avant de finalement s'engouffrer dans les hauteurs enneigées. C'est au bout d'un long périple, un peu sur les rotules, que Lenwë se dessine enfin devant nous. L'Académie est une école de magie trônant majestueusement sur des sommets presque inaccessibles pour ceux qui manquaient de courage. C'est en quelque sorte un rite de passage pour pouvoir bénéficier du droit à l'étude de la magie.

L'Académie était facilement dissimulée par le blizzard balayant la montagne. Il servait généralement de barrière naturel la cachant des yeux d'autrui. Il pouvait arriver qu'un sort d'illusion ou d'invisibilité soit déployé pour masquer sa présence en cas de problème. Les tours élancées et les murs en pierres blanchâtres semblaient fusionner harmonieusement avec la nature environnante, créant une certaine atmosphère mystique autour d'elle. Les toits pointus des bâtiments étaient perpétuellement couverts de neige fraîche, reflétant les différentes lumières, solaires comme lunaires. Quelques sculptures telles que des gargouilles ou visages de grands mages prônaient sur le haut des tours et de l'entrée de l'école. Des fenêtres étroites et élégamment habillées de vitraux très clairs parsemaient les façades, émettant une lueur chaleureuse et discrète. D'ici, le jardin de l'Académie n'était pas visible mais il offrait un spectacle des plus bluffants, démontrant une nature figée dans le temps. L'ensemble créait une sensation de sûreté et de mystère bluffant, où le savoir mystique et les arts occultes sont enseignés et préservés dans un lieu d'une beauté enchanteresse.

Une fois à l'intérieur de Lenwë, l'atmosphère y était tout aussi envoûtante que son extérieur majestueux. Les vastes corridors en pierre sont éclairés par des chandeliers magiques qui projettent une lumière douce et vacillante, créant des ombres dansantes le long des murs ornés de tapisseries aux couleurs et symboles de différentes enseignements prodigués en ces lieux. Elle regorgeait d'un nombre incalculable de salles, aussi bien de cours, de bibliothèques, que de chambres pour les étudiants et professeurs.


- Bienvenue chez moi. Mais on attendra pour la visite complète. J'aimerais prendre un bain chaud et m'écrouler dans le lit. Et manger aussi. Enfin...Peut-être pas dans ce sens-là.

C'est au fin fond d'un couloir tranquille que je l'emmène. Et non, je ne vais pas le coincer contre le mur et...Bon, vous avez compris. J'ai besoin de cette paix propre à moi-même, y compris dans cette « maison ». Je m'arrête devant une lourde porte en bois sculpté. Certains ont dû nous voir sur le chemin jusqu'à ma chambre : ils vont sûrement parler de mon retour à Miuggrayd. Ouvrant ma main gauche, j'y condense de la glace pour former la clé de mon habitation, celle-ci disparaissant dans la serrure une fois la porte ouverte. Ma chambre me paraît basique...Enfin, je crois. La simplicité, c'est ce que je préfère.

La chambre de l'herboriste est un lieu aux multiples essences. Elle ressemblait à un sanctuaire mystique où quiconque passait le pas de la porte était accueilli par une explosion de couleurs et d'arômes envoûtants. Qui aurait pu croire que la propriétaire était une Nunaat belliqueuse et grognon ? L'habitation restait assez spacieuse. Des fioles scellées contenant des extraits de plantes rares reposent soigneusement sur des étagères spéciales, chacune étiquetée avec une écriture calligraphique. Des livres étaient éparpillés un peu partout, aussi bien dans les bibliothèques que par terre, sur les tables que sur le lit, certains encore ouverts sur les recherches de Yukka.

Au fond de la chambre se trouvait la seule fenêtre, dont les boiseries se voilaient de plantes au feuillage chatoyant. Des rideaux en soie fluide teintée de vert foncé encadrent la fenêtre, permettant à la lumière naturelle de filtrer délicatement à travers les feuilles des plantes magiques qui ornent le rebord. Des lampes aux teintes chaudes, semblables à des lucioles capturées, planent au-dessus du bureau se situant sous la fenêtre, créant une lueur douce qui accentue le caractère mystique de l'endroit. Le bureau est ce que l'on pourrait dire...en bordel monstrueux. Le bois foncé de celui-ci n'était visible que sur les pieds, le reste étant presque entièrement couvert par des grimoires anciens, fermés ou non, des mortiers en pierre, certains mêmes en marbre, accompagnés d'autres instruments d'alchimie et d'extraction.

Il faut dire que le vieux parquet était usé à certains endroits de la chambre, notamment autour du bureau et des étagères. Sûrement que les sabots de l'Edelweiss n'avait fait que maltraiter ce pauvre sol. Seul un tapis de fourrure reposait devant le lit. Celui-ci était assez grand pour y accueillir deux personnes massives. La Nunaat n'avait pas la folie des grandeurs, mais le confort, lorsqu'elle prenait le temps, ça lui faisait du bien.


Je dépose mon sac à dos non loin de mon bureau, en bordel comme je l'avais laissé. Malgré tout, la poussière n'avait pas pris place dans ma chambre. Je suis sûre que Miuggrayd y passait pour l'enlever et que celle-ci reste propre jusqu'à mon retour. Soupirant de fatigue, je me tourne vers Zorro.

- C'est pas l'grand luxe, mais voilà. S'tu veux, j'peux aller chercher de quoi grailler pendant que tu enlèves toute cette crasse accumulée.

Je pointe d'un doigt une porte entre deux étagères pleines, celle-ci menant vers un coin hygiène, idéal pour les petits besoins et les bains.

- Et j't'assure que toi comme moi, on en a besoin. Ou si tu veux, on prend un bain et on repart ensemble chercher d'la bouffe. Ça t'fera faire un p'tit tour du proprio, en plus d'être l'occas' pour demander une chambre pour toi.

Je baille un grand coup, soufflant ensuite fortement par mes narines. Et l'estomac chante...Ta gueule, deux minutes, ça va venir.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: dimanche 06 août 2023, 00:49:05 »
Mise en place de l'at-mos-phère.

___***___

Je n'aurais jamais pensé que ma journée se serait déroulée de la sorte. L'agréable chaleur du bain et du lit de l'auberge du Coucher de Lune me donnent la sensation d'être un si lointain souvenir...La douleur me rappelle à la réalité. Putain d'flèche de merde ! J'ai beau avoir cassé la flèche de mon épaule, il m'en reste un sacré bout dans la chair et ça me lance énormément. Puis merde, ça n'a pas suffi à ces enculés, je m'en suis prise une dans la queue aussi ! Vous allez le regretter, je le jure ! Et bon sang, ça me lance dans tout le bassin. Je ne dois pas flancher, le combat est loin d'être terminé. Je ne mourrai pas ici ! Yukka, ressaisis-toi !

Je serre les dents, faisant fi de cette douleur qui me lancine le corps petit à petit. Mes coups continuent de pleuvoir, et même si j'ai mal, ça ne fait que renforcer la puissance de mes attaques, comme si un feu me brûlait de l'intérieur, reflet insatiable de ma rage à l'instant même. Je me mets à psalmodier aussi des paroles dans ma langue maternelle pour reconstruire des murs gelés me servant de boucliers. Cela n'évite pas tout mais c'est déjà pas mal.

Je suis aux aguets. Je suis attentive à tout car je suis seule contre beaucoup d'entre eux, Zorro encore derrière pour évacuer les esclaves. Soudainement, je sens une présence dans mon dos. Je sursaute un peu et je suis prête à bondir sur la personne derrière moi...En plus de s'appuyer sur moi, putain, j'ai mal à l'épaule ! Les blessures réveillent la douleur, en particulier dans l'épaule mais aussi dans le bassin, faisant remonter un grognement du plus profond de ma gorge. C'est aussi pour montrer mon mécontentement. C'est lui, Zorro...Et tu m'demandes comment je vais ? Cette blague, putain !

- T'occupes et concentre-toi!

Même avec l'arrivée de Zorro à mes côtés, le nombre d'esclavagistes ne diminue pas. J'ai l'impression de me voir dans une fourmilière et que des milliers de soldats cherchent à défendre leur reine. Je ne me défile pas pourtant. Un coup, j'utilise ma magie pour les déstabiliser, de l'autre, je sais toujours agiter ma hache avec férocité, tranchant les chairs et brisant les os. La vue du sang ne me fait rien, celui des crapules de ce genre, tout du moins. Ils n'ont que ce qu'ils méritent : la mort. Mais je ne vais pas mentir, je sens la fatigue me gagner. Je n'ai pas pour habitude de comprendre autant d'hommes d'un seul coup, même si l'engouement du combat me grise énormément. C'est mauvais signe...

Alors que je vois d'autres hommes de main arriver sur le champ de bataille en flammes, Zorro fait face à ses propres ennemis et j'entends le métal de leurs armes s'entrechoquer. Alors que j'entends un arme s'abattre sur lui, Zorro me souffle l'idée d'échanger d'adversaires, chose que j'accepte de suite en hochant du chef. Il déstabilise la personne en face de lui et c'est ainsi qu'on échange de place.

Me voilà face à une femme, plutôt grande. Je dirais qu'elle a le même gabarit que moi, la connasse. Rouquine, je peux voir sur sa peau des muscles superbement dessinés, sa peau marquée par le soleil ici et là, aussi couverte de multiples cicatrices. Ses yeux d'un vert pâle me transpercent, son regard accentué par le maquillage blanc qui lui barre le visage à la verticale. On pourrait presque croire à une copie de moi, en version humaine. Elle transpire la force, maniant une hache avec un plus petit manche que la mienne. Je dois me méfier...

Un sourire carnassier illumine mon visage, heureuse d'avoir une telle adversaire. Il est rare que je combatte des femmes, alors je jubile. Cependant, je me refuse à me battre en utilisant davantage la magie. Si je continue à me servir de mes sortilèges, je vais finir à genoux, voire pire que ça...Et il faut dire qu'il y a un peu de mon ego qui souhaite mettre à mal cette guerrière par la seule force de mes bras.

Les frappes pleuvent, le bruit de métal s'entrechoquant fait vriller nos tympans. Alors qu'aucune de nous ne prend le dessus, la rouquine vient me taper dans l'épaule blessée, m'arrachant un cri de douleur. Prise de rage, je lui attrape le poignet qui cherche à me mutiler davantage, celui tripotant le reste de flèche transperçant ma chair, et d'un coup vif de mon sabot, je la renverse au sol en hurlant.

- Crève, salope !

J'abats ma hache avec force sur cette catin, mais elle roule sur le côté et en profite pour se redresser. Ma hache étant plus longue que la sienne, j'ai des mouvements légèrement plus lents que cette putain. Ce combat ne va mener à rien. Cela a beau être une humaine, une femme même, elle sait se battre. C'est grisant de combattre une telle personne. Mais, il faut dire que je commence sérieusement à fatiguer, la douleur dans l'épaule et le bassin me lancinant de plus en plus. À cette allure, je ne tiendrai pas longtemps. Je m'épuise...

Dans mon ras-le-bol, je tente le tout pour le tout. Enrageant de tout mon saoul une dernière fois, allant chercher la fureur au plus profond de mon âme, je frappe la lame de ma hache, la plantant dans le sol avec force. Psalmodiant des mots glaçants en nunaat, je fais apparaître une aura bleutée autour de mon arme ainsi que mon corps. Ma chevelure de jais se met à flotter dans les airs, mèche par mèche. Je hurle et une aura glaciale s'échappe de mon corps, en un coup fulgurant.

- Assez !

Des stalactites de glace sortent de terre, venant trouer les ennemis de part et autre, sur une quarantaine de mètres à la ronde, évitant Zorro de justesse. Ces pics bleutés se teignent d'une magnifique cascade rouge. Je n'entends plus rien, pas même ma propre respiration. Juste un puissant son strident me perforent les tympans. J'essaie de me redresser à l'aide de ma hache, mais mon corps se fait si lourd. Même ma tête pèse beaucoup. Ma vue se trouble. Les flammes s'éteignent, le monde devient blanc. Puis vient le néant...

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: samedi 30 juillet 2022, 20:27:48 »
Je ne suis pas aveugle, mon cher Zorro. Crois-tu que je n'ai pas remarqué tes traits de visage se déformer quand je t'ai avoué les raisons de cette poursuite ? Il est vrai que je déteste les esclavagistes. Ce sont des déchets, des personnes qui se croient au dessus de tout le monde, parce qu'ils sont lisses de toute différence réellement visible. Et ce sont les gens comme moi qui en pâtissons. Nous qui devons payer le prix de cette différence. Nous sommes considérés comme des simples marchandises, bons à devenir de simples servants pour les biens-heureux d'entre nous, des sacs à foutre pour ceux encore destinés à vivre. D'autres encore serviront de cobayes pour je ne sais quelle expérience, et je ne veux pas l'imaginer.

Il m'est arrivée plus qu'une fois d'être poursuivie par ce genre d'ordures. La plupart du temps, pour ne pas dire tout le temps, j'arrive à m'en défaire. Mais parfois...J'ai pu être sauvée par quelques âmes bienveillantes, heureusement. Je pense qu'on ne pourra jamais les éliminer totalement. Ils sont comme de la vermine. On aura beau essayer de tous les défaire, il en refleurira de nouveau. Mais si je peux écraser quelques uns de ces insectes, je le ferai avec joie. Moins il y en aura, moins Lenwë risque d'être attaquée par ces enculés.

Suis-je trop lisible ? Ou as-tu appris à me comprendre plus rapidement que moi ? Mpf...Peu importe. Le chemin jusqu'au devant du camp se fit sans encombre. Mais quoi faire pour la suite ? Si j'y vais en rentrant dans le lard, les prisonniers seront tous exécutés, ou bien, ils seront emmenés autre part alors que nous serons occupés au combat. Et pour être totalement sincère, à part à la chasse où je suis plutôt discrète, lorsqu'il s'agit de combat, je ne suis pas des plus délicates. Peut-être est-ce le fort de Zorro ?

Je fais part de mes « compétences » à mon compagnon vengeur. Il me laisse alors prendre connaissance de son plan et je dois avouer que c'est le mieux que l'on pourrait faire. Que je fasse l'appât et que j'en profite pour faire le plus de bruit possible.

« Ça me va ». J'accompagne mes paroles d'un froncement de sourcils, démontrant que j'étais prête à rentrer dans le lard. Un « toi non plus » s'échappa de mes lèvres bleutées. Certes, il pouvait être énervant, à trop savoir me lire, mais ce n'était pas pour autant que je lui souhaitais la mort. Par contre, ce n'était pas le cas de ces esclavagistes...Maintenant, comptons...

Doucement, les nombres défilent dans mon esprit. Mes yeux fouillent la scène qui se passe un peu plus loin. Quelques hommes se trouvent autour du feu de camp, d'autres filant dans leurs tentes, voulant se reposer pour changer de rôle au milieu de la nuit pour monter la garde. Cela va être mon tour. Je délie mes jambes, fais quelques flexions pour m'échauffer et sors enfin du bosquet. Zorro voulait du spectacle, alors il va en avoir.

Avançant vers la lumière du grand feu, je me mets à siffloter un petit air qu'un homme de petite taille m'a apprise à Lenwë.

- La maison est derrière...Le monde est devant...Nombreux sentiers ainsi, je prends...

Ma voix n'est pas aussi belle que mon petit ami mais elle n'est pas horrible pour autant. Il m'avait racontée qu'il l'avait chantée pour un roi assez fou pour envoyer son dernier fils à la mort, sans l'ombre d'un remord.  Je chante assez fort pour être entendue, comme si je leur chantais déjà leur marche vers l'au-delà.

- À travers l'ombre jusqu'à la fin de la nuit...Jusqu'à la dernière étoile qui luit...

- C'est quoi ce bordel ?

- J'crois qu'on a d'la visite...

- Brumes et nuages, noyés dans l'obscurité...

C'est le cas, et pas des moindres. D'un mouvement ample, je dégaine ma hache. Alors que régnait l'obscurité, une brume légèrement bleutée semble gagner l'herbe. Une petite étincelle semble briller dans la nuit, se rapprochant davantage du camp éphémère d'esclavagistes. Dans les ténèbres de la nuit, ces connards ne peuvent voir que les volutes bleutées de magie qui se dégagent de mon armure, métamorphosant son allure, la renforçant. Il sera bien difficile de l'entailler. Un voile givré enveloppe doucement la lame de mon arme.

- Un feu-follet, tu crois ?

- Abruti, ça chante pas c'te conn'rie. À vos armes !

Dans mon esprit, c'est le foutoir. Tous ces sentiments qui s'entremêlent et se nouent...Amertume, colère, satisfaction, extase...

- Tout va se mêler...Ooooh, tout va se mêler...

En voilà quatre qui viennent sur moi, un cinquième allant dans l'obscurité du camp, sûrement pour prévenir le reste du groupe de mon attaque soudaine. J'espère que tu auras celui-ci en douce, très cher Zorro. Pour les autres, je ne vais pas me retenir. Aucune retenue est de mise avec de sombres merdes comme eux. Les mains tenant fermement ma hache enchantée, je les attends. Deux hommes en capes, munis de simples épées, se jettent sur moi, pensant m'avoir en sandwich. J'ai beau être une combattante avec une hache, cela ne m'empêche pas d'être plus rapide qu'eux dans mes mouvements. Quand ils me foncent dessus, je me baisse et me décale sur le côté. Les deux imbéciles...Leurs corps s'entrechoquent en un bruit sourd, tombant ensuite lourdement sur le sol. Je ne leur laisserai pas le temps de se relever. Plaquant ma main droite dans l'herbe, je murmure quelques mots dans une langue peu commune. Deux pics de glace se dressent vers les cieux, traversant les tripes des deux gus assommés à l'instant. Et de deux de moins. Je ne compte pas faire dans la dentelle...

Ceux encore présents s'arrêtent net et hurlent après des renforts de toute urgence. Au loin, j'entends des voix qui portent davantage. Je n'en connais pas le nombre mais il y en aura plus que quatre d'ici quelques secondes, et au mieux, quelques minutes...Mais devant moi, il en reste encore. Ils n'osent pas m'attaquer de front, de peur de finir comme leurs camarades, cloués au sol, et ils semblent attendre l'aide promise. Tss...Ils n'ont même pas les couilles de se lancer alors qu'ils sont déjà en supériorité numérique. À moi de leur rentrer dans le lard. Ils se mettent sur mes côtés, l'un à gauche, l'autre à droite. Encore un sandwich, sérieusement ? Levant les yeux au ciel le temps d'une seconde, je pousse un soupir las devant leur incroyable connerie, ou leur manque d'imagination. Ou même d'art du combat. Bref, je n'ai pas affaire à des lumières. Allez...

D'un bond sur ma droite, je surgis devant mon adversaire. Ce n'est pas la lame de ma hanche qui heurta son corps, mais bien l'extrémité de son manche qui rencontra élégamment son menton. Il me semble avoir vu, dans le feu de l'action, des dents volés. Bien fait, connard ! J'en profite qu'il soit désorienté, presque assommé, pour m'occuper de son ami. Claquant des sabots à chaque pas qui me rapproche de lui, j'émets un son guttural, comme une bête. Enragée ? Je le suis, je me laisse porter par mes pulsions et sûrement par cette furieuse envie de vengeance, comme une plaie toujours ouverte, qui me brûle jusque dans les tréfonds de mon âme. Ma petite « comédie » semble fonctionner, et le gars recule doucement, comme effrayé. Tu peux l'être, pourriture...Il est déstabilisé, alors j'en profite. Je fonce sur lui et lui assigne un coup tranchant sur son torse. Le sang gicle et j'en reçois un peu sur mon visage. Me voilà avec des peintures de guerre.

Alors que j'entends la cavalerie arriver, d'autres murmures s'échappent d'entre mes lèvres et un nouveau piquet de glace vient transpercer le connard encore dans les vapes. Deux autres en moins...Mais là, y'en a beaucoup qui se pointent. Zorro, t'as intérêt à te grouiller. J'ai beau être douée en combat, seule contre je sais pas combien, c'est un peu chaud, tout de même. Et je ne dois pas mourir ici, clairement pas.

Une dizaine d'ordures rappliquent, observant les morts au sol. Je grogne une nouvelle fois, prête à rentrer dans le lard. Un des esclavagistes, qui s'avère être une femme, s'approche du gars dernièrement abattu au sol. Elle touche son cou, cherchant un pouls, puis me fusille du regard, hurlant des ordres.

- Abattez-moi cette garce!

Plusieurs gars foncent dans ma direction. D'un coup de sabot puissant dans la terre, le sol se refroidit fortement jusqu'à se glacer totalement sous les pieds de ces enculés.  Un peu de patinage artistique, ça ne leur fera pas de mal ! Certains tentent de rester debout sur cette patinoire, mais d'autres les entraînent dans leur chute. Je ne fais pas attention sur le moment, trop concentrée sur ceux qui s'effondrent pour mieux profiter de cette dégringolade. Déshonneur sur moi. Des archers, arrivés ensuite, me visent et tirent leurs premières flèches. J'en esquive quelques unes, les faisant se planter dans des pics de glace mais l'une d'elle vient se nicher dans mon épaule droite. Celle qui n'est pas protégée, bien évidemment !

- Argh, merde !

Bordel...D'un mouvement brusque de la main, je casse la flèche, ne laissant que la pointe et un petit bout de bois dépassé de mon épaule. Du sang ruisselle sur ma peau et mon armure. Fait chier, putain ! Je dois me concentrer...Prise d'une forte colère, je me rue vers l'un des gaillards qui s'est pété la tronche pour lui planter le bout de flèche que je tiens en main, dans sa putain de gorge. Crève, fumier ! Cherchant à massacrer les autres abrutis au sol, je marmonne des paroles magiques pour faire dresser un mur de glace devant les archers pour éviter de me faire tirer comme du gibier. Un à un, je viens les achever au sol. Plus vite Yukka, plus vite...

Mais ces insectes sont toujours là. Une vraie fourmilière, il en arrive encore. Des bourrins viennent péter les  murs de glace, créant des failles. Une nouvelle volée de flèches. Je bouge aussi vite que je le peux. Une autre volée. J'esquive autant que je le peux. Encore une. Une autre flèche transperce ma queue, presque à sa base. Cela m'arrache un râle rauque.

- Enfoiré !

La douleur me lance jusque dans la chute de reins...Saloperie. J'essaie de donner un autre coup de sabot pour déstabiliser les archers. Espérons que ça fonctionne...

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: mercredi 07 juillet 2021, 19:58:49 »
Quand bien même ai-je décrassé mon corps avant-hier, dans la chambre de taverne, je ne rêve que d'une chose : un bain...Une délicieuse baignoire remplie d'eau chaude, sans avoir à rester sur mes gardes pour ne pas me faire voler mes affaires, ni même me faire attaquer par une bête ou des esclavagistes. J'aimerais pouvoir profiter enfin d'un moment de pure tranquillité, sans me soucier de rien. Me retrouver seule avec moi-même, trouver une véritable paix intérieure ne serait-ce que pour un court instant. Non pas que la crasse me dérange en soi. J'ai bien l'habitude de la vie en extérieur, d'être recouverte de boue assez longtemps qu'on pourrait se demander si quelqu'un ait déjà vu la véritable couleur de ma peau. Et cela, je pourrais sûrement en profiter quand je serais arrivée à Lenwë. Quand j'aurais livré le colis à l'Académie, là où il sera entre de bonnes mains, j'aurais tout le temps pour m'occuper enfin un peu de moi. L'idée de me baigner dans le point d'eau ne me dérange pas. Loin de là d'ailleurs...Mais il y a un énergumène qui pourrait se rincer l'oeil et je n'hésiterai pas à utiliser de force pour le castrer et ne plus lui donner envie de regarder mon corps nu. Quoique...

Hein ? Quoi ? Mais qu'est-ce que j'imagine moi, encore...Je dois avoir les hormones qui me travaillent...Je suis pathétique, encore une fois...C'est pourtant la voix de l'autre pervers là, qui me sort de mes pensées. Le paysage avait évolué autour de nous. Nous avions bien avancé dans la journée. Après avoir quitté les hauts arbres de la forêt qui nous avait servis d'abri pour la nuit, c'est une immense prairie qui s'étendait à perte de vue devant nous. Se dessinaient plus loin quelques champs où y travaillent de bien courageux paysans. Certains y labourent leurs terres, pendant que d'autres gardent leurs bêtes qui vagabondent ici et là...L'une d'elle vient s'approcher de moi. Un minuscule et ridicule agneau vient à mes côtés et me renifle les jambes. Je le chasse gentiment d'un léger coup de pied, le repoussant avec douceur alors que son berger le siffle pour l'ordonner à revenir à lui. Cette mignonne petite chose disparaît dans les hautes terres pour mon plus grand bien. Mais évidemment, il y a quelqu'un qui n'allait pas râter une occasion pour me taquiner.

- Il semblerait que tu ais un bon feeling avec les animaux.
- C'est peut-être pour cela que l'on s'entend si bien.

Tu voulais me tacler, bonhomme ? C'est raté ! Tu croyais que j'allais seulement grimacer comme à mon habitude ? Et bien non. Ras l'cul que tu m'balances des...Merde, je ne m'attendais pas à la suite. Il m'a prise par surprise, l'enculé ! Et puis, c'est assez rare d'entendre des compliments, ne serait-ce qu'un seul. C'est vrai que sa remarque ne sonnait pas comme une moquerie mais...

Bref, c'est rien. Je secoue brièvement la tête et j'entame de nouveau la marche. Je n'ai qu'une envie : rentrer à Lenwë, voir Miuggrayd me ferait le plus grand bien. Le ciel s'assombrit de quelques nuages et une odeur particulière me chatouille le nez. Je n'ai pas le temps d'en chercher la source que mon compagnon de route tourne la tête en sa direction. Le nez retroussé et les narines dilatées, j'en fronce les sourcils. Tout cela ne me dit rien qui vaille.

Et quand on parle du loup, on en voit toujours le bout de la queue. Mes tympans vrillent l'instant d'après. Un cri perçant accompagne la sortie d'une silhouette, apparemment chancelante, de la lisière du bois. Cela sent les ennuis à plein nez, mais étrangement, ça ne me dérange pas tant que ça. Pour faire bonne figure, j'émets un grognement comme si cela m'agaçait de voir Zorro filer à toute allure. Et bien, je n'ai pas le choix. Allons-y...Je ne vais tout de même pas laisser ce zigoto s'amuser tout seul. Je ne lui ai pas dit que j'aimais me battre, mais peut-être qu'il verra sur mon visage.

Une jeune fille accourt maladroitement vers nous, suivie de ses agresseurs : trois hommes, avec l'un d'eux qui se met alors en retrait. Un archer qui tend déjà sa corde pour finir sa chasse. Je ne serais jamais assez rapide pour éviter la mort à cette gamine, même avec ma magie ! Putain ! J'en serre les dents de rage devant mon impuissance du moment. Mais à peine ai-je le temps de cligner les yeux que j'aperçois Zorro foncer au devant du danger pour dévier la flèche de sa cible. Et le voilà qui fonce vers ce foutu merdeux. Bien, bien...À moi les deux autres. Je ne vais pas me gêner.

Un rictus déforme le coin de mes lèvres foncées et charnues alors que je continue ma course vers les deux lourdeaux. Attrapant fermement ma grande hache, j'en déploie toute la magie qu'elle renferme, recouvrant mon corps d'une toute nouvelle armure, ainsi que mon arme d'un halo glacial. Certes, la situation n'est pas la plus joyeuse au monde, mais au fond de moi, je la trouve très grisante. J'avais besoin de me défouler et j'ai trouvé deux personnes pour faire les cobayes.

Mon cœur bat un peu plus vite. Me propulsant en avant à l'aide de mes sabots, je fonce directement sur le premier assaillant laissé de côté par Zorro. D'un coup d'épaule, je le fais tomber en arrière. Un peu sonné, c'est son autre compagnon qui vient me faire la peau. Approche, le gueux, je sais qui va mourir aujourd'hui. Tenant avec fermeté et adresse ma lourde lame à deux mains, j'effectue quelques mouvements pour esquiver le tranchant de mon ennemi encore debout. J'ai beau être lente avec ce type d'armes, il semble l'être encore plus que moi. Adieu, fils de pute. Fendant l'air, ma hache vient tailler son ventre chaud, y restant un instant dedans. Oups, c'est coincé. Rendant son dernier soupir, je lui asseigne un coup de sabot dans le torse pour libérer ma lame. Son corps inerte tombe sur le dos, du sang ruisselant de ma hache. Inspirant longuement et bruyamment, je lui crache dessus. Et un gros porc en moins.

Le tout premier se relève, ayant retrouvé ses esprits. Il voit enfin l'horreur qui l'attend, mais la vengeance se lit dans son regard. Cela tombe bien : dans le mien aussi, ce sentiment doit briller. Il ne m'a clairement rien fait, mais il tente de me tuer et il a déjà fait assez de mal comme ça. Je fais sûrement une projection de mon traumatisme mais ça me soulagera quelques instants. Serrant les dents de rage, je n'attends pas qu'il m'attaque pour donner le premier coup. Ce manant esquive bien mais j'arrive à le déstabiliser en enchaînant une autre estocade, trop près de son corps. Il ne s'y attendait pas et tant mieux. Cela le fait tomber en arrière, du moins presque. Il perd l'équilibre et j'en profite pour le saisir autour de son cou. Il n'est pas si grand. Il n'est pas si fort. Ma poigne se serre alors que je le soulève, qu'il décolle du sol. Son visage rougit avant de prendre une teinte tirant plus vers le bleu ou le violet, alors qu'il essaie de dégager mes doigts. Dans un ultime soupir, il gargouille un mot.

- Pitié...

- Tu n'en as pas eu pour cette gamine. Et je n'en ai pas pour les enfoirés de ton espèce...

Mes doigts empoignent davantage la chair de son cou jusqu'à entendre un craquement.  Je laisse retomber son corps inerte au sol. Un fin sourire se dessine sur mon visage. Buter ses enculés était purement et simplement jouissif. Mes yeux sans pupille viennent fixer le cadavre, avant de trouver la silhouette de Zorro un peu plus loin. Il s'approche de la jeune fille encore allongée dans l'herbe, alors que je rengaine mon arme dans le dos, mon armure enchantée disparaissant dans une légère brume. À mon tour, je m'avance vers elle, tandis que mon compagnon la soulève très légèrement. Tout ce sang...C'en est fini pour elle, malheureusement. Même dans ses derniers instants, elle ne pense pas à elle. À quoi bon ? Si elle avait fini dans cet état, avec trois gros porcs à ses trousses, il ne reste probablement rien des villageois dont elle parlait. Cela me fatigue déjà, mais si ce sont des esclavagistes, on risque d'avoir des problèmes.

Je suis Zorro après qu'il est redéposée le corps glacé de la jeune femme. Il semble avoir un meilleur odorat que moi. C'est alors en de grandes enjambées que nous arrivons rapidement dans la forêt, sur les lieux du crime. Les quelques gourbis qui servaient d'habitations ne sont plus que ruines et cendres. Je laisse mon compagnon chercher des preuves ou des survivants, tandis que j'utilise très légèrement ma magie pour éteindre le peu de flammes et braises qu'il reste. Une fois cette infime chose finie, j'observe à mon tour ce que ces monstres ont laissé derrière eux : la désolation, la mort...et des putains d'empreintes qui vont dans la direction où nous devons aller. Un soupir exaspéré s'échappe de ma bouche sans que je ne cherche à le retenir.

- Ça pue...Mais c'est par là qu'on doit aller, alors autant faire d'une pierre deux coups, non ?

Je n'ai pas envie de laisser ces connards trouver nos traces et les guider à Lenwë. C'est une académie et non un camp de soldats, et bien qu'ils sachent en partie se défendre, je ne peux pas savoir combien il y a d'hommes. Faisant un signe de tête à Zorro, je suis minutieusement les traces de charrette qui mènent plus loin, vers l'aval de la montagne. Mes sabots se font lourds à chaque pas. J'espère que ce sont des esclavagistes, sincèrement, car cette rage qui monte en moi, j'ai besoin de la déverser. Je ne suis guère très bavarde, mais je crois que je dois lui expliquer les choses.

- N'y vois pas un quelconque sentiment de justice de ma part. Dans ce monde, c'est “marche ou crève”. C'est juste que je ne veux pas mener ce genre d'ordures là où on doit se rendre.

Un sifflement de narines m'échappe un peu. C'est la vérité ou une simple excuse ? Au fond, je ne saurais vraiment le dire, et peut-être bien que je n'ai pas envie de le savoir. Nous avançons toujours jusqu'à ce que la nuit voile le ciel de son tulle sombre, et que des points lumineux éclairent le bas de la montagne, à travers les arbres parsemés ici et là. Leur camp est donc là. Quelques tentes de toiles, une maisonnée de bois, un énorme feu de camp et surtout, une cage...Avec leurs prises, certainement, du village précédent ou d'autres rafts. D'un mouvement de main, je montre à mon compagnon de voyage que je m'accroupis et cherche à faire le moins de bruit possible. Avec ma grande taille, mais aussi simplement par ce que je suis, une Nunaat, je ne suis pas la mieux placée en terme de discrétion. Avant de trop s'approcher du camp, je me tourne vers Zorro.

- Une idée ? Parce que sinon, je fonce dans le tas. Je ne suis pas du genre à faire dans la finesse, ni même à porter secours aux autres.

Après, je pourrais toujours utiliser la glace pour les déstabiliser, et comme j'ai pu voir une partie de ce qu'il pouvait faire, notamment en terme de rapidité et de force, je ne crains en rien pour la vie de mon étranger. Ehm...”Mon étranger” n'est pas vraiment ce que je souhaitais dire...Pensées de merde.

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