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« le: jeudi 14 juin 2012, 16:02:11 »
Elles ne comprenaient pas. Comment pouvait-elle comprendre, après tout ? Elles étaient incrédules, parlant dans leurs petits appareils de transmission. Si primitives, si ridicules... Elles n’arrivaient pas à comprendre ce qu’elles voyaient, et contemplaient, indécises, les cadavres massacrés, les cocons explosés, les œufs crevés, les corps éventrés. Elles ne comprenaient rien à sa souffrance. Rien à sa douleur. Car Il était triste. Comment aurait-on pu être joyeux en tuant ses propres hommes ? Car ces cadavres étaient à Lui. Ou, tout du moins, ils auraient normalement dû l’être, s’ils ne s’étaient pas rebellés contre son autorité, et si on n’avait pas tenté de le tuer. Il aurait d’ailleurs dû mourir, mais Il était plus résistant que l’Usurpateur avait semblé le croire. Son lien psychique avec le Grand Créateur était bien plus fort que ce que l’Usurpateur avait cru.
Il était profondément choqué et attristé par ce qu’il voyait. Qu’était-il, désormais ? Un général sans troupes, un Annexien qui avait perdu sa Horde. L’une des plus puissantes Hordes de la Fourmilière, car il était l’un des plus puissants Annexiens. Trônant dans le Triangle de Verre, Il contrôlait sa Horde, son peuple, tel un Dieu veillant sur ses brebis. Jusqu’à ce que l’Usurpateur arrive, et prenne sa place au Triangle de Verre, renversant, l’un après l’autre, les Annexiens qu’il ne pouvait pas briser. Les Traîtres étaient maintenant partout, mais l’Annexien, lui, restait fidèle à son Maître, au Grand Créateur. Et à ses désirs.
Plus Il voyait ses femmes, plus Il avait du mal à se calmer. Il aurait normalement du rester dans l’ombre, les laisser passer. Les humaines n’étaient pas la cible du Grand Créateur, mais le Grand Créateur était affaibli, et ne parvenait que difficilement à communiquer avec ceux qui lui étaient encore fidèles. Il écoutait fidèlement les instructions du Créateur, et ses instructions l’avaient mené loin de la Fourmilière, dans cet endroit, avec ses derniers fidèles, mais Il en ignorait les raisons. Muet, le Grand Créateur ne communiquait plus, et Il avait décidé de s’occuper en tuant les Traîtres... Comme cette petite bande qu’il avait massacré à lui tout seul. Ensuite, ces humaines étaient venues, et Il s’était dissimulé.
En l’absence du Grand Créateur pour le guider, l’Annexien sentait ses plus intimes désirs rejaillir. La Vie et la Mort. La procréation et le carnage. L’odeur du sexe et du sang. Elles restaient là, piaillant, telles de silencieuses offrandes, l’agaçant. Il détestait les humaines, mais il haïssait les Traîtres. Il avait néanmoins tué les Traîtres. Et le Grand Créateur restait muet. Alors, Il passa à l’action. Il fondit sur elles, et elles hurlèrent, ouvrant inutilement le feu. Leurs balles l’agaçaient. Certaines le chatouillaient, mais d’autres lui faisaient mal, l’énervant. Il fondit sur l’une des humaines, l’attrapant par le cou, la décapitant, et en attrapa une autre par la main, enfonçant ses griffes dans sa boîte crânienne, faisant fondre son cerveau entre ses doigts.
L’une des femmes de fer pointa ses lumières sur lui, l’agaçant encore plus, et tira. De longues balles, ressemblant à des espèces de traits, le frappèrent, le faisant couiner. Il ressentit la douleur, mais il n’était pas un stupide subalterne. Il était un Annexien, et il accueillait la douleur avec joie. Il plongea sur la femme de fer, qui n’était qu’une brindille contre lui, la souleva, et tira. Il eut bien du mal à arracher son corps, et choisit donc de se répandre à l’intérieur. Ses cheveux se faufilèrent dans les jointures de l’armure, et il se régala des hurlements de la femme de fer. Il atteignit le corps chaud de la propriétaire, et sentit l’excitation monter lorsqu’il glissa sur sa poitrine. N’y tenant plus, il se faufila dans son intimité, et commença à se nourrir.
Sa nourriture s’interrompit néanmoins vite, car les survivantes continuaient à lui tirer dessus. Il abandonna la carcasse désarticulée de la femme de fer, et se tourna vers les autres. Certaines tentèrent alors de se replier, tirant en arrière, et il bondit sur l’une des femmes restant en arrière. Il caressa avec ses griffes sa belle jambe, mais son corps ne lui convenait pas. Il se contenta de la faire entrer dans sa tête, la dévorant. Une autre courait, et elle, elle lui plaisait. Il avait vu son agréable fessier, son corps endurant, sa longue chevelure. Les poursuivre et les rattraper ne lui prit que quelques secondes. Il les tua toutes, sauf elle. Il lui prit son arme, car les balles l’irritaient de plus en plus. Il se tint devant elle, prostrée sur le sol, gémissant. Les humaines étaient fascinantes. Il l’attrapa par le cou, la regardant. Il n’avait pas de langue à proprement parler, et enfonça l’un de ses membres dans l’intimité de la femme, faisant jaillir un liquide écarlate, et fut satisfait. Elle ne l’ennuyait plus en émettant des sons insupportables.
Alors, Noggaroth, Annexien, prit son temps. Elle n’était qu’un prélude, un échauffement. Il avait repéré d’autres femmes, et Il comptait bien se servir des humaines pour soulager sa frustration. Le Grand Créateur étant silencieux, c’était peut-être après tout cela qu’il attendait de celui qui se considérait comme son meilleur guerrier : qu’Il se soulage en attendant que l’Usurpateur soit chassé.