Pfff… Ennuyante à mourir cette fête… Si ce n’était pour assurer mon image de marque, jamais je ne serai venu faire souffrir mes oreilles à écouter cette chorale de personnes âgées… Mais voilà, si je veux contre balancer les petits bavures qu’engendre mes activités mafieuses, il faut bien gagner le cœur des gens, un don l’orphelinat par-ci, une distribution de nourriture aux pauvres par-là, et aujourd’hui assister au concert de la choral du 3ème âge dans le parc de la ville.
J’arbore donc ma forme habituelle d’humain, qui n’est autre que mon corps originel remodelé par mes soins, et je me suis paré d’un costume gris sobre et élégant. Je suis à deux doigts de feindre un rendez-vous urgent pour pouvoir m’éclipser, que la torture se finit d’elle-même, le petit concert touchant à sa fin, mais à peine me suis-je relevé que je suis assaillis par certains notables de la ville qui me font des courbettes pour essayer de m’arracher un soutien financier.
Après les avoir poliment rembarré, je m’enfonce dans les allées boisées du parc, un beau soleil perçant à travers le feuillage des arbres, au moins cette foutue chorale n’aura pas fait pleuvoir. A quelques mètres de moi, je distingue la silhouette d’une jeune femme marchant en sens opposé au mien. Nous nous rapprochons donc l’un de l’autre, et mieux je la vois, mieux je peux apprécier sa beauté. Elle n’est pas typé Japonaise, comme beaucoup de femmes ici, mais peu peuvent se vanter de pouvoir allier à la fois la beauté du visage et du corps… Ce doit certainement être une peste, parce que sinon ce serai l’être parfait qui se présenterai devant moi. Quoi qu’il en soit, je ne compte pas laisser passer une femme aussi belle, surtout que j’ai bien besoin de me défouler après ces dernières heures aussi dynamiques qu’une demi-finale départementale des chiffres et des lettres.
Fatalement, nous nous croisons, ce qui me permet de trouver son regard et de laisser mon don agir, je commence à sonder son esprit, mais un horrible mal de crâne m’envahit tant les informations que je dois traiter sont nombreuses, beaucoup trop, et je suis contraint d’arrêter tout de suite. A l’instar de Miya et Melisende mon don vient encore de me jouer un sale tour, comme si les pensées, les souvenirs de ces femmes étaient trop nombreux, comme si c’était ceux de plusieurs vies. Ça m’a l’air encore plus vraie pour elle, je ne sais pas si c’est juste parce que j’utilise trop mon pouvoir, ou bien si cela vient d’elles… Bref de toute façon je dois faire sans, ma proie est déjà à quelques mètres derrière moi, il faut que j’agisse tout de suite, pas question de louper cette occasion.
Après quelques pas, je me déporte pour aller me dissimuler derrière un arbuste, et en ressort quelques secondes plus tard en policier à moustache typique de la ville. Uniforme, bottines, képi, et lunettes noires, plus vrai que nature. C’est un peu cliché, mais je dois faire vite et c’est la première chose qui m’est venu à l’esprit, en me faisant passer pour un policier je trouverais bien de quoi faire quelques misères à cette jeune femme, ou tout du moins la retenir un peu afin d'établir un plan.
J’accélère donc pour revenir à quelques mètres d’elle et l’interpelle d’une voix forte :
Mademoiselle arrêtez-vous ! J’avance à sa hauteur puis poursuis. Puis-je voir vos papiers s’il vous plait ?
Maintenant juste en face d’elle, je peux laisser mon regard mieux apprécier les formes de cette jolie rousse, surtout qu’il est dissimulé derrière le noir de mes lunettes.
