J'enfilai la blouse qu'elle m'avait rapporté. M'ouais, moyennement seyant, mais ça restait plus sortable que torse nu. En reprenant la route, elle m'adressa une question un peu étrange.
- Voilà. Concernant mon idée pour ta blessure.. J'aurais une question avant. Tu peux cicatriser de toi-même ? Je veux dire... Accélérer la cicatrisation ?
Je me représentais tous les scénarios possibles et imaginables. Le plus "logique" serait qu'elle essaie de me découper la cicatrice, pour que la peau repousse par-dessus. Je n'avais jamais vraiment essayé, à vrai dire. Mais j'avais de gros doutes malgré tout. Une blessure démoniaque, ce n'était pas rien. Et puis, la douleur était certes moindre que sur un humain - dans la mesure où je ne ressentais rien en me mordant ou en frappant dans une glace - mais elle était bien présente. Dépecer une partie entière de mon torse... Il fallait quand même avouer que si ça fonctionnait, je serais ôté d'un gros poids. Je m'étais attaché à ce pansement, mine de rien. Il faisait un peu partie de moi, de mes "secrets". Et surtout de mes erreurs passées. C'était presque un pense-bête.
Je soupirai et m'apprêtai à lui répondre quand elle arrêta la voiture. On était arrivés. Belle fille, belle voiture et forcément belle maison.
Elle me fit entrer dans un salon assez luxueux. Décorations et ameublements correspondants assez bien à la vision que je me faisais d'elle, cette villa semblait assez confortable.
- Écoute, pour la blessure... Je sais pas vraiment si essayer des trucs c'est une bonne idée. Ça fait un peu partie de moi, et ça me rappelle la première connerie que j'ai faite en arrivant sur Terre. P't-être que l'enlever, c'est pas un truc à faire ?
Je patientai néanmoins. Je lui devais de toute façon un coup d'œil sur la cicatrice. Sans plus attendre, j'enlevai la blouse et, quoique légèrement hésitant, le pansement. La plaie apparut. La même que d'habitude. Une sorte de marque couleur chair, plus claire que mon bronzage naturelle malgré tout.
- À bien y réfléchir, c'est la première fois que je tombe le pansement. La chemise, ça m'arrive assez souvent, mais c'est pas pour observer la partie-là de mon corps. Ça me fait... Je m'arrêtai et essayai de trouver mes mots. Aucune autre ne me vint à l'esprit. Bizarre.
Puis j'attendis qu'elle fasse ce qu'elle avait à faire, les bras croisés derrière ma tête, un air blasé accroché au faciès.