Là où le jeune Inu n'inspirait et n'expirait que par le biais de son nez délicat et de l'efféminée ouverture de sa bouche, A'dana l'accomplissait par tout son être. Son corps en apprenait ainsi de plus en plus sur l'odeur de celui l'ayant sortie de son sommeil. Par l'eau pure qu'elle déversait sur lui, elle dissipait les nuances des pollens, senteurs d'insectes et toutes conséquences de la journée de voyage de l'aventurier en quête de réponses au sujet de son père. Et ce faisant, elle s'approchait un peu plus de l'odeur personnelle, unique de Theorem.
*Le sang est la vie pour maintes espèces. Je ne suis pas le Sang.* Lui déclara-t-elle, prenant toujours garde de ne pas agresser ses pensées, ses mots venant vers lui en chaudes et aimantes caresses *Nous nous connaissons déjà mieux, paladin Stanov.*
Quand il acheva de se dévêtir, à sa demande, l'Entité entra en possession d'éléments lui permettant d'appréhender l'énergie sexuelle virile décelée dès leur rencontre sous terre. Un double appendice reproducteur mâle, entièrement fonctionnel. Ce qui devait être vu comme exceptionnel parmi les espèces humanoïdes de ce monde. Elle-même ne se rappelait en avoir observé que fort peu. Néanmoins, le jeune homme ne donnait aucun signe de honte ou de fierté en rapport avec cette rareté anatomique. Considérant son vécu, son expérience, ce devait être le cadet de ses soucis supposa la Créature toujours assise sur ses talons, dans une eau purifiée par sa présence.
« Tu es très beau. » Dit-elle, envoûtante, en l'enveloppant de son aura presque palpable, ses prunelles surnaturelles n'ayant pas cherché à mentir sur le plaisir que lui procurait la contemplation de cette nudité.
*Scelle tes paupières.* Lui indiqua-t-elle lorsque leurs paumes se joignirent et que, à peine perceptible, le contact spirituel monta d'un cran *Tu vas bientôt sentir une foison de nouvelles sensations, de parfums. N'aie crainte, ce n'est que la Vie qui nous environne. Une Vie à laquelle nous appartenons. Laisse-moi te guider.*
Leurs deux êtres formaient un cercle auquel elle s'efforça d'amener l'Harmonie. Entre eux. En essayant de le connecter avec elle à cette vie éclatante qui se tournait de plus en plus vers elle pour compenser le départ progressif du soleil. Ce moment de la journée, tout comme l'aube se révélait propice à une telle communion. A'dana ressentait son union avec son protégé, parvenait à calquer l'un sur l'autre ce qui leur tenait lieu de rythme cardiaque et respiratoire. Plus fugace qu'une étincelle, l'Harmonie s'établit et elle put offrir à l'Inu un bref aperçu de sa Communion avec la Nature, lui permettant de la vivre par son truchement, tout voir, tout ressentir, tout comprendre de la faune et de la flore avec une clarté et un amour irréels.
Quand elle rouvrit les yeux, cela provoqua aussi le soulèvement des paupières de son compagnon. Unis comme ils l'étaient encore, elle n'avait besoin de rien dire ou montrer pour qu'il comprenne l'estime bienveillante qu'elle lui portait en cet instant précis.
*C'est un miracle d'y être parvenu.*
Le temps avait coulé étrangement alors que leurs consciences s'étaient élevées. La lune brillait désormais haut dans les cieux et une lueur dorée rayonnait, féerique, de la silhouette de l'Entité. Gracieusement, elle inclina la tête par côté, faisant glisser sa si particulière crinière, puis avança ses lèvres émeraudes, les déposant moelleusement sur celles du mâle. Après ce bref contact, elle le regarda dans les yeux et fit glisser avec une passion sans équivoque ses doigts sur la peau claire des flancs, avant de reprendre ses baisers plus tendres que ne l'étaient ses doigts fuselés qui cherchaient, eux, à allumer un véritable brasier.