Le «
Starlight » était l’un des plus luxueux casinos de Seikusu, ce genre de casino où on n’entrait que sur invitation, et à condition d’avoir un portefeuilles bien rempli. Fort heureusement, Félicia avait récemment réussi à faire l’acquisition de quelques luxueux bijoux. Leur revente lui avait permis de se faire suffisamment d’argent, et la tentation était grande de les dépenser dans les machines à sous, ou au poker. La Chatte Noire s’était infiltrée sans trop de difficultés dans le casino, côtoyant les pontes de la ville. Conseillers municipaux, juges, industriels, hommes d’affaires… Les grands pontes… Voilà qui rappelait à Félicia ce passé lointain où, dans son luxueux appartement de Manhattan, sa mère organisait des réceptions mondaines de ce genre.
Il ne s’agissait pas vraiment ici d’une réception, certes, mais on y retrouvait al même clientèle. Dans un coin, des chanteurs de jazz donnaient quelques morceaux. Le décor était riche et grand, avec des aquariums géants, et des tables. Le «
Starlight » faisait aussi office de restaurant, et était, à vrai dire, une couverture pour la mafia locale. Comme dans tout bon film hollywoodien. Il fallait juste remplacer Al Pacino par un acteur asiatique. Ce n’était un secret pour personne, même s’il était difficile de réunir des preuves suffisantes pour fermer le casino. Les Yakuzas étaient influents, si influents qu’ils n’avaient même pas à se cacher. Certains agents de sécurité avaient des épées dans le dos, comme tout bon Yakuza.
*
Peu importe, dans le fond… Je ne suis pas là pour faire ma justicière, mais simplement pour dépenser mon argent !*
On la regardait, on détournait le regard. Il fallait dire que Félicia était plutôt une belle femme, et ses vêtements allaient dans ce sens. Elle portait une superbe
robe noire avec des collants, au dos nu, ainsi que d’élégants
gants de soirée. Un délicat
collier ornait également son cou, achevant de la rendre suffisamment désirable pour qu’on vienne lui parler et lui sourire. Elle portait également des
bottes. N’osant pas dire qu’elle était une simple professeur de sport au lycée, Félicia se faisait passer pour une secrétaire juridique dans un grand cabinet international spécialisé dans le droit des affaires. Un intitulé suffisamment ronflant pour que personne ne vienne lui demander de plus amples précisions.
La Chatte Noire hésita à s’approcher des machines à sous, et préféra plutôt se porter vers une table de jeu, où une partie de poker avait lieu. Les règles de cette partie étaient les plus usuelles : le poker texan, ou «
Texas Hold’em ». Grâce à son ex-mari, Flash Thompson, et à ses années de faculté, Félicia avait quelques connaissances. Elle avait fait plusieurs parties dans des caves étudiantes, du strip poker, et s’en était parfois bien sortie… En d’autres circonstances, elle avait fini en petite culotte. Hésitant, Félicia s’approcha. Elle était joueuse, après tout, et reconnut plusieurs des joueurs. Il y avait l’adjoint du maire, une vieille femme, et un gros Chinois, probablement un «
Dragon Head » des Triades.
«
Vous désirez faire une partie, Madame ? lâcha l’adjoint du maire en levant la tête.
-
Mademoiselle » répliqua-t-elle en souriant légèrement.
Il y avait plusieurs gens regardant la partie, mais c’était bien à elle que l’adjoint avait parlé.
«
Il reste de la place pour plusieurs joueurs », expliqua le croupier, avant de donner le montant de la
blind, la mise de départ.
Elle fut tentée de le faire, lorsque l’adjoint du maire tourna la tête vers quelqu’un se trouvant derrière elle.
«
Tiens donc… Une ravissante femme, et voici maintenant Bruce Wayne en personne ! Que faites-vous là, M. Wayne ? Les belles femmes et les soirées arrosées de Gotham ne vous suffisent plus ? »
Tournant la tête, Félicia vit en effet le milliardaire Wayne, dont les frasques défrayaient parfois les chroniques de la presse à sensations. Il devait sûrement être à Seikusu pour affaires… Du moins, Félicia ne voyait aucune autre raison justifiant la présence d’un tel milliardaire ici. Félicia en avait naturellement entendu parler, car elle était après tout une Hardy. L’heure où sa famille côtoyait des sommités new-yorkaises comme Donald Trump remontait à loin, mais elle continuait à suivre le monde des affaires. Bruce Wayne figurait fréquemment dans «
Forbes », placé généralement en têrte des sondages sur les célibataires les plus attirants…
Félicia devait plutôt reconnaître qu’il était assez séduisant. Elle lui fit un léger sourire, révélant ses belles dents blanches, avant de lui parler :
«
On dit que vous êtes un homme qui apprécie le risque, M. Wayne… Autant que les femmes. Oseriez-vous mélanger les deux ? »
Après avoir dit cela, Félicia, sur un léger sourire espiègle, alla s’asseoir sur une chaise, s’invitant au sein des participants.