Paradis volant ? [Privé : Aileen]

Exodus, Juge Céleste de son passé, ayant été l'un des plus prestigieux membres de la rebélion contre les Dieux, ayant conduit les âmes les plus souillées vers l'au-delà, étant immortel...
...ne savait décidément pas quoi faire de ses soirées. Lors de sa première visite de Terra, il avait découvert une ville si froide et si étrange, ne sachant pas où se mettre pour passer inapperçu. Car, en dépit de sa grande taille, il pouvait rarement se fondre dans la foule. Mais là... C'était encore pire ! Dans sa forme d'apôtre, il mesurait environ 2m50 et il forçait au respect tant bien que mal.

Après une journée plus que banale au lycée où il travaillait comme psychologue, même si psychiatre serait mieux convenu, il s'apprètait à rentrer chez lui. Mais, malgrès lui, il se perdit dans les couloirs, et se retrouva confronté à un portail. Bien entendu, lorsqu'il passa dans le monde de Terra, sa première réaction fut :
"Où est la sortie de ce p***** de lycée !?"
Effectivement, il n'avait pas remarqué qu'il était de nouveau passé dans ce monde si étrange.

Cependant, au lieu de prendre sa forme originelle, il choisit cette fois-ci de garder sa forme humaine. Il passait ainsi beaucoup plus facilement comme un Terranide. Il fit quelques rues avant d'être définitivement... perdu !Il essaya donc de rebrousser chemin, mais peine perdue : il se rendit vite compte qu'il aurait besoin d'une personne au faits pour rentrer chez lui. Bah ! Il rentrerait facilement avec son pouvoir de contrôle sur le vent ! Ce genre de distortions, comme lui avait apprit Aphrodite, était riche en énergie. Et Exodus pouvait sentir l'énergie dans l'air comme un charognard sent le sang séché à des kilomètres de distance.

Il s'assit donc à un bar, demandant un verre de scotch et se détendant perceptiblement. Lorsqu'il fut servi, il détailla les alentours : la plupart des clients de ce bar était des badauds mals famés, et il ne doûtait pas qu'il devrait certainement avoir à faire appel aux arts du combats pour ce sortir de ce guet-apends. Tiens, en voilà justement un...

-Tu fout quoi ici ? T'es nouveau ?! Tu sais que les nouveaux sont pas les bienv'nus ici !? Alors, tu réponds ?

Exodus, inperturbable, continua son verre d'alchol fort, ignorant littéralement l'homme qui avait levé le ton contre lui :

-Eh ! Tu veux t'battre ?

A ce moment, une dizaine d'autres personnes habituées du bar se levèrent et vinrent entourer l'individu, injectivant Exodus. Ce dernier pris une décision rapidement : il se leva et se dirigea vers... le comptoir ? Pour cela, il devait traverser la foule. Exodus se chargeait, en même temps, de rendre l'air aussi dûr que le diamant autour de lui, tâche qui ne le prit pas beaucoup de temps malgrès le fait qu'il soit sous forme humaine. Continuant à avancer, le bouclier venteux se déplaçait avec Exodus, imperturbable aux soulards qui se jetaient sur lui. Lorsqu'il arriva à destination, il tendit au barman qui, médusé, s'était contenté de suivre l'action du regard, des pièces terriennes, en lui disant :

-Je m'excuse, mais je ne possède pas la monnaie dont vous vivez. Cependant, voici une très belle somme qui vous ira si vous trouvez quelqu'un pour faire le change.

Bien entendu, il possédait de la monnaie terranide, mais il préférait la garder en cas de situation d'urgence.
A ces mots, Exodus sortit.

Lorsqu'il fut dehors, il leva les yeux au ciel, par pur réflexe, appelant le vent. Ce qu'il vit lui coupa le souffle : un bateau gigantesque... dans le ciel ! Il n'était pas au courant qu'ils avaient découvert les vaisseaux volants ! Il décida donc d'y jeter un coup d'oeil. Il fut accueilli par une charmante jeune femme qui lui faisait les yeux doux. Exodus était malheureusement pour elle insensible à ce genre de charme. Il visita donc le bateau jusqu'à ce qu'il se fasse aborder par une femme un peu différente des autres...

Règle d'or de ce business: plus les escales sont courtes, plus les clients affluent. Rester peu de temps à un même endroit permet de laisser les gens se presser à bord, désireux qu'ils sont de profiter des hôtesses avant leur départ.

Suivant cette loi qui lui avait été inculquée lors de ses débuts, Aileen avait ordonné un arrêt d'une semaine aux abords de Nexus. Comme d'habitude, toute la semaine durant, les consommateurs s'étaient pressés le soir venu, profitant du noir pour agir avec discrétion, parfois dans le dos de leur femme déjà endormie ou bien simplement à la recherche d'un lieu où faire la fête tard dans la nuit. Les filles avaient beaucoup travaillé, et le navire avait régulièrement été empli de ces gémissements étranges qui, malgré les cloisons épaisses, n'étaient pas entièrement étouffés et mettaient la capitaine mal à l'aise.

Tout ce travail avait payé: la somme obtenue était rondelette, assez même pour pouvoir prendre quelques jours de repos, loin de la Cité-Etat.

Katell s'était retirée dans sa cabine afin d'entrer dans l'une de ces transes qui conféraient ses capacités au navire céleste. Manoeuvré en parallèle par les petites hôtesses, également navigatrices accomplies, le Belle-de-Nuit s'était élevé à plusieurs dizaines de mètres du sol, se stabilisant à raisonnable altitude. Puis, prenant le vent, il avait commencé à se laisser paresseusement glisser le long des courants aériens.

Ce fut à ce moment précis que Katell, sortant de sa cabine pour inspecter son travail - lorsque le bateau était en l'air, elle pouvait relâcher son contrôle -, aperçut un homme qui se promenait tout naturellement, comme un touriste venu au zoo. Comment le manquer? C'était un vrai géant! Un instant interdite, elle tenta de l'attirer à lui en lui jetant un oeil aguicheur, mais l'étranger ne pipa mot et l'ignora parfaitement. Pff, l'insensible.

La sorcière se dépêcha toutefois d'aller en toucher un mot, en urgence, à Aileen, qui quitta aussitôt la barre afin d'aller au-devant de l'inconnu. Qui était-il? Une créature magique, capable de voler jusqu'ici? Un simple civil perdu à bord au moment de l'envol? Ce dernier cas serait problématique; Katell avait besoin de recouvrer ses forces après chacun de ces efforts colossaux qu'elle fournissait pour soulever magiquement tout ce petit monde, ce qui signifiait un retard considérable en cas d'atterrissage forcé pour débarquer le grand bonhomme. Quel malheur...

Elle tomba enfin nez à nez avec lui, sur le pont, et se campa devant lui avec toute l'assurance dont elle fut capable après avoir constaté qu'elle faisait plus d'une tête de moins que lui.


- Euh... Bonjour... Excusez-moi, mais le Belle-de-Nuit est en pleine manoeuvre de décollage, et nous sommes fermées durant ce temps. Qu'est-ce que, euh, vous faites ici? Vous désiriez quelque chose?

En voyant l'accoutrement de la jeune femme, Exodus n'eu plus aucun doûte sur l'endroit où il avait échoué. Il appelait ce genre de cache "une antre de la luxure". Bien qu'il n'aie aucun a priori sur les personnes y entrant, il trouvait le concept plutôt déplacé. C'était tout de même une vente du phénomène de reproduction ! Et lui, Exodus, était contre ce genre de pratiques qu'il jugeait mal placées. Lorsqu'elle ouvrit la parole, ce fut pour lui dire :

- Euh... Bonjour... Excusez-moi, mais le Belle-de-Nuit est en pleine manoeuvre de décollage, et nous sommes fermées durant ce temps. Qu'est-ce que, euh, vous faites ici? Vous désiriez quelque chose?

Sa première réaction fut d'effleurer le pont du vaisseau et de répondre à la femme :

-Le Belle-de-Nuit... Joli nom, quoique peu original, pour un vaisseau...

Il était conscient qu'il déstabiliseait ainsi la jeune femme, mais peu lui importait.au contraire, c'était même le but. Ainsi, elle ouvrirait plus facilement son esprit et s'échaufferait plus vite, laissant la possibilité au Juge Céleste de remonter le flot de paroles fausses pour arriver à la vraie conscience de la dame qu'il avait devant lui. La dame en question, bien que mesurant une ou deux têtes de moins qu'Exodus, le regardait avec toute la fierté qu'il était possible de mettre en dépit de cette différence impromptue de taille. Il la jugea courageuse : d'aucune se seraient déjà désistée où aurait appelé de l'aide.
Lorsqu'il nota la flamme dans le coin de l'oeil de celle-ci, Exodus sentit qu'elle était genée. Ou en colère. Ou un mélange des deux... Bien qu'assez clairvoyant, il ne pouvait pas tout deviner du premier regard.

Il lui tourna le dos pour faire face au vide au-dessous du bateau volant. Il leva les mains et la tête au ciel pour conracter le vent et savoir par quelle énergie celui-ci était maintenu en les airs. Lorsqu'il découvrit cette source, il resta sans voix : la magie ! Une des femmes d'ici était une mage très puissante. Ou bien un sort avait été lancé à cette embarquation pour qu'il gagne un caractère volant. Dans tous les cas, la femme qu'il avait dans le dos était bien plus influente qu'il pensait, et il n'avait pas intéret à la provoquer trop rapidement... Car il la provoquerait, c'était dans sa nature, même quand il ne le désirait nullement.

Il se retourna donc pour faire face à la chefette présumée du bateau et lui annonça :

-Je m'excuse pour le dérangement occasionné par mon arrivée à l'improviste mais lorsque j'ai vu votre embarquation, je me suis immédiatement demandé à quelle énergie il pouvait voler. Et lorsque j'ai vu la porte ouverte, je n'ai pas pris la peine de frapper.

Il fixa la jeune femme pour un examen occulaire. Ses yeux refletèrent d'abord la surprise universelle, mais lorsqu'il concentra ses pupilles au point de leur donner une couleur rouge flamboyante, il se concentra sur le fond de son être. Lorsqu'il eu fini, la seule chose qu'il put affirmer était qu'elle n'était pas comme les autres filles destinées à résider sur cette embarquation, car la luxure n'était pas un de ses mets favori.

-Puis-je savoir ce qu'une si charmante dame fait dans ce lieu d'insomnie et de plaisirs indus ? Car je sens au plus profond de votre être que votre place n'est pas ici.

Comme ultime provocation, il approcha sa main vers sa joue pour un toucher d'une tendresse factice qui aurait pour but de vexer la femme et de la pousser dans ses derniers retranchement.

Alors ce n'était pas un client... Quel drôle de type. Il était apparemment venu jeter un oeil au bâtiment flottant, intrigué par ses capacités défiant totalement la gravité terrestre... Cachait-il quelque chose, une autre raison peut-être, plus insolite et plus étrange? Aileen décida de ne pas se montrer excessivement méfiante. Les manières de l'inconnu s'étaient révélées être plutôt bonnes et, pour l'instant, rien dans son comportement ne laissait présager un quelconque danger. En tant que capitaine, la jeune femme ne pouvait omettre de se montrer plus ou moins ouverte et accueillante envers lui.

L'homme la fixa un instant, d'une façon qui la mit mal à l'aise et lui fit détourner les yeux l'espace de quelques secondes. Puis il lui demanda, de but en blanc, ce qui avait provoqué sa présence en un tel lieu. Il était vrai qu'Aileen n'était pas encore tout à fait à son aise sur le Belle-de-Nuit; mais cela se voyait-il tant que ça, pour que le premier inconnu venu soit capable de le deviner? Décidément, son interlocuteur lui paraissait de plus en plus étrange. Voyant la main de ce dernier s'approcher de son visage, elle se recula imperceptiblement, se soustrayant l'air de rien à l'ébauche de caresse bien trop familière pour elle.


- Vous avez raison. Je ne suis pas celle qui, d'ordinaire, gère les affaires de l'établissement. Je remplace mon mari, qui est en quarantaine et a besoin de repos, et comme nous ne pouvions pas nous permettre de confier le Belle-de-Nuit à des inconnus... Voilà...


Il n'y avait pas de secret, elle pouvait bien le dire: elle était encore une novice. Sans le soutien de Katell, elle serait totalement perdue. Elle continua:


- Quant à l'énergie utilisée par le navire - vous vous posiez la question, je crois -, c'est la magie de ma seconde. Vous l'avez croisée tout à l'heure, il me semble. Elle doit sûrement être en train de se reposer. Enfin... A mon tour de poser une question. Comment êtes-vous donc arr...

- Magie.


Surprise par cette voix qui venait de nulle part, Aileen se retourna. Kathlyn se tenait non loin de là, assise contre un mur, et les observait attentivement. Une ombre passa sur son regard, puis elle adopta un air curieux, lui adressa un petit signe de la main et n'ajouta plus rien. Bien qu'étant l'une des hôtesses du navire, la jeune fille n'était pas vraiment humaine, mais une créature humanoïde née de la magie; elle était donc particulièrement fiable lorsqu'il s'agissait de recourir à son jugement afin de savoir si, oui ou non, quelqu'un possédait des pouvoirs de cette nature. Mais que faisait-elle ici? Etait-ce une simple mesure de sécurité?

Aileen jeta un regard en biais à l'inconnu. S'il était venu ici grâce à un quelconque pouvoir, la précaution de Kathlyn était compréhensible et légitime.


- De la magie?

La femme réagit plus doucement que ce qu'il eu craint : au lieu de la réaction de défense à laquelle il s'était attendue, elle n'eut qu'un mouvement de recul qu'il n'aurait pas perçu sans sa qualité d'ancien apôtre. En voyant qu'elle allait répondre, il fit appel à son pouvoir pour capter les vibrations de l'air changées par la voix de la propriétaire... Non. De la femme du propriétaire du bateau. Il ressentit qu'elle lui disait une vérité sans détours, ce qui lui plut. Elle enchaîna par l'énergie utilisée par le bateau pour son vol :

- Quant à l'énergie utilisée par le navire - vous vous posiez la question, je crois -, c'est la magie de ma seconde. Vous l'avez croisée tout à l'heure, il me semble. Elle doit sûrement être en train de se reposer. Enfin... A mon tour de poser une question. Comment êtes-vous donc arr...

- Magie.

Encore à l'écoute de l'air, il perçut une certaine sensation lorsqu'il entendit cette seconde voix. Premièrement, cette femme n'était pas autant humaine qu'elle voulait le laisser croire. Secondement, une aura de magie entourait sa voix. Et troisièmement, elle n'avait pas de pouvoirs qui puisse le surprendre, puisque elle était déjà incapable de cacher son aura magique. Habitué à prendre des décisions rapidement, il fut toutefois moins rapide que son interlocutrice :

- De la magie ?

Encore concentré sur la seconde femme, cete réponse le fit sursauter. Son cerveau millénaire fonctionnait à toute vitesse. La magie était-elle donc aussi répandue sur Terra ? Que pouvait-il dire sans exiter une quelconque curiosité qui le rendrait pourchassé par tout ce monde ? Il se sentait comme un étranger découvrant un nouveau monde rempli de capacités, mais ne sachant rien, ni de lui, ni d'elles. Il opta donc pour une semi-vérité. Mais avant, il avait quelque chose à faire...

Il se tourna vers la non-humaine et lui lança :

- En effet. Ce n'était pas si compliqué que ça à deviner... Cependant, votre présence ici est tout à fait inutile : si j'avais été Zaléra, vous seriez déjà toutes mortes, ainsi que la moitié de ce monde. Et vos capacités magiques ne font pas le poids contre les miennes, puisque j'ai le contrôle de l'air, ce qui me donne la capacité de couper tout flux magique. Cependant, votre origine m'intrigue... Je m'autorise à vous prélever un bout de peau morte pour annalyses.

Joignant l'acte, ou plutôt son pouvoir, aux mots, il se concentra pour rendre certaines particules aussi solides que le diamant pour créer une lame venteuse complêtement invisible à l'oeil et lui trancha un lambeau de peau morte sur un de ses doigts. Normalement, la seule sensation qu'elle devrait ressentir serait une légère gêne au niveau de ce doigt, et une sensibilité accrue à la douleur pendant trois ou quatres jours. Maniant son pouvoir, il fit venir le lambeau de peau à lui et le mis dans une de ses poches de son pantalon en velours noir.

Ce travail éxécuté, il se campa face à l'humaine et lui dit :

- Que disiez-vous avant qu'on soit coupé déjà... Ah oui ! Vous me demandiez comment je suis arrivé jusqu'ici, ai-je raison ? Eh bien, ayant vu la porte du bateau ouverte, je me suis invité avant que vous partiez trop loin... Quant à votre mari, je suis désolé pour lui mais je ne peux y faire grand chose, car je ne suis pas un médecin... En réalité, je suis un psychologue. Je doute que vous en ayez dans ce monde... Un psychologue rentre dans la vie privée des gens pour non seulement la connaître, mais surtout pour soigner la personne de ses névroses intérieures. Je pense que je vous serai plus utile que vous le pensez... Madame... ?

Il mobilisa une nouvelle fois son pouvoir pour se créer une chaise venteuse et s'y asseoir.