La bouteille de pinard à la main et le poing serré, je chemine vers mon appartement, telle un vieil homme plus que jamais sali par sa réputation de violeur pédophile.
Elles ont réussi, ces sauvages. Elles m'ont traîné jusqu'au tribunal grâce à de simples soupçons infondés et probablement aux approbations muettes des mômes trop jeunes pour comprendre que leur mutisme risque de détruire la vie d'un homme innocent.
J'ai gagné la bataille, mais pas la guerre. Le manque de preuves m'a disculpé mais ces mères de famille reviendront à la charge, j'en suis certain. Ça fait peur, ça fout les frissons dans le dos. J'ai beau être bourru et pervers je n'en reste pas moins un homme raisonnable et respectable.
Plus je marche et plus j'ai soif, plus j'ai soif et plus je bois, plus je bois et plus je vois flou, plus je vois flou et moins je peux marcher. Je m'assied sur des marches d'escalier pour me reposer un peu. Je pourrais attendre qu'on m'accorde un peu d'hospitalité mais connaissant les mœurs du coin, je ne resterai pas longtemps ici.
A deux pas de l'endroit où je suis assis, un couple de quarantenaires sort. Il est évident que vu l'heure et leurs sourires, ils vont s'amuser et ils ne sont pas prêts de rentrer à la maison.
Ce n'est qu'une minute après que leur fille sort, elle tient un trousseau de clés à la main et semble chercher en vain ses parents. Sur le coup je rigole, en effet les parents vont sans doute rester à la porte lorsqu'ils voudront rentrer car elle sera couchée.
Elle m'a vu rire, cela a sans doute éveillé sa curiosité car elle vient me parler, sans l'ombre de peur, et me demande pourquoi je suis assis ici. Je commence à parler de mes mésaventures, puis, ne voyant pas de lassitude de sa part, je lui raconte ma vie.
La jeune fille de quinze ans m'interrompt pour me proposer de l'accueillir chez elle puisque ses parents ne sont pas là. J'accepte bêtement, je me désape et me fais servir un café pour éponger mon haleine vineuse.
On peut voir par le reflet d'un miroir l'armoire entrouverte qu'il y a dans sa chambre. Ses vêtements sont pauvres en tissu et ce n'est sans doute pas par souci d'économies... Voilà justement la gamine dévergondée qui revient de la cuisine avec mon café.