Les apparences sont parfois trompeuses... [PV Ïrika Ó Briain]

Irys entra dans la taverne, s'attirant son habituel lot de regards curieux. La mercenaire semi-démone avait l'habitude d'attirer les yeux des gens, il faut dire que son accoutrement y était pour beaucoup. Mais ce même accoutrement lui avait valu un surnom, et c'est grâce à ce surnom que les gens entendaient parler d'elle, et ainsi veillaient à ne pas l'importuner. Comment ne pas penser à la dangereuse Veuve Noire lorsqu'une femme intégralement vêtue de noir est non loin de vous ? Mais la possibilité d'une altercation quelconque n'était pas la préoccupation d'Irys ce soir.

Récemment, sa maitresse la démone Vyshanna l'avait contactée par l'intermédiaire du coeur démoniaque. Pour faire court, après des tas et des tas de recherches dans les archives infernales (car oui, même les démons avaient leurs bibliothèques et archives, et aussi des démons bibliothécaires et archivistes...), elle avait mit la main sur la trace d'un vieil artefact qui, selon le parchemin à moitié moisi et décomposé qu'elle avait exhumé, contiendrait l'âme d'un des anciens grands Cavaliers des Abymes. Toujours selon le parchemin, il était possible de réveiller l'âme et obtenir quelque-chose en échange, mais la traduction s’arrêtait là. Vyshanna avait ainsi recoupé toutes les informations qu'elle avait pu et déterminé où pouvait potentiellement se trouver l'artefact, intéressée qu'elle était par le potentiel gain en puissance à la clé si elle parvenait à accomplir le rituel. Bien sur, le temple où l'artefact avait été scellé se trouvait sur Terra, aussi Irys s'étai vue confier la mission de retrouver cet artefact et l'amener à sa maitresse. Un problème épineux s'était alors posé : la traduction d'une ancienne tablette relatant la construction du temple faisait allusion à un mécanisme nécessitant obligatoirement deux personnes pour l'ouvrir, forçant ainsi la mercenaire à trouver quelqu'un pour l'accompagner avec elle. Quelle galère...

Ce qui amenait donc Irys à se retrouver dans cette taverne, qui faisait aussi office de relai pour tous les chasseurs-trappeurs, mercenaires, et plus généralement aventuriers. La salle principale était déjà bien remplie pour ce début de soirée, ce qui convenait à Irys : plus de monde, plus de candidats potentiels. La mercenaire s'installa au bar et commanda une pinte, puis commença à faire le tour de la salle des yeux. Elle écarta d'entrée de jeu tout ce qui était compagnies et groupes. En effet, elle n'avait besoin que d'une seule personne d'une part, et ne voulait pas avoir à en gérer plusieurs d'autre part. Et puis, tout un groupe serait plus tenté de la trahir qu'une personne seule... Pas qu'elle ne craigne grand-chose en cas de combat cela dit.

Finalement, trois candidats se distinguèrent, trois solitaires qui répondaient à ses critères : un homme taillé comme un ours, dont le visage disparaissait dans une barbe fournie, une guerrière rousse équipée d'un éventail d'armes de bonne qualité, et un mercenaire qu'Irys reconnut de suite, et qu'elle élimina d'emblée. Elle doutait fort que Sven-le-manchot, appelé ainsi en raison de sa main gauche remplacée par une prothèse, accepte quoi que ce soit venant de la mercenaire, pour le bonne et simple raison qu'elle était celle qui était à l'origine de la perte de sa main. DE son temps, Sven avait été un mercenaire des plus compétents, mais lui et Irys s'étaient croisés sur le champ de bataille, engagés par des factions opposées. La victoire d'Irys sur l'homme avait donné un coup d'arrêt à sa glorieuse carrière, et depuis il vouait à la semi-démone une haine sans bornes (quoique fondée). Ne restait que l'homme-ours et la rousse, et espérer aussi que Sven ne cause pas trop de grabuge si il la voyait... Irys appela le tavernier.

" Maitre-tavernier, que pouvez-vous me dire de cet homme et cette femme ? "

" Ah, Olricht ? Il était autrefois un maraudeur, mais il a faillit perdre la vie contre un wyvern des sables... Depuis, il délire. C'est mieux de le laisser tranquille, étrangère.
La rousse, je sais pas grand chose sur elle... Elle dit venir d'un pays qu'elle appelle Eer-land, jamais entendu parlé... Tout ce que je peux vous dire, c'est que les hommes qui l'ont approchée trop familièrement l'ont payé par le sang. "

" Hummm "

Irys paya pour sa consommation et rajouta un supplément pour les informations. Ainsi, seule la femme rousse pouvait être un candidat valide... Restait à espérer qu'elle se laisserait convaincre... Irys avait amené avec elle une bourse bien garnie, un argument de poids dans toute négociation. La mercenaire s'installa à la table de la guerrière.

"  Une soirée animée, n'est-ce pas ?
Je vais être directe : j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider à accomplir une mission, et je suis venue vous recruter. "

On ne peut pas dire qu'Irys savait soigner ses entrées en matière...

Jusqu'à présent, la jeune Irlandaise n'avait fait que vagabonder dans des lieux déserts et sans intérêt. Elle avait du lutter contre la faim, la soif, la fatigue, le froid de la nuit et la chaleur insupportable du jour. Autant dire qu'elle était au bout du rouleau et perdait peu à peu l'espoir de retrouver Caelan. Maudissant pour la énième fois ce monde impitoyable et les Dieux qui l'avaient abandonnées, elle traversa une sorte de rivière boueuse et nauséabonde qu'elle longeait depuis des heures sans avoir trouver un seul pont ni passage praticable.
Trempées jusqu'à la taille elle se disait que ça ne pouvait pas être pire. Jusqu'à ce qu'il se mette à pleuvoir des trombes d'eau. Désormais dégoulinante de la tête aux pieds, éreintée, elle se laissa asseoir sur un vieux rocher et soupira, la tête entre les mains, complètement déprimée. Ce ne fut que lorsqu'elle commença à trembler de froid qu'elle se ressaisit et continuer tant bien que mal sa progression. Il pleuvait toujours, le vent s'était levé, mais après quelques kilomètres parcourus elle aperçut un chemin. Un vrai. De ceux présentant de nombreuses traces de passage et qui indiquait la présence d'une civilisation. Enfin !

Suivant cette voix vers ce qui lui semblait être le Nord, elle ne tarda pas à apercevoir une masse en mouvement un peu plus loin, venant dans sa direction. Essuyant l'eau qui coulait devant ses yeux d'un revers de la main elle reconnue un cavalier, puis deux, recouverts de longues capes noires les protégeant des intempéries. Des être humains ! Enfin !
Elle leur fit signe tandis qu'ils ne se trouvaient plus qu'à quelques mètres. Une fois à sa hauteur, ils stoppèrent les chevaux.

- Dieu merci, vous tombez bien. Je suis complètement perdue, je marche depuis des jours et... enfin auriez-vous l'amabilité de m'indiquer la ville la plus proche ?

On ne lui répondit pas, mais l'un des types se laissa couler hors de sa selle pour rejoindre le sol. Il sembla fouiller dans une sacoche accrochée à l'harnachement de sa monture et en sortit... une corde. Pendant ce temps, son acolyte toujours sur le dos d'un grand cheval baie, se posta dans son dos. Ïrika sentit son cœur s'affoler. Ça ne sentait pas bon du tout ça. Pour une fois qu'elle croisait quelqu'un, il fallait qu'elle tombe sur des bandits ! Quelle guigne ! L'homme tenant la corde commença à s'approcher et émit un ricanement.

- Ne bouges pas, ma beauté. On va t'y emmener à la ville, ça oui. Et tu nous rapportera un joli paquet de fric.

Des chasseurs d'esclaves. Évidemment. Elle pivota pour essayer de fuir, mais tomba nez à nez avec les naseaux du cheval qui se mit à renâcler et à s'impatienter sur place, faisant claquer ses sabots sur le sol. Un obstacle suffisant pour permettre au cavalier de l'agripper par les cheveux et la maintenir dos contre le flanc de la bête. Ïrika poussa un grognement de douleur. L'homme à pied s'apprêtait à ligoter. Seulement ils avaient sous-estimé cette jeune femme qu'ils avaient pris pour une petite bécasse inoffensive.
L'Irlandaise se saisit d'une épée qui se tenait là, dans le fourreau accroché à la selle du canasson et fit siffler la lame devant elle d'un mouvement vif. Un gargouillement retentit tandis que les boyaux s'échappait du ventre ouvert du bandit qui, hagard, finit par vomir son sang et s'écrouler en agonisant.
Ïrika ne laissa pas le temps à l'autre type de réagir et brandit son épée au-dessus de sa tête, en arrière, dans l'espoir de transpercer son agresseur. Elle le loupa de peu, mais en tous les cas, il l'avait lâchée.

- Sale, petite pute ! Cria t-il.

Il essaya de sortit un poignard de sous sa cape, mais la jeune femme fit claquer sa main d'un coup sec sur la croupe de la monture qui se cabra violemment, faisant perdre l'équilibre à son cavalier qui s'écrasa durement dans la boue. Ïrika agrippa aussitôt les rennes de l'animal pour l'empêcher de fuir. Elle avait besoin d'un moyen de transport et si celui-ci se barrait, l'autre suivrait et elle se retrouverait de nouveau à pied comme une idiote.
Ceci fait sans trop de mal, elle pointa la lame de son épée contre la gorge du type un peu sonné.

- Bien. Maintenant tu vas me donner ton couteau et ta cape sans faire d'histoire.

Sauf qu'il décida de beugler et de tenter de lui lancer son arme en plein cœur. Ïrika n'eut d'autre choix que de lui enfoncer l'épée dans la gorge et de la trancher nette. Elle ferma une seconde les yeux. A l'insu de tous sauf de sa famille, on avait apprit à la princesse à se défendre et à se battre. Mais jusque là, elle n'avait jamais eut à tuer. Reprenant contenance, elle essuya la lame sur le pantalon du cadavre et la rangea dans le fourreau. Ensuite elle ramassa le couteau et vola la cape du bandit pour l'enfiler et se protéger ainsi de la pluie, même si elle était déjà trempée jusqu'aux os.
Ïrika enfourcha le cheval et s'approcha de l'autre pour l'attraper par la bride et l'obliger à suivre.

C'est ainsi qu'elle se retrouva dans cet auberge. Elle avait trouvé une bourse dans les affaires des bandit et s'en était servit pour se payer une chambre. Ainsi, elle avait pu acheter une tenue de voyageuse confortable, se prélasser dans un bain chaud et se décrasser. Ceci fait, portant sur elle l'épée et le poignard sur elle au cas ou, elle descendit dans la salle de restauration et commanda un bon repas chaud. Manger des mets aussi délicats la requinqua aussitôt. Enfin elle retrouvait un peu de confort ! Son assiette terminée, elle s'autorisa un verre de bière avant qu'une inconnue n'approche de sa table et ne lui propose de la recruter pour une mission. Ïrika la regarda avec un air surpris, puis répondit :

- Non merci. Je ne suis pas intéressée.

Elle devait retrouver Caelan. Elle n'avait pas le temps pour accepter un contrat de mercenaire.
Lorsqu'elle était arrivé en ville puis dans l'auberge, certains gars avaient reconnus les chevaux et avaient finit par en déduire ce qu'elle avait fait. Ca arrangeait beaucoup de monde que ces sales types soient morts, mais la demoiselle préférait quand même rester prudente.

Irys haussa les sourcils, surprise d'être écartée aussi rapidement. À la réflexion, non, il n'y avait pas forcément de quoi être surprise. Elle aussi, quand elle était déjà en mission, écartait d'office toute offre qu'on lui proposait. Maintenant au moins, elle savait l'effet que ça faisait...

" Je me permets d'insister. J'ai absolument besoin de l'assistance d'une personne, et je n'ai pas le temps de chercher quelqu'un d'autre. "

Bien qu'Irys possède virtuellement la vie éternelle, elle ne pouvait pas se permettre de perdre du temps dans l'accomplissement de son travail pour sa maitresse démoniaque. La course au pouvoir est une lutte sans merci ni répit chez les démons, plus encore dans les sphères supérieures. Tout les coups sont permis, et l'espionnage entre rivaux est monnaie courante. Certes Vyshanna avait trouvé la première l'emplacement de cet artefact, mais elle n'était pas la seule sur sa trace, et Irys mettrait sa main à couper qu'au moins eux à trois autres démons devaient être au courant des progrès de sa maitresse, et planifiaient comment la court-circuiter. C'était dans ce genre de circonstances que la semi-démone prenait toute sa valeur. En étant naturellement présente sur Terra, elle pouvait agir bien plus rapidement que n'importe quel autre démon. Tant qu'elle maintenait cette avance, elle garantissait ses chances de succès.

" Si mon discours ne vous intéresse pas, peut-être que ceci le fera. "

Irys sortit la bourse remplie d'or qu'elle avait préparée. Il y en avait pour une petite fortune, de quoi faire hésiter plus d'un.

" Voici un premier acompte. Une autre bourse sera à vous à la fin de ma mission. Parviendrons-nous à un accord ? "

Irys espérait que cette femme accepte. Si il lui fallait chercher après un autre aventurier solitaire, elle risquait de perdre de précieux jours. La mercenaire était prête à concéder beaucoup à la table des négociations, il en allait de l'intérêt de sa maitresse et de la sienne.

Ïrika ne connaissait rien de cette femme et rien de ce monde non plus. Tout ce qui lui importait aujourd'hui c'était de retrouver son frère et de rentrer au pays. Elle se sentait mal à l'aise ici et le fait d'avoir été attaquée n'arrangeait rien du tout, bien au contraire. Il fallait qu'elle interroge les gens de ce village et commence son enquête. Ce monde était peut-être incroyablement vaste, Caelan pouvait se trouver n'importe où ! Beaucoup de travail l'attendait elle n'avait pas aucune envie de perdre son temps à effectuer un boulot de mercenaire quelconque avec une inconnue. Elle avait tout d'une aventurière en passant et semblait très sûre d'elle. Elle devait maîtriser l'art du combat bien mieux qu'elle cela ne faisait aucun doute. Elle pouvait se débrouiller seule, elle trouverait bien quelqu'un d'autre pour ce travail, non ?

Apparemment, l'inconnue n'avait pas envie de perdre son temps à chercher un acolyte et insista un peu. Ïrika la regarda plus attentivement. Pourquoi l'avait-elle choisit au juste ? Est-ce qu'on lui avait raconté qu'elle avait maîtriser deux bandits ? Où étais-ce les armes qu'elle portait ? Oui, elle imaginait sans doute que la belle Irlandaise savait se battre et était la mieux placée pour l'accompagner. En regardant un peu autour d'elles, dans l'auberge, c'est vrai qu'il y avait peu d’individus taillés pour l'aventure. Il s’agissait plutôt d'ivrognes en majorité. La jolie rousse allait refuser de nouveau lorsque la jeune femme posa une bourse à priori bien remplie sur la table. Voilà qui piqua la curiosité de la princesse. Il est vrai qu'elle ne possédait rien dans ce monde et sans argent, elle serait bien vite dépassée. Elle ne retrouverait jamais Caelan si elle ne pouvait pas subvenir à ses besoins et acheter de l'équipement. Cela méritait donc réflexion avant de refuser pour de bon.

Combien y avait-il au juste ? Peut-être que ça ne représentait presque rien au fond. Mais cela était peu probable. Cette femme n'aurait pas prit le risque de proposer une somme insignifiante pour la convaincre. Au bout d'une minute, Ïrika prit la bourse, la soupesant, avant de répondre :

- D'accord, j'accepte. Mais c'est quoi comme boulot au juste ?

C'était bien beau d'accepter, mais encore fallait-il qu'elle soit à la hauteur. Il serait trop bête de mourir et de se sacrifier pour un travail impossible. Il était hors de question qu'elle laisse Caelan errer seul dans ce monde. C'était un homme costaud et intelligent, il ne se laisserait pas facilement abattre. Lui aussi devait essayer de la retrouver, quelque part. Et qui sait ? Peut-être se croiseraient-ils en route ?

En attendant, Ïrika devait se concentrer sur cette fameuse mission. Après tout cela ne lui ferait pas de mal, elle avait un peu rouillé ces derniers temps à servir d'esclave et n'avait plus touché d'épée depuis cinq ans avant aujourd'hui. Mais apparemment ça ne s'oubliait pas. Tant mieux !

Irys eut un léger sourire. L'or restait un excellent argument en toute circonstance. Maintenant, il convenait de répondre à la question de la belle rousse, qui n'avait au final que devancé la mercenaire alors qu'elle allait lui expliquer dans tous les cas. Irys sortit un cylindre servant au transport de parchemins, et le montra à la femme.

" C'est assez simple. Je travaille pour la maitresse, et celle-ci m'a confiée la mission suivante : retrouver un artefact perdu dans un temple abandonné. "

Il convenait à la semi-démone d'être prudente dans ce qu'elle disait. Il fallait fournir un maximum d'informations sans donner d'éléments compromettants.

" En temps normal, je m'estime capable d'agir seule, mais d'après les textes relatant de ce temps, il serait fermé par un mécanisme nécessitant deux personnes pour l'ouvrir. Vous vous dites peut-être qu'il m'aurait suffit de prendre n'importe quelle personne ici, vu qu'il n'y a rien de très sorcier, et que c'est cher payé pour une si futile raison. Il y a deux raisons à cela. Premièrement, la région où nous nous rendrons est un territoire hostile, aussi je ne souhaite pas m'encombrer de quelqu'un n'étant pas capable d'assurer sa propre sécurité. Deuxièmement, ma maitresse a des rivaux qui ont le même objectif qu'elle, je me dois donc d'agir vite dans son intérêt. "

Irys marqua une pause, le temps que la guerrière digère les informations.

" Idéalement, nous partirions demain au matin, en direction du nord-est. J'ai déjà prévu des montures, des provisions et des vivres. Il nous faudrait, si rien ne nous ralentit, environ 5 jours pour atteindre notre destination. "

Le cadre de la mission était posé. Irys interpela la serveuse et commanda deux boissons, tout en laissant la rousse penser de son coté. La mercenaire s'intéressa à la salle, des fois que des oreilles indiscrètes aient capté quelque-chose, mais apparemment l'entretien n'avait interpelé personne. Irys craignait que Sven ne vienne lui causer des ennuis, mais l'ex-mercenaire était trop occupé à noyer ses pensées dans l'alcool pour remarquer sa némésis.
La serveuse revint bien vite avec deux verres de vin. La mercenaire attrapa le sien et le tendit devant elle.

" Bien, si tout te convient, trinquons à notre réussite. Je m'appelle Irys Flivya, ravie de faire équipe avec toi. "

Ïrika avait besoin d'argent, c'était aussi simple que ça et c'était l'unique raison pour laquelle elle était prête à assurer cette mission auprès d'une totale inconnue. C'était sans doute très risqué de sa part, mais elle ne pourrait pas aller bien loin sans argent. Mieux valait ne pas prendre de risque. Oui enfin... ceci dit cette mission comportait certainement un risque. Il suffisait d'observer cette femme pour le comprendre. Elle était du genre à vivre de folles aventures ponctués de combats sanglants... la mission ne se résumait certainement pas à distribuer des tomates.
L'inconnue lui montra alors un genre de parchemin soigneusement enfermé dans un cylindre. Elle lui expliqua alors qu'elle travaillait pour sa maîtresse et qu'il faudrait trouver un artefact dans un temple abandonné. Un... artefact ? Une sorte de fouille archéologique en somme. Au milieu des ruine d'un vieux temple dédié à un Dieu quelconque. Bon. Ça ne semblait pas bien sorcier dit comme ça...

La jeune femme installée à sa table lui précisa tout de même pour laquelle sont choix s'était porté sur elle. Elle avait besoin d'une deuxième personne pour actionner un mécanisme leur permettant d'accéder à ce qu'elle cherchait. De plus, le voyage serait certainement dangereux alors elle ne voulait pas s'encombrer d'un individu étant incapable de se défendre. Ça se tenait. Mais pouvait-on réellement dire que l'Irlandaise était une bonne combattante ? Certes, elle s'était longuement entraînée au domaine... mais cela datait de cinq ans. Elle n'avait pas trop perdu la main, remarquez, elle était bien parvenue à se débarrasser des deux bandits tout à l'heure.

L'inconnue désirait partir dès le lendemain matin, vers le Nord-Ouest, et avait déjà prévu les provisions et leur moyen de transport. C'était plutôt une bonne nouvelle. Le temple paraissait assez éloigné d'ici car il fallait cinq jours de voyage pour y parvenir. Ce serait long..., mais nécessaire une fois de plus si elle voulait retrouver Caelan. Ïrika hocha donc la tête.

- Très bien, je serai prête.

Une serveuse leur amena de quoi boire et l'Irlandaise observa un instant le vin qui s'y trouvait, observant sa couleur. Ils buvaient parfois du vin dans son pays, mais préférait nettement la bière. Un peu moins sophistiqué, mais plus simple à produire.
Elle but une gorgée, puis la mercenaire finit par se présenter sous le nom d'Irys Flivya. Elle décida qu'il était tant de se tutoyer et Ïrika n'y voyait aucun inconvénient. Elle sourit donc et répondit tout en portant un toast avec elle :

- Ïrika Ó Briain. J'espère que notre aventure sera couronnée de succès.

Et sur ce, elle prit une autre gorgée, persuadée que visiter ce pays étrange et se défouler un peu ne lui ferait pas de mal. Bien au contraire. Elle ignorait encore trop de chose et qui sait, peut-être que durant cette mission elle obtiendrait des informations importantes.

La rousse guerrière répondit au toast d'Irys avec un sourire, se présentant sous le nom d'Ïrika Ó Briain. La semi-démone sourit à son tour. Finalement, passée la méfiance initiale lorsque l'on a affaire avec un inconnu, cette dame s'averait plutôt sympathique. Ce qui rendrait le vooyage et la mission d'autant plus agréable pour les deux femmes. Puisque tout semblait en règle, Irys prit congé d'Ïrika, lui donnant rendez-vous demain matin à cette table pour les préparatifs du départ, et alla voir l'aubergiste pour prendre une chambre pour la nuit.

Bien installée dans une chambre plutôt modeste, mais comfortable, Irys se préparait pour la nuit. Mais avant de pouvoir dormir, il lui restait une dernière tache à accomplir. La semi-démone ouvrit sa chemise, révélant la peau de sa gorge, la naissance de sa poitrine, et entre ses seins, la gemme de métal poli, la preuve du contrat la liant à sa maitresse Vyshanna, et de son statut de semi-démone. Irys se devait de prévenir sa maitresse démne de la progression de sa mission, via l'intermédiaire du coeur, qui leur permettaient d'entrer en communication. Elle se concentra sur la gemme, et rapidement le lien permis la communication.

" Ah, ma très chère Irys, j'ai constaté que l'or avait changé de main, j'en déduis que tu as trouvé quelqu'un ? "

Irys sourit. L'or qu'elle avait donné à Ïrika avait été enchanté par Vyshanna, de façon à ce qu'elle puisse utiliser la divination pour le localiser. Si la mercenaire engagée s'avisait de prendre le large et disparaitre dans la nature, Irys pourrait ainsi la retrouver et lui faire payer... Quand elle en aurait fini avec cette mission.

" Oui, en effet. Nous partons demain, il nous faudra 5 jours de voayage si tout ce passe bien.
- Bien, parfait alors.
Je te préviens, il y a du mouvement parmis nos rivaux. Il est très possible qu'ils cherchent aussi le temple et son trésor, soit prudente. À bientôt trésor ! "

Et sur un bruit d'embrassade, Vyshanna laissa Irys. La semi-démone souffla, organisa ses affaires, et alla se coucher. Demain commencerait une longue journée... Avant de s'endormir, elle pensa aux rivaux de sa maitresse. Aurait-elle à affronter des démons ? Elle espérait que non, pas avec Ïrika à coté, l'humaine risquerait de la géner. Et comment prendrait-elle le fait que la personne qui l'a recrutée lui ai dissimulé la vérité ?

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Le lendemain, Irys se leva dès l'aube. Il lui fallait charger les chevaux avec le matériel qu'elle avait prévu, essentiellement de la nourriture et de quoi bivouaquer. Puis elle alla dans la salle commune prendre un déjeuner, et attendit la mercenaire.