*Mais où suis-je*
Ces quelques mots tournaient et retournaient dans ma tête. Je ne comprenais rien à ce qui se passait. Je ne savais pas où j’étais. Pourtant ma journée avait bien débutée. Je m’étais levée, baignée, vêtue et j’avais reçu l’autorisation d’aller au marché avec d’autres esclaves. C’était plutôt rare. D’habitude je n’avais même pas le droit de sortir de la maison de mon maître, encore moins de sortir de la propriété alors je ne m’étais pas faites prier. En moins de temps qu’il ne fallait pour dire miaou, j’étais dehors en compagnie de quatre autres femmes plus âgées et qui avaient l’habitude du marché. J’avais trottinée d’un pied sur l’autre jusqu’à atteindre le fameux marché. J’avais écarquillé grands les yeux en voyant les étales emplis de couleurs et de produits différents. Mon nez enregistrait pleins de nouvelles odeurs : fruits, légumes, épices, tissus, nourriture, viande, poisson… Mes oreilles entendaient pleins de bruits et ça j’avais un peu de mal avec. Il y avait un peu trop de bruit pour moi et pour mes oreilles sensibles mais le reste m’émerveillait tellement que je ne songeais à aucun moment à quitter l’endroit.
Sur autorisation de l’aînée des femmes, Sarah, j’eu le droit de me balader entre les différentes échoppes dès l’instant où je ne m’éloignais pas trop et que je restais visible pour elle et les autres. Les quatre esclaves se mirent alors à acheter les produits pour lesquelles elles étaient venues. Moi, j’allais et venais dans tous les sens et me penchais sur chaque étale, essayais de tout enregistrer pour m’en rappeler pendant longtemps. Alors que j’allais faire demi-tour, un petit chat se manifesta devant moi, un bébé. Sans faire attention, je me suis dirigée vers lui alors qu’il s’engouffrait dans une ruelle. Quand je m’avançais dans l’endroit, d’un seul coup, je me suis retrouvée… ailleurs. Je ne vois pas trop comment définir ce qui c’est produit. Je me trouvais ailleurs, un endroit avec de la verdure mais l’odeur était différente de celle du marché et même de la ville de Nexus elle-même.
Je me mis à regarder dans tous les sens mais je ne voyais rien de reconnaissable. Paniquée je pris ma forme féline. Je ne suis pas une grande courageuse. Il en faut peu pour me faire peur et me transformer en chatte me permet de me terrer dans un coin et de me rassurer. Je partis en vitesse me planquer derrière un arbre, dans un buisson. Totalement recroquevillée sur moi-même, j’attendis en tremblant et en observant ce qui se passait dehors de ma cachette de branches et de feuillages. Je voyais pleins de jeunes gens, filles et garçons de 14 à 18 ou 19 ans, qui discutaient, jouaient ensemble avec une balle ronde qu’ils passaient dans un panier en hauteur, certains lisaient ou écrivaient. La journée s’écoula au rythme d’une drôle de cloche qui semblait sonner à des heures précises. Les heures passèrent et je ne quittais pas ma cachette. Je ne mis une patte dehors que quand mon ventre commença à me faire mal parce que j’avais faim. Il n’y avait plus personne et le soleil disparaissait au loin. Où est-ce que je pouvais bien aller ? Grande question à laquelle je n’avais pas de réponse. Je me mis à vagabonder un peu au hasard, espérant trouver quelque chose à me mettre sous la quenotte mais en vain.
Je finis par traverser un truc qui faisait bizarre sous mes pattes. C’était noir et ça sentait très mauvais. Mais je vis un bâtiment. Ça ne ressemblait pas aux constructions que je connaissais mais j’y trouverai peut-être quelque chose d’intéressant. Je me mis à courir et je réussis à me faufiler par une porte entrouverte. Une nouvelle fois, je déambulais sans savoir où aller. Il n’y avait personne et je ne trouvais rien à manger. Je commençais à désespérer et je m’assis. C’est alors que j’entendis un bruit de pas et vis un jeune homme au bout du couloir. J’hésitais sur la conduite à tenir en le voyant approcher mais je n’osais pas bouger et encore moins reprendre mon apparence humaine. Sans attendre, il me prit dans ses bras et je me calmais un peu. Sentir des bras protecteurs autour de moi me faisait du bien alors je me laissais faire avec douceur. Il m’amena dans un endroit où il avait un lit, une table, une chaise et d’autres choses. Le garçon me reposa sur le sol et s’en alla vers un drôle de truc, un meuble bizarre dont il sortit une brique et dont il répondit le contenu dans une soucoupe. Je reniflais l’air. Je n’étais peut-être pas dans mon monde mais cette odeur je la connaissais très bien : du lait ! Je me précipitais vers l’endroit et commençais à laper le liquide blanc, crémeux et nourrissant. Mon ventre exprima son contentement. Quelques secondes à peine me furent nécessaires pour nettoyer parfaitement la soucoupe. C’était bon mais il y avait un goût de trop peu pour moi aussi je m’assis devant la coupelle et je poussais un miaulement important signifiant mon désir d’en avoir encore un peu. Ce garçon semblait gentil mais il n’était pas encore question pour moi de reprendre mon apparence humaine. Je n’avais pas confiance encore à ce point là en lui.