Muette et si charmante... Prenez garde ! [Lou] (Abandonné)

Midi.
L'heure des repas pour beaucoup.
L'heure de se lever pour certains.
L'heure de se coucher pour d'autres.
Pour moi, c'est l'heure de jouer la comédie.
N'ayant plus un rond en poche, je pense qu'il faut que je me ravitaille, n'est-ce pas ?
Surtout que mon ventre commence à gargouiller, et ça, ce n'est pas du tout bon signe.
Alors, revêtant une petite robe rouge, froissée et que j'ai soigneusement traîné dans la poussière des rues,
je décoiffe mes cheveux et leur donne un aspect un peu sale, emmêlés.
Cela fait, je me griffe intentionnellement la pommette et le côté droit du front,
avant d'enfiler des ballerines usées et de rajouter une petite veste en coton par-dessus la robe.
Veste autrefois blanche, froissée aussi, et avec une trace de sang séché sur la manche.
Je suis prête à faire mon numéro à présent.

Sortant de la maisonnette, voûtée, je marchais d'un pas lent,
et moitié tremblotant, vers l'auberge du Coucher de Lune.
Ce lieu était parfait pour ce que j'avais à faire.
Aujourd'hui, j'étais muette.
Muette et pauvre, affamée, attendrissante.
Mes yeux d'améthyste serviront à faire cette fameuse moue suppliante,
cette moue qui me donne l'air irrésistible.
Mon ventre gargouillant m'aidera grandement.
Oooh, j'ai hâte.

Je passe par des chemins détournés avant de vraiment me diriger vers l'Auberge.
Au cas où je serais suivie et démasquée.
Mieux vaut être trop prudente que pas assez.
Je préfère prévenir que guérir, comme le dit le diction Terrien.
Je me retournai deux fois, faisant mine de chercher quelqu'un du regard,
de chercher mon chemin, et constatai qu'il n'y avait heureusement personne.
Je peux donc maintenant me mettre en route.

Je sais déjà ce que je vais faire pour attirer la sympathie des gens.
Mon regard est ma meilleure arme, mais la robe que je portes pourrait attirer les regards des hommes.
Elle est fendue sur le côté, déchirée comme pour courir plus vite, et s'arrête juste au-dessus des genoux.
Le décolleté est carré, mais laisse voir la naissance de ma poitrine généreuse.
En-dessous, par transparence, on peut voir un soutien-gorge noir.
Mes cheveux, emmêlés, couvraient mes épaules et encadrait mon visage fin.
J'avais l'air fragile, désirable, et dans le besoin.
C'était parfait.
Qui pourrait me résister ?
Ensuite, quand la proie serait prise dans mes filets,
je continuerais de jouer l'innocente et la pauvre petite muette affamée
tout en subtilisant discrètement tout ce que je pourrais trouver comme or ou objets précieux
que possèdera la pauvre personne qui aura eu pitié de moi.

Tout en repassant encore et encore mon plan dans ma tête,
je tournais à diverses rues et arrivai en vue de l'auberge visée.
J'allai m'asseoir contre le mur, non loin de l'entrée, et je cachai un oeil avec une mèche de mes cheveux.
Qui donc se fera prendre à mon air innocent ?
Qui donc se laissera avoir par mon regard limpide et presque larmoyant ?
Ce que j'ai hâte !

Lou était sur la place publique, c'était l'endroit le plus bondé et aussi le plus rentable pour se faire de l'argent.

Elle dépliât son tissus, déposant le récipient qui allait tinter à chaque pièces qui tomberaient dedans. Elle alluma les torches et se mit très vite à jongler avec, elle prit avec son pied une bouteille et jongla avec, puis elle se mit à jouer d'une seule mains avec les torches, pour prendre un goulée, reposer la bouteille et se mettre à faire son spectacle de cracheuse de feu.

Au début les personnes eurent peur de se ramasser une boule de feu, mais la demoiselle avait choisi le bon moment pour faire ce genre de spectacle, le vent était très faible et donc les flammes étaient plus facilement apprivoisable.

Lou prit soin de jouer de son corps et les première pièces se mirent à tinter, remerciant toujours le noble qui donnait une pièce d'une petite courbette sensuelle.

Elle se trémoussa ainsi pendant plus de dix minutes, quand un garde vint interrompre son spectacle en disant que cela était trop dangereux de manipuler du feux et que si Lou continuait à se montrer ainsi, elle irait en prison pour pyromanie et exhibition, chose complètement stupide, car les esclaves eux étaient beaucoup moins vêtue qu'elle. Lou le prit très mal et mit en bouche une bonne dose d'alcool, si le garde l'embêtait de trop, il allait se faire bruler le visage.

Un noble voyant la scène, mit une bourse dans le récipient de la saltimbanque pour apaiser la colère de la demoiselle, qui refit son paquetage et parti vers une auberge pour manger un peu, la faim tiraillant un peu son ventre. Mais elle n'avait pas pour autant oublié le garde, qui la suivait, aussi fit-elle un détour dans une ruelle étroite et sombre, où elle attira le garde, puis elle s'arrangea pour le bloquer dans la rue.

Puis enfin elle arriva devant l'auberge du Coucher de Lune, Lou vit alors Arzhela et elle se mit à soupeser sa bourse, elle devait avoir suffisamment de quoi nourrir une bouché de plus pour une journée, mais Lou se méfiait tout de même, ce genre de fille pouvait être une voleuse, après tout elle aussi savait voler.

Elle S'approche de la jeune femme et lui sourit en tendant sa main, attendant que Arzhela la saisisse, pour l'amener dans l'auberge. Lou n'était pas curieuse de nature et elle demanda à l'aubergiste de servir deux repas, faisant rouler les pièces pour que ce dernier ne soit pas désagréables, elle demanda même un peu de bière et du miel, pour adoucir sa gorge de ses exploit en tant que cracheuse de feu.

Je restais un moment assise, presque recroquevillée, à regarder les gens passer avec un regard
presque larmoyant, mais personne ne jetait un coup d'œil par terre.
C'en était décevant.
Heureusement, avoir faim renforçait ma crédibilité.
Et comme je ne faisais rien de mal, l'aubergiste ne venait pas me chercher des noises.
Surtout que certains prenaient ma présence ici comme une invitation semblant dire :
"Il y a de jolies nanas peu farouche ici !"
Je n'étais, pour beaucoup, qu'un présentoir quoi.
Mais cela changea rapidement.

Une jeune femme posa le regard sur moi.
J'en fis autant à son égard.
Les deux perles violines de mes yeux allant ensuite se planter dans les siens avec une expression de chien battu.
J'eus l'impression qu'elle me prit en pitié.
Ses doigts allaient en effet soupeser une bourse de cuir qui paraissait bien rebondie.
Je souris mentalement.
Une proie tout ce qu'il y a de plus délectable.
Mais mon visage garda cet air suppliant.
Aucune lueur de plaisir ne vint s'installer dans mes yeux.
Ni plaisir, ni anticipation.
Ni machiavélisme.
Juste l'expression d'une faim sans nom, d'une terreur sous-jacente, et d'un besoin d'affection.

Je joue toujours mes rôles à merveilles.
Ce n'est pas maintenant que ça allait commencer à partir en queue de sucette.
Foi d'Arzhela, j'étais une professionnelle du déguisement et des jeux de rôles.
J'étais une professionnelle de la tromperie.
J'avais vécu des expériences troublantes, terrifiantes.
Douloureuses, excitantes.
Et ces expériences m'ont forgée.
Grâce à ces expériences, je suis devenue plus forte.
Plus rusée.
Plus agile aussi peut-être.
Et toujours plus charmante.
Oui, j'entretenais soigneusement ma beauté.
les quelques griffures qui me zébraient la pommette et le front n'étaient que superficielles.
En deux jours elles seraient parties.
Juste le temps qu'il fallait pour passer pour une pauvre jeune femme délaissée.
Esseulée.
Abandonnée et isolée.
Solitaire.
Fragile, faible.

La jeune femme s'approche.
Me tends une main secourable.
Un sourire hésitant vient se plaquer sur mes lèvres.
Hésitant oui, mais pourtant fait sur commande et avec naturel.
Comme apeurée, je levai à ma main.
Tremblante.
Et je la dépose dans celle de l'inconnue.
Inconnue si généreuse qui vient de tomber dans mon piège.
J'aurais eu une morale, j'aurais eu des remords.
Mais je n'ai pas de morale.
Je n'ai pas de remords.
Pourquoi donc se priver des plaisirs de la vie ?
Pourquoi renoncer à se jouer des autres pour s'amuser ?
C'est absurde.
Seules les personnes morales font cela.
Trop faible pour se laisser aller au vrai bonheur.

Mon enfance m'a dénuée de morale, il est vrai, mais ce n'est pas pour autant que je suis une psychopathe.
J'ai tué, oui.
Pas pour le plaisir.
Juste pour la vengeance.
Une fois ceci accompli, j'allais mieux.
Ma vengeance m'avait soulagée.
Surtout que je ne l'avais pas mangée froide, mais glaciale.
Un vrai délice.

Suivant ma bienfaitrice, j'entrai à sa suite dans l'auberge.
Pendant qu'elle commandait, j'observais l'intérieur.
Une table au fond était libre.
Ce devait être la seule d'ailleurs.
Aux alentours de midi, l'auberge était bien plus remplie
Et justement, que cette table calée dans le fond soit libre, ça m'arrangeais.
Je tirais sur la main de la brune qui m'offrait mon repas, et d'un regard interrogateur
-tout en désignant la table du pouce- je lui fis signe comme pour lui demander si elles allaient s'installer là.
Mais elles n'eurent pas le temps de réfléchir que déjà, une serveuse arrivait.
L'aubergiste se satisfaisant des pièces, elle les conduisit vers la table libre,
écartant deux hommes ivres de son passage.

Je m'y installais donc, face à la porte d'entrée et dos au mur.
Jamais ne tourner le dos à l'entrée ou aux fenêtres.
Je suis peut-être paranoïaque sur ce point là, mais c'est devenu un principe.
Ou, plus qu'un principe, un automatisme.
J'avais trompé tellement de personne..
C'était une précaution à prendre.

Mon regard se reporta de nouveau sur l'inconnue, reconnaissant.
Je lui adressais un sourire qui se voulait timide, pour la remercier.
Jouant le rôle d'une muette, je pouvais difficilement émettre un son.
Alors en plus du regard et du sourire, je joignis mes mains devant moi et penchait le haut du buste brièvement.
Peut-être comprendrait-elle que je ne pouvais parler et que c'était ma manière de la remercier.
Enfin, que je ne pouvais parler...
Tout était relatif.
Je le pouvais oui.
Mais mon personnage non.
Donc, conclusion logique, je ne pouvais parler.
CQFD.

Enfin, la serveuse revint avec les deux assiettes fumantes.
Les couverts tout propres furent déposés à côté.
Et le miel et la bière de l'inconnue arrivèrent aussi, dans le même temps.
Résistait-elle à l'alcool ?
Si non, ça serait une occasion en or.
Une facilité dans mon jeu.
Mais pour l'instant, je l'ignorais.
Je l'apprendrais rapidement.
En attendant, mangeons.
Je pris mes couverts avec un regard interrogateur pour la brune.
Demandant l'autorisation de manger en somme.
Oui, je jouais mon rôle à la perfection.

Lou laissa son invité s'installer en première, puis la suivit, observant la salle avec d'infini précaution, ce n'était jamais facile de manger tranquillement, il y avait toujours une ou deux personne qui voulaient essayer de draguer la demoiselle, en temps normale, elle aurait accepter les avances, en échange de piécette sonnante et trébuchante, mais la présence de la "muette" changeait toute la donne, Lou pouvait certes montrer son côté saltimbanque, mais pas catin.

La jeune femme répondit à la politesse de Aezhela, par une petite inclinaison de la tête et un sourire, la saltimbanque, n'avait pas besoin de demander pour se douter que la demoiselle était muette, elle en avait vue de trop dans les bas-fonds et cela la suffisait, et puis retourner le couteau dans une plaie comme celle-ci n'est pas une chose à faire, sauf si l'invitée c'était permit de perturber son spectacle ou sa vie.

Louison prit se couvert et dit avec un vois douce.

- Régale toi autant que tu peux, personne ne sait quand tu auras un autre repas aussi bon, ni moi d'ailleurs.

Lou était assez attachée à cette fille, elle se rappelait qu'elle était ainsi à ses débuts et qu'elle avait dû se mettre au vol pour subvenir à sa survie. Chose que visiblement la "muette", ne semblait pas faire, mais si seulement elle avait décelé le piège.

Une personne s'approcha du groupe et ce fut Lou qui s'occupa de l'intrus.

- Bonjour, que puis-je pour vous, mon bon monsieur ?

- Mes copains et moi on voudrait s'amuser avec vous deux.

Une invitation à coucher, rien de plus, la saltimbanque, se lève et saisit une bouteille dans son sac avec son pied, usant de son agilité des pieds, elle le fit voler jusqu'à sa main et prit une gorgé, avant de sortir une allumette et la gratter. Le message était très clair et l'homme fit demi-tour rapidement. Lou avala une grande quantité d'alcool, avant de cracher une petit flamme.

Puis elle continua de manger, finissant par le miel. Elle attendait de voir la réaction de la "muette", étant prête à répondre aux moindres questions, Lou avait eu l'opportunité d'avoir un apprentissage sur le langage des sourd et muets.

Génial, la femme ne posa pas de question, et comprit mon mutisme.
Il est vrai que je n'avais pas fait dans l'originalité.
Pas mal de pauvre hère traînant dans les rues, vendant leurs corps ou leurs services,
étaient elle-même muettes.
Une de plus ou une de moins, qui le remarquerait ?
Sûrement pas une des personnes présentes dans cette taverne.

Levant la tête lorsque la femme parla, j'écoutais attentivement.
Elle était bien gentille...
Avait-elle elle-même été dans cette situation avant ?
Cela expliquerait qu'elle soit si compréhensive envers mon rôle.
Quel dommage que je me sois fixé comme objectif d'en faire ma proie...
Bof, je pourrais être indulgente pour cette fois.
Je ne lui volerais que ses sous...
J'lui laisserait ces possessions pour qu'elle puisse en gagner d'autre.
Non !
C'est pas sérieux.
Il faut que je reste dans mon rôle et que je ne m'apitoie pas. 
C'est une proie comme une autre.
Je ne fais pas de traitement de faveur.
Hum, ça se saurait sinon..
Et je ne serais plus du tout crédible.

Hochant doucement la tête en réponse à ce qu'elle venait de dire,
n'ayant mit que quelques dizaines de secondes à mes réflexions précédentes,
je pris une bouchée du plat et la mâchais longuement.
Comme le ferait quelqu'un qui profite d'un repas rarement consommé.
Bah oui, après tout j'étais censée être une femme vivant dans la rue.
Beaucoup se seraient jetées sur la nourriture mais,
une bonne économe avertie sait qu'il fait prendre son temps et vivre sa vie au jour le jour,
comme si chaque soir était le dernier à voir.
Alors, si certains s'étonne de la manière dont je mange un plat,
qui est rare selon l'impression que je leur donne,
c'est tout à fait normal et je n'ai cure de leurs avis.

Soudain, un homme arriva.
Levant les yeux vers lui, je laissais ma compagnie du midi s'exprimer.
La réponse, franche, me laissa de marbre. s'ils voulaient s'amuser, ils n'avaient qu'à payer.
Mon corps est désirable, il est normal que j'en tire un bénéfice.
Haussant donc un sourcil après cela, je cherchais comment lui expliquer,
sans trahir ma couverture, qu'il lui faudrait débourser pas mal;
Mais ma proie prit les devants et lui signifia très clairement de dégager.
Une cracheuse de feu.
J'étais tombée sur une cracheuse de feu.
Faudrait que je fasse gaffe à ne pas me faire prendre ou ma belle peau de nacre,
déguisée pour les besoins du plan,
prendrait une jolie teinte cuivrée.
Voire obscure.
Et nulle doute que ça ferait mal.
Très mal.
Heureusement que mon plan vise pour le moment à endormir sa vigilance.
Elle a beau ne pas en avoir l'air, et ne pas en avoir conscience,
une partie d'elle restera sûrement méfiante un moment.
Beaucoup se sont fait avoir parce qu'ils n'avaient pas réussi à bien endormir la vigilance
de leurs proies.
Ce ne sera pas mon cas.
J'ai toujours pris mon temps.
De plus, le succès est quasi-assuré ainsi,
et l'attente rend meilleur le moment de passer à l'acte.

Finissant tranquillement l'assiette, je posais les couverts à côté.
Avec le langage des signes,
appris pour les besoins de mon camouflage dans beaucoup de situations,
je la remerciais énormément pour ce repas,
et lui demandait si elle avait un nom par lequel je pourrais la remercier dans mes prières.
Pas que je sois croyante, mais mon personnage l'était.
Et il faut jouer le jeu.
Je lui dis ensuite que j'admirais les cracheurs de feu.