Un nouvel étudiant (PV: TERMINÉ)

Un petit teigneux, sans aucun doute. Les leçons, il s'en fichait probablement. Et possible qu'il continuerait aussi à prendre des risques et des risques, sans réellement se soucier ce qui pourrait lui arriver. Naoya n'était pas assistante sociale ou bien psy mais bon, elle ne pouvait pas non plus rester là sans rien dire. Elle ne pouvait pas non plus l'encourager sur cette voie.

"Allons, allons. Vous êtes jeune. Je suis sûre que vous n'aimeriez pas rester des semaines et des semaines en convalescence à l'hôpital."

Car comme dit plus tôt, la prochaine fois, peut-être qu'il ne se ferait pas tirer dans la jambe, mais plus haut. Peut-être qu'il se recevrait une balle dans le thorax et là, il aurait besoin de quelques interventions, bénines ou pas. Et surtout, il faudrait qu'il reste un moment à l'hôpital, le temps que ses blessures se cicatrisent un peu. Peut-être que, rien qu'avec ça, Naoya le convaincrait de lever un peu le pied. Ou peut-être pas ... Après tout, elle n'était pas sa mère. Il faisait bien ce qu'il voulait. Mais c'était dommage de foutre sa vie en l'air parce qu'on avait des principes et qu'on était un peu kamikaze. De la pure folie selon l'infirmière mais bon. A chacun ses trucs. Après tout, Naoya prenait aussi quelques risques lorsqu'elle faisait des rondes tard dans la nuit et qu'elle recherchait un vieil ennemi qu'elle ne pourrait même pas reconnaître. Ca aussi c'était dangereux mais bon, depuis qu'elle avait contacté Arya et lui avait confié ce contrat, elle le faisait un peu moins.

Se tournant à nouveau vers Mik après avoir jeté ses gants, il lui semblait que celui-ci avait posé son regard sur la jeune femme. C'était ça ou alors, il fixait un point dans la pièce et Naoya se doutait que ça soit réellement ça. Voulait-il lui poser une question ? Ou voulait-il se confier à elle à propos de ce fâcheux "accident" ? Elle ne tarderait pas à le savoir. Voilà que Mik reprit la parole, lui soulignant qu'elle avait été plutôt discrète jusqu'à présent et qu'il aimerait bien en savoir un peu plus sûr elle.

"Hmm ... La discrétion. C'est ce qui nous garde en vie, pour ainsi dire. Que voudriez-vous savoir ?"

C'était par pure politesse qu'elle avait posé la question. Car si c'était trop personnel ou bien trop gênant, elle ne répondrait pas, pour sûr.

Elle lui demandait ce qu'il voulait savoir... Tout et rien en même temps... Il ne voulait rien savoir en particulier, il voulait juste la connaître mieux, mais comment pourrait-il répondre à cette question en étant clair? Elle ne semblait pas accorder sa confiance facilement. Mais pourtant, certes il avait fait des erreurs(mais qui n'en avait pas fait?) il n'etait pas mauvais, et n'arrivait pas a comprendre cette reticence a refuser de lui parler d'elle... Il eut du coup une idee.

Bah vos hobbies, ce que vous aimez, ce qui vous deplait, Ce que vous aimez dans votre emploi, ou quelques details de votre passe. Vous savez deja que je suis un homme qui a fait des erreurs, sans etre mauvais pour autant.

Il marqua une pause, ce qu'il s'appretait a dire, il l'avait tut, et personne ne l'avait jamais su, pendant toute sa vie, mais peut-etre qu'en parler lui ferais du bien... Mais n'arrivait tout de meme pas a croire qu'il s'appretait a devoiler tout ca a une etrangere... Qui plus est, dans l'espoir qu'elle lui fasse confiance...

Je suis Americain d'origine, bien que je n'ai jamais mit les pieds sur ce continent, et mes parents  travaillaient pour l'embassade... Dans ma jeunesse, pendant que je travaillais, une bande d'hommes ont massacres tout ce qui vie... Depuis ce temps, je m'enveu de n'avoir ete la et je cherche un endroit pour oublier ce passe...

Mais ce lui etais impossible, sa brulure dans le dos lui rappelerais ce douloureux passe, et jamais il n'arriverait a s'en debarasser.[/i]

Et oui. Naoya n'était pas du genre à se confier aux autres. Pourquoi ? Disons que c'était comme ça, qu'elle n'avait pas de raison particulière. Il était vrai que, plus jeune, avant son drame familial, elle était plus joyeuse, moins froide. Mais tout ça avait fini par disparaître, quelques années plus tard. Ca remontait lors de son premier séjour imprévu sur Nexus. Elle s'était renfermée sur elle-même à ce moment là, du moins, c'était ce que sa mère avait constaté d'ailleurs. Dommage, n'empêche, que son pouvoir ne fonctionnait pas sur elle. Sinon, Naoya se serait volontairement grillée le cerveau, histoire d'oublier tout ce qui avait pu se passer par le passé. Peut-être qu'un jour, elle finirait par surmonter tout cela, peut-être ... Mais l'avenir est incertain, comme toujours.

Ce que voulait savoir Mik ? Ses loisirs, ses passions, ce qu'elle aimait et ce qu'elle n'aimait pas, le comment du pourquoi de son métier, pourquoi elle s'était dirigée vers le médical, et peut-être même quelques détails de son passé. Ca, malheureusement, il pouvait aller se gratter. Naoya voulait bien parler d'elle, mais de son passé. Non, jamais. Sur ce point là, elle ne se confierait pas. Non pas qu'elle ne le voulait, enfin, si, mais son passé ne concernait qu'elle, et personne d'autre. C'était peut-être un peu égoïste de sa part mais non, elle ne pouvait pas. Pourtant, Mik, lui, n'avait pas hésité à ouvrir son coeur. Un américain, mais il ne s'y était jamais rendu. Oh, ça arriverait peut-être un jour. Après tout, il était encore jeune. Peut-être qu'un jour ou l'autre, il acheterait un billet d'avion et qu'il s'envolerait bien loin de Seikusu. Bien loin de ses problèmes aussi. Car il avait perdu sa famille lors d'une rixe sur l'ambassade. Histoire un peu similaire à celle de Naoya, sauf qu'elle n'avait pas perdu toute la sienne.

"Oh, je suis désolée." répondit-elle d'un air plutôt affligé. "Je sais ce que vous ressentez."

Elle-même s'en voulait du fait de ne pas avoir été là quand son père, sa soeur et un de ses frères s'étaient faits attaqués, chez eux, alors qu'ils mangeaient tranquillement de la pizza. Mais si Naoya n'avait pas été à cette fête d'anniversaire, et bien, sûrement qu'elle serait morte à l'heure actuelle. Dans son malheur, on pouvait dire qu'elle avait eu un peu de chance. Du moins, d'une certaine manière.

"Je ne vais pas vous dire que cette blessure se fermera. Ca vous hantera toujours."

Naoya en faisait encore, de temps en temps, des cauchemars la nuit. Mais bon, qui n'en ferait pas après la vision d'horreur qu'elle avait eu.

"M'enfin, parlons de choses plus gaies. Mes hobbies ? Je n'en ai pas vraiment du fait que je suis pas mal occupée. Mais quand j'ai un peu de temps, je fais de la peinture."

Petite, elle s'amusait à faire des tableaux qu'elle achetait dans le commerce et qui avaient de petits numéros. Chaque numéro correspondait à une peinture bien précise. D'ailleurs, celui qu'elle avait aimé faire était le Château de Neuschwanstein. Une merveille selon elle. D'ailleurs, elle s'était promise qu'un jour, elle irait en Allemagne, rien que pour le voir en vrai.

"Ce que j'aime ? Que mes patients s'en sortent vivants et qu'ils quittent rapidement l'hôpital sans montrer de séquelles durables."

Bien évidemment, Mik pouvait en déduire que, de ce fait, elle n'aimait pas trop le fait que ses patients lui claquent entre les mains. Naoya n'aimait pas trop non plus que de jeunes adolescents se fassent tirer dessus ou bien soient blessés parce qu'ils s'étaient mis dans une situation malencontreuse.

Voilà qui ne lui en apprenait pas beaucoup sur elle… Tout ce qu’elle lui avait dit ne faisait que confirmer ce qu’il savait déjà sur elle.

<Vous ne semblez pas vouloir que je sache quoi que ce soit sur vous^^>

L’ambiance était assez étrange, elle ne semblait pas vouloir trop communiquer, de peur qu’il ne la connaisse un peu mieux, mais Mik ne représentait aucune menace, de quelque façon qu’elle soit. Mais il devait l’avouer, Mik n’était pas le genre de personne à qui on faisait confiance du début, mais il n’en était pas mauvais…

<Vous savez, la confiance s’installe par le dialogue, de plus, les conversations à sens unique  sont moins amusantes que ceux qui  vont des deux côtés^^>

Mik semblait être quelque peu vexé. Apparemment, il avait envie d'en savoir bien plus sur la jeune femme qu'elle ne voulait lui donner. Naoya n'était pas du genre à se confier à n'importe qui, simplement parce qu'on lui demandait. Ce n'était pas qu'une question de confiance, même si le problème était majoritairement là, d'une certaine manière. Pourquoi ? Et bien, disons que, par le passé, elle avait fait confiance à des gens et elle n'aurait pas dû le faire. Et finalement, ça s'était retournée contre elle et on avait fini par lui planter un couteau dans le dos, au sens métaphorique. Alors, forcément, pour créer des liens à présent, c'était plutôt compliqué, pour ainsi dire. Elle conversait plus facilement lorsqu'elle parlait médical avec ses patients. Mais là, ce n'était pas le cas. Mik cherchait des informations personnelles. Des informations qu'elle ne livrait pas facilement.

"C'est pas que je ne veux pas ... C'est que ... c'est compliqué."

Ouais, compliqué, en quelque sorte. C'était toujours compliqué avec Naoya et ça ne changerait pas aujourd'hui. Généralement, par quelques habiles pirouettes, elle arrivait toujours à se dépatouiller de ce genre de situation. Seulement, voilà. Mik semblait s'accrocher. Il ne comptait pas baisser les bras simplement parce qu'elle n'avait pas envie de parler de son passé. Il ne voulait pas abandonner parce qu'elle ne voulait pas se livrer. Naoya aurait pu l'envoyer paître, poliment, seulement, elle se doutait que ça ne fonctionnerait pas et qu'il continuerait à s'accrocher. En quelque sorte, sans le vouloir réellement, il avait poussé le bouchon un peu trop loin. Et le bouchon était prêt à exploser.

"Et qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?" demanda-t-elle en haussant quelque peu le ton. "Que j'ai vu mon frère et ma soeur baignant dans leur propre sang alors que je n'avais que quatorze ans ? Que les ambulanciers ont mis trop de temps à arriver et qu'à cause de cela, ils ont fini par mourir ? Que si quelqu'un sur place avait eu des connaissances médicales, peut-être qu'ils seraient encore en vie ?"

Naoya avait pris soin d'éviter de lui dire qui, exactement, était responsable de cette attaque ce soir-là. De toute manière, sûrement que Mik ne l'aurait pas cru. Donc, hein, autant éviter qu'on ne la prenne pour une folle.

"Je suis désolée ... je ... Je ne voulais pas m'emporter."

Elle se retourna, baissa légèrement la tête et posa une main sur son front. Naoya n'aimait pas être poussée et elle n'aimait pas non plus perdre ses moyens. Seulement, c'était arrivé.

Mik s’était rendu compte qu’il avait poussé le bouchon trop loin… Il  se releva, un peu gêné. Sa tête dure avait fait craquer Naoya, et c’était tout à fait normal. Il ne savait comment s’excuser, puisqu’il n’avait jamais eu à le faire, enfin, ne l’avait jamais fait… Il s’approcha de l’infirmière, vint pour poser sa main sur son épaule, mais se ravisa.

<Je… c’est de ma faute, j’aurais dû vous laisser tranquille… Vous vous êtes emportée pour une raison justifiée… Je peux vous laisser seule si vous le souhaitez… Veuillez nous excuser, moi et ma stupidité>

Stupidité, le mot était faible. Mais il ne pouvait savoir qu’elle cachait ce genre de secret.  Tout ce qu’il voulait, c’est qu’elle parle d’autre chose que de la médecine, mais il n’aurait pas dû la sortir de sa zone de confort,  ça l’avait poussé à bout.

Lui tournant toujours le dos, Naoya passa sa main sur le visage et elle essayait de reprendre son calme. Bien malgré lui, Mik avait fini par l'énerver. Enfin, c'était pas de l'énervement. Elle était plutôt troublée, et agacée ... Agacée parce qu'elle avait perdu le contrôle d'elle-même. Elle avait haussé le ton et lui avait "gueulé" dessus. Jamais elle n'aurait pensé faire une chose pareille. D'habitude, elle ne perdait pas son calme. Mais là, ça avait été différent. Sa deuxième main finit par rejoindre son visage, comme si elle voulait se cacher, ou un truc dans le genre. Elle resta comme ça, pendant un moment. Elle finirait par sortir de sa torpeur.

Mik, quant à lui, s'était levé et sûrement qu'il s'était rapproché quelque peu d'elle. Sauf que, Naoya ne pouvait pas le savoir. Après tout, elle n'avait pas des yeux dans son dos et ne pouvait pas voir ce qu'il faisait, ou ce qu'il ne faisait pas. Peut-être qu'il jubilait de l'avoir fait craquer ... Ou peut-être que c'était tout le contraire et que maintenant, il s'en mordait les doigts. En tout cas, une chose était sûre, elle savait, à présent, pourquoi on avait fini par lui tirer dessus. Sûrement que Mik avait aussi poussé le bouchon un peu trop loin et que ça avait fini par énerver l'autre homme, d'où la blessure à la jambe. Il s'excusa alors, lui annonçant même que si elle préférait, il pouvait très bien la laisser à présent.

"Ce n'est pas de votre faute. J'aurais très bien pu choisir de partir sans prendre le temps de répondre."

Un moyen efficace d'éviter les ennuis, et surtout, de dire des choses qu'on pouvait regretter par la suite. Il est vrai que Naoya aurait très bien pu quitter sa blouse, la jeter sur chaise et hop, se tirer avant d'exploser. Sauf que, ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait fait.

Pas de sa faute? Certes ça l’était. Mik avait poussé le bouchon trop loin, mais, après tout, il n’avait rien voulu savoir de choses qui étaient trop  indécentes à savoir, seulement ce qu’elle s’amusait à faire, il voulait voir la femme derrière l’infirmière, voilà tout.

Il fallait savoir quand se taire et cette fois, c’était la bonne. Mik fut surpris de pouvoir finir par la fermer au moins une fois. Il s’éloigna de Naoya, se disant qu’il était mieux qu’il ne soit pas trop près, lui laissant un peu « d’intimité », si le mot pouvait être juste. Il regarda par la fenêtre, peu de temps c’était écoulé depuis la dernière fois qu’il l’avait fait, et déjà des gouttes commençaient à tomber. Le temps pouvait être si… changeant, tout comme une situation, entre autres celle-ci.

Naoya poussa un soupir soupir et ôta ses mains qui étaient sur son visage. Mine de, le fait d'hausser un peu la voix avait mis fin brutalement à la conversation. Oui, quant on gueulait quelque peu, et bin, ça pouvait se finir de deux manières : soit les deux protagonistes haussaient tous les deux le ton, et la situation finissaient par s'envenimer dangereusement jusqu'à finir à en venir par les mains. Ou bien, comme dans ce cas-là, l'un des deux ne savait plus quoi dire et hop, la discussion était terminée, du moins, pendant un temps. Mik voulait apprendre à la connaître, seulement ... Seulement, Naoya se demandait si c'était encore possible après cette petite altercation. Peut-être qu'il éviterait de lui poser des questions plutôt gênantes. Peut-être qu'il éviterait aussi de lui parler à nouveau de son passé. Elle l'espérait, sinon, ça finirait mal.

Au bout d'un moment, Naoya se retourna. Mik n'était pas loin de la fenêtre et regardait par dehors. Quelques gouttes d'eau percutaient la vitre, signe qu'il était en train de pleuvoir. Ah, chouette ... Elle n'avait pas pris de parapluie, ce qui était plutôt ennuyant si la pluie persistait. Bah ... Tant pis, elle se mouillerait quand elle rentrerait.

"Après ce que j'ai dit, vous comprendrez que je n'ai pas beaucoup de loisirs."

Pour ainsi dire, Naoya n'avait pas vraiment la tête à cela. Certes, dans la mesure du possible, elle essayait toujours de paraître souriante. Mais quand elle rentrait, chez elle, c'était autre chose. Vous vous rappelez quand j'ai dit que Naoya ne buvait pas de l'alcool tous les soirs ? Bin, c'était pas totalement vrai. Disons que c'était pas rare quand elle se vidait un quart d'une bouteille avant d'aller se coucher. Ca lui permettait de mieux dormir. Par contre, quand elle se devait de faire une ronde dans les rues, à la recherche de l'assassin de ses proches, bin, elle ne buvait pas, préférant garder son esprit clair, et non pas embrouillé par l'alcool.

"Le seul loisir que je m'autorise, du moins, si c'est un loisir, c'est rechercher celui qui a brisé ma famille." lui avoua-t-elle en finissant par s'asseoir sur sa chaise.

Un chouette programme. La journée, infirmerie du lycée, ou bien hôpital. Et le soir, soit c'était soirée canapé, soit soirée qui pouvait dégénérer à tout moment.

Un rire sortit de Mik. La chasse à l’homme par vengeance… Il avait connu ça aussi, c’est ce qui l’avait amené à Seikusu… Il avait trouvé ce qu’il cherchait, et ces personnes étaient beaucoup plus fortes que lui… Jamais il n’avait pardonné à ceux-ci, mais il avait arrêté de vouloir se venger, car il se rendit compte que ça ne ramènerait pas sa famille, mais qu’il avait gaspillé beaucoup de temps à chercher ceux qui avaient fait de lui un orphelin…

<Vous savez ce qui arrive à quelqu’un qui cherche du sang? Il en trouve. Je sais que je ne suis pas bien placé pour faire la morale, mais j’ai connu cette vie. Longtemps j’ai cherché les meurtriers, aujourd’hui je me dit que j’aurais mieux fait de poursuivre ma vie et, peut-être, qu’aujourd’hui j’aurais pu mettre ses horribles événements derrière moi, mais, avec les circonstances, je suis marqué à vie…>

Mik s’était retourné face à son interlocutrice, les bras croisés, il poussa un léger soupir. Cette vie, il ne la connaissait que trop. Le jeune homme finit par dire.

<J’ai longtemps gardé cet esprit de vengeance et cette envie du sang en moi, aujourd’hui, elle m’a détruit… Ne faites pas la même erreur que moi.>

Malheureusement, Mik ne semblait pas ... comment dire ... être content des loisirs de sa jeune femme. Qui était-il pour se permettre de la juger ? Hein ? Pas son père, pas sa mère, même pas un proche. D'une manière ou d'une autre, même si cette vie était plutôt destructrice et bien, elle continuerait de la mener comme elle l'enchantait. Certes, ce n'était pas génial mais bon. Elle ne pouvait pas le laisser s'en sortir. Certes, l'agresseur avait peut-être été humain par le passé, mais il ne l'était plus au moment où il avait décidé de sortir et d'attaquer ses proches, transformant même, au passage, son père.

"A part se faire griller la cervelle, je ne pense pas que j'arriverai oublier."

Dommage que son pouvoir ne fonctionnait pas sur elle. Peut-être, comme le disait si bien Mik, qu'elle aurait pu finir par oublier tout ça, avec l'aide de son pouvoir. Mais non, ça ne fonctionnait pas comme ça, bien malheureusement. Peut-être que si elle s'entraînait plus, elle finirait par étendre son pouvoir et là, ça marcherait. Mais elle n'y croyait pas trop. C'était peut-être trop ancré en elle pour qu'elle finisse par oublier.

"Je crois que c'est déjà trop tard pour moi. Mais c'est c'est pas comme si ça m'empêchait de vivre. Après tout, j'ai un bon boulot."

Bon, certes, niveau famille, c'était un peu le néant. Elle s'était coupée de sa mère, de son frère. Et les hommes de sa vie, bin, du fait qu'elle était morose, que parfois, elle pleurait sans vouloir dire le comment du pourquoi, qu'elle buvait, ça arrangeait pas vraiment les choses et ils finissaient toujours par partir d'eux même. A parler cruement, elle était, pour ainsi dire, toxique. Et à un moment ou à un autre, pour leur propre bien être, les gens finissaient par s'éloigner d'elle. Fallait peut-être mieux d'ailleurs.

Pourquoi, pourquoi faisait il cela? Ce n’était pas sa vie, elle la menait comme elle la souhaitait, et Mik n’avait pas à tenter d’influer sur celle-ci. Il secoua légèrement la tête puis posa la main sur celle-ci.

<Vraiment désolé, on dirait que la première journée d’école ne me réussi pas, mais pas du tout!>

Mik tentais de se rattraper comme il le pouvait, mais avec les bourdes et absurdités qu’il avait enchaîné depuis tout à l’heure, on pouvait dire que c’était peine perdu. Lui qui souhaitait faire bonne impression, s’était râpé! Lui qui habituellement n’avait pas de mal à parler aux gens et à apprendre à les connaître tout en évitant les sujets délicats ou qui pourraient amener un froid dans la discussion… Le premier jour de la rentrée s’avéra catastrophique. On aurait dit que Mik ne savais que dire, si ce n’était des bêtises qu’il disait. On aurait dit un  amateur qui décoche des phrases aussi hasardeuses qu’imprécises… Comment se faisait-il qu’il avait perdu tout ses moyens?

Mik semblait perdu, dépourvu de ses moyens. A nouveau, il s'excusa et parla du fait qu'aujourd'hui était son premier jour dans ce nouveau bahut. Tout comme elle, d'une certaine manière. Sauf, que, à sa voix, Naoya se doutait qu'il avait dû enchaîner bêtise sur bêtise, ou un truc dans le genre. S'il le voulait, elle pourrait très bien lui faire oublier ce moment. Suffisait qu'elle plaque sa main sur le front du lycéen et hop, tout cette journée ne serait qu'un mauvais souvenir, qu'un cauchemar. Bien sûr, elle gommait aussi leur rencontre, et leur discussion qui, au départ, était plutôt sympa, mais qui avait fini par emprunter une pente très enneigée et dangereuse. C'était sa faute. Naoya lui aurait dit qu'elle ne voulait pas parler de cela, sûrement que la conversation n'aurait pas dérapé ainsi, du moins, c'était ce qu'elle se disait.

"Les rentrées scolaires sont parfois difficiles. Je sais de quoi je parle."

Surtout quand on débarquait de nulle part et qu'on ne connaissait pas la ville et qu'on avait pas d'amis. Une année, lors d'une rentrée, Naoya avait aussi tout fait foirer dès le premier jour. Elle s'était perdue dans les couloirs, était arrivée en retard en cours, s'était retrouvée, malgré elle, dans le bureau des surveillants à cause de ce retard, et avait passé toutes les récréations de ladite journée, seule, dans un coin. Et tout ça pour quoi ? Simplement parce qu'elle avait changé de lycée et qu'elle avait perdu tous ses amis.

"Ca ira mieux demain. Ou les jours suivants. On ne peut pas toujours être au top dès le premier jour."

Pour Naoya, c'était pareil. Aujourd'hui n'avait pas vraiment été une journée géniale alors que c'était son premier jour de boulot à l'infirmerie du lycée de Seikusu. Mais ça irait mieux la prochaine fois qu'elle viendrait, du moins, c'était ce qu'elle se disait. Non, à dire vrai, même, elle en était convaincue. Tout irait bien, pour elle, comme pour lui. Et un jour ou l'autre, elle finirait par mettre la main sur celui qu'elle cherchait depuis qu'elle avait atteint sa majorité.

Pour essayer de revenir sur une discussion plus agréable, mik s’accotant dos à la fenêtre puis croisa la jambe droite à la jambe gauche, posant le bout du pied au sol, lança.

<Vous ne m’avez toujours pas dit où vous travaillez quand vous n’êtes pas à Seikusu>

Depuis un certain moment, il ne sentait plus l’odeur de l’infirmerie qu’il détestait tant,  du moins, il ne s’en souciait plus. Il n’avait jamais passé autant de temps dans tout ce qui ressemblait de loin ou de près à l’intérieur d’une chambre d’hôpital.

Être au top, ça n’était pas vraiment important, mais faire bonne impression et ne pas avoir l’air trop nul pour être mis d’office dans la catégorie des boulets, ça par contre pourrait être bien. M’enfin, elle avait raison en disant que ça irait mieux d’ici quelques jours. Il y a toujours des journées où rien ne va, et ses journées là, il faut les oublier et passer à autre chose, sinon on ne serait capable d’avancer. Le passé est l’histoire, le future, un mystère mais le présent est un cadeau, d’où son nom.

Toujours assise, Naoya ferma les yeux durant quelques instants. Elle se demandait pourquoi elle avait accepté ce poste à l'infirmerie. Après tout, le travail à l'hôpital occupait pas mal de son temps. Et c'était pas comme si elle avait un besoin énorme d'argent. Bon, il était vrai qu'elle allait avoir un trou dans ses économies à partir du moment où elle rencontrerait, à nouveau, l'Ombre Mortelle. Naoya l'avait contacté grâce au site seulement, elle attendait toujours la confirmation de leur prochain rendez-vous. Elle ne s'était pas encore manifestée. Peut-être qu'elle avait abandonné l'idée de rechercher les deux vampires. Probable ... Ou Arya était tombée sur un os et ce dernier était plutôt difficile à surmonter, ou un truc dans le genre. Bah ... La semaine était pas encore finie. Elle avait eu peut-être un imprévu.

Enfin bref. Naoya fut tirée de ses pensées par Mik. Il lui posa une question. Ce qu'elle faisait quand elle ne travaillait pas au lycée ? Une réponse pas très compliquée, pour ainsi dire.

"Quand je ne suis pas ici, je suis à l'hôpital Resurgam, de garde."

Douze heures par jour, minimum. Parfois c'était plus, et jamais moins à dire vrai. Naoya n'avait jamais le temps de partir en avance. Et de toute manière, elle ne pourrait pas le faire. Non, conscience professionnelle. Elle restait, au minimum, le temps de sa garde. Et si jamais elle devait continuer parce que y'avait un surplus de patients, ou un truc dans le genre, et bien, elle restait un peu plus longtemps. Et tant pis si elle avait des projets. Y'avait même des fois où, du fait que le personnel médical était en restriction pour une raison ou pour une autre, Naoya finissait par revenir après sa garde. Et oui, ça arrivait. Pour ainsi dire, pas le temps d'avoir une vie privée.

"Si je devais faire un diagramme de mon emploi du temps moyen par semaine, je pense que je dois passer la moitié de mon temps entre l'hôpital et l'infirmerie du lycée."

Et ce qu'elle faisait du temps qui lui restait ? Dormir, quand elle le pouvait, et lecture de cas médicaux précis, surtout quand elle avait une intervention le jour suivant qui nécessitait d'être bien préparée.