Franchement, qui aurait parié sur des ébats doux et sensuels avec ces deux là? Certainement pas Sam en tous cas. Si William, lors de leur première rencontre, de la première fois que sa stature s’était découpée dans l’encadrement de la porte du commissariat où on la retenait prisonnière lui était d’emblée apparu comme étant un très bel homme, sain et vigoureux, et que très vite les yeux verts de Dolan avaient su se hisser à la première place du podium des plus beaux yeux qu’elle eut jamais rencontré, ces considérations n’en restaient que superficielles au possible. Un corps qui en apprécie et en veut un autre, rien de plus. Il n’y avait rien derrière, aucun bagage ni embarras psychologique, juste deux bouts de viande se livrant l’un à l’autre pour des plaisirs de la chair et uniquement ça. Une des relations les plus courtes, ça n’aurait même pas été un soir après un verre ou plusieurs, non. Ca aurait été abrupt, incongru mais intense. Tout ça, Sam l’avait pensé. Avant qu’il ne se présente et n’ouvre la bouche. Là, ses fantasmes s’étaient arrêtés. La jeune femme était très terre-à-terre, très pragmatique. Elle ne voyait pas l’intérêt de rêver si elle ne pouvait espérer avoir.
Et William, au moment où il s’était présenté, où il lui avait dit être son avocat et le peu d’émotion, l’absence totale d’émotion en fait, qu’il avait manifesté lors de ce premier échange avait ôté toute réalité aux désirs muets qui avaient traversé la tête de la jeune femme avant qu’il n’ouvre la bouche.
Il faut dire aussi que les différences entre Dolan et Sam sont on ne peut plus nombreuses, pour ne pas dire qu’ils sont de parfaits contraires. William aspire au bonheur matériel, amasse argent et pouvoir, est propre sur lui, ordonné et strict dans son apparence et avec ses relations au premier abord –au premier abord seulement puisqu’il n’a plus rien de strict avec Sam. Quant à elle, elle était brouillon dans ses relations et son apparence, quoique sans être négligée à l’excès. Elle se moquait d’avoir plus d’argent, tant qu’elle pouvait manger, elle ne vivait que pour elle et son plaisir immédiat, alors que William tablait plus sur le long terme. Il ne se serait pas donné la peine d’être avocat autrement, si ?
Aussi différents soient-ils tous les deux, ils se retrouvaient tout de même dans quelques points. La détermination d’abord, autant dire qu’ils étaient têtus tous les deux, l’amour du jeu et l’esprit combatif, qu’ils avaient démontré pendant la petite partie de questions/réponses, et bien sûr une attirance réciproque, le désir de l’un pour l’autre que l’autre renvoyait à l’un. On dit que les contraires s’attirent. Il faut cependant qu’ils ne soient pas contraires à cent pour cent, car Sam n’aurait eu aucune volonté propre, elle en aurait été bien moins intéressante. Elle n’aurait même pas été là en fait, et aurait sans doute été ce que William avait nommé un peu plus tôt « une oie blanche » et l’intérêt de leur rencontre aurait été nul. Or, là, il était tout sauf nul. En l’espace de deux rencontres, William avait su déverrouiller à lui seul plus de serrures, ouvrant les portes qui menaient à ce que Sam était vraiment, que n’importe qui avant lui en l’espace de dix ans. C’était une plus qu’honorable performance, mais qui effraierait sans doute Sam lorsqu’elle se rendrait compte qu’elle s’était presque mise à nue, dans tous les sens du terme, devant lui. Mais pour l’heure, elle était toute à lui, à ses mains, ses doigts, sa bouche… Et pensait à tout sauf à se prémunir des intrusions de l’avocat, bien au contraire. Peut-être, sans doute d’ailleurs, finirait-elle par être rongée de regrets et tempêter contre elle-même, mais William avait trop bien su attiser l’envie qu’elle avait de lui pour qu’elle s’arrête en si bon chemin.
Echange de bons procédés, après que Sam se soit amusée à titiller les envies de l’avocat, c’était à son tour d’en faire de même. Les mouvements de reins de la jeune femme atteignirent leur objectif, elle le constata à l’échange de position, alors que le juriste la faisait basculer sur le dos, reprenant ainsi les dés, c’était à son tour de jouer. Les yeux de Sam n’étaient plus dénués de vie, comme ils l’avaient été un long moment durant leurs entretiens. Non, maintenant ils brillaient et pétillaient d’un éclat nouveau, comme un phœnix qui serait revenu d’entre les morts, renaît de ses cendres comme le disait la formule originelle. Pour combien de temps, là était toute la question. Toujours est-il que lesdits yeux s’ancraient dans ceux du juriste dès que l’occasion se présentait. Et quand ceux de William fuyaient les siens, ils se rabattaient sur d’autres parties de l’anatomie du jeune homme. Glissant sur les traits délicats de son visage, sur ses lèvres qu’elle prenait tellement de plaisir à embrasser, sur le carré masculin de sa mâchoire… Sans le passer au crible d’une façon critique, disons plutôt qu’elle tentait de repaître chacun de ses sens avec une partie de l’avocat. L’odorat de son odeur, la vue de sa carrure, le goût de sa bouche, l’ouïe de ses murmures et soupirs, et le toucher de tout son être. Elle se demandait si c’était ce que faisait William également, alors qu’il la regardait après l’avoir allongée sur le dos.
En tous cas, cet instant passé à se regarder dans le blanc des yeux ne dura pas bien longtemps, et bientôt, l’avocat retourna s’occuper de la poitrine de Sam, sans s’y attarder cette fois-ci, mais rien que son passage avait suffit à donner la chair de poule à la jeune femme. Chair de poule qui s’intensifia et s’agrémenta d’un frisson lorsque son pantalon commença à lui être ôté. William n’eut pas beaucoup d’efforts à fournir pour atteindre son but, le pantalon ayant bien une taille voire deux de plus que celle que faisait Sam. La raison à cela ? Elle aimait nager dans ses pantalons, tout simplement. Une fois la barrière des hanches passées, ce travail là ayant déjà été fait à moitié puisque le pantalon était taille basse montait à peine suffisamment pour cacher les fesses de la jeune femme, ses cuisses puis ses mollets furent exposés au regard minutieux de Dolan. Et enfin, le pantalon tomba, défait comme le reste des vêtements de Sam, pas de taille à lutter contre les doigts de l’avocat.
Les jambes de la jeune femme étaient longues et fines, mais puissantes, nerveuses, toutes en muscles. Normal pour une pratiquante journalière de rollers et autres sports de glisse. L’avantage sur ce sport « du pauvre » - car pratiqué dans la rue ? - étant que contrairement à l’équitation, sport de riches établi, il était très loin de donner ce qu’on appelle communément « une culotte de cheval ». Bien au contraire, le roller était un sport très complet qui musclait les mollets, les cuisses, les fesses et les abdos. La seule chose à laquelle on devait faire attention étant les chutes et les reins. Les reins car si l’activité est pratiquée d’une façon inadaptée, ça peut être douloureux. Mais Sam était rodée, elle ne risquait donc rien et chaque heure de pratique affinait ou entretenait juste sa silhouette. Silhouette qui avait déjà plu à plus d’un, qui n’avait plus besoin de faire ses preuves. Et apparemment, ça ne serait pas William qui irait dire le contraire. La tête de Sam s’inclina quelque peu sur le côté, histoire d’embrasser l’avocat du regard sans être gênée par sa poitrine qui se soulevait au rythme de ses respiration et s’intercalait d’une façon désagréable quoique brève entre le juriste et elle. Le beau sourire de William trouva échos dans celui en coin que se permit la jeune femme. Non, décidément ça ne serait pas lui le premier à se plaindre de sa plastique, quoique Sam attendait toujours ce moment, qu’elle accueillerait avec fatalité et résignation car « On ne peut pas plaire à tout le monde » lui avait-on toujours seriné.
Les yeux des deux jeunes gens se fondèrent une nouvelle fois les uns dans les autres, se rendant provocation pour provocation, défi pour défi. Si William la défiait du regard et de ses mains, le visage de Sam le mettait au défi lui aussi… Non pas de continuer, elle aurait alors fait planer la menace d’une vengeance, mais d’arrêter. Oui, elle le défiait d’arrêter. Puisqu’elle espérait que justement pour ne pas lui donner raison et victoire, il continuerait. Psychologie inverse muette que tout un chacun était à même de pratiquer dans l’intimité, ou même pas d’ailleurs.
Loin de s’arrêter, et ce pour le plus grand plaisir de Sam, William poursuivit, allant crescendo dans l’intensité et l’insistance de ses caresses. Au début, alors que ses doigts se contentaient de l’effleurer, la jeune femme pouvait maintenir le regard de l’avocat, frémissant juste à certains contacts. Et puis quand les choses avaient commencé à devenir « sérieuses » et que la main de Dolan se faisait plus insistante et tout simplement que ses mouvements se faisaient de plus en plus érotiques, Sam peinait aussi à garder le lien visuel entre elle et William. Ses doigts à elle glissèrent sur ses draps et s’y cramponnèrent, les froissant au passage alors qu’elle rendait les armes devant la dextérité de William et les attentions desquelles il la comblait. Il avait gagné, elle ferma les yeux, ses dents se desserrèrent, sa bouche s’entrouvrit et sa tête se rejeta en arrière. Toute à son plaisir, elle se rendit à peine compte que la main du juriste avait laissé place à la langue, tout ce qui importait était le plaisir qui envahissait son corps, lui faisant tourner la tête et comprimait ses organes de l’intérieur, comme s’il cherchait à les remplacer tous. Sam ne s’entendit même pas gémir. Elle perdait le contrôle sur ses sensations et ses réactions, haletait, soupirait…
Et puis c’en fut terminé. William quitta son intimité et Sam rouvrit les yeux, reprenant corps dans la réalité. Elle sentit son bassin retomber doucement sur le lit, elle s’était donc cambrée de plaisir sans le voir, et déglutit. Elle peinait à reprendre son souffle quand le visage de l’avocat se redessina dans son champ de vision. Une nouvelle fois, les yeux de la jeune femme se fermèrent alors que son nez se retrouvait prisonnier de la tranche des dents du juriste, la bouche de Sam s’étirant en un petit sourire avant qu’elles ne se retrouvent emprisonnées à leur tour, condamnées sans doute pour la moqueries qu’elles avaient eu l’audace d’avoir vis à vis de leur supérieur le nez. Le baiser offert par William donna l’opportunité à Sam de se calmer un peu, de se rafraîchir légèrement les idées pour pouvoir passer à la suite. Le problème étant que plus on arrosait un feu, plus il reprenait avec vigueur si la somme d’eau versée n’était pas suffisante pour le noyer directement. C’est précisément ce qui se produisit avec la délinquante. A force de vouloir faire redescendre sa température, elle ne faisait que s’agacer elle-même et parvenir à se donner plus de vigueur encore, si c’était possible.
Les bras de Sam vinrent s’enrouler autour de Dolan, une main descendant dans ses reins et l’autre remontant dans ses cheveux alors que, les yeux clos, Sam fermait les yeux et pressait légèrement la bouche de l’avocat contre la sienne, pour savourer ce baiser fort en fougue et en passion. Envieuse de retrouver sa camarade, la langue de Sam glissa sur les lèvres du jeune homme, comme frappant à leur porte, avant de s’immiscer entre elles pour prendre son homologue par surprise. Sam se servit de cette diversion pour inverser les positions. Ses bras relâchèrent l’avocat et ses mains s’ancrèrent plutôt une de chaque côté de son visage. Elles servirent d’appuis à Sam qui prit place à califourchon, assise sur le bassin du juriste et le sien se remettant à décrire les mouvements qui l’avaient électrisé un peu plus tôt, alors que son buste se redressait lentement, contraignant William à en faire de même s’il voulait garder en sa possession la bouche de la jeune femme.
L’une des mains de Sam se glissa ensuite dans le dos du jeune homme pour l’attirer contre elle, le faisant s’asseoir, tandis que l’autre s’attaquait à la boucle de ceinture et aux boutons du pantalon du juriste. Une fois que ces maigres résistances furent tombées sous le joug impitoyable des mains de la jeune femme, elle invita William à se rallonger, suivant elle aussi le mouvement de son corps. Elle lui vola un nouveau baiser, bref et au sourire étiré. Ses lèvres glissèrent alors sur la peau du visage du juriste, effleurant de son passage les angles de sa mâchoire, le creux de son cou, celui de son épaule. Elle embrassa cette dernière lascivement, puis reprit sa langoureuse descente, revenant sur le torse et déposant quelques baisers au passage, ici et là, aux endroits qu’elle avait relevés sensibles lors de l’exploration de ses doigts, s’attardant même à ces endroits. Le nombril aussi eut droit à son lot de cajoleries, et Sam n’arrêta sa lente progression qu’une fois que ses lèvres rencontrèrent la barrière de tissus qu’elle ne lui avait toujours pas enlevée. Elle tint à réparer cet impair.
Ses doigts se glissèrent entre le tissus et la peau de l’avocat, au niveau de sa taille, et tirèrent lentement pour faire descendre les deux couches successives qu’étaient le pantalon et le sous-vêtement du juriste. Penchée sur son travail, Sam embrassa au fur et à mesure la peau dévoilée, et bien sûr la verge de William ne resta pas ignorée ni snobée de ces attentions. Sam se redressa un peu cependant pour finir d’enlever les vêtements de William, ce qui n’était pas pratique à moitié baissée. Elle avait terminé son labeur hors du lit, et debout face au juriste, l’un et l’autre pareils à Adam et Eve dans leur tenue. Regagnant la couche avec lenteur, c’est à quatre pattes qu’elle vint surplomber Dolan sa bouche avide de retrouver la sienne après quelques baisers glissé dans son cou. Le corps de la jeune femme ne resta cependant pas perché bien longtemps. Avec lenteur, l’une des jambes de Sam s’intercala entre celles de William alors qu’elle s’étirait et passait de la position à quatre pattes à celle allongée. Bientôt, sa poitrine retrouva le torse de l’avocat, s’écrasant contre lui, mais pas seulement. Leurs ventres aussi furent en contact, leurs bassins, leurs cuisses, leurs jambes… C’était comme si Sam cherchait à accoler le plus de surface possible de son épiderme contre celui de William. Elle avait rarement cherché ce genre de choses, d’habitude elle se contentait de peu, mais là elle-même voulait bien faire, donner beaucoup, plus qu’elle ne recevait.
Serrée donc, blottie en fait, contre l’avocat, sa délinquante de cliente lui rendit le monopole des actions, les dés, elle-même, et tout ce qui serait indispensable à son tour de jeu, puisque le sien venait de se terminer.