Si Don espérait retirer à Alana sa légèreté, il était encore loin du compte. Très très loin du compte même. La prêtresse était bien trop résignée, bien trop soumise à sa déesse et à l’ordre des choses pour ne serait-ce que penser à aller contre. Selon elle, si elle se retrouvait là, dans cette situation, c’est que d’une façon ou d’une autre, Aphrodite l’avait voulu. Et donc, elle ne pouvait que se réjouir de sa condition. Enfin… La réjouissance viendrait peut-être pour plus tard, mais là en l’occurrence, ce Garan Dorian la faisait plutôt souffrir. Et oui, elle n’avait toujours pas fait le lien entre lui et le fantasme de son enfance et adolescence. Du coup, elle ne fit qu’enfoncer le clou à chaque fois qu’il parlait, lui répondant toujours sur un ton désinvolte et léger.
« T’amuser, mais aussi t’étonner ! Te surprendre et te donner de quoi t’occuper ! Je prendrai mon rôle d’esclave très au sérieux, tu veux me punir pour ça ? C’est vraiment juste pour le plaisir de punir alors… Oh… Mmmm… Oui… Punis-moi… »
Elle termina sa phrase par des pseudos gémissements, qui s’évanouirent en rire alors qu’il la faisait prendre place sur une vieille table en bois. C’était archaïque comme système, tellement rural… Tellement… Rustique. Comment disent les gens dans le vent déjà ? C’est… Authentique ! Voilà.
Elle le suivit de ses yeux améthyste lui attacher les membres, comme si elle aurait pu prendre la poudre d’escampette… Elle était réaliste. Et elle se doutait qu’un plaquage sur le sol de cette barrique devait être douloureux. Voire irréparable si elle tombait mal.
« Pour la douleur j’ai déjà donné… Pour le plaisir, j’attends encore. Tu es vraiment capable de donner le plaisir que tu te vantes de distribuer ? »
Et oui, elle était curieuse. Parce qu’après tout, elle lui avait déjà donné du plaisir. Que lui, rien du tout malgré sa bonne volonté. S’il souhaitait qu’elle soit plus rebelle, il s’était trompé de victime. Quand Alana vit l’aiguille arriver, elle haussa un sourcil. La première chose à laquelle elle songea, c’était à une glace. Elle en aurait bien mangé une. Ensuite, elle se demanda ce qu’il allait lui faire avec ça. Quand la réponse lui fut donnée, Alana serra les chaînes dans ses mains de toute sa force, serrant les dents également alors que son visage se crispait dans une expression de douleur. Cette fois, quelques gouttes de sueur avaient perlé sur son front. Elle respirait fort, et d’une façon saccadée, les mains toujours crispées sur ses liens. Mais même torturée ainsi, elle ne pourrait s’empêcher de railler Don. C’était dans sa nature, il n’y pourrait rien changer.
« Dommage… Moi qui avait toujours voulu allaiter. »
Elle déglutit.
« Ca sera d’un esthétique, vraiment… Et quand je te danserai la danse du ventre, je n’aurai qu’à passer un foulard, les bijoux seront déjà présents. »
Elle était parfaitement ironique bien sûr, une façon de montrer à l’esclavagiste que quoiqu’il fasse, il ne parviendrait jamais à la rendre malheureuse. Elle se cala un peu mieux sur la table, et serra les chaînes à nouveau.
« Vas-y, fais moi l’autre. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. »