Doucement ... ( Pv )

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Le soleil tombait doucement à l’arrière de la colline, laissant l’atmosphère baigner dans une ambiance des plus orageuses. Les nuages, bien décidés à rester, encerclaient le lieu, laissant entendre que, bientôt dans la soirée, ils comptaient bien prouver qu’ils étaient capables de bien des choses. Les arbres, au loin, étaient morts, et leurs branches griffaient le paysage. L’air était froid, un peu sec cependant, sans vent ni pluie. La nuit tombait doucement, plongeant les landes dans une abîme inquiétante.

Non loin de là, Engel était assise, une jambe étirée et l’autre repliée contre son torse, sur un rocher qu’elle jugeait confortable. Elle portait une robe blanche, des collants légers, une paire de ballerine noire, et une épaisse cape blanche l’entourait, l’enfermant dans une bulle de chaleur, la protégeant quelque peu du froid. Elle admirait, impassible, l’ambiance environnante, ses yeux gris transperçant les lieux. C’était plaisant … Chacune de ses respirations dégageait une fumée blanche de sa bouche et son nez, et elle restait immobile, telle une statue de marbre dans le froid d’un hiver naissant.

Elle restait avec ses pensées, songeant à chaque instant de sa vie. Vie qu’elle trouvait gâchée, à vrai dire. Elle avait toujours cette impression de flotter, de ne pas être dans son univers à elle, dans son monde, un monde qui lui plairait. Elle ne trouvait pas sa place. Chaque chose autour d’elle lui semblait atrocement abstrait, que ce soit aussi bien au niveau physique que psychologique. Elle avait gâchée sa vie sexuelle en se laissant faire, elle avait gâchée sa vie de jeune sorcière en séchant les cours, et faisait désormais du sur-place. Elle ne pourrait pas rester éternellement immobile dans ces landes, elle savait très bien qu’elle devrait bouger. Mais elle ne le voulait, pour le moment. Elle préférait se morfondre, formuler des  « J’aurais dû » assassins. Elle soupira.

Elle resta ainsi pendant une heure, puis s’étira doucement, sans faire tomber sa cape, faisant craquer sa nuque, passant sa main dans son dos, le long de sa colonne vertébrale, pour toucher ses vertèbres et réveiller son dos, humectant ses lèvres, et se levant doucement. Le temps allait être désastreux, elle le sentait. Si la pluie tombait, elle mourrait de froid. Ce qu’elle ne désirait pas tellement, à vrai dire. Elle inspira, laissant l’air froid s’emparer de ses poumons, et toussa légèrement. Le silence courrait partout. Elle sentit un vent se lever. Il était temps d’y aller …