Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre > Centre-ville de Seikusu

Rencontre de type X | avec les Nyoras

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Masamitsu Hiruka:
Depuis que Kleora avait débarqué dans sa vie, Masa n’avait pas vraiment le choix : il devait sortir de sa bulle, quitter son cocon, sa zone de confort, et faire quelque chose qui lui permettrait de gagner sa vie. Bien sûr, il ne s’agissait pas non plus de faire dans l’alimentaire. La neko avait insisté sur certains points, et elle voulait qu’il réussisse à réaliser son rêve de devenir un créateur célèbre. Elle ne lui laissait pas d’autre choix que de prendre son courage à deux mains et de se lancer en s’en donnant les moyens.
Avec quelques missions au black, il avait rassemblé de quoi se payer ce qui lui manquait de matériel pour commencer et il avait trouvé des astuces pour emprunter une partie de ce qui restait pour le moment –comme la caméra compacte empruntée au club d’audiovisuel du lycée, par exemple–.
Alors, caméra à la perche, micro accroché à la veste, glotte au fond de la gorge, il avait créé une chaîne et avait commencé à créer du contenu. Sur Real Crazy Stories From Japan, un nom avec lequel il n’était pas encore certain de rester d’accord, il ne donnait pas de noms de lieux et ne montrait pas son visage, mais il allait sur le terrain, là où il se disait, à Seikusu, que l’incroyable s’était produit, et il faisait le récit de légendes urbaines incroyables. Et ils constituaient de bons entraînements pour prendre en confiance et améliorer son élocution et ses compétences en montage.
Mais il n’avait rien à montrer de probant. Il se refusait à exposer et interroger Kleora par soucis pour sa sécurité. Il devait trouver quelque chose pour commencer à marquer les esprits, et il avait maintenant assez confiance en ses capacités pour se dire qu’il était temps que ça arrive.
Comme si la vie avait attendu qu’il s’affirme, il avait finalement reçu un tuyau sous la forme d’un message privé. La personne prétendait avoir reconnu un terrain de Seikusu apparu dans une de ses dernières vidéos et voulait l’encourager. Il lui confiait avoir vécu une expérience incroyable et il lui avait donné une adresse en lui demandant de promettre d’y aller. Lui n’oserait pas témoigner, mais Masa, lui, en avait peut-être le courage ?

C’est ainsi que le jeune Japonais s’était retrouvé devant le Nyoras Club. A l’angle d’une rue sans histoires, l’établissement attirait le regard avec ses énormes écrans et éclairages à LED, tout de rose et de bleu, couvrant deux ou trois étages au-dessus d’un rez-de-chaussée dont les grandes baies vitrées étaient fumées à l’extrême et l’entrée elle-même était encadrée d’une plaque de LED rose. Même insonorisés, les lieux émettaient quand même un tempo léger, celui des lourdes basses du club, sans doute, qui diffusaient une musique électronique qui soulignait l’ambiance tout en mettant les discussions au second plan.
C’était très intimidant, et Masa se sentait retourné à son premier enregistrement, seul au milieu d’un terrain vague. Le voilà qui se préparait à entrer dans un club branché et apparemment riche en secrets pour demander à pouvoir filmer et –ce serait le comble– interviewer des personnes exceptionnelles. Il espérait qu’on ne lui avait pas menti et qu’on ne l’attendait pas avec une caméra pour le tourner en ridicule. Ce serait le pompon !
Il souffla profondément en fermant les yeux et se recentra. Il pensa à l’important : son rêve, Kleora, l’aventure. Il faisait ça pour devenir celui qu’il n’avait même pas osé rêver devenir. Il pouvait le faire. Il devait le faire ! En aurait-il seulement le courage ?
Et bien, il était sur le point d’être forcé par le sort car une personne curieuse s’était intéressée à son cas et s’approchait dans son dos.

Nyoras Club:
(PoV : Ada)

Ça faisait un petit moment que je n’étais pas sortie, et ça se voyait.
Non pas à cause du sac rempli à rebord que j’ai sur mon épaule, encore que, mais parce que je n’ai pas vu le temps passer. Je n’ai pas été bien loin du club, mais j’ai bien peur d’être un peu retard… oups. En réalité personne ne me dira rien, mais ça m’embête d’avoir laissées les filles se débrouiller sans moi pendant une petite heure. J’espère qu’elles ne se sont pas inquiétées, il ne manquerait plus que ça !

Je finis de remonter la rue, pressant le pas. Je ne fais pas particulièrement attention aux regards qui se posent sur moi, et pour cause : il fait bon, pour ne pas dire chaud, et je me suis habillée en accord avec la température. Enfin… peut-être plus léger que ce que j’aurais dû. J’ai toujours du mal à estimer la température ressentie par les humains, et donc ce qu’ils portent. Résultat : je me retrouve en mini short et avec un petit haut moulant, comme si il faisait 10° de plus.

J’arrive finalement face au club, qui accueille déjà ses premiers clients. J’en vois deux entrer, et un autre… regarder l’entrée fixement, comme si il était perdu dans ses pensées. Il hésite ? C’est sa première fois peut-être ? Ou il n’est juste pas sûr du genre de club dont il s’agit ? Que de mystères !
Je traverse et l’observe durant quelques instants. Il a l’air d’avoir la vingtaine, pas très assuré, plutôt mignon… tout à fait mon genre ! Mais il est tellement concentré qu’il ne me voit pas, et après quelques instants…

« Salut ! Tu es du genre timide ? »

Je viens me glisser dans son dos, une main posée sur son épaule et ma poitrine pressée contre lui. Un sourire aux lèvres, je continue de l’interroger.

« Ou c’est ta première fois ici ? Si ça peut te rassurer, il y a un grand bar tranquille dans l’entrée… ça ne t’engagera à rien de rentrer. »

Je lu souris gentiment, intriguée. Contrairement à la plupart des clients, il semble être venu avec quelque chose… mais quoi ? Un mystère de plus sur la liste.

« Au fait, moi c’est Ada. Je travaille ici, alors… je t’emmène à l’intérieur ? Je ferais en sorte que tu ne le regrettes pas ! »

Et ça, je m’y engage ! Au pire, il pourra se contenter de boire un verre en écoutant de la musique… et au mieux, prendre son pied comme jamais il ne l’a fait. Du moins, si il est là pour ça…

Masamitsu Hiruka:
Il avait senti la main se poser sur son épaule avant d’enregistrer la question –elle avait flotté aux frontières de ses perceptions sans être vraiment entendue ni être enregistrée–. Il s’était raidi, surpris, pensant avoir été appréhendé par quelqu’un le prenant pour un drôle d’énergumène potentiellement dangereux. Et puis, il avait senti la poitrine pressée dans son dos, si volumineuse qu’il avait un instant douté de ce qui le touchait –heureusement que la mère d’Eihjo pouvait lui servir de référence–. En prenant conscience de ce que c’était, il fut partagé entre soulagement, excitation et angoisse croissante.
L’inconnue à la voix douce et chaleureuse lui proposait d’entrer pour s’installer au bar, mais que répondre à ça ? Qu’il avait entendu que les lieux étaient peuplés de créatures aux capacités surnaturelles, et que ça lui faisait une peur bleue ? C’était complètement débile, et puis, il devait bien entrer pour voir ce qu’il en était –et, avec de la chance, l’immortaliser–.
Enfermé dans son hésitation, il avait tenté de se tourner légèrement pour voir qui l’avait accosté ainsi. Une rabatteuse ? Elle était plus âgée que son esprit de profane absolu l’aurait pensé pour quelqu’un travaillant là –non pas qu’elle fasse vieille !–, mais, sans trop savoir pourquoi, son instinct lui cria que cette femme travaillait là, et son pressentiment fut confirmé une seconde plus tard. Mince ! Plus question d’hésiter maintenant qu’on l’avait abordé en premier, n’est-ce pas ?

« Ah ! Ah j-j-jeee… Ou-oui ? Oui. Oui, d’accord ! »

Il avait bafouillé avant de trouver la ressource et la capacité de s’exprimer correctement et affirmativement. Il commençait assez mal s’il voulait être pris au sérieux. Heureusement, sans le savoir, il était tombé sur la Nyora parfaite pour son cas ! Quelque chose chez elle le mettait en confiance et le convainquait de l’accompagner dans sa tanière. En tout cas, elle ne lui inspirait qu’une confiance chaleureuse jusqu’à ce que, s’écartant d’elle pour se retourner et lui faire face, il découvre la tenue qu’elle portait. Il sentit sa température grimper de quelques degrés malgré lui et une autre motivation le gagner.

Non ! Je dois rester concentré !

Un peu de plaisir au travail n’a jamais fait de mal, enfin…

Ne commence pas !

Voilà qu’il repartait avec ses monologues intérieurs –de véritables dialogues entre sa timidité maladive et sa virilité castrée, en vérité– ! Il ne devait pas laisser la dame le deviner ou il allait passer pour un fou pour de bon et il ne pourrait jamais entrer !
Ah, tiens ! Il voulait vraiment entrer, alors…

« Je… Je dois quand même vous poser une question, d’abord, » lutta-t-il pour formuler avec dignité. « Je ne suis pas sûr de pouvoir entrer, en fait. Je… J’ai une caméra sur moi… En fait, je… Je…  »

Il essayait de fixer le regard de la belle sans y parvenir, ne parvenant à le saisir tandis que ses yeux filaient d’un côté puis de l’autre en essayant de l’y forcer. Il ne savait pas s’il avait peur, ou honte, ou les deux.

« On m’a dit que cet endroit était… spécial. Vraiment très très, très spécial. Et en fait, je fais des vidéos sur les endroits comme ça et je me disais… Enfin… »

Il toussota, ne sachant s’il réussirait à continuer comme ça ou non, et se décidant à se jeter simplement à l’eau pour ne pas s’enliser et se noyer tout de suite.

« Entrons, si je peux entrer avec ! Vous devez avoir un peu froid. On pourra toujours… euh… en parler dedans ? »

Il s’essaya à un sourire. Il apparaissait clairement intimidé et embarrassé, et il frottait ses mains moites à son pantalon en essayant de garder un minimum de contenance –ce qui était loin d’être gagné puisque, après tout, entre le club et l’histoire avancée, on était face à plus d’une première pour lui–.

Nyoras Club:
Oups, on dirait que je suis vraiment tombée sur un grand timide ! Avec mon approche, il a l’air totalement perdu. Il bafouille, disant plusieurs fois oui sans vraiment être sûr d’à quoi il répond… du moins, j’en ai l’impression. Je lui rends un peu de sa liberté, le libérant de mon début d’étreinte qui l’a peut-être trop surpris… ou après tout, peut-être qu’il est plutôt là pour rencontrer d’autre garçons… un mystère de plus sur la liste, mais il va bientôt trouver sa réponse !

Après quelques secondes à laisser son regard divaguer, et je ne suis pas sûre que ça soit juste pour me mater, il semble se ressaisir. Je l’écoute, me penchant légèrement pour mieux l’entendre… non, en réalité je veux juste m’amuser avec lui et voir sa réaction face à la vue plongeante que je lui offre. Les timides, ça me fait vraiment craquer… mais sa question en revanche… une caméra ? Que l’endroit est spécial ? Je croise les bras en réfléchissant à quoi répondre, soulevant ma poitrine dans l’opération.

« Hmmm… ça ne devrait pas poser de problème dans une chambre privée, mais dans les zones plus ouvertes ça ne sera pas possible. Il y a plein de monde qui ne voudrait pas être filmé ici… et probablement certains qui iraient très très loin pour récupérer et détruire des photos ou vidéos d’eux. »

Je lui souris, non pas que ce que je lui annonce est faux, mais pour le rassurer. C’est évident que dans un lieu comme celui-ci, il y a surement quelques personnes influentes ou peu fréquentables… dont certaines ont déjà eu des problèmes à cause de leur comportement. Mais nous ne sommes pas juges ni bourreaux, alors tant qu’ils se comportent bien chez nous…

« Mais tu as l’air timide pour quelqu’un qui fait des vidéos sur les clubs libertins ! Tu es sûr que ça n’est pas ta première ? »

Je suppose que c’est ce qu’il veut dire avec le côté spécial du club ? Je n’en suis pas sûre, mais je suppose qu’il précisera si c’est autre chose… mais du coup, je le vois mal filmer quoique ce soit. Moi qui me disait qu’il avait peut-être envie d’immortaliser notre future partie de jambe en l’air… et oui, je me projette ! Lui semble toujours aussi dépassé par les événements, ce qui est d’autant plus surprenant qu’il est quand même venu jusqu’ici de lui-même… mais vu son état, je décide de ne pas en ajouter.

« C’est gentil, mais je n’ai pas froid non ! Mais nous pouvons quand même entrer, tu m’expliqueras mieux ce que tu voudrais faire à l’intérieur. »

Je l’attrape par le bras et me colle à nouveau à lui, écrasant ma poitrine contre son épaule, et file vers l’entrée. Les derniers clients entrés sont déjà au bar, et y voyant Aya je lui fais un coucou de la main.

« Coucou Aya ! Désolée pour le retard… j’ai acheté quelques trucs, je vous montrerais plus tard ! »

Elle est visiblement plus intriguée par le jeune homme que j’ai au bras, et que j’amène à une petite table pour deux. Je m’installe sur une chaise, lui laissant l’autre, et le regarde un instant avant de reprendre là où nous avons laissé notre discussion.

« Donc… tu voudrais filmer quoi concrètement ? Et pourquoi ? J’ai bien des idées de ce que tu pourrais filmer ou photographier, mais je n’ai pas l’impression que tu sois là pour la même raison que la majorité des gens… »

Masamitsu Hiruka:
Face à la créature plantureuse et agréable, Masa restait désespérément embarrassé, gêné par sa propre inaptitude à pouvoir faire fi de ses observations purement physionomiques. Une partie de sa tête était bien dirigée par ce qu’il avait entre les jambes, qu’il soit mignon et timide ou non, et la manière dont la belle bombait sa poitrine et lui parlait chaleureusement lui faisait tourner la tête et virevolter des papillons dans l’aine.
Ce qui ne l’empêcha pas de déglutir lorsqu’elle évoqua la nature très privée des gens fréquentant les lieux. Ça n’avait rien d’étonnant ! Mais peut-être qu’on lui avait juste joué un mauvais tour ? Ada ne parlait que d’un banal club libertin. Il sentait qu’il allait vraiment passer pour une buse avec ses questions, mais Masa conservait son courage. Il osa même tenter une correction.

« Euh-en-en fait c’est paaas… »

Mais il fut coupé après quelques syllabes hésitantes seulement. Ada semblait décidée à le faire entrer. Quel était son rôle, au juste ? Etait-elle une simple rabatteuse ? Non. Les rabatteuses ciblaient les touristes et les gens ayant l’air d’avoir de l’argent. Masa ne pourrait pas donner l’impression de rouler sur l’or ! Et puis, pourquoi le faire entrer seul dans un club libertin ? Il ignorait tant de choses là-dessus qu’il ne savait pas si la situation avait l’air normale ou non. C’était terriblement embarrassant !
La situation ne s’arrangea pas une fois qu’Ada se fut vissée à son bras, sa poitrine opulente pressée contre son épaule. Elle était grande et affreusement attirante. Il ne savait pas où se mettre arrivé à la porte et il évolua un peu à la surface de sa conscience une fois la porte poussée. Observateur de ses actes, dirigé par la Nyora, il était cela dit doté d’une perception plus fine des choses dans cet état. Il prit rapidement connaissance des lieux et remarqua celle qu’Ada avait appelé Aya. Immédiatement, une ressemblance singulière, comme un air de famille, le frappa entre elles. Ou n’était-ce pas un air de famille ? Il remarquait instinctivement la nature surnaturelle, artificielle des apparences qu’elles avaient choisi, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.
Il bascula sur une chaise et se cramponna soudain à son sac de son bras libre, le faisant basculer de son dos pour le glisser au radar sous le fauteuil, entre ses jambes vite jointes de part et d’autre, pour le protéger autant que pour se protéger. La chute et la fin du mouvement le ramena au présent et à son corps, à ses perceptions. Ada l’interrogeait. L’interrogeait-elle ? Concrètement, oui, elle l’interrogeait, mais elle semblait plus vouloir l’aider que lui poser des limites contraignantes. C’était très différent de ce à quoi il s’attendait. A quoi s’attendait-il, exactement ? Sachant qu’il pensait arriver dans un repaire d’extraterrestres nymphomanes, les scénarios étaient fort variés !

« Et bien… Je… »

Il se racla la gorge et se redressa, prenant presque un air d’écolier interrogé. La position l’aidait à gérer le stress de la situation et le caractère grotesque de ce qu’il s’apprêtait à dire. En vérité, il s’attendait fort à finir dehors dans quelques minutes et une main restait accrochée à la hanse du sac.

« On m’a dit… hrm… J’ai une chaîne sur laquelle je parle des phénomènes surnaturels et paranormaux à Seikusu. Saviez-vous que la ville a plus de légendes urbaines que les États-Unis tout entier ? Voilà c’est… oui. En fait… on m’a dit… que… ce club… était… spécial… » Il marqua une pause, comme si le mot avait plus de sens qu’auparavant, mais il soupira vite en voyant qu’Ada l’écoutait et attendait le fin mot de l’histoire. « Ma source m’a dit être venue et avoir… vécu une expérience unique et inoubliable avec des… avec des extraterrestres… ou un truc du genre… Voilà ! C’est pour ça que je suis là ! »

Le prononcer soulignait à ses yeux l’absurdité de la chose et il voulut se cacher le visage dans le col de sa veste en sifflant d’embarras, rouge comme une tomate bien mûre.

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