Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre > Centre-ville de Seikusu

Masa & Feyre ◘◘ Pour quelques yens...

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Feyre:
23:37

Sous l’enseigne lumineuse d’un Konbini, Feyre attend son amie. L’impatience la guette, son ventre cri famine. Elle sort pour la seconde fois son porte-monnaie. Mais non, quelques yens ne sont pas miraculeusement apparus dedans depuis les cinq dernières minutes. Vraiment, elle ferait tout pour combler son appétit dévorant, quitte à racketter le premier venu.

Je n'ai vraiment pas d’honneur.

C’est la première fois qu’elle s’en rend compte et l’admet, malgré ses nombreuses exactions en série. Elle vole aux riches comme aux pauvres pour rembourser les dettes de son jumeau. Et… Elle continuera sans doute après. L’adrénaline est si forte, totalement addictive.
Les fortunés n’ont qu’un plus : Le défi, qui se propose avec leur système de sécurité haute gamme.

Merde, c’est quand le prochain casse ?

Là aussi, sa hâte se manifeste. Pour répondre à sa question, Feyre sort son téléphone. L’écran lumineux se reflète sur ses jolies traits et dans ses pupilles cyans. Le calendrier défile ; les prochains repérages se font demain mais ils manquent d’information pour se mettre rapidement à l'œuvre.

Un message apparaît :

Petit imprévu, rejoins-moi dans deux heures à la maison.

Mais mais ! J’ai la dalle !

Leurs appartements sont opposés l’un à l’autre, ce qui la dissuade de rentrer. Enfin, elle n’a surtout pas d’argent pour le métro et une flemme immense d’user de ses petits pieds.
Est-ce que quelque chose de bien va lui arriver ce soir ? C’est mal parti. Surtout, quand pour couronner le tout, son paquet de cloques s’avéra vide.

L’espoir revient ! Quand un jeune homme, plutôt mignon et inoffensif sort du magasin. Elle se relève, tout de suite pour lui faire face.

« Salut, t’as pas une cloque ? »

Son regard se perd une rapide seconde sur ses courses… Avant de remonter sur lui.

Fais pas ça, Feyre ! Sa conscience tente de la raisonner. Vraiment, t’es une sacrée merde pour y songer !

Certes. Mais elle a faim.

Masamitsu Hiruka:
Masa était plutôt fier de lui.
Avec le regain de motivation qu’il avait eu après l’apparition de Kleora dans sa vie, le jeune garçon un peu paumé avait réussi à conserver un petit boulot à mi-temps et à récolter un peu d’argent. Il avait même négocié pour se faire payer la moitié de son salaire à la semaine le premier mois pour ne pas mourir de faim, et une gestion intelligente et très économe lui permettait de nourrir deux bouches et de conserver la télévision pour les besoins gargantuesques de la petite hybride venue d’un monde lointain.
Il sortait du konbini devant lequel il l’avait rencontrée avec un sourire soulagé. Une semaine plus tôt, il était prêt à manger son dernier repas et à se pendre. Aujourd’hui, il allait cuisiner pour deux en rentrant, prendre une bonne douche et passer une bonne nuit pleine de folies avec la petite chatte affriolante.

Vraiment, sa vie prenait un tour satisfaisant.

Jusqu’à ce qu’il croise Feyre.

En une fraction de seconde, il se figea pour croiser le regard de la jolie fille qui l’avait abordé. Quelque chose dans son regard l’intimidait et il détourna vite les yeux en déglutissant. Elle était mignonne et pas bien grande, et elle n’avait pas l’air particulièrement forte, mais quelque chose lui disait qu’elle était capable de lui casser un bras, ou le nez, ou les deux, et il n’avait pas payé son assurance depuis deux mois maintenant. Il avait peur d’avoir mal et de ne pas avoir les moyens de se soigner, et on pouvait comprendre qu’il se mette tout de suite en situation d’éviter toute confrontation.

« Une… quoi ? »

Il n’avait pas tout à fait saisi, perdu qu’il était dans ses pensées, et il frissonna de peur en se demandant si elle allait lui fracasser la tête et lui botter le cul pour avoir osé la faire répéter. Les gangs japonais des années 80 et 90 étaient éteints, mais leur souvenir restait gravé dans la mémoire collective. Et s’ils refaisaient surface, tout d’un coup ? Personne ne serait à l’abri !

« Une clope ? C’est ça ? Je… Non. Je n’fume pas, je… Je peux vous dire où en trouver, peut-être ! »

Feyre:
« C’est gentil ! Je connais pas trop le coin, tu m’accompagnes ? »

Feyre ne lui laisse pas trop le choix et l’entraîne d’elle-même dans une ruelle peu fréquentée, sans lui laisser le temps de lui montrer le véritable chemin. Elle a pas un rond sur elle, ni de clope et une dalle d’enfer.

Ils ont quitté l’avenue principale et surtout l’entrée fréquentée du konbini. Rien qu’au vitre transparente, le caissier aurait pu la voir racketter le jeune homme.

Oui, c’est une ordure. MAIS ! Elle est plutôt prudente, mine de rien.

Bon et maintenant ?

La voleuse distingue à peine les traits adorables de Masa. Seul un lampadaire les illumine, un peu éloigné et grésillant. Sans doute, les employés municipaux ont-ils la flemme de venir jusqu’ici remplacer l’ampoule.

Là, ce n'est pas trop son problème.

« File-moi ta monnaie ! Ou bien paye en natu- »

Elle se coupe au milieu de sa phrase. Payer en nature ?

Merde, c’est pas la bonne réplique ça.

C’est ce qui arrive quand on regarde trop de porno et qu’on rackette quelqu’un pour la première fois, dans la précipitation et sans aucun plan.

La honte ! Je fais quoi maintenant ?

« Ton fric et… Tu as quoi dans ton sac ? »

Masamitsu Hiruka:
Masa se laissa embarquer en se forçant à sourire. Il n’avait aucune illusion sur ce qui l’attendait, ou du moins sur le fait qu’elle n’allait pas chercher à se faire montrer le chemin vers le distributeur de cigarettes le plus proche. Non. Elle l’entraînait directement dans la ruelle à côté du magasin. Il allait se faire dépouiller, et peut-être tuer. Il ne pouvait pas mourir ! Il avait peur et… et qu’allait faire Kleora s’il ne rentrait pas ?
Penser à la féline le rassurait, mais la peur panique revint quand la fille lui tomba finalement dessus. Du fric ou… ou quoi ?! Le Japonais releva un regard à la fois surpris et terrifié sur la jeune racketteuse, qui venait de s’arrêter d’un air embarrassé, avant de vite se reprendre pour se concentrer sur l’essentiel. Masa l’entendit demander le sac et il passa de blanc à livide.

« Q-q-quoi ?! N-n-n-n-non ! Vvvous pouvez me prendre ce qu’il me reste d’argent, mais ne-ne-ne prenez pas le dîner ! »

Il n’avait plus grand-chose sur lui. Il prenait toujours une somme proche de ce qui lui était nécessaire pour ne pas se laisser tenter. Autant dire qu’il n’avait presque plus rien en poche. La nourriture dans le sac avait bien plus de valeur. Si la fille avait faim, elle en viendrait vite à cette conclusion et il se retrouverait, lui, condamné à ne pas manger ce soir.

Qu’est-ce que va dire Kleo…?

C’est vraiment ce qui t’inquiètes, là ?! Elle va te crever ! Réagis !

Comment ?!

Improvise !!

Masa déglutit et se mit à trembler en ouvrant le sac, résigné à la laisser voir qu’il n’y avait là que de quoi se faire à manger pour ce soir–pour deux, oui, mais sans plus–, mais il ne pouvait accepter de la laisser se servir sans avoir essayé de l’éviter.

« L-l-laissez-moi le sac… J… Je vous donnerai tout l’argent qu’il me reste ! Et j-j-jjje ferai c-ce que vous v-voulez… Tout… Promis… »

Une larme lui monta et dévala sa joue en acceptant sa résignation. Il devait sauver son repas et celui de Kleora et si la loubarde avait été à moitié sérieuse alors… Entre perdre un repas et perdre sa dignité, qu’est-ce qui était pire ? Un Japonais moyen dirait sûrement que la dignité vaut bien une journée de faim, mais Masa ne voyait pas quelle dignité il pouvait lui rester à sauver.

Feyre:
Le japonais est proche de son dîner ? Ou peut-être est-il important pour lui?  A sa façon de protester, la première fois, Feyre comprend son attachement irrationnel à sa nourriture. Peut-être, à son instar, quelqu’un l’attend avec impatience pour le repas ? Pourtant, cette idée ne l’émeut pas une seconde. Au contraire, une petite voix mesquine dans sa tête la pousse à le lui dérober.

Mais il lui laisse au moins regarder. Peut-être dans l’espoir qu'elle n'aime rien ? Raté ! La suédoise est bien peu difficile sur la nourriture. Tant qu’elle n’a pas besoin de la réchauffer, ça sera parfait. Avant de finir de scruter le contenu du sachet, ses paroles l’interpellent.

Tout ?

Elle est tentée.
Mais elle n’est pas une violeuse.

« Ah ! Tu m’as mal compris. Je ne couche pas avec les pleurnichards, je ne viole pas non plus les faiblards dans la rue et dans ton genre. Je veux juste ton argent et… »

Car tu le fais sur d’autres ? En dehors de la rue ?
Putain réfléchis à tes paroles, Feyre !

Mais autre que ses pensées, c’est surtout le gargouillement strident de son ventre affamé qui la surprend et la coupe dans ses paroles.
Dommage, le jeune japonais n’a pas grand chose d’intéressant. Ça se voit qu’il avait prévu de rentrer, de cuisiner le tout.

Sauf une salade composée déjà prête, avec une petite fourchette. Il est assez aisé qu’elle ne lui est pas destinée mais plutôt à une étrangère, peu douée avec des baguettes qui lui en aurait fait la demande explicite.
Malheureusement pour lui, il est condamné à subir son courroux car Feyre, à défaut de pouvoir prendre autre chose, se rabat dessus et la monnaie.

« Je prends ça. Et la prochaine fois, pense aux gens qui peuvent te racketter ! Essaye de sortir avec plus de monnaie. »

Quelle phrase insensée.

« Oh ! J’oubliais la fourchette. »

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