Plan de Terra > Royaume Terranide
(ABANDONNÉ) affaire conclue ? (pv Gerd)
Winnifred:
La sueur perlait sur son front, alors qu'elle lustrait le vieux parquet de pièce principale. Ici et là, des alambiques, des pots, des contenants, tous aussi bizarres les uns que les autres. Et l'odeur âpre des mixtures, certaines à base de fruits, d'autres de plantes. Il n'y avait que sa mère pour reconnaître les différents liquides ici. Winnie ne s'y risquait plus, elle s'était intoxiquée une fois petite, et ça lui avait bien servi de leçon.
Au fond de la pièce, le comptoir était bien vide. Aucune choppe n'y trônait, aucun homme saoul avachi non plus. Ces derniers jours avaient été calmes au Bazar, à croire que les voyageurs s'étaient passé le mot. Concernant les siens c'était pareil : tout le monde était affairé à une tâche bien précise, souvent à l'extérieur de la boutique. Seulement les plus jeunes étaient à l'étage de la grange, dans la pièce qui servait souvent de pièce à vivre.
Winnie aurait tout le loisir de se prélasser, de faire une sieste, ou d'aller se promener dans les bois alentours, si elle le voulait. Mais elle avait été rappelée à l'ordre quelques jours plus tôt, et l'abandon de ses tâches se ferait remarquer. Alors elle s'appliquait, mollement, à lustrer les derniers centimètres carrés. Après ça, elle irait prendre un peu l'air dehors, en s'asseyant devant l'étale de grigris et autres objets farfelus, dans l'attente d'un potentiel client.
Une fois le ménage de l'intérieur fait, elle sortit sous le porche, là où étaient les différentes étales. Aujourd'hui le soleil était de plomb, et la belle pouvait bien se plaindre : elle était à l'ombre, elle. La voie était déserte, de temps à autre une carriole passait prenant la direction de la capitale, soulevant un nuage de poussière sur son passage. Puis plus rien. Le silence. Winnie, assise dans un vieux fauteuil, ferma les paupières, espérant faire s'éclipser le temps plus vite. Que cette morne journée passe plus vite.
Mais soudain, un bruit de pas. Elle ouvre un oeil, dresse une oreille. Hm ? Une carrure imposante lui fit de l'ombre. A contre-jour, la femelle ne parvenait pas à voir les traits de son visage. Elle se redresse un peu, le détaille de nouveau.
Quelque chose vous intéresse ?
Elle se redresse immédiatement sur ses jolies jambes, époussette sa jupe en coton. Voilà qui allait animer un peu son après-midi.
Voilà une carte des quartiers Nord de Zon'Da. Un vrai dédale, elle pourra vous être utile une fois là-bas. Vous allez bien en ville, n'est-ce pas ? Sinon…
Ses yeux parcourent l'étale à une vitesse frénétique, en recherche d'inspiration.
Je peux vous proposer ceci !
Elle lui tend une breloque, sorte de pendentif. A vrai dire, elle savait même pas ce que c'était… Allez mon mignon, mords à l'hameçon.
Gerd:
Certaines plantes ne poussent qu'à certains endroits et à certaines périodes. Certains organes ne se collectaient que sur des espèces endémiques de certaines régions et n'étaient à point qu'à certaines périodes également. Un bon nombre étaient disponibles un peu partout sur Terra grâce au commerce, mais d'autres restaient des spécialités locales quand quelques rares ingrédients alchimiques étaient simplement introuvables partout sauf en leur lieu d'origine pour diverses raisons.
Ainsi, si un sorceleur avait pour charge de rester dans les contrées du chaos et les landes dévastées pour gagner sa vie et respecter la Voie, il n'y avait d'autre choix, depuis la fin des écoles, que de rompre occasionnellement avec son activité de chasse aux monstres pour partir à la recherche de certains biens difficiles à trouver.
Bien sûr, les monstres étaient partout et il était possible de continuer à travailler à côté, mais ces missions commerciales devenaient le cœur de l'activité du sorceleur. Souvent, le manque à gagner était compensé en prenant des contrats plus moralement tendancieux mais bien rémunérés une fois la mission accomplie, rechargeant leurs bourses avant le retour sur la Voie.
Il arrivait que Gerd se rende à Zon'Da. Il avait vu naître la jeune nation terranide et avait presque vu la cité pousser du sol.
Autrefois, ces terres, abandonnées par les Hommes et regorgeant de trésors oubliés et de dangers, étaient un paradis pour les chasseurs et les fourrageurs à la recherche de plantes et animaux rares des contrées australes. Mais la multiplication des Terranides avait redomestiqué la terre et fait passer ses ressources entre les mains des nouveaux habitants. Ici comme ailleurs, tout se marchandait désormais. Au moins, il n'était en revanche plus nécessaire de s'y aventurer en hiver. On trouvait toutes les spécialités locales, même en été.
En vue du voyage, Gerd avait acheté un canasson, chargé des sacs et retiré de l'or de la banque.
C'est sur une monture robuste et bien chargée de sacs presque vides qu'il avait pris la route, passant les cols de montagnes hérissées de forteresses antiques en ruines pour aborder les étendues baignées de soleil du nord estival.
Il faisait bon et le trajet fut plus doux, le sorceleur ne s'arrêtant que pour laisser sa monture se reposer ou pour dormir à la belle étoile. Il voulait arriver rapidement à Zon'Da.
Il était arrivé en vue de la ville un jour de chaleur infernale. La route était largement vidée, les habitants s'affairant sûrement à l'intérieur ou à l'ombre, autour des points d'eau ou dans leurs ateliers, pour éviter la morsure du soleil. Gerd supportait l'épreuve mais le cheval, lui, souffrait manifestement. Il allait être obligé de s'arrêter.
Heureusement pour lui, les abords de la ville étaient parsemés de petites communautés, et il tomba bientôt sur une d'entre elles au bord de la route. Une étape pour les caravanes était tenue par un vieil hybride, qui semblait tenir du lapin, mais avait de petites oreilles. Contre quelques pièces, il prit la bête et le harnachement en charge, et une pièce de plus dessina un sourire sur ses lèvres charnues et une promesse de bien la traiter et de tout bien cataloguer au bout de sa langue râpeuse.
Ceci fait, le sorceleur put se faire à l'idée de découvrir le Bazar des Lyras pour y trouver un endroit où se reposer et, peut-être, où trouver quelques-uns des éléments de sa liste.
Il arriva vite devant le chaland où Winnie se reposait. Les oreilles baissées, le visage et la silhouette couverts par sa formidable chevelure, il ne la remarqua pas spécialement et examina distraitement ce qui était exposé à l'attention des clients de passage.
C'est le réveil de la Terranide et le dévoilement de son beau minois hybride et de sa belle ligne de jeune femme nubile qui le fit réellement s'arrêter. Comme un vent de fraîcheur au milieu de cet enfer estival, elle lui enflamma pourtant les viscères de sa beauté resplendissante et il la fixa un instant, la laissant lui déballer quelques curiosités à une allure effrénée.
Était-elle à ce point désireuse de lui vendre ses babioles qu'elle ne pouvait pas attendre de sonder ses désirs ?
Sortant de sa torpeur charmée, le sorceleur attrapa négligemment la breloque qu'elle lui avait tendu, lui accordant un regard appuyé avant de détourner son regard vers la carte des quartiers nord. Il soupira avant de grommeler quelques mots.
« Aller en ville, oui, c'est l'idée. La carte n'est pas vraiment très détaillée, quant à ça... »
Il fit la grimace en reportant son regard sur le collier. Ce genre de talisman de pacotille était vendu comme un remède à tous les maux et comme une protection divine. Ca faisait des ravages auprès des masses crédules, qui se les arrachaient pour leurs petits prix et par peur des aléas de la vie. Mais Gerd n'avait pas besoin de remarquer l'absence de titillement de son sixième sens à son contact pour savoir que ce n'était que du charlatanisme. Il n'en voulait pas aux marchands de marchander, mais il ne pouvait que reposer la babiole sans intérêt.
Au lieu de ça, il sortit d'une poche un papier plié, qu'il déplia, avant de le tendre à Winnie.
« Tu sais lire ? Je cherche ces choses, au cas où tu en aies ou tu saches où en trouver. »
C'était une liste, relativement longue. Il y avait beaucoup de plantes spécifiques à la région, mais aussi des abats de certaines bêtes. Il y avait des alcools aussi, purs, et peut-être les alambics de la famille en distillaient un ou deux à l'intérieur.
Mais la liste était bien spécifique. Difficile de savoir si la Terranide saurait où en trouver même la moitié.
Winnifred:
Le regard s'assombrit, ses petites épaules s'affaissent. Elle soupire, bat en retraite. L'étranger n'était pas dupe, et apparemment il n'avait pas de temps à perdre avec elle. Le petite jeu de Winnie n'avait pas marché, elle s'en trouvait légèrement vexée. Elle cache alors le talisman dans son chemisier, au niveau de son décolleté, comme pour attirer son attention là et lui faire regretter son refus.
Son petit museau se fronce alors, lorsqu'il lui demande si elle sait lire. Il croyait quoi ? Qu'elle était de la génération de ses grands-parents ? Depuis quelques décennies, les enfants Lyras recevaient une éducation jusqu'à leurs huit ans. Elle était certes primaire, mais ils apprenaient l'essentiel. Elle lui arrache le morceau de papier qu'il lui présente des mains.
Bien évidemment. Voyons voir ça.
C'était une liste. Ses jolis yeux parcourent le parchemin. Les lettres y étaient joliment peintes à l'encre noir, les courbes des lettres étaient délicates. C'était à s'en demander si c'était ce Golgoth qui les avaient tracées. Certaines choses lui parlent mais ils ne les possèdent pas, d'autres lui sont totalement inconnues. Mais en fin de liste, deux éléments lui sautent aux yeux.
On distille ça ici, et il nous reste quelques flacons de cet hydrolat-ci. Mais… ils ne sont pas vraiment à vendre.
En effet, la majorité des préparations de sa mère, dont les recettes secrètes appartenaient à sa grand-mère avant elle, étaient utiles à la famille et à la communauté uniquement. Il arrivait que certains fonds d'alambics soient vendus, pour écouler les vieux stocks.
Elle tourne la tête à droite puis à gauche. Personne pour l'entendre, mais sait-on jamais si quelqu'un était amené à tendre l'oreille. Elle se penche vers le grand homme, et chuchote :
Mais comme je suis dans un bon jour, je veux bien en dérober pour vous. J'attends de vous que vous y mettiez le prix ❤
Elle lui adresse un clin d'oeil, renfile le costume de la parfaite commerçante, celle qui ne donnait rien gratuitement. Elle prenait un risque, à aller contre les ordres de sa mère…
Gerd:
La petite Terranide sembla s’être offusquée de sa question et il ne protesta pas lorsqu’elle lui arracha presque le papier de la main pour se plonger dans sa lecture. Il ne dit rien, se contentant de ramener ses bras le long de son corps et d’attendre. Elle aurait vite fait : la calligraphie n’était pas vraiment enseignée dans les écoles de sorceleurs, mais Gerd avait considéré la maîtrise de la lecture et de l’écriture comme une nécessité après quelques expériences sur la Voie. Il s’était appliqué et ces deux disciplines lui avaient rendu presque autant service que les autres.
Une seconde, elle attira sa curiosité en affirmant que sa petite communauté avait deux des bases alcooliques qu’il recherchait ; mais son enthousiasme retomba aussi sec lorsqu’elle précisa qu’ils n’étaient pas à vendre. C’était vraiment dommage car c’était difficile à acquérir, mais il ne voulut pas donner de signe à la jeune commerçante de la hauteur de son intérêt pour ces alcools. Et puis, à voir son regard et sa façon de vérifier les alentours, il se doutait qu’elle avait quelque chose en tête.
Lorsqu’elle se penche vers lui pour chuchoter, il se penche lui aussi, posant les mains sur l’étal et amenant son visage près du sien. Il braqua ses yeux dans les siens et l’écouta, captant bien la petite étincelle malicieuse dans ses paroles, les signes très légers de l’excitation qu’elle tirait de cette négociation, le clin d’œil mutin…
Elle attendait qu’il y mette le prix, et le mutant garda initialement le silence en une poker face parfaite, les yeux fixes, avant de cligner et de se rapprocher de quelques centimètres pour chuchoter à son tour.
« Franchement, je ne sais pas si tu bluffes ou si c’est sérieux. Mais admettons. Puisque tu prends un risque, je me dis que je pourrais t’en donner… »
Il réfléchit quelques secondes et lui avança un prix très honnête ; de quoi justifier la vente aux siens et se garder un petit pourboire pour ses propres plaisirs.
« Je suis sûr que tu trouves ma proposition intéressante, mais je vois que tu n’es pas tout à fait convaincue, » ajouta-t-il en scrutant ses prunelles claires. « Très bien ! Qu’est-ce que tu veux ? Je peux te rendre un service. Vous débarrasser de rongeurs invasifs… Effrayer un galant trop lourd… Ou bien tu veux autre chose ? »
Son ouïe très fine lui permettait d’entendre la respiration et les battements du cœur de la Lyra face à lui, comme l’absence d’autres autour d’eux. Il pouvait sentir l’effet que sa proximité avait sur la jeune femme lasse et rêveuse. Ce n’était pas la première ni la dernière à s’intéresser au voyageur au regard dur passant par là par hasard un jour d’ennui et il connaissait les signes.
Doucement, il avait levé une main, l’avait faite glisser le long de son bras, le dos de doigts caressant l’intérieur, avant qu’ils en atteignent le bout et se referment légèrement sur sa délicieuse petite poitrine. Il la soupesa dans sa paume, malaxa son sein pour éprouver sa fermeté, frotta de la pulpe de son pouce contre la petite aspérité de son mamelon.
« C’est le goût de l’aventure que tu recherches ? »
Winnifred:
Bluffer ? Ca aurait pu être son genre. Mais Winnifred avait tout à y perdre, au vu de la carrure de l'homme. De plus, c'était un sorceleur, elle n'avait pas trop envie de s'y frotter... Nan, décidément, elle n'avait rien à y gagner de le rouler dans la farine. Il avait l'air assez malin. Winnie, elle, ciblait les idiots, les crédules. Avec eux, c'était un jeu d'enfant. Parfois elle se risquait à ferrer un plus gros poisson, pour se distraire. Mademoiselle avait le goût du risque. Aujourd'hui elle décidait de se faire un allié plutôt qu'un ennemi.
Le regard de l'homme la déstabilise un peu, la proximité soudaine aussi alors qu'il rapproche son visage du sien. Mais Winnie n'en montre rien. Elle reste campée sur ses jolies jambes fuselées, affronte presque le golgoth du regard, et continue son petit manège. Mais ça avait quelque chose de grisant. La nouveauté avait tendance à la faire chavirer. Elle se faisait avoir à chaque fois. Une vie d'ennui, un bel inconnu et Winnifred avait tendance à baisser un peu la garde.
L'homme avance quelques pièces sur la table, de quoi faire pétiller le regard de la belle. Si elle acceptait, il prendrait son dû qu'elle aurait facilement dérobé, puis partirait en direction de la capitale. Laissant alors la demoiselle vaquer à ses occupations mortifères. Alors il lui vint une idée. Elle avait envie de vibrer un peu... Et c'est comme s'il avait entendu ses prières. La main tiède et rêche du sorceleur glisse contre le velours de sa fine fourrure. Un frisson lui parcourt l'échine, se répand comme sur le rythme de l'avancer de sa main... Il atteint finalement son joli sein rond, seulement caché par une petite épaisseur de coton léger. La lapine se mord la lèvre, retient un soupir. Qu'il était agréable de se faire toucher... Elle agrippe alors un peu la main de l'homme, le pousse à palper plus fermement, que le contact ne se rompt jamais.
Emmène-moi avec toi, susurre-t-elle, suppliante.
Il avait vu juste. C'était le goût de l'aventure qu'elle préférait.
Navigation
[#] Page suivante
Utiliser la version classique