Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre > Les alentours de la ville

Luzki ѳѳѳ Cachette champêtre

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Lucie Moreau:
La rondouillette ne faisait clairement pas la fière. Bien sûr, quand elle vivait en France, cela lui arrivait d'être suivie par des hommes. Soit ils voulaient la draguer et avoir son numéro, soit ils cherchaient davantage et ils étaient mal intentionnés. Et tout cela, même si elle ne correspondait pas aux idéaux physiques de la société...En venant au Japon, Lucie était devenue plus sereine. Les Japonais n'étaient pas trop fans de chubby, et en plus de ça, de manière générale, ils étaient du genre à ne pas se mêler des soucis des autres. Dans la rue, le soir, on pouvait trouver des hommes, comme des femmes, étalés sur le sol, dans le métro, saouls comme des ronds de serviette, et ils ne leur arrivaient rien. Tout comme on pouvait voir des personnes qui avaient oublié leurs sacs de courses quelque part et que personne n'y touchait. Bien sûr, il fallait tout de même rester sur ses gardes à un certain niveau, car il y a des loups partout, mais Lucie ne pensait pas que ce genre de choses lui arriverait, surtout dans un coin aussi reculé de la ville.

Agrippée à la bêche, la rouquine ordonna à l'inconnu de se montrer, tout en gardant ses chiens à ses côtés. Sa voix était tremblante mais la jeune femme restait bien ancrée sur ses deux pieds, histoire de parer toute attaque surprise. Le jeune homme descendit lentement de l'échelle, Lucie le pointant avec sa petite torche de téléphone portable. Déjà, il était bien habillé. Seules ses chaussures de ville étaient salies de terre d'avoir pataugé dans le terrain de la demoiselle. Un court instant, elle songea à son potager et pria pour qu'il n'ait rien écrasé...Lorsqu'il se retourna vers elle, Lucie le scruta davantage. Il avait un air de ses garçons faisant partie d'un boys band...Pas dégueu à regarder, sincèrement. Lucie se pinça les lèvres à cette pensée, coupable d'avoir songé à ça dans un moment pareil.

Gêné par la lumière, Lucie décida de la baisser un peu plus vers son torse pour ne pas l'aveugler non plus. Alors que les deux chiens de la demoiselle se tenaient à carreaux, tout en grognant légèrement, cet inconnu se présenta pour sous le nom de John. La rondouillette haussa un sourcil, et dans un réflexe, elle tira sur son vieux gilet vert pour se couvrir un peu mieux.

- John...Ce n'est pas très nippon, comme prénom. Je...Moi, c'est Lucie.

Son prénom, tout comme son physique, n'avait rien de japonais non plus, chez la jeune femme. Ce John avait vraiment l'air perdu, pour le coup. Lucie se pinça les lèvres une nouvelle fois, tiraillée entre son envie d'aider et son besoin de sécurité.

- Vous ne me ferez rien, n'est-ce pas ?

Sans vraiment attendre de réponse, elle l'invita d'un léger mouvement de bêche, avant de finalement la laisser poser contre le mur d'entrée de la grange.

- J'ai décidé de vous faire confiance. J'espère ne pas me tromper. A...Allons chez moi. Ce n'est pas le grand luxe, mais c'est toujours mieux que ma grange.

En son for intérieure, la Française espérait vraiment qu'il ne tenterait rien d'inconsidéré, même si elle était désarmée et qu'elle allait mener la marche jusqu'à chez elle. Quoique, la rondouillette eut un bref éclair de génie à l'esprit. Si cet étranger était poursuivi, les autres le traqueraient comme pour un animal et observeraient donc les empreintes qu'il a laissé...

- En fait, passez devant moi. Je vais piétiner vos pas avec les miens et ceux de mes chiens. Dès que vous passez ma porte, retirez vos chaussures et allez à l'étage.

Elle avait sûrement dû trop regarder des vidéos sur des affaires criminelles ou des romans policiers...D'un geste de la tête, elle pria le jeune homme de passer devant elle, ordonnant à ses chiens de rester près d'elle, le temps de refermer la porte de la grange correctement. Le suivant de peu, elle mit en marche son plan, gigotant derrière John pour défaire ses empreintes de pas dans la boue. Qu'elle avait l'air ridicule. Mais ses lèvres s'étirèrent en un sourire franc. Malgré la situation, elle s'amusait comme un enfant un jour de pluie. Starky et Lola suivirent le mouvement, plus détendus eux aussi, jouant avec leur maîtresse et piétinant sans savoir le reste des empreintes.

Arrivés sur la terrasse, elle claqua ses sabots en plastique sur le mur de sa maison et les laissa à l'extérieure, rentrant dans sa maison avec ses chiens. Lucie prit bien soin de fermer la porte à clé, la laissant dessus pour que personne n'entre. Elle alla vérifier les fenêtres de son rez-de-chaussée pour voir si elles étaient également bien fermées, tirant correctement les rideaux. Elle éteignit les lumières en bas, puis monta les escaliers. Sa maison n'était guère très grande en soi, mais tenait plus de l'ancienne petite ferme que d'une maison moderne japonaise. Les pièces étaient plus grandes, mais plus étroites que ce qu'on pouvait trouver en Europe ou sur le sol américain. Elle était somme toute modeste.

Starky et Lola restaient dans le couloir, non loin de leur maîtresse, mais s'installèrent dans leur coussin commun. Lucie passa la première, devant John, pour se rendre dans un petit bureau. Il n'y avait là qu'un canapé trois places, un simple bureau avec un ordinateur et un petit frigo. La rouquine prit soin d'allumer la petite lampe posée sur le bord du bureau, et invita John à s'asseoir sur le canapé.

- Et si vous me racontiez tout maintenant ? J'ai toujours une certaine méfiance. Après tout, il faut se méfier de l'eau qui dort, comme on dit...Mais j'aimerais vous aider, si je le peux.

Le sourire qu'offrit Lucie à son invité est sincère et doux. Est-ce que ça la sauverait si jamais cet homme avait réellement de mauvaises intentions ? Peut-être...

Vaz Chonaev:
Le nom de la rousse pouvait avoir pas mal d’origines, mais la façon dont elle l’avait prononcé donnait des pistes. Vaz faisait peut-être des raccourcis en se basant sur des préjugés, mais ça avait un air très français, ce U et ce I sans A derrière. Qu’est-ce qu’elle venait faire là, perdue dans la campagne japonaise ? On disait souvent que la campagne française était fort belle. Et, en même temps, des gens croyaient que son propre pays était un paradis.
En remarquant tout cela, il se prenait à espérer que son accent serait suffisamment convaincant pour le faire bel et bien passer pour un Américain. Mais, si elle ne l’était pas, elle ne remarquerait peut-être pas la chose en parlant japonais.

« Certes non, » acquiesça-t-il dans un sourire.

Elle lui demandait confirmation qu’il ne lui ferait rien, mais elle n’attendait pas de réponse. Il pourrait lui dire n’importe quoi. Elle cherchait peut-être à capter une réaction, quelque chose qui pourrait lui dire de se méfier ? Elle devait faire attention avec ce genre de présomptions, car il connaissait des menteurs encore meilleurs que lui. En soi, Aly était meilleure menteuse que lui !
Non, elle avait décidé de lui faire confiance, et elle cherchait juste une raison de ne pas le faire. John ne lui en donna pas, restant souriant et acquiesçant encore quand elle lui dit de le suivre jusqu’à chez elle… puis de la précéder, pour effacer ses traces derrière lui.
C’était une bonne idée ! Sa façon de faire n’allait pas berner un spetsnaz, mais… L’intention comptait.

Tout en allant jusqu’à la maison, il détacha son esprit du bruit des chiens derrière lui en songeant à ce qui avait bien pu l’amener jusqu’ici. Elle était si différente des Japonais, à tant de regards ! Etait-ce justement l’idée ? D’être différente ? Ou fuyait-elle quelque chose, comme lui ? Il ne la voyait pas comme une transfuge s’étant faite oublier dans cette petite ferme nippone, mais il ne fallait jamais se fier aux apparences.
Non, sa peur était trop nette, trop vraie pour être feinte. Elle était palpable. Elle était juste une civile plongée dans une situation improbable.

Il précéda Lucie sur le perron et l’imita, enlevant ses chaussures et les tapant pour en ôter la boue. Mais lui ne pouvait laisser ses chaussures dehors, question de discrétion. Il les laissa à côté de la porte, à l’envers pour éviter de trop salir, lorsqu’il rentra, et les laissa là.
La Française le précéda et les chiens, bien dressés, s’arrêtèrent au panier. Il la suivit jusqu’à un petit bureau et observa encore la ligne des arbres et le chemin, du côté dont il était venu, en direction du petit quai ferroviaire, pour n’y rien voir. Rien du tout. Cela faisait un petit moment maintenant qu’il était arrivé là et, si on l’avait bel et bien suivi, des poursuivants auraient tiré profit de sa rencontre avec Lucie.
Il avait apparemment réussi à les semer. Mais ils attendraient jusqu’à demain avant de reprendre le train, en direction de Seikusu. Il ne pouvait pas partir ; pas maintenant.
Une lumière allumée, il s’assit sur le canapé à son invitation. Légitimement, elle l’interrogea, cherchant à comprendre d’où il débarquait, mais il choisit de jouer la détente en plaisantant :

« C’est un interrogatoire ? Je ne suis pas en danger, au moins ? »

Il décocha un sourire ravissant en gloussant, et se calma en soupirant. Il se détendit, se laissant aller dans le canapé et ouvrant un autre bouton de sa chemise blanche. Il reprit un ton plus sérieux en cherchant comment expliquer tout ça, imitant ainsi quelqu’un qui chercherait lui-même à comprendre comment il en était arrivé là.

« Je ne sais pas trop quoi dire. J’ai senti quelque chose de louche chez ces deux types avant de remarquer qu’ils m’observaient et me suivaient. Je ne sais pas ce qu’ils me voulaient. Peut-être qu’ils m’ont confondu avec quelqu’un ou qu’ils n’aiment pas les étrangers ? Peut-être qu’ils sont homophobes et qu’ils ont pensé que j’avais l’air gay ? J’en sais rien, mais ils m’ont suivi un moment. »

Il soupira, se pencha en avant, les coudes sur les genoux. Il passa ses mains dans ses cheveux, resta comme ça un peu.

« Je suis resté en public pour qu’ils ne m’approchent pas, mais j’ai commencé à paniquer. J’ai pris le train et ils étaient toujours après moi. En arrivant au quai, pas loin d’ici, je suis sorti en trombe et j’ai commencé à courir. Votre grange m’avait l’air d’une bonne cachette. »

Il se redressa et leva des yeux reconnaissants, armé d’un sourire léger.

« Désolé de vous avoir inquiétée. Je ne sais pas s’ils ont abandonné ou… J’ai peur, je l’avoue. »

Lucie Moreau:
Lucie tira sur les pans de son gilet pour cacher son corps grassouillet, non pas qu'elle en ait honte, mais un peu de décence devant un homme, qui plus est, un inconnu. Un de ses fins sourcils roux se haussa. La Française était-elle en train de faire passer un interrogatoire à ce nouveau compagnon de soirée ? Peut-être. Un fin sourire étira ses lèvres rosées, un brin amusée et détendue juste sur l'instant.

- Comprenez-moi. Un intrus se cache dans ma grange et qui n'a rien de japonais, qui plus est. Non pas que j'ai quelque chose envers les étrangers mais vous pourriez être un pervers ou un homme malsain.

Et pour l'instant, la personne qui était le plus en danger, c'était la rouquine. La jeune femme haussa les épaules, perdant son sourire quelques secondes.

- Je ne suis pas un monstre, mais si je dois me défendre, je ferai ce qu'il faut. Que vous soyez un homme ne changera rien. Personne ne se laisserait faire dans une telle situation, même si je ne suis pas une combattante.

Mauvais move, ma chère Lucie. Pour le coup, c'était une information qu'elle aurait sûrement dû garder pour elle-même. Espérons qu'il n'en garde pas réellement souvenir de ce détail...

Finalement, John répondit aux interrogations de la caucasienne, se tenant la tête, comme s'il était mal à l'aise ou encore fort inquiet. La jeune femme se pinça les lèvres, indécise face à cette impuissance.

- C'est...étrange...Vous ne savez vraiment pas pourquoi ils étaient après vous ? Peut-être qu'il s'agissait là de fans ? Êtes-vous une célébrité par chez vous?

Lucie se creusait les méninges pour trouver toute sorte d'explications. Bien sûr, ce John pouvait être un fugitif poursuivi par le FBI ou même Interpol. Ou alors, comme elle le songeait, aux vues de sa belle gueule, son physique à en damner plus d'un, et de ses habits -bien qu'abîmés et salis par la paille et la boue- , il pouvait très bien être un acteur, un chanteur ou même un mannequin, poursuivi par des groupies ou ce genre de pervers qui peuplent le Japon. Vous savez, ces fans prêts à tout pour se rapprocher des célébrités...

Lucie se pencha un instant à la fenêtre, n'y voyant rien de suspect. Elle prit soin de fermer le rideau pour couvrir légèrement la vue sur le bureau. Pensive, elle fixa John.

- Monsieur John, permettez-moi d'appeler la police. Je sais qu'elle n'est pas aussi performante que par chez moi, enfin, comment dire...Elle est un peu spéciale mais vous devez être rassuré. Je le sens bien que vous êtes inquiet.

Fouillant dans la poche de son gilet, la jeune femme y attrapa son téléphone portable, composant le numéro de la police de quartier la plus proche. Ses fins doigts commencèrent à taper sur l'écran pour le débloquer et entamer le numéro adéquate...

Vaz Chonaev:
Les inquiétudes de la rousse étaient légitimes, et Vaz ne chercherait pas à les calmer. Il aurait été plus suspect qu’autre chose de tenter de convaincre une inconnue qu’elle se faisait des idées. C’était généralement une tactique de pervers, alors il avait juste souri en consentant. Il devrait jouer de son charme pour la rassurer.
Quant à ses interrogations sur sa poursuite… Il ne pouvait que saluer son esprit logique. Ça n’avait guère de sens, en effet, mais l’Humain était une bête chaotique et imprévisible et il était toujours possible d’utiliser l’anxiété diffusée par les médias de masse pour faire passer une explication toute simple au moindre problème.

« Ha ! Non, je ne suis pas célèbre. Et c’était la vérité, Aly et lui restaient des éléments protégés par le secret. Mais… Est-ce que les gens ont besoin de raisons pour faire des choses insensées ? C’est dingue de se le dire, mais il suffit d’un taré pour… »

Il suspendit ses mots, laissant la Française compléter avec son propre scénario-catastrophe.
Il pouvait en tout cas sentir qu’elle ne se sentait guère rassurée par la situation. Il ne pouvait la blâmer, la situation était certainement très atypique pour elle et la perspective que des fous furieux rodent dans les environs ne devait pas la rassurer. Après tout, elle avait bien dit qu’elle ne savait pas se battre, et même ses deux chiens ne feraient pas l’affaire face à de dangereux psychopathes bien déterminés.
John soupçonnait que c’était la peur pour elle-même qui la poussait à appeler la police après avoir fermé les rideaux. Il pouvait la comprendre, mais il préférait laisser la police en-dehors de ça autant que possible. Certes, une patrouille passerait peut-être le temps de la rassurer et tournerait un petit peu, mais elle demanderait aussi sûrement à le voir, lui, et il préférait ne pas attirer l’attention. Plus que tout, la discrétion et l’anonymat étaient sa protection. Un signalement, même informel, intercepté par le FSB et Lucie pourrait bien prendre ses craintes et les décupler.
Alors, comme elle déverrouillait son téléphone, il réfléchit rapidement et chercha à la calmer, affichant un sourire chaleureux pour mieux capter son attention.

« Vraiment, merci pour tout ce que vous faites, Madame Lucie. Vous êtes quelqu’un de bien. »

Il laissa un court silence flotter pour laisser le compliment la toucher avant de reprendre :

« Mais ne vous donnez pas cette peine. Vous savez, il est clair qu’ils ne m’ont pas suivi si loin et je me sens beaucoup mieux depuis que nous sommes entrés. Vraiment. Si vous me permettiez simplement de me nettoyer un peu et d’attendre l’horaire du prochain train en direction de Seikusu, vous auriez déjà fait infiniment plus que ce qu’aurait fait la plupart des gens. »

Souriant, il se faisait un brin charmeur pour la laisser penser, si elle le voulait et si ça marchait, que sa générosité le touchait particulièrement et le séduisait rudement. Et il laissa sa gestuelle se détendre pour afficher un côté rassurant, en phase avec ses mots.

Lucie Moreau:
Il était vrai que les gens n'avaient pas besoin d'une raison particulière pour être étrange, pour ne pas dire plus précisément glauque. Il y avait bien des cas de stalkers dans le monde, ce genre de personnes qui en suivaient d'autres pour des raisons plus farfelues que les autres. Le Japon ne faisait pas exception à la règle, bien qu'il soit l'un des pays les plus sûrs au monde. Combien de fois il y avait eu, avant et encore aujourd'hui, des jeunes filles qui se faisaient suivre par des hommes louches dans le seul but de pouvoir les observer en douce ? Ou bien leur voler des sous-vêtements, pouvoir les approcher pour les enlacer, les sentir...Voire les violer. Lucie n'avait jamais eu ce genre de problème, aussi bien en France qu'au Japon. Il fallait être objectif : elle n'était pas d'une beauté extraordinaire, sans pour autant être laide. Elle n'était guère originale non plus. Ses formes avaient souvent été un aspect repoussant la gente masculine, encore plus au Japon. Non pas qu'elle était forcément attirée par les asiatiques mais bon...Au contraire, un homme comme John, avec un physique à faire corrompre une nonne, lui, devait attirer les femmes comme des mouches...Et sûrement des hommes aussi. Il avait dû en briser énormément, des cœurs...

De ce fait, le jeune réfugié n'avait pas besoin de se retenir de parler. La rondouillette connaissait la réalité de la vie. Elle n'était clairement pas toute rose ou toute noire. Des fois, il y avait des hauts et des bas. Il y avait des avantages et des inconvénients à toute sorte de situation, y compris l'actuelle. Pas besoin d'esquiver ou d'enjoliver le moment présent. Il était là, elle ne le connaissait pas plus que ça, si John était un tant soit peu son vrai prénom. Même si la Française lui avait dit qu'elle lui faisait confiance, ce n'était qu'à moitié la vérité. La rousse restait tout de même sur ses gardes. Après tout, derrière sa gueule d'ange, il pouvait très bien être l'un de ses psychopathes que son silence sous-entendait. Cependant, il lui faisait juste penser à un petit agneau perdu et surtout, inquiet. Et si vraiment il avait de mauvaises intentions, Lucie faisait confiance en l'instinct de ses deux bouviers bernois.

Le compliment de John la fit sourire sincèrement. Ses joues légèrement rougissantes, elle répondit.

- Je n'ai rien d'exceptionnel. Tout le monde ferait la même chose que moi.

Décrochant le combiné, elle était prête à appeler le commissariat du coin pour leur faire part de la situation. Mais l'Américain lui fit rapidement comprendre qu'il ne souhaitait pas ébruiter la chose, ne voulant déranger les autorités. La jeune femme grimaça, plongeant un instant dans ses songes.

- Il est vrai que la police japonaise n'est pas très efficace, dans tous les cas. Sauf lorsqu'on enfreint leurs règles. Et puis, il serait capable de dire que ce n'est rien, ou que c'est de votre faute, puisque vous êtes un «  gaijin ».

Elle reposa ensuite le téléphone. La police japonaise n'était pas vraiment laxiste mais...Comment expliquer ça ? Déjà qu'expliquer qu'un homme est poursuivi par d'autres, ils ne vont pas prendre ça au sérieux. John est un homme, de quoi a-t-il peur ? De plus, c'était un étranger. Ce sont les étrangers qui causent forcément des problèmes. Appeler les autorités revenait à se tirer une balle dans le pied, surtout dans ce cas-là, alors oublions...

Lucie s'excusa d'une fine moue sur le visage, hochant de la tête. Il souhaitait se décrasser et c'était la moindre des choses s'il voulait au moins oublier cette mésaventure. De la main, la trentenaire indiqua une pièce au fond du couloir. Il s'agissait là de sa salle de bain. Elle l'avait fait rénover et agrandir lorsqu'elle emménagea dans cette maison. Le souci du Japon, c'est que tout était petit pour elle. Non pas qu'elle était particulièrement grande, mais Lucie prenait plus de...surface. Alors il était impératif de refaire cette salle de bain pour y avoir plus d'espace et y installer ce dont elle avait envie. Elle était rafraîchissante, avec ses carrelages verts. La baignoire était pile poil à sa taille, et la douche à l'italienne était agréable. Tout était fait pour s'y sentir bien.

Allant dans cette direction, invitant son hôte à la rejoindre, elle sortit de la commode sous le lavabo une longue serviette verte, qu'elle offrit à John. Elle indiqua plusieurs flacons de la main, le sourire aux lèvres.

- Tu as de quoi te laver ici et là. Et voici une serviette. J'ai sûrement quelques habits de mon ex dans une armoire. Il était moins bien taillé que vous mais ça pourrait suffire pour que vous repartiez tranquille.

Lucie le laissa ensuite pour qu'il puisse profiter paisiblement de la salle de bain, et surtout, de l'eau chaude. Il pourra se défaire de cette boue et sueur qui le gêne. Elle alla dans sa chambre, fouillant son armoire et en sortit un caleçon, un jean noir de taille L, et un t-shirt de geek, sûrement trop large pour John, mais bon...Elle déposa le tout devant la porte de salle de bain, toquant à la porte deux secondes pour lui faire part de son « cadeau ».

La rondouillette fit ensuite le chemin jusqu'à sa cuisine, suivie de ses deux chiens, alertés par cette descente. Elle leur remplit les deux gamelles d'eau et de croquettes, puis se lava les mains. Elle en profita pour préparer une tortilla de pommes de terre pour son invité surprise. Peut-être que l'odeur lui titillera les narines...

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