Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Un rempart contre le plaisir, une toile d'araignée contre le danger. [PV : Aoi]

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Izar Myrrhe

Créature

– Réveille-toi, sale enculé, gueula une voix d'homme.

Un tir d'eau pressurisé me tira hors de mes songes, tandis que deux matons s'empressèrent de me remettre debout, après de sévères rebuffades de leur part.

Qu'est-ce que je foutais ici ? Un casse qui s'était mal terminé dans cette métropole puante. Aujourd'hui, j'étais au trou, après une énième altercation, d'abord avec mes adorables confrères prisonniers, puis avec les agents en charge de ce cloaque. Deux prisonniers seraient actuellement entre la vie et la mort, tandis qu'un autre aurait perdu définitivement la vision de son oeil droit. Tristesse... Le couinement d'une souris m'aurait davantage ému, je n'en avais strictement rien à foutre. Un traffic de portables prenait place dans les barreaux de cette prison ; je voulais rafler une part du business afin de préparer mon évasion ; et je ne supportais pas du tout que l'on essaie de me flouer. Qu'ils crèvent ces trois pouilleux.

Mon embarras gisait plutôt dans la débauche de violences dans laquelle j'avais été entraîné par la force des événements, alors que les matons tentèrent de me neutraliser. L'un d'eux clamait que je frappais dans le but de tuer. Il n'avait peut-être pas tort. En conséquence, on m'envoya en salle d'isolement, attaché à l'extrémité d'un piton qui supprimait ma magie. Merde.

Quatre jours d'isolement, sans manger, et presque sans boire, j'eus la désagréable impression de revivre les années d'or (sic) de mon enfance orpheline.

Le regard hagard, la moue dédaigneuse, je toisais froidement le personnel de ce centre pénitentiaire qui me traitait comme une belle merde. Au fond, j'accumulais une certaine expérience avec les forces de l'ordre, et je savais qu'il n'existait pas d'institution publique plus hypocrite que cette dernière... Derrière les grands mots et les sermons de repentance que l'on tenta de m'inoculer, je ne chasserai jamais de mon esprit la réplique — véridique, criante de vérité — d'un agent pénitentiaire : "Vous n'êtes que la lie de la terre".

 Haha ! Oui, pouilleux. Je fus obligé de me soumettre à une expertise psychologique afin de dresser mon portrait moral. Le médecin en charge de cette sale besogne me dévisageait, comme si j'étais une merde. Certainement une grosse merde. Mais je ne suis pas né une cuillère en argent dans la bouche, moi. Ma mère était une pute, troquant son intimité réconfortante contre quelques piécettes afin d'assurer sa subsistance, tandis que j'ai été abandonné à la naissance, maltraité durant mon enfance et violé pendant mon adolescence. Ouais et alors ? Qu'est-ce que ça peut te foutre ? En quoi ça va t'avancer dans ta vie de jouer au cafard voyeuriste ? Va chier. Les compassions hypocrites ne m'intéressent pas, tout comme ton aide, connard. Laissez-moi en paix avec votre jargon médical, et ne me touchez surtout pas.

Ma rage montait crescendo, tandis que les gardes me menaient vers une salle spéciale. Enfin, c'est ce qu'ils voulaient me faire croire. Mes pas lourds, à cause des chaînes qui liaient mes mollets, signalèrent ma venue ; je découvrais la présence d'une femme qui tenait lieu d'enseignante et conseillère d'orientation. On me la décrivait comme celle qui "condescendait" à modeler "la mauvaise argile" que j'étais. Non, je déconne. On se contenta de me rappeler à quel point j'étais une erreur, un paria, qui mériterait de disparaître. Pour changer.

J'ignorais ce qu'elle fichait là, mais bon sang, elle était très bonne, avec ses jolis vêtements qui valorisaient ses atouts et ses courbes indécentes. Qu'est-ce qu'elle fichait ici, bordel ! Il ne manquait plus qu'elle lève une pancarte "VIOLEZ-MOI", tant elle incitait la populace à lui faire du sale, je n'en faisais naturellement pas exception.

Salut, madame, fis-je, tandis que les esclaves du centre pénitentiaire transmirent à la professeur un document, une feuille, portant sur mon évaluation psychologique.

Je n'allais certainement pas embrayer et faire la causette avec elle aussi facilement, quoi. Pas mon genre de bavarder, d'ailleurs. L'un des gardes lui conseilla d'assigner quelques hommes à sa protection, bien que cela n'était pas prévu au programme.  Ils prirent soin de me présenter comme une bête sauvage, fourbe et indisciplinée, qui ne comprend que le langage de la violence. Ce n'était peut-être pas si faux, peut-être même qu'ils avaient raison : c'était une très mauvaise idée de me laisser seul avec une proie pareille. L'image qui se matérialisait dans mon esprit ne serait certainement pas mondaine, mais du bout de ses doigts fins et délicats, j'imaginais déjà cette instit' caresser ma crosse et branler le canon, pour le faire durcir et se tendre, avant de décharger dans sa bouche comme du foutre de plomb.

Izar Myrrhe

Créature

Voici une instit' qui ne manquait pas de toupet. Non contente d'enchaîner les insultes, cette miss Aoi jugea sage de se placer au-dessus de moi, l'air arrogante et sûre d'elle, avant de me fixer droit dans les yeux. L'inconsciente, la probabilité pour que je me lève de ma chaise et lui inflige une morsure fatale devait atteindre les soixante-dix pourcent. Toutefois, la présence des gardes aux alentours m'en dissuada ; et comme elle fut assez prévenante pour rappeler son rôle essentiel dans ma libération conditionnelle, j'évitais de recourir à ma force, bien que cela fut extrêmement tentant. Je m'imaginais en train de la plaquer sur le mur, déchirer ses porte-jarretelles et sa jupe courte, avant de lui infliger une mémorable humiliation qui supprimera une bonne fois  pour toute son orgueil de garce. D'ailleurs, je pourrais le faire à tout moment ; il suffirait que je me débarrasse de mes chaînes et que je réduise en pièces la garde postée dans la pièce. Toutefois, ce serait un charmant plan de merde qui compromettrait définitivement mes chances de sortir de ce trou.

Du coup, j'allais me cantonner à répondre aux propos orduriers de cette institutrice aux allures de belles-de-nuit. Franchement, qui, parmi les gens normalement constitués, croirait un instant que je sois du genre à ramasser la savonnette dans les douches ?

Hmmmm... Ça y est, vous avez fini, madame la professeur ? Vous savez, vos sarcasmes malhabiles dissimulent très mal votre manque de pédagogie, répondis-je d'un ton péremptoire, tout en soutenant son regard, guettant le moindre signe d'agacement de sa part.

Oh, certes, ce n'était pas malin de ma part de tancer cette jolie jeune femme si bien intentionnée (sic). Je doutais qu'à elle seule, elle puisse favoriser mon départ de prison... mais je n'avais aucune intention de me comporter comme un charmant petit toutou pour grapiller ses faveurs.

J'étais un loup, quoi. Et puisque je savais que je ne la laissais pas de marbre, je me penchais ensuite en avant, à quelques centimètres seulement de sa gorge nue, pour exhaler mon souffle d'hiver. Sourire malicieux accroché aux lèvres, je renonçais à m'énerver après elle, faisant contre mauvaise fortune bon cœur. Je la remettais doucement en place, elle qui parlait de politesse nageait en pleine contradiction...

L'hôpital qui se foutait de la charité, franchement... Je contenais mon fou-rire de connard hautain.

Mais oui, madame Aoi, nous oublions, tous deux, nos bonnes manières. Vous, surtout. Moi, un peu moins, quand même ! Passons, allez. Mes tuteurs m'ont nommé, avec beaucoup d'humour ou d'amour, Izar Myrrhe.

Un nom qui n’a été que trop souvent un objet de mépris et d’horreur, — une abomination pour l'orphelinat dans lequel je fus placé pour mon plus grand malheur. À force d'entendre le personnel pénitencier me conchier de bout en bout et dans l'allégresse la plus exquise, j'aurais presque fini par croire que des vents indignés n’auraient pas ébruité jusque dans les plus lointaines régions du globe mon incomparable infamie.

Elle souvaitait évaluer mon comportement, savoir si je suis apte à retrouver un semblant de liberté,  et si quelques traumatismes peuvent justifier mes actes, ou, à minima, fournir une base de compréhension sur mes actions. J'allais donc devoir me présenter un tantinet, révéler mon personnage, du moins dans les très grosses lignes.

Vous le savez, poursuivis-je en ponctuant mon propos par un geste de nonchalance, les hommes, en général, deviennent vils par étapes, par degrés. Mais moi, toute vertu s’est détachée de moi en une minute, d’un seul coup, comme un manteau, dès l'aube de mon existence. D’une perversité relativement ordinaire pour un adolescent, j’ai passé, par une enjambée de géant, aux bacchanales et à la débauche dyonisiaque.

Mon penchant pour la luxure risquait peut-être de déranger mon interlocutrice, bien que le doute était  largement permis sur la question , mais je n'avais aucune intention d'en faire mystère. J'agrémentais mes paroles en saisissant un feutre noir posé sur la table, dont je caressais lascivement le manche, gratifiant l'institutrice d'un regard qui en disait long sur mon opinion au sujet d'elle... Une garce, trop excitante pour son propre bien. Les gardes me regardèrent avec beaucoup de dédain et de colère contenue, tandis que j'haussais les épaules.

Mais si vous voulez que je me présente, soit ! Je suis le descendant d’une race qui s’est distinguée au fil des âges par son tempérament passionné et facilement excitable. Le récit de ma jeunesse a prouvé que j’avais pleinement hérité du caractère de mon peuple. Quand j’avançai en âge, mon tempérament, mes instincts se dessinèrent plus fortement, figurez-vous. Ils devinrent, pour mille-et-une raisons, une cause d’inquiétude sérieuse pour la maison d'orphelins dans laquelle je vivais, et de préjudice positif pour moi-même. J'étais quelqu'un d'indomptable, animé par les plus sauvages caprices, et la proie de mes plus tyranniques passions. Mes tuteurs, qui étaient d’un esprit faible, médiocre, irrésolu, ne pouvaient faire grand chose pour mettre un terme à mes penchants. Certes, il y'a bien eu de leur côté quelques tentatives, brouillonnes, faibles, mal pensées, qui échouaient systématiquement, et qui tournaient pour moi en triomphe magistral. À partir d'une certaine période de mon adolescence, ma voix fit la loi. J'ai été trop tôt abandonné à mon libre arbitre pour finalement devenir le maître de toutes mes actions.

Ma tirade achevée, je croisais les bras pendant un temps, plongeant mes yeux de glace dans les prunelles de cette fine psychologue de comptoir. J'en avais fait des tonnes sur le style pour l'occasion, et aussi parce que j'aimais m'écouter ! Ce genre de discours agacerait fortement le personnel pénitencier, puisqu'il suggérait vivement l'inutilité de la démarche réhabilitative de la prison, et donc l'absurdité de leur métier. Au fond d'eux, chacun croyait encore dur comme fer à la fameuse brebis égarée que je cachais et qui pouvait obtenir la rémission pour ses actes.

Bref. Ne le prenez pas mal, ma chère demoiselle, mais je pense que vous faites fausse route avec moi. Vous perdrez votre temps à croire que vous époustouflerez votre direction en parvenant à tirer quoique ce soit de moi...  Passons. Vous aurez, quoiqu'il arrive, votre journée de salaire. C'est l'essentiel, hein ?

Une petite pique dûment méritée ! Je la regardais d'un œil taquin, je me doutais que la plupart des professeurs étaient des incompétents dépourvus de la moindre application dans leur métier. De parfaits cuistres qui jouissent de tous les avantages du fonctionnariat sans réaliser le moindre effort pour mériter leur place. J'émettais des doutes sur sa capacité à se distinguer de mes anciens professeurs ou experts psychiatriques, mais au moins, je vidais mon sac. Je n'étais pas à l'abri d'une surprise en la personne de cette provocatrice aux courbes callypiges, tout droit issue d'un film porno.

Je lui tendis finalement ledit feutre noir pour qu'elle puisse composer sur le tableau, si d'aventure elle y vit intérêt. Une prof aimerait peut-être se présenter en utilisant ce support, qui sait.
« Modifié: dimanche 22 août 2021, 20:34:37 par Izar Myrrhe »

Izar Myrrhe

Créature

Oh, d’accord. J’avais très bien compris que mon interlocutrice sortait des sentiers battus par sa tenue, ses mimiques et ses manières d’actrice porno, mais elle allumait alors, à cet instant, une allumette près d’une barrique d’essence. Des pensées lubriques envahirent mon esprit, des pensées auxquelles je me devais, pour optimiser mes chances de quitter ce centre pénitencier aussi déprimant que générateur de frustrations, de réprimer. Si je laissais libre cours à mes désirs, je serais aussitôt maîtrisé par ces fonctionnaires sous-payés.

De plus, un doute fugace me tenaillait. Cela pouvait paraître ridicule, paranoïaque, mais je me demandais si cette prof débauchée ne me mettait tout simplement pas à l’épreuve en m’excitant outre mesure, histoire de s’amuser. Pourquoi pas ? Aoi pouvait très bien abriter une garce cruelle et avide de m’enfoncer davantage dans la merde au sein de laquelle je m’étais fourré à cause de ma négligence. Au cours de ma vie, je compris très tôt que le spectacle de la déchéance d’un être conscient avait tendance à ravir les instincts sadiques de la population ; on appelle cela le malin plaisir. Après tout, s’il était parfaitement irresponsable d’exciter de la sorte un criminel - dont les chefs d’accusation le rendaient passibles de la peine capitale -, je croyais comprendre le cheminement de pensée machiavélique de cette prof : allumer une flamme d’espoir avant de l’éteindre brutalement, lire sur mon visage impeccable le désespoir le plus brut, puis en tirer une jouissance maximisée. Je la prenais pour une tordue ? Pas tant. Combien de nanas campaient le rôle de l’allumeuse dans l’unique but de déchaîner les frustrations masculines ? Bon, cependant, je lui faisais quand même un sale procès d’intentions.

Je devrais peut-être cesser de cogiter et d’aboutir à des conclusions parfaitement spéculaires. Elle se disait bénévole, altruiste ; j’ai cru savoir qu’il existait encore en ce monde quelques gens qui ne semblaient pas seulement obsédés par leur profit. J’écoutais alors son discours. Il me sera peut-être… instructif, même si je ne nourrissais pas de grands espoirs sur sa capacité à améliorer ma situation.

Je lui reconnaissais néanmoins un intérêt. En mettant de côté ma fierté virile et en acceptant de prendre part à ce jeu de séduction, je saisirai peut-être l’opportunité de me tirer d’ici.

Tout comme moi, elle me racontait sa vie. C’était le théâtre social, on essayait de se donner du bon genre. L’art, le cinéma, le théâtre, la musique… Minute, c’est une prof d’art au lycée. En quoi elle est habilitée à dresser le portrait psychologique d’un criminel endurci et d’un meurtrier multi-récidiviste et à déterminer s’il peut de nouveau s’insérer en société ? Elle me semblait bien louche. Je lui adressais un clin d'œil, avant de me mordre les lèvres une fois encore.

« Hmmm… Ce serait une mauvaise idée de vous décrire à fond les ficelles de mon tempérament. Une personnalité, ça s’étreint, ça se goûte, on se laisse envoûter par cette dernière. »

Et puis, d’un coup, soudainement, elle m’explique à quel point elle adore les fruits, ou plus spécifiquement les légumes. Pas n’importe lesquels, hein. Les aubergines, les courgettes, les concombres. Oui, bon, j’avais compris. Elle me fait clairement des appels du pied, ce qui est bas et pas très altruiste. Je le concède, je ne suis pas une flèche, mais il ne faut pas non plus se foutre de ma gueule, quand même.

« Vous appréciez beaucoup ces gammes de légumes, on dirait. Personnellement, je n’en suis pas un grand fan. En fait, je préfère les fruits. Vous savez ce qui me plaît le mieux ? Un abricot juteux, une pastèque généreuse, et une paire de melons bien fermes, fis-je en adressant à Aoi un message des plus subliminaux. La prochaine fois, vous savez ce qu’il faudra faire, hein ! »

Pas sûr que les matons acceptent que je déjeune avec cette jeune femme en dehors de la prison. Ces derniers commençaient d’ailleurs à nous regarder de travers ; c’était plus qu’évident qu’on se draguait ouvertement, en les prenant pour des cons avec nos langages codés, là. Il faudrait que je m’arrange pour la rencontrer lors d’une permission, histoire de mettre les théories frugivores de la belle en application. Je comprenais son petit manège. Ce devait être une perverse ou une nana au quotidien ennuyeux qui souhaite pimenter son existence. Probablement, les deux. Mais j’avais l’intention de la prendre à son jeu, qu’elle comprenne qu’il ne faut surtout pas me chercher.

Izar Myrrhe

Créature

Sucrées ! À la limite de l’obscénité ! Tel serait le qualificatif que j’emploierai pour décrire les paroles de mon interlocutrice. Les regards des membres du personnel pénitencier qui nous surveillaient n’exprimaient que sévérité et dégoût face à cette comédie de mauvais goût auquel nous nous prêtions, moi et cette femme. Ici, dans cette salle peu accommodante, entourés d’hommes qui me détestaient et qui ne m’inspiraient d’ailleurs pas grand-chose, je prenais petit à petit conscience du caractère surréaliste qui définissait cette interaction. Je crois moi-même que, pour la première fois depuis plusieurs années, j’entamais un travail introspectif que favorisait le cadre pénitencier. En principe, j’étais là pour être puni, non ? Donc, pourquoi mettre à ma disposition, excusez-moi du terme, une bombasse pareille qui a manifestement envie de moi et dont j’ai très envie d’elle ? D’ailleurs, encore une fois, en quoi une prof d’art – une pure bénévole, en passant – avait sa place ici, dans ce capharnaum qui broyait les âmes ? Surtout qu’hormis m’exciter, je ne voyais pas du tout en quoi elle accompagnait mon cheminement intérieur vers la rédemption tant désirée (sic) ! Bien au contraire, elle faisait exactement ce qu’il ne fallait pas faire.

Et je suis de cet avis que le personnel réuni ici partageait mon avis. Un jeune homme, un grand roux au nez étroit, aux sourcils en broussailles, à la bouche lippue et qu’un masque de tâches de rousseurs achevait de le rendre désagréable à regarder, me cherchait des yeux. Alors que la donzelle égrenait autant de coquineries malvenues, nos regards se croisèrent : autant qu’il me tançait, me défiait, me conspuait d’office avec toute la rage d’un tueur en devenir qui brûlait du feu du désir de m’étrangler, il aspirait à découvrir dans la lueur de mon œil de glace l’existence d’une âme, d’un semblant de spiritualité. Nous nous fixâmes pendant quelques secondes, puis je l’ignorai. Il s’approcha de la nympho, lui glissa un mot au creux de l’oreille, puis celle-ci convint qu’il était l’heure d’achever cet entretien de façon faussement benoîte, comme si elle continuait de se foutre de la gueule du monde en annonçant son intention de me « revoir très prochainement ».

« À bientôt », lui répondis-je d’une voix certes détendue, mais qui marquait une distance, une distance opportune au regard des éclairs que me jetaient les matons.

En vérité, même si ce serait mentir que de dire que je n’avais tenu aucun rôle dans ce vaudeville, j’étais peiné. Oui. Très. Car si son intention altruiste consistait réellement à me sortir de cette ratière, elle s’y prenait avec autant de subtilité qu’un semi-remorque sur une voie d’autoroute.



On me saisissait par les épaules puis on me jeta dans ma nouvelle cellule, dans les étages inférieurs, dans une chambre où il y avait déjà plusieurs détenus, la plupart des Yakuza. Ils ont ri en me voyant, puis ils ont demandé ce que j’avais bien foutu. Je leur avais dis que j’avais tué plusieurs flics, plusieurs Nippons et ils sont restés silencieux. Lorsque la nuit est tombée, alors que je devais me coucher, j’ai noué ma natte pour en faire un traversin. Toute la nuit, des punaises ont couru sur mon visage. Merde.

Quelques jours après, on m’a isolé dans une cellule où je couchais sur un bat-flanc de bois. J’avais un baquet d’aisances et une cuvette de fer. C’est stupide, mais c’est à partir de ce moment que les choses sur lesquelles je n’aime pas m’étendre ont commencé. Au début de ma détention, le plus dur, c’est que j’avais des pensées d’homme libre. Par exemple, l’envie me prenait d’être sur une plage et de descendre vers la mer. À imaginer le bruit des vagues sous la plante de mes pieds, l’entrée de mon corps dans l’eau et la délivrance que j’y trouverai, je sentais tout d’un coup combien les murs de ma prison étaient rapprochés. Cela ne dura que quelques jours. Ensuite, je n’avais que des pensées de taulard. J’attendais la promenade quotidienne que je faisais dans la cour ou la visite du juge d’instruction, tel un bon clébard de merde. C’était très dur. J’avais des besoins. D’athlète. J’avais besoin de bouger. J’étais aussi tourmenté par le désir d’une femme. C’était naturel, j’étais jeune. Je ne pensais jamais à la prof nymphomane uniquement, mais plutôt à l’ensemble des femmes que j’ai connues, comme ces deux nymphes ou cette rouquine, par exemple, à toutes les circonstances où je les avais appréciées, que ma cellule s’emplissait de tous les visages et se peuplait de mes désirs.

Dans un sens, cela me déséquilibrait. Mais dans un autre, cela me permettait de tuer le temps. J’avais néanmoins fini par gagner la sympathie d’un gardien qui m’accompagnait au réfectoire, alors que je mangeais seul. C’était lui qui me parlait des femmes. Il me fit la suprême révélation que c’était la première chose dont se plaignent les autres. Je lui ai dit que j’étais comme eux et que je trouvais ce traitement assez injuste. « Mais, Izar, c’est justement pour ça qu’on te met en prison ».

Comment cela ?

« Mais oui, la liberté, c’est ça, jeune homme. On te prive de la liberté. »

Je lui répondis que c’était vrai. Où serait la punition, sinon ? Il me répondit que je comprenais vite les choses, moi. Les autres, non. Mais ils finissent par se soulager eux-mêmes. Or, je n’avais aucune envie de me soulager par moi-même…
Lorsqu’un jour, le gardien m’a dit que j’étais là depuis plus de deux semaines, je l’avais cru, mais je ne l’ai pas compris. Pour moi, c’était sans cesse le même jour qui déferlait dans ma cellule et la même tâche que je poursuivais. Un soir après le départ du gardien, je me suis regardé dans ma gamelle de fer. Il m’a semblé que mon image restait sérieuse alors que j’essayais de sourire. Je l’ai agité. J’ai souri. Elle a gardé le même air triste et sévère. Non, il n’y avait pas d’issue et personne ne peut imaginer ce que sont les soirs dans les prisons.



Un matin, on m’annonça que le juge d’instruction voulait me voir. Il me convoqua dans son petit bureau étroit, mais fort bien meublé, avec un luxe qui me paraissait aussi tapageur qu’inapproprié. Il toucha du doigt un bouton sur la table, un greffier carré sur son fauteuil s’occupant de tabuler sur son ordinateur portable pour réaliser le compte rendu de notre échange. Un interrogatoire, plutôt. Il m’a dit qu’on me décrivait dans l’établissement comme un fou furieux taciturne et renfermé et il a voulu savoir ce que j’en pensais de ces commérages insignifiants. Je lui répondis de manière ingénue que « je n’ai jamais grand-chose à dire. Alors, j’ai tendance à me taire, sauf si c’est intéressant. » Il a souri et reconnu que c’était une remarque intelligente. Il s’est ensuite tu, m’a regardé et s’est brusquement redressé pour m’annoncer, très vite :

« Ce qui m’intéresse, c’est vous, Izar Myrrhe. »

D’emblée, je ne comprenais pas un traître mot ce qui intéressait cet homme. Il fallait que je l’écoute pour tirer de mes réflexions des conséquences et ajuster mes paroles.

« Il y a des choses qui m’échappent, a-t-il ajouté, qui m’échappent dans votre geste. Je suis sûr que vous allez m’aider à les comprendre. »

Il m’a pressé de lui retracer ma journée fatidique. Je lui ai expliqué ce que je lui ai déjà raconté : Le casse, la violence avec les forces policières puis militaires, le contenu de mon petit-déjeuner, ma douche du matin, ma querelle avec un conducteur de tram, encore le contenu de mon petit déjeuner, puis les quinze morts. Quand je suis arrivé à la description des dépouilles de mes victimes, il m’interrompit d’un simple « Bon. » J’étais las de me répéter sans cesse ! Il me semblait que je n’avais jamais autant parlé. Après un silence, il s’est levé et m’a dit qu’il voulait m’aider, que je l’intéressais et qu’avec l’aide d’une dénommée Madame Aoi, il ferait quelque chose pour moi. Mais auparavant, il voulait me poser d’autres questions. Sans transition, il me demandait si je souhaitais me réinsérer dans la société. Je lui répondis que j’avais cette idée dans le coin de ma tête depuis plusieurs jours et le greffier qui jusqu’ici tapait régulièrement sur son ordinateur, a dû se tromper de touches car il s’est embarrassé et a été obligé de revenir en arrière. Toujours sans logique apparente, le juge m’a alors demandé si j’avais tué ces quinze hommes par inadvertance (sic²) ou froidement. Je lui répondis que j’avais proféré une sommation et, qu’après secondes, j’ai été contraint de déclencher un torrent de foudres pour les supprimer. « Pourquoi avez-vous attendu entre le premier ‘’torrent de foudres’’ et le second ? » m’a-t-il demandé d’une voix perplexe.

Je lui répondis que je ne supportais pas les gémissements des hommes à l’agonie. Tout bêtement.

Il s’est assis, a fourragé dans ses cheveux, a mis ses coudes sur son bureau et s’est penché un peu vers moi avec un air qui me dérangeait : « Pourquoi vous êtes-vous acharné sur des corps à terre ? » Il passait ses mains sur son front et a répété la question d’une voix plus grave. « Pourquoi ? Dites-le moi. Pourquoi ? »

Je me taisais. Brusquement, il se leva, a marché à grands pas vers une extrémité de son bureau et a ouvert un tiroir dans un classeur. Il en a tiré un crucifix argenté qu’il a brandi en revenant vers moi, et d’une voix toute changée, presque tremblante, il s’écria : « Est-ce que vous le connaissez, celui-là ? » Je lui répondis que oui, naturellement. C’était le petit Jésus, je n’étais pas si con, tout de même. Alors, il m’a raconté de façon très vive et passionnée que lui croyait en Dieu, que sa conviction était qu’aucun homme n’était assez coupable pour que Dieu ne lui accorde pas son pardon, mais qu’il fallait que l’homme, pour cela, par son repentir, devînt comme un enfant dont l’âme est vide et prête à tout accueillir. J’éprouvais de grandes difficultés à suivre ses raisonnements, pour être foncièrement honnête. Il m’ennuyait. J’avais chaud dans son bureau, je ne supportais pas les mouches qui se posaient sur mon visage, et aussi parce qu’il m’inspirait un malaise réel qui me rappelait les prêtres que j’ai connus à l’orphelinat. Je reconnaissais que c’était ridicule parce qu’après tout, c’était moi le criminel. J’allais lui dire qu’il avait tort de s’obstiner : ce dernier point n’avait pas tellement d’importance. Il m’avait coupé et demandé une dernière fois si je croyais en quelque chose, une morale, une valeur, en quelque sorte, au grand minimum. Je lui aurais répondu volontiers que cela m’était égal, mais je fis mine d’hocher la tête. Il ne me semblait pas convaincu.

« Je n’avais jamais vu d’âme aussi endurcie que la vôtre. Les criminels qui sont venus devant moi ont toujours éprouvé des remords, pleuré devant cette image de la douleur. »

Il se tut. J’haussais les épaules. Il me demandait, d’un même air un peu las, si je regrettais mon acte. Je lui répondis que, plutôt d’un regret véritable, j’éprouvais plutôt un certain ennui, à rester ici. J’ai eu le sentiment qu’il ne me comprenait pas, qu’on ne pouvait se comprendre.

« Bon. C’est fini pour aujourd’hui, M. l’Antéchrist. »

L’homme me toisait froidement, mais ajouta finalement d’une voix digne d’un imprécateur qu’une certaine Madame Aoi escomptait me retrouver à 10h50 mercredi prochain, qu’il ne comprenait pas du tout l’enthousiasme de cette dernière à mon égard, ni ses remarques élogieuses, ni son désir de me revoir, tant je lui apparaissais si « antipathique ». Je me fichais de ses opinions. Je fis mine de lever les sourcils avant de croiser les talons, accompagné de mon gardien.



Mercredi, 10h50.

Comme je l’ai ressenti si durablement, je ne supportais ni l’isolement ni la privation de ma liberté de mouvement. Je voulais bouger, respirer l’air libre. Dans l’obscurité de ma prison roulante, je suis cependant parvenu à retrouver un à un, comme du fond de ma fatigue mentale, tous les bruits familiers d’une ville que j’appréciais et d’une certaine heure où il m’arrivait de me sentir satisfait. Le cri des vendeurs de journaux dans l’air déjà détendu, les derniers oiseaux dans le parc, l’appel des marchands de sandwiches, la plainte des tramways dans les hauts tournants de la ville et cette rumeur du ciel avant que la nuit bascule sur ce port… Tout cela recomposait, pour moi, un itinéraire d’aveugle, que je connaissais fort bien avant d’entrer dans cette foutue prison. C’était l’heure où, il y a bien longtemps, je me sentais satisfait. Ce qui m’attendait alors, c’était ensuite un bon sommeil léger, comme je savais les apprécier.
Aujourd’hui, ce qui m’attendait ce matin, c’était une sortie avec une personne dont le juge d’instruction m’avait parlé. J’avais du mal à associer un visage à ce prénom, mais une fois que je l’aperçus en train de patienter, tout prenait son sens. C’était donc elle qui avait insisté pour que je puisse sortir de nouveau, à rebours de toutes les mesures dissuasives adoptées par le personnel pénitencier. De toute évidence, elle sut garder sa fonction ici, malgré nos frasques deux semaines auparavant. Bien que je n’étais pas sûr de comprendre les raisons pour lesquelles elle dépensait son temps et son énergie pour me sortir d’ici, j’appréciais, très égoistement, son altruisme, un altruisme qui me paraissait déraisonnable.

Je la regardais attentivement, alors qu’on m’accompagnait vers elle. J’étais vêtu, pour ainsi dire, d’une chemise blanche cintrée et d’un pantalon de ville assorti de mocassins que le gardien de prison avec qui je m’étais acoquiné mit à ma disposition. Il était convaincu que, lors de cette future sortie, je ferai forte impression auprès des jolies jeunes femmes de Yoake. En tout cas, la nympho de la dernière fois était très belle, ça, je ne pouvais le nier. Elle était l’heureuse propriétaire d’une poitrine ferme et abondante qui me procurait quelques envies de la palper et d’un joli minois, lequel suscitait chez-moi le désir de l'embrasser. D’ailleurs, la lumière du jour soulignait d’une clarté crue la sveltesse de sa taille. Elle me paraissait plus mince que la dernière fois, mais tout aussi bien habillée que la dernière fois.

« Bonjour, madame. Cela fait un bon moment, je suis content de vous revoir. Je veux vous remercier pour votre gentillesse, déclarai-je en souriant d’une candeur que les femmes apprécient chez les jeunes hommes, comme si je n’avais que lumière aux yeux en la voyant, car je voulais me la mettre dans la poche. Sinon. Qu’est-ce qu’on va faire ? Je confesse avoir très envie de goûter aux fruits dont vous m’aviez parlé la dernière fois. Une grosse pastèque et deux melons bien fermes et juteux, voilà ce qui me rendrait heureux. En prison, il n’y a rien de tel. Oh et j’ai très envie de faire du sport. On ne bouge pas assez en prison… Oh que non. Jamais assez. On est toujours frustré. »

Oui, on peut dire que j’allais droit au but. Les matons regardaient mon interlocutrice d’un œil indigné, comme si je l’avais insulté. Pour qui se prenait cet homme, cette véritable lie de la terre ?
« Modifié: dimanche 15 mai 2022, 13:41:59 par Izar Myrrhe »


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