IRL des SJW [Lissandre Verrières] [TERMINE]

Qui jouait avec qui ? Il semblait que c’était Lissandre qui était aux commandes. Mais… ça devait être avant. Avant qu’elle ne se retrouve allongée par terre avec un corps affaibli par les vagues de plaisir que déclenchait Kara avec sa langue.

« Il y a deux moyens d’obtenir une promotion. »

Cette intonation qu’il y avait dans la voix de Kara. Lissandre avait envie de lui donner tout ce qui lui ferait plaisir. Elle avait envie de devenir sa chose. Alors, alors comment faisait-elle pour retrouver un peu d’énergie pour jouer avec celle qui avait la main-mise sur son corps et son cœur ?

« En travaillant sur énormément de dossiers ou… »

Sa main glissa sur son ventre de latex rose. Elle glissa sur son intimité exposée. Ses doigts rentrèrent au-dedans. Si facilement. Ce n’était pas mouillée. C’était carrément trempée.

« …ou en passant sous le bureau de la Directrice et en étant très gentille avec elle. »

Lissandre avait insisté sur le « très gentille ». Son pouce stimulait son clitoris tandis que deux doigts restaient au chaud. Puis, elle arrêta les mouvements sur son bouton de nerfs et commença à se masturber à coups d’allers-retours.

« Mais faites attention, la concurrence est rude. Elle est même déjà sur place et…hum…obtiens déjà de savoureux résultats. »

Tournant la tête, la bouche entrouverte, le regard luisant de désir : Lissandre chercha à capter les yeux de Kara. Peut-être à l’embrasser. Ou bien encore à poser elle aussi sa langue sur la peau de son modèle.

Lissandre ferma les yeux. Elle sentait qu’elle avait une dernière réplique avant de redonner le contrôle afin de perdre le sien et de profiter au maximum.

« De mémoire, votre CV était pauvre en compétences. Votre patronne s’arrangera donc pour vous faire suivre des formations très personnalisés. Ne vous inquiétez donc pas d’un manque d’expérience. Montrez-moi seulement à quel point vous êtes motivés pour cette promotion. »

Elle se laissa alors glisser de nouveau sur le sol chauffé de sa salle de bains. Sa tête observait le plafond, espérant y voir autre chose très prochainement.

Comment Lissandre pouvait-elle être aussi taquine dans un moment pareil ? Kara, elle, semblait trop fiévreuse pour réussir à avoir assez d’énergie à mettre dans des réflexions, tout son corps fonctionnait à l’instinct, même si les mots de la Blondinette la firent sourire. Un ronronnement sonore vint répondre à ses conseils pour obtenir une promotion, avant qu’elle ne suive des yeux la main de la Riche Héritière glisser sur le latex rose, lentement.

La température monta d’un cran en elle, Kara cilla, la bouche entre-ouverte comme encore légèrement sous le choc, mais tout devenait choquant, tout était nouveau, et tout était perturbant. Et pourtant, tout était terriblement excitant également.

Lorsque Lissandre prit elle-même les choses en main, la jeune femme resta interdite, notamment à l’évocation de la concurrence. Elle avait conscience qu’elle restait immobile trop longtemps, qu’elle commençait à réfléchir, à se poser des questions à force de trop écouter la petite Bombe en Latex, qu’elle devait se concentrer sur ses mots, pour en saisir le sens, alors que ses pulsions devaient prendre le relai…

Les baisers de Lissandre offraient un réconfort notable, car lorsqu’elle reprit la parole, cette fois, Kara se sentit beaucoup moins à l’aise. C’était comme si le jeu devenait trop percutant, elle déconnectait ses sens, elle parlait trop, elles n’étaient plus sur la même longueur d’ondes. Kara sentit sa poitrine se gonfler, la panique arriver de manière insidieuse comme si elle n’avait jamais été très loin, perfide. Pauvre en compétence ? Manque d’expérience.

La comparaison avec le domaine professionnel devenait trop percutante, c’était trop. Dans d’autres contextes, bien sûr, Kara n’aurait pas été contre un peu de mise en scène, mais l’instant, selon elle, était mal choisi. Trop réel, alors qu’elles vivaient un moment exceptionnel, hors du temps. La jeune femme se redressa alors que la Blondinette fondait sur le sol en attendant qu’elle agisse mais…

Elle se mit à genoux, à côté d’elle, la mise déconfite. Sa voix éraillée semblait désolée et perturbée.

« Je… » Kara secoua la tête. « Non, accompagne-moi. C’est. C’est trop pour moi, pardon. » Mais elle reprit très vite.

« J’ai besoin que tu m’accompagnes et m’aides, je marche pas à coup de provocations, pas comme ça. Pas là. »

Assez plaintive, elle cilla longuement, l’excitation se transformant en appréhension de nouveau. Kara n’était plus du tout sûre d’elle. Et puis, lui rappeler le boulot, c’était un tue-l’amour, non ? Surtout qu’elle avait en tête d’y retourner dans peu de temps… C’était loin de la mettre en transe, au contraire, c’était un crève-cœur !

« C’est trop, Lissandre. Je… je suis désolée. »

La connerie ! Lissandre avait trop parlé. Ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. Elle partait dans un délire. A fond. Si loin que son ou sa partenaire n’arrivait plus à suivre s’arrêtait : laissant Lissandre toute seule. Si seule…

Elle se sentait si conne allongée sur le sol de sa salle de bains. La fermeture éclair de sa combinaison de latex rose ouverte sur un sexe mouillant de désir. Comme une provocation trop grossière, maintenant. Comme la drague trop lourde d’un homme en pleine rue…

*Affligeant, Lissandre. Bravo… Tu as encore bien merdé… *

Lissandre se redressa. Au ralenti. Elle avait déjà peur de voir le visage de Kara. Entendre sa voix était déjà un calvaire. Elle souffrait déjà d’entendre la détresse de son amie/amante. Mais elle avait fait une erreur. Son erreur à elle. Il fallait donc la corriger.

« Je suis désolé. Vraiment. Je… »

Elle regarda ailleurs. En l’air. Mais il n’y avait rien. Alors elle baissa la tête pour ne pas regarder l’expression de Kara. Pour cacher sa propre expression de déception.

« Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Quand je suis lancée dans mes rêveries éveillées, je suis comme une locomotive lancée à toute vitesse. Une seule voie à suivre et aucun moyen de ralentir. Je… Ce n’est pas une excuse, je sais. C’est juste que, euh, je suis comme ça. »

Que faire maintenant ? Tenter de se remettre dans l’ambiance ? Ca ne paraissait plus si euphorique maintenant… Alors quoi ?

Lissandre se releva. Elle alla chercher un peignoir rose et le proposa à son amie agenouillée sur le sol.

« Que dirais-tu d’une pause goûter ? Toi et moi autour de la table dans la cuisine. Je fais du thé et je sors des pâtisseries reçues ce matin d’un grand artisan de la ville ? Ça te va comme programme ? Et, promis, je te laisse tranquille. Juste une conversation entre filles. Et… »

*Chut. Ne remets pas déjà tes délires sur ses épaules. Laisse-la respirer. *

« Non. Rien. Donc… On descend en cuisine ? »

 Lentement, Kara sentait l’ambiance sensuelle de la pièce tomber et se transformer en quelque chose de lourd, comme si les deux femmes avaient conscience d’un malaise qui grandissait. Mais aucune des deux n’en avaient envie, non… La jeune femme observa la Blondinette se redresser, fuir son regard, sembler tellement gênée… Sa franchise la toucha, cependant, et son rythme cardiaque ainsi que l’angoisse qui bloquait sa gorge se dégagea un peu.

Malgré tout, faire de la peine à son amie lui torturait l’esprit, elle refusait cette idée. Doucement, elle la suivit du regard, pinçant les lèvres et prenant le peignoir pour l’enfiler tout en se relevant à son tour. Kara se sentait étrange, un peu perdue. Une seconde, oui, elle avait eu envie de fuir très vite, très loin, mais en réalité maintenant qu’elle avait entendu Lissandre, ce souhait n’était plus envisageable.

Elle préférait de loin ne pas rester sur cette sorte d’échec, au moins d’incompréhension. Mais pour le moment, Kara se sentait totalement incapable de parler, de communiquer là-dessus… Elle se sentait trop gênée, et un peu bête d’avoir eu aussi peur d’un coup. Elle avait sans doute déçu la Riche Héritière, en plus…

Doucement, cependant, la proposition de la jeune réalisatrice l’encouragea à sourire, surtout à voir l’énergie qu’elle mettait pour tenter de rattraper les choses. C’était… touchant. Kara pencha la tête sur le côté, et acquiesça en abandonnant un peu ses craintes paniquées.

« O… oui, une pause goûter, ce serait vraiment bien. »

Cela désacraliserait cet instant étrange. Les deux femmes étaient complices, il était nécessaire qu’elles ne soient encore, dans tous les aspects de leur relation, songea Kara. C’était ce qui les liait, même si elles étaient très différentes, il est vrai. Elle n’en voulait pas à Lissandre, à vrai dire, d’être bien plus à l’aise qu’elle avait tout ça…

En marchant avec Lissandre jusqu’à la cuisine, refermant le peignoir rose évidemment, elle repensait à ce qui venait de se passer. Oh, merde. Elle avait embrassé une fille. Le rouge lui teinta les joues, un peu, qu’elle essaya de masquer en reprenant ses esprits.

« C’est la première fois que j’embrasse une fille. »

Souffla-t-elle de but en blanc, comme ça. Comme si c’était la chose la plus caractéristique qu’elle avait fait avec la Bimbo Blonde… Et pourtant, c’était ce qui la marquait. Kara esquissa un sourire moins penaud, en observant le visage de son amie.

« C’était nul ou pas ? »

Kara reprenait du poil de la bête en marchant, jusqu’à ce qu’elles arrivent aux cuisines. C’était… immense. Mais pas si étonnant, pour une telle demeure, finalement, quand on voyait la salle de bain !

A peine arrivée dans les cuisines que Kara lançait une telle bombe ?!

« Je suis… »

Lissandre se força à regarder ailleurs. Elle se répéta plusieurs fois qu’elle devait tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.

*Je pourrais aussi la tourner sept fois dans sa bouche à elle : hi hi ! NON ! LISSANDRE, NON ! *

C’était compliqué de ne pas répondre avec malice. Mais elle lui tendait un bâton pour se faire battre… Lissandre devait résister. Elle avait promis d’être sage. Elle avait juré qu’elle ne la mettrait pas mal à l’aise. Alors elle répondit à sa copine sans la regarder et en se dirigeant vers un placard.

« Je suis très contente d’avoir été ta première fois. »

Un frisson parcourut son corps. Des flashs de souvenirs torrides l’assiégeant ! Elle réprima l’envie de faire glisser sa main sur son ventre de latex rose. Et plus si affinités.

« Et je ne crois pas que tu aies besoin que je te réponde. Tu as très bien pu constater dans quel état tu m’as laissé sur le sol, non ? »

Elle ne s’était toujours pas retournée. Sa main fouillant parmi les différentes boîtes de… elle ne savait pas de quoi. Elle ne parvenait pas à se concentrer sur cette tâche pourtant simple. Elle prenait du temps. Elle luttait contre elle-même en fait. Des bouffées de chaleur. Des envies de masturbation. Des yeux luisants de désir. Tout ça et encore plus, elle essayait de le cacher à Kara.

Elle avait promis un goûter simple.

« Tu veux, hum… tu veux quelque chose en particulier ? »

*Moi par exemple ! *

« Il y a toute sorte de gâteaux. Je fais parfois les courses en prenant des trucs au hasard. Au Japon, ils font tellement de choses bizarres. J’ai jamais vu autant de sorte de Mikado par exemple. Mais si tu préfères, il y a aussi des fruits sur la table. Et il y a aussi des délices dans le frigo. Comme des macarons ou des éclairs à la framboise. »

Toujours de dos. Lissandre ne s’était pas retournée une seule fois.

Oui, c’est vrai. C’était sa première fois… Avec une fille. Kara observa Lissandre un peu fuir son regard, ce qu’elle percevait, et comprenait, un peu. Et puis, finalement, c’était assez salvateur de ne pas avoir à affronter ses yeux alors qu’elle venait de lui avouer quelque chose qui la mettait un peu, beaucoup en fait, mal à l’aise. Mais Kara avait besoin d’en parler !

Elle eut un petit sourire, un gloussement aussi.

« Oh, euh. Ouais, j’ai cru comprendre que ça allait, c’était potable ! » Kara éclata de rire, sans doute nerveusement, pour détendre l’atmosphère, puisqu’elle avait, elle aussi, quelques souvenirs qui revenaient clairement à l’évocation de ce sol qui avait vu glisser la petite Bimbo en latex rose.

Lissandre lui présentait toujours son postérieur pendant qu’elle fouillait dans les placards, le bruit de son enquête arrivait jusqu’à ses oreilles et elle pencha la tête sur le côté pour essayer de se concentrer sur ce qu’elle percevait, comme par curiosité, savoir à l’avance ce que son amie pouvait chercher de particulier à lui offrir.

Elle se demandait encore si la jeune femme lui voulait d’avoir coupé court à leur moment intime, et si elle n’avait pas été totalement ridicule, en paniquant ainsi. Mais il fallait avouer que Kara se sentait encore étrange, sur un fil au-dessus du vide, en équilibre dangereux… Dans tous les cas, Lissandre mettait un temps fou à trouver ce goûter !

Enfin, elle lui proposa une multitude de choses, toutes plus appétissantes, sur le papier. Comment choisir ? Kara n’avait jamais mangé de macaron, à vrai dire. Ca lui évoquait des images de riches galas ou de série européenne. Elle avait les yeux pleins de paillettes.

« Eclairs à la framboise ? Macaron ? »

Elle s’approcha de Lissandre, intriguée et assez mise en appétit, à vrai dire. C’était louche qu’elle reste de dos, est-ce qu’elle faisait la tête ? Evidemment, sa voix n’était pas du tout triste, mais on ne sait jamais, avec la Blondinette survoltée. Avait-elle dit quelque chose de mal ? Kara vint se mettre à côté d’elle, curieuse.

« J’adorerais goûter des pâtisseries françaises, c’est censé être le top du top, non ? »

Elle s’était rapprochée. Lissandre déglutit avec difficulté.

*En même temps, je dois être suspicieuse depuis le temps que je fais semblant de chercher et éviter son regard… *

« Ah, euh, oui oui. Mon pays est plutôt réputé pour tout ce qui est gastronomie. »

Et toujours elle présentait son dos. Et voilà qu’une nouvelle pensée délicieusement étrange s’implantait.

*Goûter des pâtisseries françaises ? Est-ce qu’elle parle de moi ? Est-ce que c’est moi qu’elle veut goûter ?! Non ! Calme-toi, Lissandre. Arrête de fantasmer. Tu as dit que tu serais sage, bon sang ! … … Mais c’est si dur… *

« Donc éclairs à la framboise et macarons ! Parfait ! Pardon. »

Il fallait quitter le placard et ouvrir le grand frigo. Dans une manœuvre peu élégante, Lissandre referma la porte du premier, fit son chemin en passant à côté de Kara sans la regarder, ouvrit la porte du frigo pour regarder son intérieur. Et uniquement son intérieur.

« Et je vais nous faire un chocolat chaud. Ce sera bien pour ce petit goûter improvisé. Donc, je prends en plus le lait. »

Elle sortit les éclairs à la framboise et l’onéreuse boîte aux délicats entrelacs dorés sur la table en plein milieu de la cuisine. Plutôt un plan de travail. Lissandre fila du côté des plaques pour poser le lait juste à côté. Elle revint ensuite au niveau du plan de travail et s’accroupit. La casserole se trouvait dans un placard juste en-dessous.

Accroupie, la casserole en main, elle tourna la tête et… découvrit qu’elle était au niveau du vagin de Kara. Bien qu’elle ne soit pas nue (normalement ?!), elle aurait juré qu’elle pouvait en sentir ses fragrances. De toute manière, elle perdait la tête. Rien que la position (disons de soumise par rapport à sa copine du web qui devait être debout) lui faisait monter une nouvelle bouffée de chaleur et colorait ses joues de rose/rouge.

*Je devrais peut-être prendre un bain de lait froid. Peut-être que ça éteindrait mon feu ?... *

"Oh, un chocolat chaud, oui, parfait !"

A vrai dire, Kara était soulagée que Lissandre n'ait pas l'air de la bouder, mais quelque chose clochait dans son comportement, et c'était flagrant. Ignorant ce qui se tramait dans l'esprit de son amie, la jeune femme estimait que la Blondinette lui en voulait encore sérieusement pour tout à l'heure, et pour cause... Mais désormais, de plus en plus, le doute s'insinuait en elle.

Peut-être que la Riche Héritière était agacée par sa présence, et était rancunière, finalement, en y repensant ? Il fallait avouer que, peut-être, Kara s'était montrée idiote en étant trop franche, en lui reprochant d'aller trop vite. C'était ridicule, quand même... Cela faisait d'elle une grosse cruche, prude, incapable de se laisser aller juste parce que bon, quoi, ça va, c'est juste une fille ?

Kara suivit du regard le petit bonbon rose jusqu'au frigo, choquée clairement, cette fois, en constatant qu'elle faisait volontairement en sorte de ne pas la regarder. Mais... si Lissandre voulait qu'elle parte, elle ne lui proposerait pas de pâtisserie, non ? Et elle avait assez de caractère pour clairement le lui dire, en plus, estimait-elle.

Perdue, se sentant un peu de trop ici, elle se racla la gorge pour tenter de se détendre, et trouver sa place. Les éclairs avaient l'air délicieux, la petite boite attirante, et le tout était d'un raffinement typique de ce qu'elle imaginait de la France, dans tous clichés.

"Vous en mangez tout le temps, en France, de ça ?" Souffla-t-elle, cherchant désespérément à combler le silence relatif, mais le malaise s'appesantit quand Lissandre s'accroupit.

Kara déglutit, baissant la tête et les yeux vers la tignasse dorée, ainsi dans une posture assez peu équivoque, pourtant anodine... Mais entre elles, désormais, il y avait une sorte de non-dit tendu, elle le sentit en voyant le corps moulé de latex se raidir un peu. Kara perçut clairement le changement de couleur de ses pommettes et pinça les lèvres, gênée.

"Ecoute Lissandre..." Merde, elle ignorait ce qu'elle voulait dire, en vrai. "Je suis désolée si j'ai fait quelque chose de mal... Dis-moi ce que je peux faire pour qu'on oublie tout ça ?"

Le peignoir rose pourtant bien fermé à la taille laissait subtilement voir ses jambes, les cuisses légèrement écartées, et Kara aurait juré voir les yeux de la Blonde remonter au niveau de son entre-jambe.

Ca devenait de plus en plus compliqué de lui résister. Son cerveau de tête était d’accord pour tenir parole et conserver cette amitié naissante. Mais son cerveau de sexe était d’un tout autre avis ! De ce fait, Lissandre était en lutte perpétuelle interne depuis qu’elle était dans la cuisine. Et entendre ce qu’elle venait d’entendre ?...

« Tu n’as rien fait de mal ! »

La casserole qu’elle tenait dans la main était tombée. Elle avait fait grand bruit et avait été une diversion non préméditée. En effet, voilà que Lissandre avait entouré ses bras autour des jambes de Kara. Sa tête également en appui contre les jambes. Encore à ce moment, elle luttait. Mais c’était encore plus compliqué ! Elle était si proche de son intimité à elle…

« C’est moi. Ce n’est pas toi ! C’est moi et ma tête. Moi et mes têtes, en fait… On n’arrive pas à se mettre d’accord. Mais je ne veux pas qu’on oublie. J’ai aimé ce qu’on a vécu. On n’oublie pas ! »

Sa tête avait voulu se relever d’un seul coup pour planter son regard intense dans celui de Kara. Mais elle s’était retenue à la moitié de son mouvement. Puis Lissandre s’était forcée à baisser les yeux et poser sa tête de nouveau contre ses jambes à elle : « son amie ».

« J’entends que tu te poses des questions. Et je suis obligée d’y répondre. Pour te dire la vérité, je lutte. Et je suis désolé si je suis crue, mais ça va être la seule façon que ça sorte. Ma tête ne veut pas perdre notre amitié. Et mon sexe te veut ! Voilà… »

Sa voix était décédée sur le « voilà ». En fait, Lissandre était même sur le point de craquer et de pleurer…

« Je ne suis pas une nymphomane. C’est juste que tu m’as chamboulé. C’est le bordel dans ma tête maintenant… »

Elle n’avait pas parlé d’une voix forte et assurée comme elle le faisait. C’était le ton de la confession… Et toujours elle n’avait pas regardé Kara. Croiser son regard lui ferait définitivement perdre le peu de raison et de contrôle qu’elle avait encore.

Kara déglutit.
La position de Lissandre était tout sauf anodine, pas après ce qu’elles avaient vécu. Son cœur s’était mis à battre trop vite, et la panique l’avait figée. Quelque chose d’étrange fourmillait dans son bas-ventre, si proche de la jeune femme en latex. Un instant, la course du temps s’était suspendue et la tension monta d’un cran, assurément, entre les deux femmes.

Il y avait quelque chose d’indéniable, une attirance naturelle. C’était étrange, sans doute galvanisant pour la petite Blonde, mais terrifiant pour la Working Girl. En avant de nouveau sa salive, difficilement, Kara prit une profonde inspiration pour se donner du courage. Elle avait peur. Peur de devoir craquer et de se laisser déborder par la panique, encore tout gâcher, faire du mal à son amie. Son amie ? Comment devait-elle la qualifier ? C’était trop. Son crâne allait exploser, exactement comme Lissandre disait. Le bordel dans sa tête…

« O… Ouais. C’est le bordel… »

Evidemment, elle-même n’arriverait pas à exprimer ce qu’elle ressentait aussi clairement que Lissandre, et se sentait devenir rouge. Aussi se fit-elle violence pour poser sa main sur la joue blanche de la Riche Héritière, puis sous son menton, lentement, pour l’inciter à se redresser. Peu importait le goûter, de toute façon, pour l’instant. Le visage de Kara tenta d’être rassurant, bien que l’atmosphère fut lourde, pour pouvoir amener la petite Blondinette à sa hauteur, dans ce qui lui restait de courage.

« Tu m’as chamboulée aussi. » Murmura-t-elle, esquissant un sourire gêné. Sa main n’avait pas bougé et restait fichée sur sa joue, ses yeux fixaient fatalement ses lèvres. Comment pouvait-on être assurée de n’aimer que les hommes, alors qu’on avait envie de l’embrasser, elle ?

« J’ai besoin de temps, Lissandre. » Kara cilla. « J’ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça, à toi. A euh… nous ? » C’était ridicule lorsqu’elle le prononçait. Son pouce caressait la douceur de sa peau alors qu’elle pinçait les lèvres.

« Je sais que tu n’es pas une nympho. Je te crois. Je te crois. » Il lui semblait primordial de rassurer la jeune femme, elle savait combien l’affection d’une amie lui était importante et… pour elle aussi. « Nous devrions nous revoir dans un lieu public. Pour être… sûres qu’on peut correctement agir sans être trop perturbées. »

Un petit rire vint percuter la bouche de Lissandre, tout près. A vrai dire, Kara savait que le Bonbon Rose ne serait pas arrêté par la foule, qu’elle était capable de lui sauter dessus en pleine rue… Mais elle estimait que la petite Française saurait respecter cette pudeur qu’elle avait, elle. En tous cas, elle ferait un effort.

Mais comme Kara semblait penser que ses mots étaient durs à entendre, son instinct la poussa à rompre la distance entre leurs deux bouches, venait cueillir ses lèvres avec tendresse, d’abord, frissonnant à son contact. En sentant la réactivité folle de sa compagne, son frisson s’intensifia, pressant sa bouche sans oser percer ses défenses de sa langue. Et pourtant, la chaleur dans son ventre semblait le vouloir…

Son visage se décrocha à peine.

« Je vais y aller. Maintenant. Non, ne proteste pas… Je ne te fuis pas. Je vais revenir. D’accord ? » Il ne fallut pas quelques secondes supplémentaires pour qu’elle l’embrasse de nouveau, assez maladroitement, malgré l’étrange assurance de ses mots. « Lissandre, je suis toujours ton amie, tu veux bien encore être la mienne ? »

Kara ne devait même pas se rendre compte de tout ce qu’elle infligeait à Lissandre. Les caresses sur son visage et les frissons de plaisir anticipé ? Le besoin de réflexion pour elle et la peur qu’elle réalise qu’elle n’était que paillettes superficielles ? Se revoir dans un lieu public parce que c’était une sécurité pour que la bourgeoise en latex ne dérape pas ? C’était rigolo à entendre. C’était délicieux à imaginer.

Le baiser.

C’était Kara qui l’avait embrassée après tout ça. Et ça avait eu le même effet qu’on sort d’immobilisation. Autant son corps était à l’arrêt tout comme son esprit.

Puis tout revint. Elle lui avait posé une question. Une question IMPORTANTE. Lourde de conséquences.

*Ne dis pas de bêtises. Ne pars pas dans des grandiloquences arc-en-ciel ! *

« Je ne sais pas. »

*C’est OUI. C’est oui que je devais répondre ! *

La tête de Lissandre se baissa de dépit. La suite allait être compliquée. Elle devait se redresser et exprimer le fond de sa pensée.

« J’aurai du te répondre oui mais ça aurait été un mensonge. Je me répète encore et encore que je veux te garder en amie. Que je peux me satisfaire qu’on ne soit que ça, des amies. Mais la vérité est autre. Je ne peux plus ignorer ce que ma tête me crie. »

*Ne luis dis pas. Ne lui dis pas ! *

Lissandre serra fort ses lèvres l’une contre l’autre. Ses yeux s’embuèrent. Elle voulait dire très fort : « Je t’aime, Kara ! Je t’aime ! ». Mais elle résista. Elle se concentra à garder ses lèvres scellées. Quand une larme coula sur sa joue, elle prit une grande inspiration. Et elle enchaîna rapidement avec :

« Je ne protesterais plus. Fuis-moi maintenant… »

C’était trop dur de continuer à la regarder. Mieux valait regarder le sol. Couper tout contact avec elle…

Ses doigts glissèrent et s’arrêtèrent sur ses lèvres. Les lèvres que Kara avaient embrassé.

Tout était perturbé et chamboulé. Lissandre avait l’air de se retenir, toute entière, qu’il s’agisse de ses gestes, son attitude comme ses mots. Kara le percevait sans mal, il y avait une ambiance lourde autour d’elles, l’air était presque palpable, même électrique. Son esprit embrumé ne saurait dire ce qu’il convenait de faire, mais un moment de réflexion s’imposait, même si cela pouvait blesser la petite Bimbo Blonde, malheureusement.

La jeune femme esquissa un sourire, entendant parfaitement ce que voulait affirmer la Française, et évitant de lui dire à quel point, finalement, elle aussi souffrait de cette situation étrange. Mais il fallait se montrer forte, adulte même. Adulte. Aller. C’était facile.

Lissandre eut la jugeotte de ne pas se suspendre à son cou, de la supplier de rester, et pour cela, l’Office Girl lui en serait reconnaissante longtemps. Elles agissaient maladroitement, mais dans le simple but de ne pas se faire trop de mal… La situation était compliquée, et elles avaient cependant envie d’adoucir les choses. Kara esquissa un sourire mêlant la tristesse de la quitter, et la joie timide de percevoir l’affection du Bonbon Rose.

 « D’accord. »

Ses mains s’éloignèrent du latex, alors qu’elle hochait la tête. Il était temps. Il le fallait.

« Je t’appelle. »

Ce n’était ni une question ni une hypothèse. Kara avait l’intention de ne pas laisser de silence entre elles, et au contraire : il était nécessaire qu’elles réussissent à discuter de ce qui s’était passé sans avoir cette tension électrique entre elles, physiquement. Ce serait sans doute plus simple par sms, non ?

Avec un dernier regard, la jeune femme recula jusqu’à la porte, rompant le contact des doigts fins sur sa bouche à regret, avant de tourner le dos et retourner dans cette salle de bain si spéciale, lui rappelant ce qui venait de se passer… Et se rhabiller, plier correctement les affaires prêtées, faire le vide dans sa tête. Kara avait une boule au ventre, mais prit une profonde inspiration, avant de repasser par la cuisine où Lissandre résidait, inchangée, immobile… D’un petit signe de main maladroit, la jeune femme la salua. C’était bizarre.

« A bientôt Lissandre. »

A bientôt, ma Belle. Kara se rendit compte qu’elle marchait vite jusqu’à la porte, très vite. Et lorsqu’elle traversait la grande allée, c’était pire encore, comme si elle courrait.