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Les Chroniques de Mobius, acte 2

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Mascotte

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Les Chroniques de Mobius, acte 2

mardi 25 septembre 2018, 18:40:43

Diane Valentine cracha un nuage de fumée, pensivement accoudée à la fenêtre de son bureau. La vue qui s’offrait à elle n’avait rien de très réjouissante selon l’opinion majoritaire. Metropolis était un monstre d’acier, de béton et de verre, très vertical avec ses immeubles vertigineux, très sombre également avec les vapeurs grises qui couvraient ses cieux en permanence. Mais avait-on besoin du soleil lorsque il y avait tant d’enseignes lumineuses, de néons colorés, de phares mouvants dans les avenues ? Avait-on besoin d’oiseaux lorsque les voitures ronronnaient de leur moteur, chantaient de leur clacksons ? Diane aimait cette ville enfiévrée qui jamais ne s’assoupissait. C’était un monde de contraste où le pauvre côtoyait le riche, le laid, le beau. C’était un monde qui donnait envie de s’élever pour ne pas fermenter dans la fange des bas-fonds. Et tant pis si de s’élever trop haut on se brûlait les ailes à la flamme du pouvoir, c’était le jeu.
Dans cet espèce de chaos plus ou moins organisé par la tutelle de la Tech-13, Madame Valantine Assumait les fonctions d’administratrice de secteur. Dieu qu’elle avait dû en trahir pour se hisser à ce post aussi envié que dangereux. Dangereux, oui, Diane en était plus que jamais consciente après la récente disparition de Radec. Fort heureusement, son secteur était plus éloigné des préoccupations du Docteur Nox. Son job à elle, s’était de promouvoir l’art. Oui, la Tech-13 faisait ça, aussi. C’était stratégique pour l’image de la corporation, Diane ne le répéterait jamais assez lors des réunions annuelles budgétaires. Il en fallait du fric pour financer des films, des concerts, des expositions, des spectacles en tout genre et même des jeux vidéo. Son dernier projet : la construction d’un grand complexe, moitié salle des fêtes, destiné aux classes moyennes et populaires. Bref, pour les bouseux. C’était ce complexe qu’elle cherchait à apercevoir depuis sa fenêtre. Certes, pour y parvenir, il lui fallait surtout une bonne imagination, car même perchée aussi haut, son bureau était au 50e et dernier étage d’un superbe building au design d’enfer, ses yeux ne pouvaient passer au travers des dizaines et des dizaines d’autres immeubles la séparant du chantier quasi achevé. C’était également à cause de ce fameux complexe qu’elle avait une fort vilaine ride d’anxiété qui lui barrait le front. Car elle avait un problème, un problème qu’elle aurait pu contourner, mais c’aurait été se priver d’une très jolie cerise sur le gâteau.

Dans le genre butté, on pouvait difficilement faire mieux que Madame Valantine. Elle qui d’ordinaire était très éloignée des milieux du mercenariat, elle qui n’avait de contact avec des militaires que pour sa sécurité personnelle ou celle des événements qu’elle chapotait, voilà qu’elle venait de faire appel à ce qui se faisait de mieux en chasseur de prime. Elle était un peu stressée, c’était peu de le dire, elle en était à son deuxième paquet de clopes, mais elle aurait sa fête d’inauguration et celle-ci serait parfaite !

Voilà que son interphone sonna. Une voix masculine retentit, celle de son secrétaire.
« Madame, il est arrivé.
- Qu’il entre. »
Elle se détourna de la fenêtre et vérifia une seconde son reflet dans la belle glace murale que comptait son coquet bureau. Diane était belle, une grande rousse, la taille fine, vêtue d’une robe argentée moulante avec des chaussures à talon très, très hauts. Bijoux, maquillages, c’était très sophistiqué comme look, peut-être un peu trop, et son habitude de fumer commençait à la vieillir prématurément, mais elle continuait d’en imposer.
Krish, alias Mascotte, démon de la souffrance et des fausses apparences
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 1 mercredi 26 septembre 2018, 19:14:33

De la musique classique calme par-dessus le bruit de l’eau coulant doucement, une odeur florale légère, des panneaux holographiques figurant une clairière, un sol en bois clair — la petite pièce était singulière, irréelle. Les nombreux artifices numériques, quoique simples, semblaient n’avoir pour seul objectif que de rappeler à la sérénité d’une nature amicale, voire romantique. Quelqu’un de réellement habitué à la forêt serait sans doute déstabilisé par tant de reproductions naïves (il y avait même des biches et des lapins courants entre les arbres en trois dimensions). Mais pour un citadin, englouti au quotidien par le dense environnement urbain, le système avait son charme — c’était d’ailleurs un des plus couteux que l’on puisse obtenir.

Au milieu de la pièce, un homme était assis en tailleur. Il avait la trentaine, le crâne rond, complètement chauve, et pas de barbe. Plus particulier encore, il semblait ne pas avoir le moindre poil : ni cil ni sourcil. Son visage paisible, les yeux fermés, était viril sans être grossier — parfaitement symétrique, le nez légèrement épaté, les oreilles très collées, à peine visibles de face. Il avait la peau claire, presque trop lisse pour être naturelle, sans aucune cicatrice ou bouton. En revanche, il avait des tatouages : des lignes noires sur tout le dos, qui remontaient jusque haut dans sa nuque comme des volutes de fumée. Il était musclé, une musculature travaillée et équilibrée avec soin, qui le taillait en V.

— On a reçu un message, n’est-ce pas ?

Il avait parlé en semblant minimiser son effort, sans presque bouger les lèvres. Il paraissait seul dans la pièce. Pourtant, une voix aiguë, synthétique, lui répondit dans l’instant :

— Exact vieux.

Il y eut un silence de plusieurs secondes, puis la voix repris.

— Tech-13.
— Tech-13 n’a pas besoin de nous.
— Oh oh, incorrect. Tech-13 n’avait plus besoin de nous, mais ça c’était il y a une minute. Quel choix tu crois qu’on a ? Hein ? HEIN ? Qu’est-ce que tu crois qu’il va se passer si on refuse de travailler avec eux ? Ils vont être vexés. Ils vont nous couper nos fonds. Ils vont nous couler professionnellement. Ils vont nous faire expulser de la ville. Ils vont nous envoyer des assassins. Ils vont nous enfermer et ils vont nous…

La voix robotique paniquait et son débit accélérait jusqu’à être à peine compréhensible.

— Samba. Mute.

Elle s’interrompit aussitôt.

— Ce cinéma : c’est parce que tu as déjà accepté ?
— Ouais ?

L’homme se leva. Il devait mesurer presque deux mètres. Il sourit.

— Bon. Alors viens.

*

*         *


D’un pas élégant, Clément Frevo pénétra dans le bureau de l’administratrice. Il était très bien habillé, costume noir fermé dont le col haut cachait la majeure partie de ses tatouages et lunettes de soleil qui masquaient son absence de pilosité. Ce n’était pas parce qu’on était un mercenaire que l’on devait négliger la présentation — il le répétait souvent — en tant que travailleur indépendant, il devait assumer toutes les étapes, y compris celle-ci. Un détail, cependant, dépareillait un peu.

Il avait sur l’épaule un gros rat. Pas un hybride, non, il n’y avait en apparence rien d’anthropomorphique dans ce rat là. Sauf qu’il se mit à parler, d’une voix artificielle et haut perchée, qui résonnait étrangement :

— Hey hey ! Chouette ici.

Pour qui connaissait suffisamment la technologie, il n’était pas difficile d’identifier la nature du surmulot. C’était une unité anibot, c’est à dire une plateforme servant d’hôte à une IA — production d’une corporation nommée BioSoft. Il s’agissait d’une gamme de produits supposés imiter la nature, parfois avec tant de précision que ses créations en devenaient indiscernables. L’enveloppe, cependant, ne donnait pas d’information sur l’intelligence artificielle qui l’utilisait. La plupart du temps, on y insérait des modules naturalistes (supposés reproduire le comportement de l’animal en question) ou destinés aux enfants. Il y avait des applications militaires spécialisées, mais elles étaient plus exceptionnelles.

Celle-ci répondait au nom de Samba… et Samba n’était rien de tout ça. Personne parmi ses employeurs ne connaissait son origine, peu s'en souciaient, et tous connaissaient son efficacité.

— Bonjour dame Valentine, compléta Frevo, sur un ton qui tranchait radicalement. Comment vous portez-vous en cette belle journée de… ?

Il s’interrompit, réalisant qu’il ne savait pas quelle était la saison en cours. Des déficiences cognitives mineures. Depuis les années, Clément s’y était habitué. Il ne s’attarda pas sur la phrase. Il prit l’initiative de s’assoir.

— Nous vous écoutons.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 2 mercredi 26 septembre 2018, 23:29:05

« Produit BioSoft n’est-ce pas ? commenta Diane, avec un sourire avenant. J’ai eu quelques relations avec eux, sur un gros projet. On avait besoin d’anibot avec un look réaliste et force est de constater qu’ils sont meilleur que nous sur ce segment de marcher. »
Sa voix était assez grave pour une femme. En cause, la clope, sans l’ombre d’un doute. Son bureau empestait la cigarette en d’épis du diffuseur de parfum cherchant à assainir l’air. Elle écrasa son mégot dans le joli cendrier stylisé trônant sur la table, puis s’assit à son tour. Elle joignit les mains, exhibant de longs ongles vernis de bleu nuit, et elle organisa une fois de plus ses idées. Se retrouver face à un tueur la déstabilisait un peu, mais au moins, celui-là savait se vêtir convenablement. Elle avait craint de devoir parler à une brute tout en cuir et sueur, un couteau entre les dents et une paire de gros flingues aux poings.
« Je vous remercie, Monsieur Frevo, pour votre ponctualité. J’ai eut vent de vos performances et je pense que vous êtes la bonne personne pour le job que je vais vous confier. »
En vérité, le nom de Clément Frevo n’était arrivé à ses oreilles que depuis deux jours. Il était sorti de la bouche d’un de ses collègues vers qui elle avait demandée conseil lorsqu’elle s’était résolue à employer les grands moyens. Mais elle n’aimait pas passer pour une ignare, quel que soit le domaine. Néanmoins, si elle avait mieux connu son interlocuteur, elle n’aurait pas considéré le rat comme un simple jouet. Elle pressa un bouton devant elle. La table, d’ample dimension, fit coulisser depuis son milieu son revêtement supérieur afin de dévoiler le projecteur holographique en dessous. Un nouveau bouton pressé et la maquette d’un bâtiment se matérialisa. C’était un immeuble de forme standard. Encore un bouton et l’hologramme occulta les niveaux supérieurs pour se concentrer sur l’ensemble des étages qui faisait l’objet de son chantier.
« Comme vous le savez peut-être, reprit Diane, j’ai financé la construction du Magic Kingdom. Ce sera un complexe de 7 étages consacré aux arts et aux loisirs, avec des salles des fêtes et des lieux d’exposition, le tout implanté dans le quartier sud, l’un des plus pauvres de Metropolis. Ce projet a également été l’occasion de réhabiliter tout le gratte-ciel qui, avant ça, était en situation d’insalubrité. Le Magic Kingdom a pour vocation d’offrir un peu de rêves à nos pauvres et ainsi changer l’image qu’ils ont de la Tech-13. Cette ville est la notre après tout. »
L’administratrice fit quelques zoom et rotations pour laisser voir le complexe qui sans être un palais, savait quand même en imposer. Après un petit silence, Madame Valentine fit disparaitre l’hologramme.
« Le chantier est pratiquement terminé. Le jour de l’inauguration approche. Mais j’ai un problème et c’est pourquoi vous êtes là. »
Le projecteur matérialisa un nouvel hologramme qui, pour le coup, n’était qu’en 2d. Il reproduisait en fait un écran et sur cet écran, il y avait une fiche signalétique, celle d’un hybride.
« Voici Timothée, plus connu sous le nom du Petit Mage. Il n’a pas usurpé ce titre, c’est un Méga doté de pouvoirs dont il sait user avec un grand talent. »
La photo laissait voir un visage de souriceau aux très charmant, au pelage brun, aux yeux noirs très expressifs.
« Timothée est un gamin du cartier sud, il fait des spectacles de rues et jouit d’une grande popularité. Sans être lui-même un terroriste, car il a en horreur la violence, il en fréquente et nous critique souvent. Malgré tout, je fais des pieds et des mains pour qu’il ne soit pas arrêté. »
Diane poussa un soupire et poursuivit, une flamme dans le regard.
« Je veux que le Petit Mage fasse partie du spectacle d’inauguration du Magic Kingdom. S’il y participe, il conférera au complexe sa propre popularité. Les gens ne se diront pas : "Ha, c’est le truc de la Tech-13". Non, ils se diront que "C’est le Timothy Kingdom et que c’est trop classe !". Vous me suivez ? Et puis même, de manière plus large, Timothée a l’étoffe d’une star. J’ai de quoi en faire un personnage public incroyable ! Il faut voir ses spectacles pour comprendre. »
Diane grimaça.
« Sauf que bien sûr, vous vous doutez bien qu’il n’est pas très chaud. J’ai tenté, à deux reprises, de le convaincre. Je me suis même personnellement déplacée, la seconde fois. Et cet hybride continue de m’opposer un refus catégorique ! »
Le poing de Diane heurta la table. Elle avait été vexée par l’affront. Mais elle retrouva son calme, ainsi qu’un sourire de requin.
« Votre mission est de le faire changer d’avis. Sois il accepte de sagement bosser pour moi, soit vous m’en faite une carpette. N’y allez pas de main morte, c’est une tête de mule derrière sa gueule d’ange. Ho et profitez-en pour faire le ménage parmi ses proches. Ils ont sur lui une mauvaise influence. »
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 3 jeudi 27 septembre 2018, 14:09:55

Le mercenaire oscilla légèrement sur sa chaise. Il ne se sentait pas vraiment concerné par les projets de parc d’attraction, et c’était perceptible. Néanmoins, il resta sagement à écouter Diane Valentine décrire le futur complexe, avec au visage l’expression sérieuse et concernée d’un professionnel. Pendant un moment, il eut du mal à comprendre où elle voulait en venir. S’il pouvait avoir un sens de l’humour particulier, Frevo ne faisait pas dans le divertissement, loin de là.

Puis, plus nettement, la mission se dessina. Ce fut Samba qui réagit d’abord :

— Yes, ça faisait longtemps qu’on avait pas filé la frousse à un gamin. Mes bails préférés.

La phrase était sans ironie évidente, mais la voix du robot rat était suffisamment extravertie pour que le doute plane. Du reste elle pouvait facilement se montrer, il fallait l’avouer, assez agaçante. Frevo paraissait moins réjouit, mais c’était là encore une posture professionnelle. Il reprit la conversation :

— Un méga… il me faudra la description complète de ses capacités. Ce que vous avez de plus exhaustif. Si vous avez une étude sur son entourage, en particulier les éléments problématiques qu’il fréquente, ça me facilitera aussi la tâche.

À l’évidence, son interlocutrice connaissait bien Timothy. Il aurait été stupide de se couper d’informations précieuses, même si Frevo se considérait comme un bon enquêteur lui-même. Surtout, il se méfiait des mégas. Ce n’était pas la première fois qu’il était confronté à l’un d’entre-eux — par le passé, il avait même eu l’occasion d’en éliminer. Mais il les savait imprévisibles, et il avait failli y passer plus d’une fois.

— Soyons clairs et mettons-nous au point sur la procédure. L’objectif principal est de faire collaborer l’hybride — par l’intimidation, le chantage, la torture, la contrainte physique ou tout autre moyen que je jugerai.

Seconde de silence, le colosse se figea, interrompant le flot protocolaire et précis.

— Vraiment trop classe, compléta Samba.
— Si ces méthodes ne portent pas leurs fruits, je l’élimine. Est-ce que le cas échéant vous souhaitez récupérer son corps ? Enfin, je dispose également de la liberté d’entreprendre des exactions et d’attenter à la vie de toute personne supposée proche de lui.

Frevo croisa les bras. S’il n’y avait pas eu le paramètre méga, il se serait senti un peu sous-exploité. Il n’y avait pas beaucoup de gloire à faire ce qu’il faisait habituellement — mais il y avait des missions franchement moins prestigieuses que d’autres. Si on faisait appel à lui, cependant, c’était bien que la partie promettait d’être délicate. Timothy avait peut-être horreur de la violence, en revanche, s’il était devenu un symbole, ce n’était sans doute pas le cas de tout ceux qui voudraient le protéger.

— Hey, mais ouais, ça devrait l’faire, conclut l’anibot.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 4 jeudi 27 septembre 2018, 16:40:18

Diane fut un peu déconcertée par les interventions de Samba. Certes, elle savait que certaines IA pouvaient être assez évoluée pour prétendre au statut de vraie conscience ou, à défaut, faire vraiment illusion. C’était juste qu’elle n’avait pas pris cela en compte dans cet entretien et qu’elle n’aimait pas être prise de court. Elle décida d’en sourire puis répondit à Frevo :
« Si vous êtes contraint d’abattre le Petit Mage, une simple photo de son corps suffira. Quant à son entourage… »
Elle chercha ses mots.
« Soyez sélectif. Une tuerie de masse serait préjudiciable en terme d’image. Si, aux yeux de l’opinion public, Timothée est contraint et forcé, il va passer pour une victime et nous, une fois de plus, pour les oppresseurs. Non, il faut que l’essentiel de la populace croie que Timothée a juste décidé de saisir une opportunité. Et d’ailleurs c’en est une d’opportunité, même s’il est trop stupide pour ne pas s’en rendre compte tout seul. Je vous suggère donc vivement d’agir le plus discrètement possible. Ce sera sans doute ça, le plus dur, car il est bien entouré. Par chance, je n’ai jamais été menaçante avec lui, moi ou mon messager. Je ne pense pas avoir éveillé sa méfiance. Pour le reste… »
Elle sortit un petit disque de donnés d’un tiroir.
« J’ai ici à priori tous les détails qui vous intéresse. »
Elle inséra le disque dans la table pour que le projecteur holographique affiche son contenu. Une liste de fichiers se matérialisa.
« C’est le fruit d’une enquête de terrain que j’ai commanditée. »
Elle ne se donna pas la peine d’ouvrir un fichier. Elle éjecta plutôt le disque et le fit glisser jusqu’à Clément Frevo.
« Ses relations, ses habitudes, son pouvoir, tout y est. Pour le payement, 50 000 crédits si vous parvenez à convaincre Timothée, 10 000 seulement si vous le tuez. Certaines de ses relations ont leur tête mise à prix. Pour les primes, voyez ça comme vous le faite d’ordinaire. Je paie néanmoins 5 000 crédits la mort de Rodrigue. C’est le meilleur ami de Timothée et un terroriste avéré. De tous ses proches, c’et lui qui exerce la plus mauvaise influence. »
Diane jeta un regard à sa montre.
« Si vous avez tout ce qu’il faut… je vais devoir vous laisser. J’ai une réunion qui va débuter. »
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 5 jeudi 27 septembre 2018, 20:10:35

Frevo joignit les mains, les faisant sobrement claquer l'une contre l'autre. La somme était satisfaisante – la corporation ne sous-payait pas ses collaborateurs. En tout cas pas ceux dans son genre. Le prix qu'on lui proposait juste pour éliminer le méga et son ami étaient à vrai dire plutôt tentant. En les prenant par surprise, ça pouvait être court et facile. Heureusement pour le souriceau, Frevo aimait les défis.

Il se leva et saisit le disque sur le bureau. Avec un sourire poli :

– Toujours un plaisir de faire affaire avec Tech-13.
– Ouais, ben pareil.

Le mercenaire s'inclina et sortit. Il avait du travail.

*
*         *

Le colosse était de retour dans son appartement ; dont les panneaux holographiques n'avaient pas fini de simuler une forêt. Mais cette fois, il tenait dans les mains une sorte de très gros chiffon gris-brun. Sous lui, un sceau d'eau saumâtre dans lequel il semblait l'avoir trempé. Le tissu dégoulinait encore, parfaitement dégoûtant. Tout autour, des lambeaux, pour la plupart petits et irréguliers.

– Mon Samba, tu vas avoir l'air absolument misérable avec ça.
– Oh oh. C'est parfait, parfait.
– Presque un peu trop.

Il essora le chiffon. Puis :

– Allez, c'est l'heure de l'essayer. Vas-y.

Dans un des bouts de la pièce, un des panneaux holographiques coulissa sur le côté. C'était un placard, tout simplement. Plus surprenant, un petit humanoïde en sortit, baissant la tête pour ne pas se la cogner. C'était un hybride, une petite lapine blanche aux longues oreilles tombantes. Elle était nue, mais ça ne semblait pas la gêner.

– 'ai 'a'e'ent 'ai'e. 'a'he 'u' 'eux' 'a', fit-elle, d'une voix complètement désarticulée.
– Le synthétiseur est déréglé. On arrangera ça plus tard.

*
*         *

– En position Samba ?
– Yeees. Y va commencer son show dans pas longtemps j'pense.
– Reçu. Arrange toi pour qu'il te voit quand il aura fini. Et fais gaffe avec cette plate-forme. On en a pas d'autre. Si c'est pour la perdre autant rentrer tout de suite.
– C'est boon. Sois pas relou vieux. Je gère.

Une jeune lapine était donc assise, quelque-part sur un banc des quartiers sud de Metropolis. Emplacement stratégique, un lieu où leur cible avait l'habitude de se produire. Ils l'avaient déjà loupé une fois, la veille. Il avait dû reporter où le mercenaire c'était trompé. C'était sans importance. Cette fois était la bonne, le petit mage s'était pointé.

Pendant que les communications électroniques avec Frevo passaient au travers du cerveau numérique de la lapine, elle regardait dans le vague. Mais son regard se fit beaucoup plus vif dès que les échanges cessèrent : une belle paire d'yeux bleus. De quoi avoir pitié d'elle : elle était habillée d'un grand chiffon très sale. Son pelage, à l'origine blanc, était également tâché par toute sorte de crasses, et paraissait presque aussi terne que son vêtement.

Elle gardait quelque-chose de charmant, cependant, car si on exceptait la négligence, ses traits si délicats et fins auraient pu être dessinés par un artiste… pour cause, ils l'avaient été. Il s'agissait à l'origine d'une œuvre d'art, jamais exposée et jamais connue du public. Un modèle ultra réaliste d'hybride, encore une fois issu d'un partenariat avec BioSoft. Frevo l'avait accepté comme paiement d'une mission ultérieure. Il y tenait beaucoup ; trop pour l'utiliser dans des contextes réellement risqués.

Celui-là ne devrait pas l'être. Après tout, c'était juste un spectacle de magie.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 6 jeudi 27 septembre 2018, 22:43:49

Diane Valentine n’avait pas menti sur la popularité de Timothée. Ces spectacles attiraient du monde et engendraient même pas mal d’activités parallèles. Samba était aux premières loges pour le constater. La place où se déroulait l’événement était grande, même si les immeubles démesurés qui la cernaient de toute part semblaient vouloir l’écraser. C’était la fin de soirée. Du ciel, on ne pouvait en voir qu’un petit morceau si on levait vraiment la tête et il n’apportait guère de luminosité. Puisque ici l’éclairage public avait depuis des lustres rendu l’âme, on s’éclairait en bricolant. Des guirlandes d’ampoules, pendues à des fils électriques, couraient sur les façades. On avait également disposé plusieurs gros spots à la provenance douteuse et fonctionnant sur des batteries rafistolées. La place, maintenant, était bruyante, pleine de vie. Deux ou trois cents personnes, la moitié humaine, l’autre hybride, allaient et venaient dans le désordre. Dans un angle, quelqu’un faisait griller des saucisses sur trois barbecues installés les uns à côtés des autres. Dans un autre angle, on disputait une partie de football avec un ballon plus très rond. Un marchand aux airs d’arnaqueur cherchait à vendre ses breloques en ventant leur suprême utilité. Au centre, l’estrade avait été montée par un groupe de grands gaillards qui, maintenant, s’imbibaient d’alcool. Plus loin, une bagarre éclata… et se régla par un KO expéditif. Un groupe de musiciens amateurs se lança dans quelques improvisations plutôt inspirées.

« Allez, mets ton chapeau !
-   Arrête avec ce chapeau, Rodrigue, j’aime pas les chapeaux !
-   - Tu es un magicien, c’est un chapeau de magicien. Et hop, t’es mimi comme ça ! Hein qu’il est mimi, Marty ?
-   - Mouais. »
-   Timothée, Rodrigue et Marty venaient d’arriver sur la place. Le souriceau portait une tunique verte à amples manches, un pantalon bleu marine et des baskets déjà bien usées. Il devait faire à peine un mètre de haut mais en revanche, il avait bonne mine et devait manger à sa faim. Rodrigue, un renard blanc vêtu de beige, qui le dépassait de deux têtes, venait de le coiffer d’un chapeau pointu en papier brillant. Timothée s’en débarrassa en l’offrant à un gamin humain venu le saluer. Ledit gamin fut absolument ravi, nul doute que pour lui, le ridicule chapeau en papier était devenu un trésor. Rodrigue fit mine de bouder, mais il se marrait. Lui et le petit mage disparurent à la vue de Samba, car il venait de plonger dans la foule. Le souriceau monta sur scène environs dix minutes plus tard et alors, le silence ce fit. Il n’y eut pas besoin d’éteindre d’ampoule, comme cela aurait été le cas dans un spectacle en salle, elles avaient beau être nombreuses, elles ne le seraient jamais assez pour vraiment tout éclairer, aucun risque que ça cache les sorts du magicien.
-   « Heu, salut tout le monde ! »
-   On l’entendit à peine. Il parla plus fort, joignant même les mains en porte-voix.
-   « Heu, navré, le micro est mort ! De toute manière, depuis que j’essaie de faire des blagues avant la représentation, c’est nul ! »
-   Il provoqua quelques rires.
-   « Ha bah, tiens, on dirait que je m’améliore ! »
-   De nouveaux rires, un peu plus fournis. Ses yeux passèrent sur la foule. Le hic, ce fut qu’il ne remarqua pas la lapine. Il pouvait la voir, de là où il était, mais elle était loin et lui, un peu stressé, plus concentré sur ce qu’il allait faire. Il ne tarda pas à se lancer et, là encore, Madame Valentine n’avait pas menti. Le Petit Mage invoqua des couleurs, des formes et des sons oniriques avec une déconcertante facilité. Il fit sortir des oiseaux jaunes de ses manches, traça des spirales vertes, évoqua un navire sur l’océan… Il avait l’imagination, la sensibilité pour façonner son pouvoir. Il offrait du rêve, tout simplement… Face à lui, des visages conquis qui, sous les lueurs surnaturelles et mouvantes, acquéraient eux-aussi un côté féérique.

« Salut toi. »
Quelqu’un venait de s’assoir à côté de la lapine. C’était Marty, le chat qualifié de pragmatique et stoïque sur le disque de donnés confié à Frevo. Pelage noir, yeux jaunes, air futé. Baskets, jean, blouson, casquette, il tenait une brochette à peine entamé dans une main, il l’avait acheté juste à côté.
« Je t’ai jamais vu ici, avant. Tu débarques d’où ? T’es de la décharge ? »
Il la considéra d’un regard fugace. Il avait remarqué la beauté qui se cachait derrière la crasse. La décharge qu’il avait mentionné se trouvait en bordure de Metropolis. C’était le lieu de vie des plus miséreux des miséreux, des gens en général dangereux, totalement désociabilisé, pour ne pas dire redevenu sauvages. Marty tendit la brochette.
« Tiens, j’ai pas faim. »
En fait, il avait dû l’acheter juste pour elle. Sur scène, Timothée faisait une sorte de danse avec une silhouette de lumière. La fluidité et la polyvalence de son pouvoir étaient confondante.
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 7 vendredi 28 septembre 2018, 08:03:06

– C'est pas mal.
– J'sais pas. J'suis incapable de juger l'art, tu t'souviens ?
– Arrête, bien sûr que tu peux.
– Oui, peut-être bien vieux. Par pur mimétisme, hein : c'est pas mal.
– Perds pas des yeux l'objectif.
– Ouais.

La lapine n'était pas mal placée, mais peut-être un peu loin. Au moins, elle n'était pas dans la foule, où elle aurait pu se perdre. L'efficacité du dispositif porta ses fruits encore plus vite qu'elle ne l'avait espéré, toutefois. Elle s'était attendue à devoir aborder Timothée par elle-même. Ce ne serait même pas nécessaire. Le chat qui venait de leur adresser la parole était sur la liste de son entourage proche. L'occasion était presque trop belle.

– Oh, salut.

La voix de la fausse hybride était douce – beaucoup plus douce que ne l'était celle de Samba d'habitude. Même son élocution était complètement changée. Ils avaient pris leur temps pour régler le synthétiseur de manière à la rendre crédible.

– J'suis née là-bas, oui. Mais c'est pas un lieu pour vivre. C'est juste… pas possible… tu vois. J'essaie de me faire une place ici… mais je connais pas beaucoup de monde, alors c'est pas facile.

Le chat venait de leur donner une base plutôt crédible sur laquelle il serait facile de broder. Ce n'était pas difficile d'improviser sur les difficultés que pouvait rencontrer une jeune hybride dans un tel environnement. De toute façon, la pauvreté qu'ils lui avaient attribuée limitaient un peu les choix.

– Oah, merciii ! fit-elle, avec une apparente surprise mêlée de reconnaissance.

Elle attrapa la brochette et croqua dedans comme si elle était affamée. Le modèle n'était pas prévu pour digérer des aliments, mais par chance, la bouche était reliée à une cavité de taille suffisante pour entreposer quelques morceaux. Il faudrait la vider plus tard.

– C'est vraiment beau, je comprends pourquoi les gens d'ici adorent… C'est la première fois que je viens, et toi ?

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 8 vendredi 28 septembre 2018, 09:47:01

« Ho, moi, je suis un habitué », répondit Marty.
Se présenter comme venant de la décharge avait ses avantages. Personne n’irait vérifier si c’était exact et le look actuel de Samba suffisait amplement à convaincre. Pour autant, cette origine avait une contrepartie : la méfiance. Bien des gens, jusque là, avaient vu la lapine et certains avaient également dû remarquer son charme, mais personne n’avait osé s’assoir à côté d’elle ou même trop s’approcher du banc. Personne, sauf Marty, mais même lui avait conservé une certaine distance de sécurité. Il voulait pouvoir réagir si jamais elle lui sautait dessus. Ceux de la décharge avaient vraiment une sale réputation. Lorsqu’on tombait si bas, généralement il devenait impossible de refaire surface un jour. La distance de sécurité était également dû à l’odeur, assez dissuasive, surtout pour un félin.
« Je connais pas mal de monde, ici, je peux sûrement t’aider, si tu sais te tenir. Je dis pas qu’il n’y a que des gens biens parmi nous, ce type là, par exemple, faut pas croire un seul mot qui sort de sa bouche. »
Il venait de désigner l’escroc avec ses breloques.
« Par contre, les tueurs, les voleurs, les violeurs, ils sont pas les bienvenues. »

Marty s’interrompit pour regarder du côté de Timothée. Ce dernier s’était lancé dans un nouveau numéro. Il avait fait apparaître un petit brasier au milieu de la scène, un feu factice aux couleurs surréalistes. Il l’alimentait en y jetant des balles de lumière. Et à chaque balle, le feu devenait plus grand, plus lumineux, plus crépitant. Les flammes, maintenant, mesuraient plus de trois mètres et parvenaient à éclairer une bonne moitié de la place. Le Petit Mage, minuscule à côté, était soit mis en valeur, tout illuminé et contrastant donc sur l’obscurité de l’arrière plan, lorsqu’il se tenait à gauche ou à droite du brasier, soit réduit à l’état de simple silhouette lorsqu’il était devant, soit totalement occulté lorsqu’il était derrière. Il était facile d’imaginer ce à quoi pensait Diane en voyant cela. Elle voyait le souriceau avec un vrai costume de scène pour lui retirer ce côté gamin des rues, elle le voyait avec un vrai jeu de scène pour lui retirer ce côté amateur, elle le voyait enfin sur une vraie scène et là, oui, il pouvait subitement passer du petit statut d’artiste de rue à celui de star de Metropolis voir de toute la Grande Fédération. Un monstre médiatique, une machine à fric et une vitrine inespérée pour la Tech-13.

Marty reprit :
« Je peux t’indiquer un gars de confiance. Tu pourras te laver, te changer et dormir chez lui. Ce sera un bon début, non ? Au fait, c’est quoi ton nom ? »
Le problème, c’était que le gars de confiance auquel pensait le chat, ce n’était pas du tout Timothée. Le Petit Mage vivait en "collocation" avec ces potes, Marty inclus, et il n’y avait pas assez d’espace pour quelqu’un d’autre. Et puis, le chat avait une idée derrière la tête. Tout ne tournait pas autour de Tim. S’il aidait cette belle lapine, c’était pour voir s’il n’y avait pas moyen de la séduire. Il avait flairé l’opportunité, découvrir peut-être la diva des bas-fonds avant tout le monde.
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    Est invoqué par la prononciation de son nom « Beklfarblondzshet ».

Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 9 vendredi 28 septembre 2018, 14:11:00

La lapine continua à manger et à regarder le spectacle. Entre deux bouchées, elle répondit à Marty :

— J’ai d’jà volé. T’as pas toujours le choix. J’avais personne.

Le seul but de cet aveu était, paradoxalement, de paraître honnête. Que la survie soit conditionnée par le vol, à la décharge, le chat ne pouvait l’ignorer de toute façon. Samba campait le rôle d’une gamine qui n’avait pas peur de s’exprimer. Il sentait le besoin de s’affirmer d’autant plus que la conversation commençait à lui échapper.

— Monday… et j’sais pas. C’est qui ? J’sais que je donne pas trop l’impression de pouvoir faire la difficile. Mais j’peux pas non-plus prendre trop de risques. J’suis pas aussi dangereuse que j’en ai l’air.


Elle tenta un sourire, quittant des yeux le spectacle pour les poser sur le chat.

— Toi t’as l’air gentil. Mais j’vois bien que tu te méfies de moi. Normal j’suppose. Enfin j’vais pas te sauter dessus hein. Bref… Comment tu te débrouilles, toi ?

Elle soupira, et délaissa la brochette.

— J’aimerais bien avoir des pouvoirs, comme le petit mage, fit-elle, songeuse. Tout serait tellement plus facile pas vrai ?

Jouer sur le moyen terme, ce n’était pas un problème pour le robot. Si c’était nécessaire pour approcher Timothée, il pourrait rester plusieurs jours sous couverture. Il n’y avait pas de deadline stricte, si ne c’était peut-être l’ouverture du complexe. Mais il fallait aussi faire au plus simple… si ses tentatives de ce soir se révélaient être un échec, suivre discrètement son groupe d’amis devenait une option tout aussi pertinente.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 10 vendredi 28 septembre 2018, 14:57:10

Marty rit.
« Je me méfie de tout le monde, Monday. Enfin, de presque tout le monde. Les coups de pute, ça vient de partout. Mais j’imagine que je t’apprends rien. Le type dont je parle, c’est le vieux Grégoire, un humain réglo qui, en échange de quelques services, comme distribuer les journaux qu’il imprime, faire le ménage, descendre les poubelles… donne un vrai coup de main. Il est là, ce soir, il regarde le spectacle, c’est un habitué lui-aussi. »
Il marqua une pause, lorgna du côté de la brochette abandonnée, mais ne la récupéra pas. Au lieu de cela, il se mit à regarder Timothée.
« Tout le monde voudrait des pouvoirs. Moi, j’en voudrais. Mais on n’a pas tiré le bon numéro quand on est né. Je connais bien le Petit Mage. En fait, j’habite avec lui et un troisième hybride, un renard un peu relou. »
Bon sang, ce qu’elle était jolie cette lapine ! Et puis, elle avait l’air d’avoir un caractère pas trop dégueu… Il avait hâte de voir à quoi elle ressemblait, une fois décrassée.

Sur scène, le grand brasier explosa en une myriade d’étincelles. Tout le monde applaudit. Timothée se gratta la tête, l’air un peu perdu.
« Et zut, j’ai loupé une étape, avoua-t-il. J’avais prévu un truc avant le bouquet final. Bon ben pas grave, je le fais maintenant. »
Et il enchaîna sur un numéro forcément plus modeste mais qui s’exécutait avec l’aide d’une personne du public. Ce fut un humain qui eut la chance de venir rejoindre le Petit Mage. Le numéro étant court, il consistait juste à se renvoyer des balles de lumière, il fut répété plusieurs fois, avec des volontaires différents et des variantes improvisées sur le moment. Rodrigue, la fin du spectacle approchant, déposa son chapeau à l’envers sur un coin de la scène pour que ceux qui le désire puisse y mettre une pièce.
« Regarde, Monday. Grégoire, c’est lui. »
Marty venait de désigner un septuagénaire qui se tenait un peu en retrait, pour ne pas être chahuté par la foule. Il marchait avec l’aide d’une canne en bois, mais ne claudiquait pas de manière excessive. Il avait l’aspect d’un aimable grand-père.
« On y  va ? C’est comme tu veux, mais il ne va pas tarder à partir. C’est pas un couche tard. »

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 11 samedi 29 septembre 2018, 23:40:52

Samba n'apprenait rien des explications de Marty, si ce n'est que ses informations étaient toujours à jour. Aussi, la relation entre le chat et le renard ne paraissait pas excellente.

– Woah. Tu vis avec le petit mage… C'est lui qui veut pas que tu ramènes des filles chez-toi ? Ou c'est le renard ? Il est relou ? C'est quoi son problème ?

Le ton de la conversation était posé, mais Monday se montrait volontiers taquine. Sur la scène, Timothée jouait encore. Enfin l'identité du mystérieux bienfaiteur fut révélée.

Le vieux Grégoire… voilà qui n'était guère prometteur pour le déroulé de la mission. En plus, Samba ne le sentait pas bien. Il estimait assez probable que le septuagénaire ait des activités liées à la résistance, ou au moins à la politique. Quel autre genre de personne hébergeait des hybrides déclassés et imprimait des journaux ? La presse indépendante était toujours suspecte. Même si le risque posé par un grand-père était minime, c'était un élément à prendre en compte. Marty pensait être méfiant, mais le robot avait également sa part d'anticipation.

– Un humain ? demanda la lapine, feignant la surprise. Mmh… C'est d'accord mais…

Elle prit un air mal à l'aise, se tournant vers le chat.

– Tu m'abandonnes pas hein ? S'il te plaît…

Elle jouait sur son principal atout, le seul qui ne souffrait pas de son accoutrement : ses yeux. En vérité ceux-ci ne pouvaient pas pleurer, la technologie ne le permettait pas, mais ils paraissaient naturellement assez humides. En jouant sur l’intonation de la voix, faire semblant d'être sur le point de fondre en larmes était faisable.

– Désolée, c'est juste que t'es la première personne qui s'intéresse à moi depuis… depuis que maman est plus là… T'es tellement gentil et je sais pas trop pourquoi, et j'ai pas envie que ce soit un piège… ou juste que tu me laisses à un humain…

Monday s'était approchée doucement de Marty – jusqu'à être assez prêt pour l'étreindre, ce qu'elle essaya de faire. Bien sûr l'odeur devait toujours être un peu agressive pour les narines sensibles du félin, mais quel genre de monstre serait-il s'il repoussait une jeune fille triste ?

– Tu veux bien m'accompagner chez-lui ?

L'enlacement n'avait rien d'innocent, bien sûr. Samba avait songé à s'en servir pour lui faire une proposition plus directe. Le menacer directement, même. Mais pas en pleine rue, avec encore tout ce monde – c'était trop risqué. À la place, la lapine se contenterait de passer la main dans le bas de son dos et de faire tomber un petit dispositif électronique, de la taille d'un grain de riz, dans la poche arrière de son jean. Il s'agissait d'une balise GPS, précis à quelques mètres. Connaître la position de Marty, s'il refusait, leur offrirait une alternative intéressante.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 12 dimanche 30 septembre 2018, 10:41:24

Il y eut bien une étreinte, mais Marty ne la prolongea pas. Il ne chercha pas non plus à en profiter. Il se contenta en fait juste d’être aimable. Un peu surprenant car il était à peu près certain que la beauté cachée de la lapine ne le laissait pas indifférent. Seulement… peut-être que le côté fille au bord des larmes n’était pas son genre. Ou que ça éveillait quelque chose de douloureux en lui. En tout cas, Samba put comprendre qu’il n’avait pas à faire à un hybride aisément manipulable. Le chat ne réfléchissait ni avec son sexe, ni avec son cœur, mais avant tout avec sa matière grise, d’où la remarque à propos de son pragmatisme dans le disque confié par Diane Valentine. Il ne remarqua toutefois pas le geste de l’anibot qui put mettre en place son mouchard.

« Non, t’en fais pas, je vais t’accompagner. Je vais rester avec toi cette nuit. Allez, viens, Grégoire s’éloigne déjà. »
Marty se leva du banc et rattrapa le vieil homme.
« Hé, Grégoire, besoin d’un coup de main.
- Que puis-je faire pour toi, Marty ? répondit le grand-père en faisant face aux hybrides.
- Cette demoiselle nous vient de la décharge. Elle n’a pas encore essayée de me poignarder, c’est plutôt bon signe. Tu veux bien la loger ? Je vais rester avec elle, elle préfère et toi aussi j’imagine. »
Restait-il pour faire plaisir à Monday ou pour la surveiller ? Le vieux considéra la lapine d’un regard attentif.
« Si elle sait se tenir, aucun souci.
- Cool.
- Hé ! Grégoire ! » fit Rodrigue, le renard, qui émergeait d’un pas rapide de la foule.
Il n’avait pas récupéré son chapeau qui continuait de se remplir de petite monnaie.
« Ouf, j’ai eu peur de te louper ! Tu as le journal ?
- Bien sûr, très cher goupil. Le voici. »
Grégoire sortit un journal roulé sur lui-même depuis une poche intérieure de sa veste. Rodrigue remercia et le déroula. Samba put lire, sur la première page, le titre de la une qui concernait la destruction d’une centrale hydraulique de la Tech-13. Le renard finit toutefois par remarquer Marty et surtout Monday. Il s’adressa au chat, un peu narquois.
« Tu aides les gens maintenant ?
- Ça m’arrive. »
Il y avait en effet un peu de tension entre eux deux mais ça n’allait pas plus loin. Le renard sourit et Marty ajouta :
« D’ailleurs, je vais rester avec elle, cette nuit. Si vous nous cherchez, on est chez Grégoire.
- Ça marche. Bonsoir mademoiselle. Bienvenue parmi nous. Je reste pas, Tim a besoin de moi. »
Et il fila.

* * * Une petite heure plus tard * * *

Grégoire habitait un appartement dans un immeuble non loin de la place où avait eu lieu le spectacle de magie. Il était en fait propriétaire de tout l’immeuble, comme l’appris Samba. Le vieil homme avait une situation financière confortable, en tout cas elle aurait pu l’être s’il ne consacrait pas tout ses moyens à son journal et à l’aide des nécessiteux. Monday avait pu se laver et elle finissait à présent de se changer. On lui avait donné des vêtements à sa taille, simples mais convenables. Une chambre l’attendait pour la nuit. Grégoire discuterait avec elle demain de la suite, notamment de la manière dont elle pourrait "payer" un logement dans cet immeuble. Aucun mouvais coup à attendre, il était manifeste que l’homme ne faisait pas dans le proxénétisme, l’esclavage ou toute autres pratiques peu reluisantes hélas assez répandues. Marty continuait d’être aimable, mais également attentif. Il n’avait pas cherché à la suivre dans la salle de bain, il n’avait pas l’intention de dormir dans la même chambre, il allait en prendre une autre, l’appartement était grand ce n’était pas le problème. Par contre, Samba avait maintenant la certitude que manipuler le chat serait soit impossible soit trop long. Ce serait aussi très risqué car il n’était pas exclu que le chat finisse par le démasquer.

Il en était là de ses réflexion lorsqu’il entendit Marty, dans le salon en compagnie de Grégoire, recevoir un coup de téléphone.
« Ouais Tim ? … Quoi ? … Merde… Et toi ? … Ok, c’est déjà ça. … Oui, oui je lui demande. Heu, Grégoire, on a un souci.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- La police a débarqué chez nous. Ils ont arrêtés Rodrigue et tout foutu en l’air en cherchant tout ce qui pouvait être lié aux terroristes de la forêt.
- Aux résistants, rectifia Grégoire.
- Ouais, aux résistants, excuse-moi. En tout cas, Tim peut plus dormir chez nous, ça ressemble plus à rien. Il voulait savoir…
- …bien sûr, il peut venir ici. Aucun problème, au contraire.
- Tim ? C’est ok. … Très bien, on t’attend. … Allez, à tout de suite. »
Fin de l’appel. Marty et Grégoire se mirent à parler avec animation. Visiblement, le chat n’était pas très surpris.
« Faut pas s’étonner quand même. Rodrigue aurait dû se planquer dès qu’il a franchi la ligne rouge. Et filer des infos à Mr Bug, c’était la ligne rouge ! Surtout quand on voit à quoi ont servies ces infos ! Non, moi, ce qui m’étonne, c’est qu’ils n’ont pas embarqué Tim dans la foulée. »

* * * Au même moment * * *

Timothée jeta un dernier regard à son petit appartement saccagé. Porte défoncé, désordre indescriptible, objets brisés… L’ampoule du couloir jetait sur la scène une lumière sinistre. Il soupira, éteignit et commença à descendre les escaliers, la mine contrariée et un sac sur l’épaule avec dedans ce qu’il avait pu récupéré de ses affaires. Il régnait dans l’immeuble un silence inhabituel. La police ne s’était pas contentée de coffrer Rodrigue, mais également la plupart des voisins venus s’interposer. Ce fut donc seul que le Petit Mage s’engagea dans les sombres ruelles du quartier sud. Il n’était pas inquiet pour sa sécurité. Mis à part une fouille au corps et quelques provocations, les flics ne lui avaient rien fait. Il était protégé et il savait par qui, cette satanée harpie de la Tech-13. Mais il préférait finir en prison plutôt que de s’associer avec la pire corporation de la Fédérations. Décidément, cette nuit débutait bien mal…
« Modifié: dimanche 30 septembre 2018, 11:03:50 par Mascotte »
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 13 dimanche 30 septembre 2018, 15:27:51

– T'as entendu ça vieux ?
– Affirmatif. C'est foutu pour abattre Rodrigue. J'informe Valentine.

Pour Frevo, l'infiltration avait été longue et plutôt ennuyeuse. Ce n'était pas tout de laisser Samba jouer les terranides désœuvrées, le mercenaire devait se tenir prêt à intervenir au moment propice. En l'occurrence, il était assis depuis quelques heures à l'arrière d'une camionnette grise, stationnée à un demi-kilomètre de la position de son co-équipier. C'était un joli véhicule, moderne, et qui aurait été beaucoup plus remarquable si sa couleur n'était pas aussi délibérément terne (le nettoyage de la carrosserie avait été négligé avec ce même objectif).

Rapidement, le colosse envoya quelques mots directement sur la messagerie de la responsable de Tech13. Si elle ne veillait pas, elle avait toutes les chances de ne pas être informée avant le lendemain matin. Mais en professionnel rigoureux, Frevo donnait un minimum de feedback.

Intervention de police au domicile de Timothée. Rodrigue embarqué, élimination impossible. Mission non-compromise. Cible isolée. Capture en cours.

Qui connaissait Frevo aurait perçu la déception dans le pourtant court communiqué. Même si l'occasion était belle, et leur économisait peut-être plusieurs jours de planque, aucun doute qu'il aurait préféré se charger du renard lui-même. Du reste, il avait envisagé de s'en servir comme moyen de pression pour s'assurer de l'obéissance du souriceau. Tant pis, il faudrait user de méthodes plus traditionnelles.

– Je l'intercepte. Reste pour l'instant, c'est le bon endroit pour les infos.

Comme Samba en avait eu l'intuition, ce vieux Grégoire avait des sympathies pour ceux qu'il tenait à nommer la résistance. Quand ils se rendraient compte que Timothée n'arrivait pas, connaître leur éventuelle réaction pourrait avoir un intérêt.

Mais pour l'instant, le plus important restait de mettre la main sur le souriceau. Frevo avait choisi son emplacement car il offrait sur l'avenue une bonne visibilité. Même en pleine nuit, il ne se faisait pas trop de souci ; l'hybride devrait être facile à repérer. À vrai dire, le fait que l'heure soit avancée était même une véritable aubaine. La capture pourrait se faire dans une discrétion relative.

Le mercenaire assembla les deux parties de son arme. C'était un fusil : long et assez lourd, mais c'était le prix de la portée et de la précision qu'il offrait. Il était exclusivement non-létal, un modèle spécialisé destiné à la capture. Plutôt que d'éjecter une balle ou un rayon, il projetait de grosses aiguilles chargées agissant sur le principe du taser. Le tir était silencieux, et le choc bref, mais très incapacitant. Tous les muscles de la cible se contractaient en même temps, et le cœur ratait souvent quelques pulsations. Il n'était pas rare que la vessie ou les sphincters se relâchent. Dans tous les cas, la paralysie était totale et durait parfois plusieurs minutes.

Le canon calé contre l'épaule, Frevo attendit à travers la porte entrouverte de la camionnette que le souriceau se pointe. Aussitôt qu'il l’apercevrait, il n'aurait qu'à viser et à presser la détente.

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2

Réponse 14 dimanche 30 septembre 2018, 17:31:21

Dans la poche de Diane Valentine, son téléphone vibra. Non, elle ne dormait pas. Comme souvent, elle participait à des soirées mondaines, entretenait ses relations, distribuait ses sourires, prodiguait ses conseils. Autour d’elle, des visages connus de la scène médiatique de Metropolis. L’événement était filmé, les journalistes guettaient les petites phrases dont allaient se repaitre la presse. Diane, une coupe de champagne à la main, se mit légèrement en retrait et sortit brièvement son téléphone. Elle lut le message qu’elle venait de recevoir de la part de Frevo et rangea l’appareil. Son expression n’avait pas changé et elle replongea dans les conversations. À vrai dire, elle n’était pas surprise. Elle avait été avertie en milieu de journée que cette opération avait été décidée. Une fois de plus, elle était intervenue pour protéger le Petit Mage, mais elle s’était cette fois heurtée à un mur. Le Docteur Nox était furieux, tout le monde, en haut lieux, était sur les dents, particulièrement ceux du secteur sécurité à l’origine de l’opération policière. Diane, en dernier recours, avait dû révéler ses plans, ce qui avait été un peu humiliant. Merde quoi ! Elle était administratrice de secteur, elle n’avait théoriquement pas à se justifier, sauf devant le Docteur Nox lui-même. Quoi qu’il en soit, c’était passé, mais uniquement parce que Frevo et Samba était sur le coup. Malgré tout, elle était soulagée. Si le souriceau avait fait une connerie, cela aurait pu mal tourner. Concernant Rodrigue, elle s’en foutait. Mort ou en prison, cela revenait au même, d’autant plus qu’on mourait souvent, en prison.

* * * Au même moment, dans les rues du quartier sud * * *

Timothée marchait, perdu dans des pensées moroses. Il aurait pu s’éclairer avec son pouvoir, mais il n’en faisait rien. Il connaissait par cœur le trajet de chez lui à l’immeuble du vieux Grégoire et il y avait toujours, de ci, de là, une lueur provenant d’une fenêtre ou d’un des rares lampadaires encore en marche pour diluer les ténèbres nocturnes. Le quartier était silencieux, cela faisait bizarre. Les policiers étaient arrivés d’un cou, en nombre. Tout avait été réglé en moins de dix minutes. Ce devait être ça une opération coup de poing, songea le souriceau. Que faire maintenant ? Que faire pour aider Rodrigue ? C’était un ami, il ne pouvait pas se résigner à le laisser tomber.
Tenant d’une main l sangle de son sac à dos, il prit de l’autre son téléphone et chercha un contact qui pouvait lui être utile. Il chercha plus dans sa tête que sur l’écran, car la plupart des numéros n’étaient pas en mémoire. Peut-être que…

Timothée eut une violente convulsion. Ses yeux s’exorbitèrent, il émit une sorte de hoquet et son téléphone lui échappa de la main. Encore une seconde et il s’affala à plat ventre sur le bitume, tétanisé de la tête aux pieds. Sa vessie s’était relâchée mais étant allé aux toilettes avant de partir, ce fut d’impact modéré. Une aiguille s’était fichée dans son épaule, celle bien sûr du fusil incapacitant de Frevo.

* * * Un peu plus tard, chez Grégoire * * *

Marty faisait les cents pas dans le salon. Grégoire, assis à table, referma le livre qu’il lisait et se racla la gorge avant de dire tout haut ce que l’hybride pensait tout bas :
« Il aurait dû arriver depuis des lustres. »
Le chat jura et tenta à nouveau d’appeler Timothée. Même résultat. Il tombait direct sur le répondeur. La première fois, il avait cru à une panne de batterie. Le Petit Mage était le champion pour oublier de recharger. Mais maintenant… Il se retourna vers Grégoire, résolut :
« Je vais le chercher. Je vais prendre des gars avec moi, on va ratisser tout le quartier. Je t’envoie également quelqu’un pour me remplacer ici. Explique-lui, j’ai pas le temps. »
Sur ce, il sortit de l’appartement. Les gars en question, il allait tout simplement les trouver dans l’immeuble. Il y avait là tout un lot d’hybrides prêt à aider et certains, prêt à se battre s’il le fallait.

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