Lamnard restait enfoncé dans la lisière du bois, et la nuit le cachait du regard du commun des mortels. Il avait enfilé son armure, une protection bienvenue achetée avec les bénéfices des raids, faite de maille, de plaques de plate et de cuir bouilli sur un gambison solide. Un casque robuste protégeait la partie la plus vitale de son corps. Avec cela, il tenait contre lui un grand bouclier rond renforcé et une hache de bataille neuve. A son ceinturon, deux haches de lancer et une épée courte étaient également prêtes à servir. Le capitaine affranchi se présentait comme un adversaire redoutable, toujours capable de prouesses physiques grâce à sa grande force. Derrière lui, ses hommes aussi avaient peu de choses à voir avec l’ensemble dépareillé et mal équipé qui constituait le mouvement au départ. Leur nouvelle force les incitait à engager des actions de plus en plus osées en territoire nexusien. Ce jour, ils avaient approché une grande mine où quantité de Terranides œuvraient à tirer des minerais pour le compte d’une famille qu’ils supposaient malfaisante : les Nyala.
Après le retour des éclaireurs, qui avaient confirmé que l’activité s’était achevée et que la garde de nuit, plus éparse, la force armée sortit en ligne pour se mettre en marche vers l’accès arrière des mines. Après une zone agricole où était cultivée la nourriture et puisée l’eau destinée à la mine, un accès peu défendu, difficile à trouver sans un travail d’observation préalable, était à la merci d’une force organisée venue la forcer. Les troupes affranchies avaient passé des jours à observer la région. Parmi les troupes de Kystrejfter se dénombraient bien sûr des Humains et métahumains, mais aussi quantité de Terranides, et des créatures diverses, chaque race mettant en pratique ses propres forces spécifiques. Les ordres étaient relativement simples : entrer en silence et avancer jusqu’au siège, à l’autre bout de la mine, de l’autre côté de la montagne ; si possible, faire des prisonniers, des otages utiles à des négociations éventuelles.
Ainsi, l’avancée commença, avec un grand succès. Évitant de réveiller le village endormi, les affranchis s’emparèrent sans mal de la porte secondaire des mines Nyala, la bouclant avec des pavois et quelques guerriers avant de poursuivre leur avancée. La garde, prise au dépourvu, était maîtrisée sans opposer de résistance majeure. Les reptiliens et félidés de la troupe, infiltrateurs par excellence, se faufilaient derrière eux sans bruit et sans être vus, et les neutralisaient avec facilité. A mesure de l’avancée rapide, Lamnard s’inquiéta du fait que tous les gardes soient des Terranides. Avaient-ils poussé le vice jusqu’à inciter des esclaves à réprimer leurs semblables ? Ça semblait si incroyable, et pourtant le capitaine imagina tout de suite les moyens de provoquer une telle situation. C’était possible. Il serra les dents, réaffirma son ordre de ne pas blesser la garde si possible, et garda la tête des troupes pour veiller à identifier et interroger les prisonniers.
Avec les informations tirées des otages et l’exécution fluide du plan par les affranchis, la traversée de la montagne fut aisée et prompte. Les premières lueurs annonçant l’aube apparaissaient à l’est quand les affranchis atteignirent les parties les plus anciennes de la mine, qui annonçaient, elles, leur arrivée aux abords du siège des mines Nyala. Lamnard fit forcer le pas, voulant boucler les lieux avant que la relève de jour ne se lève et ne s’équipe, elle qui pourrait opposer une résistance sanglante. Dans ses appartements, O'kaya Nyala n'avait encore reçu aucune nouvelle de l'intrusion de la nuit.