Age of the dragon [Pv Lamento]

Etait-ce Shad qui se montrait plus cruelle que lui, ou le bâtard faisait-il preuve de relâchement sous la bonne humeur engendrée par la bonne compagnie de la louve et la perspective du voyage vers Yun Zi Yi ? Toujours est-il que la terranide proposa de se débarasser des esclavagistes par l'étouffement, ce qui ferait plus passer la chose pour un meurtre rituel qu'un suicide collectif. L'étranglement était une mort bien vile... Mais ces hommes la méritaient probablement au vu de leurs odieux faits d'armes. Combien de frères et soeurs de Shad s'étaient-ils retrouvés les fers aux poignets alors qu'ils avaient passé une nuit dans cette auberge, des heures sur les routes qui en allaient et venaient ?
Lamento se contenta finalement d'acquièser à la proposition de Shad, jouant toujours sur les cordes de son instrument pour ne pas rompre le charme.

Le bâtard déposa son regard sur la fellation qui s'amorçait et constata le terrible pouvoir de sa musique enchantée sur les esprits les plus faibles. L'homme de tête du groupe s'était mis à sucer son camarade comme si sa vie en avait dépendu, répondant seulement à l'ordre du musicien. Un spectacle qui n'excita guère ce dernier, malgré la présence toujours un peu dénudée de Shad à ses côtés.

- Va pour le meurtre de masse, répondit Lamento à l'okami avant de s'adresser au groupe. Vous allez vous mettre tous à genoux dans la chambre et attendre. L'embrasseur, quand tu auras soulagé ton compagnon, tu l'étrangleras avec tous les autres et tu te pendras à une poutre.

Le groupe se dirigea vers la chambre la plus proche pour obéïr à Lamento, se mettant tous en cercle tandis que l'homme contre le mur se vidait dans la gorge de l'autre dont le visage affichait une étrange expression coincée entre la satisfaction et le dégoût le plus absolu. Il ne s'essuya même pas la bouche avant se se relever pour aller rejoindre les autres pour entamer sa triste besogne, toujours sous les notes chantantes du shamisen.

- Je doute qu'il existe beaucoup d'hommes sur les routes capables de te forcer à quoi que ce soit, Shad. As tu toi-même été esclave, dans le passé ?

La question s'accompagnait des râles d'agonie des hommes de la pièce d'à côté. On pouvait entendre les corps tomber mollement sur le sol et les gorges râler à la recherche d'air avant que la mort ne vienne se saisir des brigands un à un, avec une régularité effrayante. Le Suceur mettait du coeur à l'ouvrage, là aussi.

- Nous ne serons plus dérangés ce soir, dit simplement le musicien. Achève de te reposer, je prendrais le relais dans une petite heure.

Quelques minutes plus tard, on entendit le bruit d'une chaise tomber sèchement sur le sol ainsi que les gargouillis funestes de Suceur, qui se débattait au bout de sa corde attachée à la poutre. Ces esclavagistes là ne seraient plus jamais un danger pour personne. Lamento achevait doucement sa mélodie avant de reposer précautionneusement le shamisen contre sa chaise.
Il était temps pour les vagabonds de se reposer pour de bon.

* * *

Ils se levèrent tôt, habitués à vivre avec le soleil même en intérieur. Se vêtissant rapidement, les membres du duo furent vite prêts à quitter l'auberge au petit jour, en armes et armures. Lamento sortit le premier, allant jeter un oeil dans la chambrée connexe à celle qu'il partageait avec Shad. Il ne fit que fermer la porte après s'être assuré de la mort effective de la belle équipe dont les membres étaient bien raides morts depuis des heures maintenant.

- Allons y. Même si ils ne manqueront à personne, on risquera de vite nous imputer ce "suicide".

Le bâtard fit signe à Shad de suivre et le couple quitta l'auberge sans se retourner, Lamento empruntant bien vite la route qui devait les amener, plus tard, à la foire du village à la périphérie de Nexus. Le voyage ne faisait que commencer, après tout !

L’idée du meurtre de masse pouvait être horrible en soit mais d’un autre côté…Ce n’était pas comme si ces hommes allaient manquer à beaucoup de monde. En tout cas chez les « races inférieures » leur perte ne sera guère pleurer. Par ailleurs, les esclavagistes, ce n’était pas ce qui manquait ! Alors un de plus ou de moins…Sans un mot, la Louve regarda le groupe qui se dirigeait vers la chambre où leur exécution serait orchestrée. Une mort jouée sous les notes envoûtante du Shamisen qui démontrait la redoutable efficacité de son contrôle de l’esprit. Le « couple » fini par terminer leur affaire et rejoindre le reste de leur compagnon où déjà des râles d’agonies étouffés pouvaient se faire entendre. La présence de la mélodie remplissant l’air donnait presque un ton ironique à cette macabre entreprise.


« Détrompes toi… »

La Louve ne rajouta pas un mot de plus, semblant subitement se murer dans une sorte de silence protecteur. L’esclavagisme, elle l’avait connu. Et même connu un nouvel épisode fort douloureux il y’a cela que peu de temps, une expérience qu’elle ne serait pas prête d’oublier. Etait-ce là aussi la raison pour laquelle provoquer la mort de ces hommes ne semblaient guère la perturber ? Sa queue battant dans son dos dans un rythme lent, elle s’arrêta subitement  tandis que les bruits d’étouffements venaient de se stopper. Le Suceur avait fini sa sale besogne et était sans doute en train de préparer la corde pour son dernier saut. Tant mieux.  Acquiesçant les paroles de Lamento, la Louve retourna dans la chambre, avisant  le lit avant de s’y coucher tout simplement, terminant sa nuit sous les dernières notes de la mélodie de Brise de Printemps.

Une heure plus tard, la Louve se réveilla et pris le relais pour le tour de garde. Les heures passèrent sans encombres et le matin à l’aube, équipés et parés, le duo était déjà prêt pour reprendre leur expédition.  Une dernière petite vérification dans la chambre annexe où gisait à présent plusieurs cadavres et un pendu et les deux compagnons reprirent leurs routes, quittant rapidement l’auberge avant que le suicide ne leur retombe sur le dos. Afin d’éviter de mauvaises rencontres, le duo pris la décision de se déplacer un peu à l’écart de la route. Le soleil frappait de ses rayons ardents la région et une petite bise permettait de supporter la chaleur accablante.

Par chance, la foire n’était qu’à quelques petites heures de marches.  En gardant ce rythme,  elle serait en vue vers la fin de la matinée. Ayant prévu le coup, la Louve avait également pris quelques provisions, notamment de l’eau fraîche pour se réhydrater sous ce soleil accablant. Levant un instant le regard vers le ciel azuré, elle sembla perdue dans ses pensées avant de s’adresser à l’elfe :

« Ta démonstration avec Brise de Printemps était…impressionnante hier soir. Je n’ose imaginer ce que tu pourras faire une fois que tu auras acquis un tout autre niveau. Quand tu pourras hypnotiser sans le moindre problème… »

Et au vue de ce qui s’était passé la nuit précédente, nulle doute que cette capacité risquait de devenir avec le temps fort redoutable !  Rien qu’à penser à toutes les possibilités qui pourraient s’offrir à Lamento en usant de cette technique …Et encore une fois la confiance des deux vagabonds étaient marqués par le fait que la Terranide savait que l’elfe n’allait pas tenter de la contrôler contre son grès. Attrapant la gourde où était contenue l’eau fraîche, elle la tendue vers Lamento :

« Tiens bois un petit coup, mieux vaut  être prudent….Penses-tu que nous sommes encore loin de la foire ? Cela doit bien faire deux bonnes heures que nous marchons. »

Et pour faire passer le temps plus vite, le duo s’était mis depuis le départ à discuter de tout et de rien, rendant le périple un peu moins ennuyeux et plus intéressant.

(Hrp : Après débat avec moi-même, je considère ce rp se situe après celui intitulé : « Orgueil et Préjugé » vu qu’il est encore en cours, les réponses le concernant risquent d’être très évasives : 3, voilà voilà ! Hrp]

Le massacre (car ç'en était bien un, finalement) de la nuit était déjà loin de l'esprit de Lamento. Il ne fallait pas s'attarder sur ce genre de choses et, comme bien des gens en Terra, le bâtard avait déjà été contraint de tuer pour sa vie. Le petit groupe d'esclavagistes de province méritait sûrement ce que le musicien lui avait infligé grâce à la complicité de Shad et la mort de ces gens n'allait pas alourdir l'esprit du musicien outre mesure. Il y avait des meurtres qu'il regrettait un peu plus... C'était bien suffisant comme cela.
Il avait dormi tranquillement, une fois que ce fut à son tour d'occuper le lit. La louve veillait sur son sommeil comme lui avait prit soin du sien et l'elfe savait qu'il n'y avait rien à craindre de la part de la terranide, qui le lui prouva en étant là au réveil. Le duo quitta l'auberge tôt, s'élançant sur la route qui fut rapidement baignée de soleil. Au moins, la marche se ferait sous un ciel des plus cléments !

- Ta démonstration avec Brise de Printemps était…impressionnante hier soir. Je n’ose imaginer ce que tu pourras faire une fois que tu auras acquis un tout autre niveau. Quand tu pourras hypnotiser sans le moindre problème…
- A vrai dire, ce n'est pas près d'arriver. Pas avec un instrument ordinaire, ce qu'est Brise-de-Printemps. Je l'ai fait enchanter pour éviter la casse et la détérioration ainsi que le vol, mais ça reste un simple shamisen. D'après ce que je sais, il existe des instruments magiques capables d'arriver eux-même à une hypnose parfaite... Mais ils sont introuvables. Enfin, ce n'est pas très grave ! Me concentrer sur les partitions que je connais et mes modestes dons me permet de m'entraîner assidument.

Il attrapa la gourde, en avala une longue gorgée en adressant à Shad un regard reconnaissant, puis lui rendit l'eau. D'un mouvement de main, l'elfe défit les attaches de sa vieille cape de voyage et la jetta sur son épaule avant de s'essuyer le front d'un revers de main.

- Une heure environ, on a un bon rythme.

La discussion entre eux battit bon train tandis que leurs pas enchainaient les kilomètres. Le duo croisa quelques paysans au travail dans les champs, dépassa quelques charettes d'agriculteurs qui amenaient le fruit de leur labeur à la foire pour en tirer quelques pièces. Alors qu'ils évoluaient et se rapprochaient du petit village où se tenait le grand marché, Shad et Lamento virent de plus en plus de monde évoluer avec eux. Quelques aventuriers venus là pour trouver une pièce d'équipement à bas prix, quelques gardes nexusiens en probable permission, d'autres en armes pour surveiller la foule qui grossissait à mesure que se dessinaient les stands colorés dont les emplacements espacés marquaient des allées déjà encombrées de passants et badauds et animées par quelques troubadours et autres amuseurs publics.

Très vite, on apostropha les deux voyageurs joyeusement. Ici pour proposer des boucliers, là pour faire des offres "ex-tra-or-di-nai-reuh" sur des bottes de carottes. Dans un coin, un apothicaire proposa à Lamento une potion de virilité, tandis qu'à côté une ensorceleuse tentait de vendre à Shad une potion "Pousse Mamelles", destinée à la doter temporairement de seins affreusement volumineux. Quelques musiciens saluèrent le bâtard, d'autres sifflèrent la terranide. L'ambiance, en vérité, était aussi joyeuse qu'agréable.
Il ne restait plus qu'à trouver le vaporéen du coin -qui fut facilement repérable puisqu'il était venu dans une sorte de petit ballon dirigeable, qui surplombait le marché.

Lamento le désigna à Shad lorsque son nom fut hurlé gaiement par un petit vieux qui clopina vivement vers le couple pour saluer le bâtard d'une vive poignée de main avant de faire de même avec la louve. Le musicien se chargea de faire les présentations.

- Shad, je te présente Tython. Tython, voici ma compagne de route, Shad.
- Une jolie poupée, pour sûr ! Salut, ma belle. Si les petits jeunes te lassent, je me ferai un plaisir de te combler !
- Il est lourd, mais pas méchant, soupira Lamento. D'ailleurs, c'est lui en partie qui m'a raconté le conte des Ames-Dragon. Discute avec lui si tu veux, pendant que je vais arranger notre vol avec le vaporéen ?

Tython sembla emballé par l'idée et Lamento adressa un sourire mi-désolé mi-amusé. Quel sale coup de laisser la pauvre Shad avec ce vieux pervers ! Mais Tython connaissait bel et bien l'histoire. Si la louve voulait en apprendre davantage avant d'arriver à Zun Zi-Yy, c'était une bonne chose que de faire l'effort de supporter le vieillard.
 
Le musicien adressa à Shad un salut de tête après lui avoir donné rendez-vous au ballon de l'Empire d'ici une petite demie-heure environ, abandonnant la terranide aux bons soins de Tython, qui lorgnait le derrière de quelques fermières qui passaient par là.

La foire avait cet étrange aspect bon enfant et convivial qui faisait presque oublier les soucis de chacun. La garde présente, patrouillant dans les rues assuraient à tous et toutes une sécurité relative. Cette fois, pas de ventes d’esclaves et tous pouvaient se promenaient librement. Des risques étaient bien sûr possible, nul n’était à l’abri sur Terra de toute manière mais les soldats semblaient faire parfaitement leurs offices. Le duo déambulait donc à travers les différents stands, refusant maintes fois plusieurs offres de toute variété avant que leur objectif ne soit en vue et …qu’un vieillard ne vienne les rejoindre en toute hâte. Par réflexe la Terranide eu un mouvement de recul mais le stoppa bien vite lorsqu’elle nota la complicité entre les deux hommes. Il n’y avait donc aucun risque à avoir. Rendant sa poignée de main à l’humain, elle lui répondit spontanément :

« Une offre fort charitable…J’y songerais à l’occasion. »

Une protestation lui échappa lorsque Lamento proposa qu’ils se séparent et qu’elle reste quelque temps avec Typhon. Certes, il avait des informations sur les âmes dragons et sur la contrée lointaine de Zun-Zi-Yi mais ce n’était pas une raison ! Elle observa donc l’elfe s’écarter en direction du ballon dirigeable où se trouvait le vaporéen tout en grommelant. Rester avec un vieux pervers…Voilà un fait qui ne l’enchantait guère pourtant elle pouvait bien lui accorder une chose : Il n’était pas désobligeant. Il avait beau lui avoir adressé la parole avec un sous-entendu des plus salaces, il ne l’avait pas rabaissé et traiter comme une moins que rien au vue de sa race.

« Hm….Lamento m’a dit que vous pourriez me compter l’histoire des âmes dragons et de Zun-Zi-Yi disons que …nous nous rendons vers ces contrées….Que diriez-vous de discuter et de marcher en même temps ? J’ai de toute façon quelques emplettes à faire, cela fera une pierre deux coups. »

En effet, la Lycane  n’avait pas oublié sa part du marché. Le temps que Lamento partait discuter avec le marchant de l’Empire de Vapeur elle devait s’assurer de leur provision et autres utilités pour leur voyage. C’est donc aux côtés de Typhon qu’elle se mit à reprendre sa marche,  écoutant son récit et s’arrêtant de temps à autre devant un stand pour acheter ce qui était proposé. Des murmures se firent entendre à la vue du «  couple », beaucoup pensant à un vieux riche qui se promenait avec sa jeune esclave. Bien que tous fussent libres au sein de la Foire, on ne pouvait pas empêcher certain serpent de mer de se répandre.

La plupart du temps, l’Okami se taisait, écoutant le conte qu’énonçait Typhon, l’interrompant soit pour poser une question et approfondir un point, soit pour s’arrêter à un stand et faire quelques achats utiles. L’ambiance allait bon train ainsi que les minutes et la demi-heure passa relativement rapidement. Comme convenue la Louve était au point de rendez-vous et elle ne put retenir un sifflement admiratif devant le ballon dirigeable qui était vue de près bien impressionnant. Notant que l’elfe était toujours en discussion, elle pris la liberté de ne pas l’interrompre, attendant patiemment en s’adressant à Typhon :

« Merci pour ces informations…Ce fut vraiment…. Enrichissant. »

Et avec ça elle avait appris une chose. Leur voyage n’allait pas être de tout repos !

- Ohooooo ! Tu es intéressée par les vieilles légendes, perdues au fond des âges ? Le petit vieux considéra Shad avec un intérêt nouveau, se mettant à tourner autour de la louve en la détaillant avant de rire. Normalement, aux filles, je fais payer mes histoires ! Une petite palpation de nichon ou de fesse, rien de bien cher ! Mais puisque c'est Lamento qui t'amène... Bah ! Je ferai un crédit pour cette fois !

Tython mit les mains au niveau de la poitrine de l'okami sans la lui toucher, se contentant d'agiter les doigts dans l'air pour mimer une prise en poigne des orbes de chair mais n'alla pas plus loin. Triste, le vieux se contenta de soupirer et de croiser les bras dans le dos tandis qu'il emboîtait le pas de la vagabonde qui évoluait entre les travées et les étals lourdements chargés. Ici des fruits et des légumes, ici de la viande, ici de l'équipement de cuir. Plus loin, quelques potions de soin et autres anti-venins indispensables à tout bon voyageurs.
Pour commencer son récit, le vieillard colla sous le nez de Shad sa main ouverte, lui désignant ainsi ses cinq doigts.

- D'après les légendes de Zun Zi-Yi, le ciel et la terre sont séparés par cinq piliers titanesques à l'origine dressés pour séparer les Neufs Palais Célestes où demeurent les dieux de la croûte terrestre sous laquelle repose Tien-Tao, le Grand Phénix aux serres si brûlantes qu'elles transforment instantanément la terre en magma bouillonnant. Entre le ciel et la terre se dresse l'humanité, née de ce statu-quo entre les divinités solaires et lunaires qui président au panthéon de Zun Zi-Yi et Tien-Tao, qui lorsqu'il sera libéré embrasera toute la création pour la faire renaître de ses cendres.

D'un revers de main, Tython attrapa une pomme sur un étal et croqua dessus à pleines dents. Lorsque la marchande l'invectiva pour son vol, le vieux se contenta de dire que Shad paierait la facture. La maraîchère gronda donc l'okami pour le comportement de son compagnon, lui faisait payer le fruit au prix fort. Et avant que la louve ne tente de faire la remarque à Tython, ce dernier continua son récit en prenant le pas sur ses mots dans un sourire amusé.

- Tien-Tao, par le feu, parvint à faire naître des couvées de phénix plus petits que lui, qui attaquèrent les hommes et cherchèrent à s'élever au-delà des Cinq Piliers pour s'en prendre aux Neufs Palais. Lune et Soleil fut alors contraint de répondre à la menace et usèrent de leurs propres pouvoirs sur quelques fidèles pour les investir d'incroyables pouvoirs. Ainsi naquirent les Ames-Dragons, des élus capables de se transformer en ces bêtes mythiques. Il croqua un nouveau morceau. Les plus puissants pouvaient même contrôler le climat ! Les Ames-Dragons devinrent donc les gardiens des piliers et de l'humanité, repoussant vaillamment les troupes enflammées de Tien-Tao durant des millénaires.

L'homme âgé entraina Shad vers un stand un peu reculé, où elle put trouver quelques éléments utiles à son aventure à bas prix. Un petit cadeau du vieillard, qui connaissait bien les étalages des marchands à force de sillonner ces foires pour trouver des jeunes filles et de quoi manger. Il abandonna son récit pour aider Shad à négocier, et fit l'effort de lui porter quelques affaires lorsque la louve estima que l'heure était venue de rejoindre Lamento. Tython ouvrit donc la marche, l'amenant tranquillement vers le dirigeable des vaporéens.

- Mais les Âmes-Dragons furent un jour trahies par l'un des leurs, que Tien-Tao avait séduit par de belles promesses de puissance. Leurs rangs furent décimés de l'intérieur par le plus puissant d'entre eux, le félon Shen Long. Ce chien créa une scission entre les Ames-Dragons, qui s'affrontèrent entre elles jusqu'à ce que finalement leur combat n'entraîne un malheur : l'un des piliers fut détruit et son effondrement entraîna un raz-de-marée qui noya Zun Zi-Yi. Les dieux perdirent ainsi une partie de leur pouvoirs, sapant ceux des Âmes-dragons. Mais l'eau atteignit jusqu'au phénix enfermé, qui perdit le contrôle sur ses enfants. Tout s'arrêta donc dans un déferlement aux allures de fin du monde... Enfin, normalement. On raconte que Shen Long a survécu et qu'il attend son heure quelque part sur Terra. Quand il aura retrouvé assez de forces pour détruire les piliers restants pour ravager le monde et libérer son maître Tien-Tao.

Le duo se retrouva à quelques mètres de Lamento après avoir traversé toute la foire, découvrant ainsi de plus près l'impressionnante machine de l'Empire de Vapeur. Le musicien semblait en grande discussion avec celui qui semblait être le capitaine et il semblait inutile de le déranger pour le moment. Ce fut idéal pour Tython, qui put achever son récit en même temps que sa pomme.

- Mais la légende ne s'arrête pas tout à fait là. Il est dit qu'un dragon -celui qui a blessé Shen Long et fut son plus redoutable adversaire lors de sa rébellion- est parvenu à laisser vagabonder son âme pour trouver un réceptacle digne de reprendre sa lutte et d'abattre le félon. Tython se mit à rire. Si cette partie de l'histoire est vraie, je n'aimerai pas être cet "élu" ! Tu imagines, poulette ? Traînée dans une guerre à laquelle tu n'as aucune raison de prendre part, pour affronter un type surpuissant qui fait croître sa rage depuis des millénaires ?

Tython, comme sous l'effet d'une bonne blague, se tapa la cuisse de bon coeur en riant. Puis il se calma, tandis que Lamento revenait vers eux deux après avoir quitté le capitaine qui donnait quelques ordres. Le barde adressa un sourire amical à Shad.

- Ils décollent d'ici deux heures et nous déposerons au plus près des frontières de ce qui est sensé être Zun Zi-Yi. De là, il faudra trouver un guide ou une carte pour continuer à avancer. Enfin, ça fait partie du jeu. Il y en a pour deux jours de voyage par la voie des airs, alors qu'on en aurait eu pour deux semaines à pieds. On est gagnants... J'ai payé avec ton argent et la promesse d'un peu de musique. Quant à toi, tu ne seras pas inquiété. Les vaporéens ne donnent pas d'importance à l'esclavage, plutôt au travail. On pourrait même gagner quelques pièces si on rend service une fois à bord.
- Vous allez à Zun Zi-Yi ?
- On veut voir du pays, par curiosité. Tu as raconté le conte à Shad ?

Le vieux répondit par l'affirmative, expliquant au barde quel compagnon il avait été pour la belle Shad, qui avait bien sûr cédé à son charme incroyable, lui demandant des faveurs coquines derrière les tentes. Tython sembla grandement s'amuser tandis qu'il expliquait comment il avait repoussé Shad et ses envies, avant de finir par rire tandis que Lamento entrait dans le jeu en taquinant l'okami. Finalement, les deux heures d'attente passèrent bien vite et les deux amis purent embarquer à bord du zeppelin sans voir le temps passer, saluant Tython tandis que l'appareil prenait lentement de la hauteur.
Penchés au-dessus du rebord du pont, Lamento et la louve pouvaient admirer le paysage qui diminuait lentement sous eux, alors que les badauds regardaient avec émerveillement l'engin monter vers les nuages.

- Alors, le conte t'a t'il plu ?

« Ce fut intéressant….Et quelque peu effrayant. SI on prend en compte que les légendes peuvent avoir des origines réelles…Après tous les Dieux foulent bien la terre de cette planète ….Par contre… »

Elle laissa sa phrase en suspens, observant le paysage qui devenait de plus en plus petit tandis que l’imposant ballon de vapeur prenait de la hauteur. Elle avait déjà côtoyé  les cieux mais jamais d’une telle manière et l’expérience était des plus…intéressante. Cependant, elle se retourna vers Lamento et termina sa phrase :

« Si Typhon n’aurait pas été ton ami, je l’aurais bien étripé sur place. Je peux supporter une blague salace mais  pendant deux heures…ce fut long à endurer. TU n’as aucune idée de ce que ça fait d’être traînée nue et tenue en laisse. Et …j’espère que tu ne connaîtras jamais pareille humiliation – elle se tut et lui sourit – mais je suis heureuse de tenter cette aventure loufoque avec toi. »

Et l’Okami était des plus sincères en disant ces paroles, elle appréciait vraiment la compagnie de l’elfe et était plus qu’enjouée de partir à la découverte de cette ancienne contrée où était naquit une telle légende.  Baissant ses oreilles, elle se gratta un instant la joue de l’index le regard fuyant :

« Hm, je n’aurais pas dû être aussi froide avant avec mes paroles, désolé. Enfin ! Tu as bien dis qu’ils auront besoin de main d’œuvre ici ? Je pense me proposer en  cuisine, avec mon odorat, les plats risquent d’avoir une toute autre saveur !  Nous avons chacun un passe pour la chambre, donc je pense qu’on ne sera  pas obligée d’attendre l’un sur l’autre. Impressionnes les avec Brise de Printemps !  On se retrouve plus tard ! »

Faisant glisser la petite clée entre ses doigts, la Louve la rangea par la suite dans l’une de ses poches avant de demander son chemin à l’un des Vaporéen et de se diriger par la suite vers les cuisine. Une fois sur place, elle mit son odorat à l’épreuve, aidant ainsi à la préparation de mets où les saveurs se marièrent parfaitement l’une avec l’autre. Mais son aide ne s’arrêta pas là et ce fut légumes, viandes et poissons qui passèrent sous son couteau afin d’être soigneusement découpés de diverses manières avant d’être jetés au feu. Petit à petit les repas commençaient à prendre formes et sortaient pour les premières tables. Le service dura bien plusieurs heures.  Tout ce que la Louve espérait c’était que les plats satisfassent le palais des convives et que Lamento trouve un public pour sa musique.

Le service terminé ce fut le temps de la plonge et puis enfin..la délivrance. Travailler dans une cuisine était plus éreintant qui ne le semblait en première apparence. Finalement, la Louve marcha dans les couloirs du ballon aérien, s’arrêtant pour écouter un morceau joué par l’elfe tout en observant le ciel au travers d’une sorte de hublot les mains jointes derrières son dos. Fermant les yeux, elle profita du morceau joué, savourant ses notes comme s’il s’agissait d’un repas, se laissant porter par la musique et oubliant  un instant tout ce qui l’entourait. Finalement la musique pris fin et la Lycane rouvrit les yeux, reportant son regard sur l’extérieur avant de soupirer un bon coup et de se diriger vers leur chambre commune, y rentrant une fois la  porte déverrouillée puis refermée derrière elle.

« Oh god…c’est grand. »

Et c’était peu dire !  Outre le lit posé au milieu de la pièce, il y’avait un bureau dans un coin, une étagère posée contre un mur avec quelques livres, un fauteuil située non loin du hublot et également une salle d’eau toute équipée. Autant dire que niveau confort, cette pièce dépassait de loin la chambre miteuse de la taverne.  Et il serait idiot de ne pas en profiter. N’ayant plus rien à faire en extérieur jusqu’au lendemain, la Louve se permis donc de se mettre plus à l aise retirant un peu de son armuire de cuir avant d'atteaper l'un des livres présents sur l'étagère "L'histoire de la Vapeur* et de s'installer confortablement sur le lit pour commencer sa lecture. Elle l'arrêtait de temps en temps pour observer le ciel étoilé avant de replinger dans son récit.

- Tu es dans l'erreur. Je suis un bâtard, Shad. Drow et elfe sylvestre. Pour les deux races, je suis un paria, une sorte d'erreur de la nature. J'ai été fouetté, torturé et il s'est avéré que les chiens étaient mieux considérés que moi. L'humiliation, je connais tout aussi bien que toi. J'ai simplement échappé à l'esclavage... De peu.

L'ambiance s'était rafraîchie légèrement entre les deux, mais il fallait bien en passer par là. Après tout, les aventuriers ne savaient rien l'un de l'autre et ce genre de situation un peu gênante devait bien se produire. Mieux valait d'ailleurs que la discussion aie lieu aussi tôt ; plus tard, selon les circonstances, cela aurait pu être sérieusement dommageable à leur relation. Shad et Lamento se rendaient dans une contrée perdue et dangereuse, où leurs liens seraient forcément mis à l'épreuve. Autant ne pas se rajouter de poids inutile, n'est-ce pas ?
Gênée, l'okami finit par s'excuser et passer à autre chose, évoquant les tâches qu'ils pourraient effectuer pour les vaporéens qui leur assuraient le voyage. Le sujet était clos et Lamento n'y revint pas, préférant lui aussi se concentrer sur autre chose.

- La musique, ce sera pour les repas ! Je vais aller aider en machinerie, je pense. Enfin, je vais voir ce que l'on me propose. A plus tard.

Saluant sa comparse d'un mouvement de main, le bâtard se sépara d'elle et fila dans les travées du dirigeable qu'il connaissait un peu. Ce n'était pas la première fois qu'il voyageait à bord d'un engin semblable et à force, le musicien en connaissait les entrailles. L'elfe n'eut aucun mal à rejoindre la section des machineries qui géraient la propulsion du ballon après avoir déposé l'essentiel de ses affaires dans une cabine. Torse nu, Lamento se retrouva à aider les ouvriers à faire tourner les machineries, échangeant avec les hommes présents les dernières histoires politiques qui secouaient les royaumes de Terra. Potins et indignations, racontards et évocations d’événements, le tout sur le fond de graissage d'immenses engrenages qui faisaient vivre la bête de bois et d'acier dans laquelle Shad et Lamento s'étaient embarqués.

Ils mangèrent avec le reste de l'équipage quelques heures plus tard dans le réfectoire du ballon, et Lamento en profita pour régaler l'assistance de quelques morceaux -des créations originales comme d'autres airs plus connus, qui trouvaient une nouvelle jeunesse sur les cordes de Brise-de-Printemps. Avec la présence de Shad qui ravigotait les matelots des airs par sa présence (les femmes travaillaient peu sur le ballon où se trouvaient les aventuriers, et une nouvelle tête féminine était toujours la bienvenue), l'ambiance fut vite très bon enfant. La louve serveuse fut souvent flattée, régulièrement draguée, mais le tout fut très acceptable. Des hommes restaient des hommes ! Au moins ceux-là, bien que rudes, savaient un minimum se tenir.
Lorsque le service fut achevé et que Shad se retrouva à la plonge, Lamento lui se retrouva à prolonger son concert durant une nouvelle poignée d'heures. Fatiguant aussi... Mais au moins, le capitaine était satisfait et le voyage payé.

La nuit était tombée depuis un moment quand le bâtard cessa enfin de jouer, bien qu'il dut pour cela refuser les dernières demandes de marins aériens un peu saoul. Cela se passa néanmoins sans mal malgré quelques protestations, et l'elfe eut enfin le loisir de prendre du temps pour lui. Il se rendit sur le pont pour profiter de l'air de la nuit et de la voûte céleste éclairée de belles étoiles. Au loin, en se penchant au-dessus du garde-fou qui ceignait le bastingage, on pouvait admirer les contours de Nexus. Déjà, ils s'éloignaient des terres gouvernées par les Ivory. D'ici quelques temps, Shad et lui arriveraient aux premières frontières de Zun Zi-Yi. Pour y trouver quoi ? Des ruines en grande partie immergées, racontait-on. Rechercher des éléments sur les Âmes-Dragon serait encore compliqué.
Ce fut en se demandant comment ils feraient que Lamento s'endormit sur le pont, dans un coin tranquille entre deux tonneaux.

* * *

Ce fut le contact du métal contre son menton qui le fit se réveiller, pour se découvrir maintenu en respect par une épée au bout de laquelle se trouvait un homme à l'aspect peu engageant qui le fixait de son seul oeil valide, lui adressant un sourire vicieux et édenté. Lamento chercha bien à essayer de se dégager, mais le pirate lui entama le menton d'un coup de poignet et dissuada ainsi l'elfe de bouger davantage. D'un coup d’œil circulaire, Lamento aperçu d'autres pirates qui évoluaient sur le pont et commençaient à pénétrer furtivement dans les travées du ballon.

- Sage, fils, sage... On vient juste récupérer une embarcation. Ne bouge pas, j'veux pas t'esquinter. Un p'tit hybride comme toi, ça fera un lot sympa sur le marché aux esclaves d'Ashnard. Y'a même peut-être un ou deux d'mes gars qui te feront le fion pour fêter ta prise, p'tit veinard !

Il partit d'un rire gras mais Lamento n'y prêta pas attention, préférant scruter les hommes qu'il voyait évoluer derrière l'homme à l'épée. Des clandestins. D'anciens vaporéens qui s'étaient faufilés dans le dirigeable pendant la foire et qui s'étaient dissimulés afin de sortir à la faveur de la nuit. La meilleure façon de détourner un des vaisseaux volants de l'Empire de Vapeur. Et évidemment, cela se passait au moment où Shad et lui embarquaient ! Serrant les dents, il senti le sang chaud couler de sa plaie au menton, rappel vif de la menace qui planait sur le dirigeable.

Forcé de se relever, Lamento ne put qu'espérer que Shad fut sur ses gardes malgré tout. La menace qui planait, cette fois, n'avait rien à voir avec une troupe de chasseurs d'esclaves de province, faibles et prévisibles... Il s'agissait maintenant d'hommes mieux organisés et plus déterminés, disposés à tuer quiconque se dresserait sur leur chemin. Pour les pirates de l'air, les esclaves n'étaient jamais plus qu'un bonus. Leur seul intérêt résidait dans le bâtiment volant et ils étaient prêts à tout pour s'en emparer.

Plongée dans sa lecture, la Louve n’avait pas réellement vu le temps passer. Elle était littéralement en train de dévorer le livre, apprenant par son biais quelques histoires sur l’Empire de Vapeur. Que Lamento l’ait déjà rejoint ou non ne la tracassait pas plus que cela. Après tout, il avait été fortement demandé et rien n’empêchait à ce qu’il trouve un autre endroit pour dormir ou qu’il ne vienne que plus tard la nuit. La Louve n’allait pas surveiller ses faits et gestes. Elle lui faisait simplement confiance pour savoir qu’ils se retrouveraient à temps pour débarquer au frontière de Zun-Zi-Yi. Pourtant, à l’instant où l’Okami allait tourner une énième page, elle se figea dans son geste. Quelque chose clochait, une odeur âcre lui parvint et le son de pas feutré ne manquant pas de la mettre sur ses gardes. Lâchant sa lecture, elle retira simplement ses affaires  et se coucha sur le lit dans une posture oisive et suggestive. Des hommes restaient des hommes après tout. Mimant un sommeil de plomb, elle attendit.

Comme présumé, la porte ne tarda pas à s’ouvrir sur deux passagers clandestins. Un rire gras et remplit de sous entendu se fit entendre suivit d’une petite querelle entre les deux protagonistes. La Lycane semblait sans défense et violer une Terranide avant de la vendre au marché au esclave serait toujours un petit plus. D’une oreille discrète, la concernée écouta leur conversation, entendant dans un premier temps qu’il n’arriverait pas à choisir qui aurait « l’honneur » de rester. Finalement, les deux hommes eurent un commun accord. Refermant la porte de la cabine derrière eux, ils s’approchèrent du lit, l’un grimpant dessus pour se mettre en califourchon au-dessus de la Lycane tandis que l’autre vint saisir son visage entre ses mains rugueuses. Ne pas réagir, ne pas encore réagir, faire semblant de dormir. Une claque  la força à ouvrir ses yeux.

« Tutututut Pas un bruit. On va bien s’occuper de toi tu verras. »

L’homme au-dessus se pencha plus en avant, posant ses mains contre les bras de la Lycane afin de l’immobiliser pendant qu’elle se débattait tentant d’échapper à son emprise.

« Là là, laisses toi faire, laisses toi faire ! »

Passant les bras de la Terranide au-dessus de sa tête, il la relâcha d’une main, faisant glisser celle qui était à présent libre le long de son corps, effleurant sa poitrine, la massant quelques instants avec dureté avant de filer vers son entrejambe qui se mis à frotter du bout de ses dextres. Affichant un sourire mauvais et édenté, il se pencha par la suite vers la Lycane et l’embrassa. Il puait. C’était infect. La Louve avait l’impression qu’une décharge publique l’embrassait. Il fit glisser sa langue entre ses lèvres et ce fut à ce moment qu’elle décida de frapper, elle avait assez attendue. Refermant ses jambes autour de son bassin, elle le plaqua contre elle, arrachant un rire narquois de la part du second qui n’allait pas tarder à se transformer en sentiment d’horreur.  Créant une sphère enflammée au fond de sa gorge, la Terranide la fit rapidement glisser vers la bouche du pirate, dévalant la gorge, pour atterrir dans l’estomac, grandissant graduellement au fur et à mesure de sa progression. Arrivant à se libérer de son étreinte tandis qu’elle sentait cette dernière se faire moins forte, la Louve força le pirate à garder ses lèvres  plaquées contre les siennes, le brûlant de l’intérieur tandis que ses cris étaient étouffés. Un claquement de doigt et l’autre derrière elle fut tout simplement brûlé vif. Relâchant par la suite son étreinte, la Lycane toussa et  alla se rincer la bouche.

« Infecte… »

Remettant ses affaires, elle ouvrit par la suite le hublot de la chambre, brûla les corps jusqu’à les réduire en tas de cendre sans brûler le bois du dirigeable et laissa ensuite les restes des  pirates être emportés par le vent.  Ne sachant pas si Lamento avait été ou non capturé, la Terranide opta pour avancer progressivement au sein du bâtiment jusqu’à le trouver. Les gars qu’elle avait tué devaient être les moins intelligents du groupe mais elle se doutait qu’elle devrait faire preuve de vigilance. Et qu’elle devrait sans doute croiser le fer ou brûler encore deux trois opportuns. Sortant de la chambre, elle commença sa progression, restant sur ses gardes à chaque instant, attaquant si possible des pirates isolés afin de les faire passer de vie à trépas. Sa lame peu à peu prenait une couleur cramoisie. Progressivement, la Louve avançait mais commençait à craindre pour son ami. A aucun moment elle n’avait pu entendre les notes de sa musique et redoutait le fait qu’il se soit fait prendre. Au même instant la mort de plusieurs membres de leur équipage fit émule au sein des clandestins et ces derniers se mirent à chercher activement le ou les fautifs, allant prévenir leur chef de cet état de fait.

Sur le pont, les pirates avaient eu tôt fait de rassembler l'équipage du zeppelin au grand complet. Une fouille rapide des lieux, même des plus improbables cachettes possibles(rappelons que les bandits étaient d'anciens marins aériens qui connaissaient donc ces machines autant que ceux qui servaient encore dessus) et la rafle avait été vite menée à bien. Tous s'étaient retrouvés les mains liées dans le dos et agenouillés à côté de Lamento, qui avait eu le soulagement de ne pas voir Shad parmi les prisonniers. Il y avait toujours la possibilité qu'elle se soit faite attraper et remiser à part vu son sexe, mais le bâtard en doutait. Comme elle, l'okami vaudrait cher sur un marché aux esclaves. Une rentrée d'argent que les pirates ne pouvaient pas négliger. Quant à d'éventuels sévices sexuels, Lamento refusait d'y croire. Il était certain que Shad aurait vendu ses cuisses très cher et que ça aurait fait du dégât qu'on aurait rapidement rapporté au chef de la troupe. Ce n'était pas le cas. Le musicien avait été contraint de rester avec l'homme depuis qu'il l'avait réveillé et rien de tel n'avait été porté à sa connaissance.
Pour le moment au moins, on pouvait légitimement penser que la terranide était en vie et en pleine possession de ses moyens.

- Chef, chef ! On a des manquants !

Le borgne darda son oeil unique sur le type qui était venu le prévenir. Lamento tendit l'oreille, soudainement intéressé par la conversation. Si tout l'équipage était bel et bien avec lui sur le pont dans le froid de la nuit, les manquants étaient le fait de Shad.

- Un matelot qui joue les héros ?, questionna le chef.
- Nan, apparemment c'est une saloperie d'hybride. C'est c'qu'ils gueulaient dans les couloirs en tous cas. On va la coincer !
- Une bonne femme ? Har har har ! Chopez moi cette pute, garçons ! On se la baisera ici pour fêter la prise du vaisseau. La première éjac' au fond de sa chatte à celui qui m'la ramène sur l'pont !

L'annonce fit pousser un cri guerrier à la plupart des hommes présents, qui levèrent leurs sabres avant de s'engouffrer dans les portes qui menaient aux coursives intérieures du dirigeable. Bientôt, les étroits couloirs pulluleraient de pirates de l'air prêts à tout pour attraper la rebelle. Plus que la vengeance pour leurs camarades tombés, c'était l'attrait d'une femelle fraîche qui motivait les bandits. Rien d'étonnant, mais Lamento savait ce genre de motivation des plus stimulantes pour des hommes de ce genre. Même si Shad savait se débrouiller, elle aurait besoin d'un coup de main.
Mais comment l'aider ? Utiliser la magie ? C'était périlleux, avec les mains liées. Comme se battre. Il ne pouvait ni attaquer ni se défendre... Lamento grogna contre sa propre impuissance, avant qu'une idée ne lui vienne.

Dans un murmure discret, le bâtard elfique fit appel à une incantation qui fit naître une toute petite flamme dans la paume de l'une de ses mains. Juste de quoi faire brûler lentement la corde qui lui entravait les poignets avec assez de discrétion pour éviter de se faire remarquer.
Fixant le chef des pirates, il entama son travail pour se libérer, priant pour que Shad tienne jusqu'à ce qu'il puisse se défaire de ses liens et du borgne...

*
*         *

- Je l'ai vue, elle est là ! Ici, les gars ! A nous la bonne petite chatte à fourrer !

Du bout du couloir où se trouvait Shad, un pirate faisait signe à ses collègues le sabre à la main. Motivé par la promesse du capitaine, il fonça sans plus tarder vers sa cible pour tenter de lui donner un coup d'épée... Dont le tranchant de la lame, stupidement, se ficha dans le bois de l'un des montants de porte. Stoppé net, le pirate fut à la merci de Shad et de sa vengeance.
Mais vite, d'autres arrivèrent. Plus malin, ils avaient troqué leurs épées contre un coutelas plus adapté à une lutte dans des couloirs exigus et montraient une fois au contact une habileté héritée de leur longue expérience du combat.

Les trois premiers ne firent pas long feu toutefois face à l'adresse de la louve, qui put les battre sans réel problème. Mais le nombre croissant allait en devenir un, à n'en pas douter, car déjà un second groupe arrivait du bout opposé du couloir et chargeait pour la mettre au pas.

Comment l'okami allait-elle se tirer de ce mauvais pas ?

Troquant ses épées contre deux dagues en adamentium, la Lycane se défendait contre les pirates de l’air qui arrivaient dans le couloir. Ce dernier étroit, ne laissait peu de possibilité quant aux manœuvres de combat et obligeait chacun des adversaires à être plus vif et agile que l’autre. Jouissant tout comme les pirates d’une grande habilité au combat forgée au fil des escarmouches et de ses aventures, l’Okami ne donnait pas réellement de repos à ses opposants. S’ils pensaient se trouver face à une proie facile, ils se trompaient lourdement et plusieurs en firent les frais, la gorge tranchée, l’œil percé ou encore le cœur perforé. Trois tombèrent rapidement sous sa dextérité, mais d’autres prirent bien vite la place, venant toujours plus en nombre.  Les armes s’entrechoquèrent et bien vite, face au surnombre, la Lycane fut forcée de reculer…Jusqu’au deuxième groupe qui la prirent en tenaille.

« Bandes de lâches…. » souffla t’elle en adoptant une posture défensive et en observant chacun des deux groupes.

Il n’y avait qu’une solution. Les mains de la  Terranide s’ouvrirent et deux gerbes enflammées y firent leur apparition. Se penchant rapidement en avant, elle évita un coup de coutelas  et lança ses deux projectiles sur le premier homme de chacun des deux groupes. L’effet fut immédiat car les habits de ses derniers prirent feux les forçant à courir pour tenter d’éteindre les flammes qui commençaient à ronger leur peau.  Sans plus attendre, la Louve en activa deux nouvelles avant de les révoquer. Une odeur de bois brûlé lui rappela rapidement les éléments composants le dirigeable aérien. Mieux valait éviter de provoquer un accident.

« H..hey lâches moi connard ! »

Il l’avait pris par surprise, arrivant depuis la  pièce annexe, tenant ses poignets fermement derrière son dos.  Se débattant, la Louve donna un coup de pied droit dans la cheville de l’homme se trouvant derrière elle, parvenant à se dégager et à lui enfoncer son poignard dans la gorge, le sang giclant sur son visage et sa tenue.  Six morts. Bien que l’attrait de pouvoir défoncer allégrement cette Terranide motivait les troupes, le fait de la voir tuer certains de leur compagnon eu pour effet de leur redonner encore plus de vigueur et de hargne et la lutte repris avec fureur.

Plusieurs minutes plus tard, la Louve fut amenée vers le pont, maintenue par plusieurs hommes, une pierre noire collée contre sa peau. De l’obsidienne, ces enfoirés avaient de l’obsidienne sur eux ! Plus que la difficulté de les battre en combat singulier, se fut le surnombre et un coup en traitre dans un angle mort qui provoqua la chute de la Lycane. Mais cette dernière, bien que privé temporairement de ses pouvoirs ne se laissait pas faire et obligeait ceux qui la maintenait à ne pas desserrer leur étreinte.

« Violez moi ça sur l’pont ! Défoncez-la par tous les trous ! »

Il n’y avait plus de pirates prioritaires quant à l’ordre de passage. La Terranide risquait fortement de subir un viol massif et collectif e même si certains des matelots auraient pu espérer passer la nuit avec, l’idée de voir une telle scène se dérouler devant leurs yeux n’avait rien de motivant sur l’instant. Avec perversité et avidité, les pirates commencèrent  à retirer les vêtements de la Lycane, se prenant ici et là coup de pied, coup de tête et même morsure pour certains d’entre eux. Observant la scène, le capitaine avait pour l’instant tourné le dos à Lamento et aux restes des prisonniers, les pensant de toute manière hors d’état de nuire.

- Violez moi ça sur l’pont ! Défoncez-la par tous les trous !

La phrase fit l'effet d'un électrochoc à Lamento, qui comprit instantanément que la lycane avait achevé dans l'échec son baroud à travers les couloirs du zeppelin. Elle était traînée sur le pont comme un animal, où elle fut jetée aux pieds du capitaine pirate pour que la plupart de ses hommes se jettent sur elles comme des morts de faim sur un morceau de chair. Bientôt, le bâtard put entendre la rupture des sangles de cuir de l'armure de l'okami et le déchirement du tissu en dessous. Ses dernières défenses ne tarderaient pas à céder sous le nombre d'assaillants et les marins aériens ainsi que son ami assisteraient à un terrible viol collectif.
Il était hors de question que Lamento laisse cela faire.

Jusque là discret alors qu'il faisait usage de la petite flamme qui attaquait les cordes qui lui meurtrissaient les poignets, le musicien insuffla d'un seul coup davantage de magie dans le feu qui s'embrasa violemment. La flamme jaillit, englobant les mains de Lamento et dévorant le chanvre à vitesse grand V, à la surprise des marins prisonniers qui se trouvaient derrière lui. Certains poussèrent des cris de peur et de surprise, mais le capitaine fit l'erreur de les prendre pour destinés au sort de Shad. Forçant sur ses muscles, Lamento brisa enfin les liens rongés par le feu et bondit sur ses pieds pour foncer vers le premier pirate en vue. Il lui balança un coup d'épaule pour l'envoyer paître, récupérant toutefois à sa ceinture le poignard qui s'y trouvait.
L'arme à la main, le bâtard tua l'homme le plus proche du premier en l'éventrant d'un coup de dague qui répandit ses entrailles sur le bois lessivé du pont du zeppelin, mais son cri alerta le capitaine.

- Que ? Garçon, attrapez moi l'elfe ! ON VA TE BAISER EN MÊME TEMPS QUE LA TERRANIDE, RASCASSE PUANTE !

Le capitaine dégaina son sabre d'abordage de sa ceinture et le pointa vers Lamento pour donner l'ordre à ses chiens des mers d'attaquer.
Cinq hommes chargèrent en hurlant, huit autres tenant toujours Shad en achevant de la dévêtir. Déjà, d'odieuses mains s'attardaient sur son corps dénudé. Un de ses seins était vulgairement pressé, sans talent ni grâce, pendant que l'autre était léché par une langue immonde qui sentait la vinasse frelatée. Deux types lui écartaient les cuisses pour qu'un troisième commence à tenter de la doigter, pendant que les hommes restant sortaient leurs membres. Le sort de la louve tant que de l'elfe semblait réglé, au vu du nombre d'assaillants.

Jusqu'à ce que Lamento sonne la contre-attaque des vagabonds en concentrant sa magie dans ses paumes, qui se mirent à luire d'un halo doré.

- Taï tow low ! Flèches de lumière, ANSELM !

Des projectiles d'or fusèrent de ses mains pour voler à travers le pont, esquivant les cinq hommes qui s'étaient lancés vers lui pour en fait aller frapper les agresseurs de Shad. Les flèches de magie frappèrent les violeurs à la tête, au buste, au bras, à la queue, causant des dégâts graves et modérés. De quoi aider Shad à se débattre pour de bon puisque presque tous ses agresseurs se retrouvèrent frappés par la magie de Lamento.

Lui avait d'autres problèmes et les premiers pirates du groupe qui l'assaillaient étaient déjà sur lui. Contre toute attente, alors qu'il aurait dû fuir, le bâtard fit front... Et glissa ventre sur le sol au dernier moment, passant entre les jambes d'un des pirates ! Il fit usage de sa dague au passage pour lui couper un tendon d'Achille et l'homme se vautra à terre comme une marionnette désarticulée tandis que le musicien tendait la main pour envoyer une boule de feu toute simple vers l'un des autres pirates aériens, ce qui lui permit de profiter du recul pour se relever et envoyer sa dague vers le groupe des prisonniers afin qu'ils commencent à trancher leurs liens.

En face de Lamento se dressaient trois hommes armés et maintenant prudents, rejoints par leur capitaine qui avait gardé le sabre au clair et qui fusillait le bâtard de son oeil unique, lui jetant sûrement par ce biais les pires malédictions du monde.

- Tu vas payer pour ça, putain d'elfe de merde ! Garçons, étripez moi cette fiente gluante, on baisera sa copine sur son cadavre ! Et faites attention à sa putain de magie !
- Faites attention à vous, pirates. Pour ce que vous avez fait à Shad, je ne vous accorderai aucun pardon !
- Ferme là, fils de chien !

Un des hommes prit le parti d'utiliser la "conversation" entre Lamento et son capitaine pour attaquer sa cible, mais mal lui en prit. Le musicien avait déjà concentré assez de magie pour contre-attaquer et ne s'en priva pas, incantant à grande vitesse pour réussir à frapper le premier.

- Par Sourkiss ! Lar Shyshyu Mega Megade ! SODOM !

Il lança sa main en avant et le spectacle fut choquant. L'air se condensa à son ordre, devenant lames invisibles qui tailladèrent profondément les chairs du pirates. De profondes plaies sanglantes parurent s'ouvrir partout sur son corps et des gerbes de sang giclèrent sur Lamento et les lattes de bois du pont tandis que le pirate poussait un cri d'agonie effrayant sous la douleur, son corps tombant lamentablement aux pieds de l'elfe, ravagé par le sort de ce dernier qui se préparait déjà à un nouvel assaut.

En vérité, le tranquille joueur de shamisen se révélait étrangement impitoyable, ce qui poussa les pirates à se montrer moins zélés face à lui, couvert du sang de l'un de leurs compagnons.
Assurément, ils allaient regretter le sort de Shad.

Ils allaient le payer. Ils allaient amèrement le payer. Ses pensées ne cessaient de traverser l’esprit de la Terranide tandis que des mains rugueuses parcouraient son corps. Huit…ils étaient à huit autour d’elle, huit qui n’allaient pas hésiter à lui faire subir les pires sévices. Elle grogna, tentant de se débattre en vain. Pourtant, elle la vit sur le sol…cette foutue pierre…ils l’avaient lâchés ! Au moins une bonne nouvelle dans tout ce merdier. Ses membres étiraient au maximum pour l’empêcher de bouger lui faisaient mal. Mais pas plus que d’avoir son honneur bafoué par ces rustres sans foi ni loi.  Lorsque son intimité fut présentée à l’un de ses pirates et qu’elle sentit ses doigts glissaient le long de sa fente, la Lycane se raidit, se préparant au pire jusqu’à ce le demi-elfe se mis à hurler et que des flèches de lumières vinrent frapper ses agresseurs à divers endroits.  Ne perdant pas une seconde et profitant de l’instant, l’Okami se libéra de son étreinte, donnant un grand coup de pied dans l’obsdienne pour l’envoyer par-dessus le pont et se mis à faire face à ses agresseurs, faisant fi sur le coup de sa nudité complète.

« Vous….Allez tous mourir…. »

Des rires furent la seule réponse qu’elle reçut. Un rapide coup d’œil vers Lamento permis à l’Okami de s’assurer que pour le moment, il n’avait guère besoin d’aide. Sans attendre une seconde de plus, elle se mit à …siffler. Un sifflement aigüe, ressemblant presque à un cri de rapace, bondissant par la même sur le côté pour éviter un coup d’estoc. Encore un peu et ses pouvoirs seraient de nouveau en sa possession et là…Elle serait bien moins clémente que dans  les corridors du vaisseau. Pour le moment, la Louve jouait beaucoup sur la défense, réussissant à attraper une arme au passage pour faire entrechoquer les métaux entre eux. Chacun des vagabonds se voyaient être entourés de plusieurs pirates de l’air mais aucun ne semblaient vouloir capituler. Et pour cause ! Qui voudrait passer entre leurs mains immondes ?  Qui voudrait passer de vie à trépas si bêtement ? Personne !

« Pff salope….on va te baiser, encore et encore…et tu redemand’ras ça en plus ! Comme toutes les Terranides ! »

Une provocation que la Louve décida d’ignorer purement et simplement, restant toujours en posture de défense avant de lâcher finalement son arme à terre sous les yeux surpris de ses adversaires et d’afficher un sourire narquois.  Sans crier gare elle se mis à courir vers l’un d’entre eux, bondis en l’air et au même instant changea de forme pour prendre une apparence lycanthrope au pelage noire ébène, possédant deux petites cornes cramoisie sur le sommet de son crâne et diverses arabesques de la même couleur le long de son corps. Des griffes acérées se plantèrent dans le crâne du pirate, le tuant sur le coup. Au même instant, un autre cri résonna dans les cieux et fondant depuis ces derniers, un imposant rapace vint se saisir de deux pirates de l’air entre ses serres pour simplement les relâcher par-dessus les bords.

« Stupide  terrestre qui veuillent apprendre à maîtriser les cieux. Voler donc maintenant ! »

Comme si elle était prise d’une frénésie meurtrière (ce qui étais le cas), la Louve se mis à massacrer un à un chacun des pirates.   Ses griffes rentraient en eux comme dans du beurre et elle n’avait aucun problème pour les étriper. Sa magie du feu ne restait pas en reste et certains furent purement et simplement brûlé vif sans la moindre forme de procès. Le corbeau de l’effroi se saisissait de temps à autre de pirates et les envoyer par-dessus bord ou…les manger tout simplement avant de repartir aussi vite qu’il était venu. Peu à peu et face à la fureur de ceux qu’ils avaient sous-estimé le capitaine des pirates de l’air se retrouva seul mais ne s’avoua pour ainsi dire par encore vaincu, fonçant sur Lamento, lame au poing, enchaînant plusieurs coup pour tenter de lui asséner un coup fatal.

Ne voulant pas rentrer dans le conflit, la Lycane repris une apparence plus normale et accepta une cape qu’on lui tendit pour cacher sa nudité. Son équipement était en piteux état et elle devrait le faire réparer. Un grognement s’extirpa de sa gorge et elle reporta son attention sur le combat, se tenant toutefois prête à intervenir au cas où.

Le capitaine était un guerrier expérimenté. Pour le moins, il avait de bonnes bases du combat mais avait développé comme tout bon pirate un certain art de l'embuscade et des coups en traître qui lui assuraient très souvent une victoire puante de déshonneur mais relativement efficace. Quand lui et ses hommes avaient pris le zeppelin d'assaut en se cachant dans ses petits recoins, la troupe avait escompté sur une victoire rapide et une résistance vite balayée... Mais une salope de terranide et son petit copain elfe étaient venus interrompre ses plans. Et quelle interruption ! Ils avaient déchaîné une bête féroce que le capitaine voyait réduire ses forces à néant dans une brutalité toute animale.
Dansant avec Lamento l'arme à la main, le borgne ne pouvait qu'assister en pleine impuissance à la fureur meurtrière de Shad qui décimait ses camarades.

Il tenta bien d'aller aider, en effectuant quelques pas ou petits sauts sur le côté, se montrant plus féroce dans ses assauts. Mais rien n'y faisait : le talent de Lamento l'empêchait de se passer de lui et l'homme était contraint de voir son équipage se faire massacrer pour le plus grand bonheur des vaporéens alentours qui, si ils avaient pris leurs distances de la scène, portaient des acclamations à Shad pour chaque meurtre.
Le capitaine se retrouva rapidement seul à bord, éructant tout son soûl contre l'elfe et la terranide qu'il invectivait de loin en l'assassinant d'insultes -la seule chose qu'il pouvait faire, finalement.
Shad fini par se calmer une fois toutes ses proies abattues et Lamento qui lui tournait le dos le sut quand les grognements et la méfiance des marins se changèrent en félicitations pour la louve redevenue femme. L'elfe afficha un sourire de satisfaction, menaçant toujours le capitaine clandestin de sa lame.

- J'te crèverai, sale pute ! Je vous crèverai tous, foi de Maurice Bouffe-Baleine ! Je vais commencer par toi, l'elfe de mes deux ! RAAAAAH !

Libre à lui d'essayer. Fonçant sur Lamento pour le charger brutalement, ce dernier n'eut qu'à faire un pas de côté pour l'esquiver et frapper sa lame de la sienne pour la dévier sur le côté et s'épargner un mauvais coup. Maurice ne s'en laissa pas conter et revint attaquer, multipliant les assauts sur un Bâtard qui le maîtrisait clairement. Pour Lamento, maintenant que Shad était sauve, il était possible de s'amuser.
Esquivant avec grâce, l'elfe tailladait son adversaire à chaque déplacement. De petites tailles innocentes mais sanglantes, qui s'acccumulèrent rapidement, laissant à terme un capitaine épuisé et couvert de sang. Le borgne haletait bruyamment, tentant de lever son sabre d'abordage encore une fois, mais Lamento l'en délesta aisément d'un dernier coup et l'arme alla glisser dans un coin du pont, hors de portée de son propriétaire.

- Donne moi une... mort... digne...fils de chien !
- Non, répondit Lamento. La dignité, c'est ce que vous avez arraché à mon amie avec ses vêtements. C'est ce que vous avez voulu lui fouler du pied, bande de porcs puants. Il serait donc injuste pour elle que je t'accorde cela, n'est-ce pas ?

Le borgne grogna quelques injures, mais le bâtard n'y prêta aucune attention. Levant sa main libre, il concentra sa magie au bout de l'un de ses doigts. La phalange brilla et le musicien traça dans l'air une rune lumineuse qui sembla flotter jusqu'à ce qu'il l'emprisonne dans son poing tout en psalmodiant des mots dans une langue inconnue, mais dont l'intonation la rendait malaisante, noire comme la nuit.
Lamento fit le tour du pirate pour le saisir par-derrière par les cheveux après avoir viré son tricorne.

- Qu'est-ce...merde, tu vas me faire quoi ?
- Et bien, Shad s'est particulièrement illustrée lors de sa vengeance sur tes hommes. Je ne peux pas faire moins bien niveau violence... Je vais donc tenter de m'approcher de ses talents. Ça sera très démonstratif. Il se pencha à son oreille pour ajouter quelques mots. Le problème, c'est qu'il va falloir nettoyer après.

Maurice Bouffe-Baleine tenta bien de se dégager comme il put, mais rien n'y fit. Il était trop faible et la poigne de Lamento trop importante. Le pirate se retrouva au mieux avec quelques cheveux arrachés... Jusqu'à ce que ses pieds se mettent à flamber dans des flammes verdâtres qui entamèrent une vive combustion des plus étranges : les chairs du pirate brûlaient littéralement par couche, comme brûlées par de l'acide. D'abord la peau, puis les muscles, les nerfs et enfin les os, le tout en remontant de plus en plus vite vers son buste. Le borgne hurla terriblement, consumé et dépecé par le singulier brasier qui avait également démarré de ses mains quelques secondes plus tard. Finalement, les flammes se concentrèrent sur le ventre de l'homme qui se contorsionnait de douleur.

- Venom.

Un simple mot pour conclure l'incantation. Les flammes disparurent et dans la seconde qui suivit, Maurice explosa de l'intérieur, ses organes internes se répandant sur le pont en gerbes abominable. Ses intestins se retrouvèrent sur le garde-fou, son foie vola dans un coin, son coeur glissa sur quelques mètres, l'un de ses poumons se retrouva expulsé du zeppelin... Ne restait de Maurice qu'une tête déformée par l'horreur, au bout de laquelle pendait un morceau de buste déchiré, le tout tenu par la main de Lamento qui se débarassa du corps en l'envoyant par-dessus bord.
Les marins en restèrent médusés, mais félicitèrent finalement le bâtard qui s'approchait d'eux pour aller retrouver Shad, la saisissant par les épaules pour s'assurer qu'elle allait bien. Il lui sourit, et le capitaine vint les voir.

- Prenez un peu de repos, vous l'avez bien mérité ! Allez dans la cabine de la jeune femme, on va vous faire couler un bain... vous en avez besoin.

Qui, de la louve ou du bâtard, sentait autant le fauve ? La question méritait d'être posée. Avant qu'ils n'aient eu le temps d'y répondre toutefois, le flot des marins entraîna les complices à travers les couloirs du zeppelin jusqu'à la cabine de Shad dans laquelle ils les jetèrent. Un des hommes fouilla la chambre pour activer l'eau courante (les vaporéens avaient depuis longtemps ce genre de système) et bientôt l'eau chaude empli une baignoire bien suffisante pour les acceuillir tous les deux.
Les marins se retirèrent quelques minutes après, rappelés par un coup de sifflet, et laissèrent Shad et le musicien seuls dans la pièce après avoir multiplié les remerciements pour la libération du zeppelin.
Quand tout ce monde fut parti, la pièce fut soudainement plus calme.

- C'est ta cabine, alors va te doucher en premier. J'irai après. Il sourit. Normalement je serai même sorti poliment, mais j'avoue que j'ai vraiment besoin d'un bain et d'un bon coup de savon !

Un petit rire tranquille, puis Lamento approcha de Shad, se glissant dans son dos pour ôter en douceur la cape de ses épaules. Le tissu tomba à terre et le Bâtard posa ses mains sur les bras de l'okami, les descendant vers ses doigts dans une légère caresse.

- Je suis content que tu n'aie rien.

Après une légère latence d'hésitation, l'elfe déplaça ses mains sur l'aine de la louve, délimitant avec une certaine pudeur le delta de son sexe avant de remonter lentement sur son ventre plat puis vers la rondeur de ses seins, qu'il dessina là encore du bout des doigts, soulignant la courbures des fruits de Vénus sans pour autant se montrer plus entreprenant. Il n'était ici question que de caresses, motivées par la proximité et la montée d'adrénaline. A à vrai dire, Lamento se montrait plus tendre que réellement inconvenant, respectant la pudeur de la louve alors même qu'il avait ses mains sur son corps nu.

Étrange spectacle, dont Shad déciderait de la nature : romantique, ou déplacé ?

Elle ne bougeait pas, sa respiration relativement calme tandis qu’elle s’était retrouvée dans son plus simple appareil, l’hybride derrière elle. Les mains de ce dernier ne furent nullement chassées par la Terranide et elle le laissa effleurer son corps avec douceur. Après l’enchainement de violence que les deux vagabonds avaient effectués sur le pont du navire et particulièrement le coup final avec l’implosion du capitaine des pirates, cet instant de calme semblait tranchait avec celui qui s’était déroulé quelques minutes plus tôt. Les vaporéens les avaient reconduit dans la cabine de la Lycane et leur avait fait couler un bain. Il fallait dire que les tripes et le sang qui les recouvraient ne devaient guère être agréables à sentir. Ce n’était pas la première fois que Lamento pouvait voir l’Okami nue, mais encore une fois ce n’était que son dos qui lui était présenté.  Peut-être notera-t-il cette fois la présence de nombreuses cicatrices parcourant le corps de la Lycane ? L’une de ses mains vint se poser doucement sur l’une de l’elfe et après un moment de flottement, Shad reprit finalement la parole.

« Le bain est assez grand pour nous deux. »

Rien ne fut ajouté à cette phrase qui venait d’être énoncée et le sous-entendu était largement équivoque. Et comme si la Lycane voulait renforcer ses dires, elle se retourna subitement, posant ses mains sur les épaules de Lamento, lui offrant sans la moindre pudeur une vue sur sa poitrine qui s’élevait et s’abaissait au rythme de sa respiration. Sans se presser, elle fit courir ses doigts le long des habits du bretteur, défaisant avec adresse les sangles et les nœuds qui permettaient au tout de rester en place. Peu à peu, l’elfe se retrouvait dans la même situation que la Terranide sans que cela ne parte, pour l’instant, dans des instincts primaires et sauvages. A son tour, elle fit courir ses doigts le long de son corps, dessinant ses muscles sans toutefois pour le moment descendre plus bas qu’il ne le fallait.

« Merci…Je n’ose imaginer ce que ces enfoirés m’auraient fait si tu ne les avais pas repoussé…je suis soulagée  que tu n’es rien Lamento. Viens,  l’eau chaude ne le restera pas indéfiniment. »

A ses mots, elle se retourna et attrapant doucement sa main vint à le guider jusqu’à la salle d’eau où elle grimpa dans la baignoire, ne pouvant retenir un soupir d’aise quand l’eau chaude vint frapper son épiderme. C’était sacrement agréable et relaxant. Bougeant afin de laisser à Lamento de la place pour la rejoindre, elle prit soin de ne pas poser son regard sur sa virilité, laissant ce dernier fuir de côté jusqu’à ce qu’elle sente l’eau s’agiter lors de son intrusion. Pouvant de nouveau porter son regard sur lui, la Louve attrapa de quoi nettoyer la crasse présent sur leur corps.

« Retournes-toi, je m’en occupe. »

Une fois chose faite, l’Okami se mit simplement à  passer l’espèce d’éponge sur le corps du demi-elfe,  frottant doucement pour y faire suinter le savon s’y trouvant et pour nettoyer doucement chaque parcelle du corps de son compagnon de voyage. Elle commença par les épaules, descendant le long de son dos avec minutie avant de remonter vers ses bras, passant par la suite sur le devant de son corps effleurant dans sa manœuvre son entrejambe. Un instant de flottement suivit cet instant et la Lycane lâcha ce qui lui avait permis de nettoyer le corps du demi-elfe avant de tout simplement enserrer son ventre de ses mains et posant sa tête contre son dos, un léger frémissement la parcourant.

« Désolé. A cause de moi et de cette histoire tu as bien faillit passer un mauvais quart d’heure. »

La Louve s’en voulait énormément. Sans cette histoire de légende tout cela ne serait  pas arrivé et sur le coup elle se sentait coupable de ce qui était presque arrivée à Lamento se contentant pour l’heure de simplement l’enlacer dans une demande muette de pardon.

Partager le bain avec Shad, il n'en attendait pas tant. Ou alors, n'attendait-il justement que cela sans se l'avouer ? Lamento éprouvait du désir pour Shad, bien entendu. C'était un mâle ordinaire après tout, privé plusieurs semaines durant jusque là de présence féminine. Ses sens réclamaient du contact, du frisson, de la proximité. Du sexe, simplement. Mais il n'aurait jamais proposé à Shad de coucher pour assouvir quelques pulsions, même si cela n'aurait rien changé à leur très bonne entente. Ils auraient partagé lits et plaisir avant de se remettre en route, comme ils avaient déjà partagé pain et eau. Néanmoins, cette salle de bain avait quelque chose de charmant, d'érotique. Pour des voyageurs comme eux, la cabine du zeppelin était plus luxueuse qu'un palais d'ors et d'argent. Et la montée hormonale qui avait accompagné le combat était retombée sur leurs sens en un voile léger et apaisant qui menait plus facilement à l'envie d'accouplement. Une volonté d'acte charnel certes, mais mâtinée d'une attirance et d'une certaine forme de tendresse.

Lamento s'était laissé dévêtir à son tour par la louve et celle-çi avait pu découvrir, comme il l'avait fait juste avant, ses cicatrices. Son corps fin et gracieux aux agréables mais discrètes lignes musculaires avait connu la brûlure des coups de fouet et celle de quelques sorts magiques, des coups de lame et des contusions. Si certains stigmates témoignaient de récentes aventures, d'autres étaient plus profonds et douloureux, évoquant de terribles mauvais traitements. Le Bâtard, lui aussi, avait connu l'humiliation de l'esclavage et des brimades un temps durant.

Le duo rejoignit la baignoire sur la proposition de Shad et tous deux évitèrent soigneusement de porter sur l'autre un regard curieux. Si il avait effleuré ses seins, Lamento n'avait jamais exprimé son désir par des caresses réellement prononcées et n'avait pas plus prit le temps d'observer les orbes ou le creux des cuisses de la louve, comme elle ne s'était pas arrêtée sur son intimité. Ils se glissèrent dans l'eau chaude et vaporeuse ensemble et Lamento se laissa aller à un soupir de soulagement profond, se sentant enfin réellement apaisé depuis la fin de l'attaque des pirates. Les prochaines heures, voire les prochains jours, seraient des plus tranquilles. Et cette paix commençait maintenant.
Shad attrapa l'éponge et Lamento lui tourna le dos pour se laisser laver, le silence entre eux n'était interrompu que par les clapotis d'eau de leurs mouvements et de la louve qui trempait son instrument d'ablution.
Le temps s'écoula un peu ainsi, le bâtard frotté par sa camarade, avant que cette dernière ne le ceigne à la taille de ses bras, sa tête venant se déposer contre le haut de son dos. Lamento se crispa un moment, surpris, mais se détendit vite et vint placer une de ses mains sur celles que Shad avait nouées sur son ventre.

- Désolé. A cause de moi et de cette histoire tu as bien faillit passer un mauvais quart d’heure.
- Il n'y a rien dont tu puisses être désolée. En partant pour Zun Zi-Yi bille en tête, nous savions tous les deux que nous nous mettrions mutuellement en danger. Le moment où tu auras à me sauver la vie à ton tour n'est pas si lointain, j'en suis persuadé. Quant à y passer... Je ne suis pas un loup féroce, ma chère, mais tu as vu que je savais me défendre ! Ne t'en fais pas.

Le Bâtard ne comptait pas mourir tout de suite. Il voulait en apprendre plus sur la contrée engloutie, espérait découvrir là-bas le lien entre une terranide vagabonde et un conte millénaire. Jusque à la résolution de cette aventure, Lamento s'était promis de rester en vie. Il n'en dit rien à Shad, ne voulant pas passer pour un homme bravache qui se donnait des allures de héros de roman, et se contenta de lui caresser la main sous l'eau.
Après un moment passé ainsi, il invita Shad à lui tourner le dos et récupéra l'éponge pour lui rendre la politesse savonneuse. Très vite, l'okami se retrouva bichonnée par les passages appliqués d'un Lamento qui prenait soin de chasser de son corps toute trace de sueur et de crasse, suivant parfois le tracé de quelques balafres lorsqu'il ne s'autorisait pas une contemplation de son fameux tatouage.

- J'aime ton corps, fit-il. Pour tes courbes, c'est vrai, mais... il y a aussi tout le reste. Ces cicatrices qui racontent des aventures gravées sur le grain de ta peau, ton tatouage et son mystère ainsi que sa beauté intrinsèque. Cela fait de toi un bien singulier personnage. Je trouve cela plus séduisant que des formes plus "évidentes" de beauté.

Terra était un monde que le sexe régissait, où le Plaisir et le Désir régnaient en maîtres inévitables. Beaucoup de corps étaient ainsi forgés pour répondre à ces seigneurs : des seins généreux largement corsetés, des muscles d'airain, des fesses rebondies, des sexes improbables, une sensualité qui explosait souvent jusqu'à la saturation. Lamento n'aimait pas tout cela et se retrouvait plus dans les beautés comme celles de Shad. Ainsi, bien que ce fut maladroit, il venait de la complimenter avec sincérité. Un beau compliment de la part de cet homme aux goûts simples.
L'éponge passa sur la gorge de Shad après avoir nettoyé son dos, puis vint caresser la naissance de sa poitrine pour y déposer quelques sillons savonneux. Evoluant en petits cercles, l'éponge ne tarda pas à flatter la chair des seins qui se tendaient là, sans que les mouvements de Lamento soient plus impudiques pour autant. Tranquillement, il lavait cette partie pourtant sensible de sa partenaire comme n'importe quelle parcelle de son corps et descendait vers son ventre.

- Accepterais tu de passer la nuit avec moi ?

Dans sa voix, ce n'était pas une demande intime qui perçait. Si il y avait une envie, c'était surtout celle de profiter de leur proximité. Après les évènements qui venaient de s'écouler, Lamento n'avait pas envie d'aller s'écrouler dans un coin du zeppelin en chassant sa solitude à coup de mélodie. Non, il aurait préféré rester ici avec Shad pour quelques heures, partageant les draps et la chaleur d'un lit confortable.
Le reste, si davantage devait alors poindre toutefois, ne serait qu'un cadeau que Shad lui ferait mais qu'il se refusait à lui réclamer.