Grandville. Une belle cité, une étrange cité, un lieu qu'il se devait de visiter, lui qui ne connaissait que peu l'empire de vapeur et ses régions limitrophe, un domaine où il ne s'attendait clairement pas à rencontrer autre chose que ce qu'il avait déjà connu sur Terra, mais qui pouvait se promettre nouvelle, intéressante, d'une architecture particulière, et d'une ambiance tout à fait rafraîchissante. Les faits lui donnaient raison sur cela, mais le fait est que l'homme commençait déjà à en comprendre les mécanismes, presque comme si il y avait déjà passé une partie oubliée de sa vie, comme si il avait toujours connu ces vaisseaux qui volaient dans les airs sans que cela ne fasse de sens, ou ces créations alambiquées, étrange, qui ne finissaient finalement que par lui offrir l'odeur de plus en plus gênante du fer et du cuivre dans les narines. Il était venu ici il y a déjà plus d'une semaine, et l'univers dans lequel il s'était très rapidement retrouvé n'était pas sans lui rappeler cette étrange époque de la terre, si courte malheureusement, disparue depuis maintenant des centenaires dans les méandre de l'histoire en ce monde alternatif de Terra, mais pour l'occasion, il ne manqua de prime abord que de l'intérêt envers les différents constructions produites de-ci, de-là, tel que l'étrange moteur à la pois noir qui avait permise de déplacer la carriole sur laquelle il avait été portée jusqu'au abords de la grande cité. Et puis lentement la vérité lui avait fait comprendre que toutes les inventions du monde ne saurait faire pâlir, ou même frémir, les comportements les plus vils de l'être humains.
Sa présence passéiste, du point de vue de beaucoup, avait attiré à lui tout les charlatans, tout les escrocs, ceux qui voulaient lui faire croire que leurs produits étaient éternels, indestructible, et qu'ils sauraient lui ôter mille maux pour chacune de leurs utilisations, mais il n'était point crédule, ni même sot, et toujours aussi prudent, ce qui avait tôt eut fait de le laisser comme exemple même de l'homme de peu de foi capable de ruiner les plus beaux discours. Un ingénieur, se présentant comme grand savant, avait eut l'occasion de scander à son public à quel point son automate, qui de ses dire ne manquait pas des plus grande qualité du monde, pouvait défaire une armée à lui tout seul, et se présentait ainsi comme le nec plus ultra de la défense robotique, génialissime invention qui ne saurait connaître que la gloire de la victoire à chacun de ses affrontements avec l'un des membre du public. Darthestar en homme intéressé, avait fait le choix de mettre l'objet à l'épreuve, et la déception fut de taille quand il vint la briser d'un coup sec, montrant à tout le parterre de curieux que si l'objet était en effet novateur, il ne manquait pas d'être aussi largement sur-évalué par son propriétaire, ce qui n'eut comme résultat qu'une large baisse du prix de base, et un marchand bien peu commode. La rencontre qui suivit ne fut guère plus agréable, le même ingénieur se ramenant avec nombre de collègues pour lui faire la peau, simple vengeance loin des yeux des gardes et des sentinelles, sûrement payés pour détourner les yeux le temps de quelques minutes. Le résultat ne fut pas moins unilatéral que dans le duel de plus tôt.
Alors oui, le vampire avait bien du mal non seulement à prendre ces gens au sérieux, mais surtout commençait à sentir un certain las de plus en plus croissant vis-à-vis des diverses créations, et se rendit bien compte, malheureusement, qu'il était bien plus dans un marché au puce de piètre qualité que dans le plus grand forum internationale du génie ingénierique, et de la créativité. Tant pis, il se concentra donc bien plus sur les éléments alentours, que ce soit la beauté des lieux, de l'architecture, de ce mouvement perpétuel de la marée humaine curieuse, qui montait d'esplanades en esplanades pour contempler les étals de ce domaine, ou qui ne faisaient cela que dans le même but que le voyageur, afin de contempler un peu la beauté de cette cité à l'architecture aussi étrange que novatrice, grand exemple de ce que pouvait faire l'homme pour vivre dans un domaine où , normalement, la place vient à manquer pour créer logements et échoppes de vie. Honnêtement il aurait put rester en ces lieux encore des mois sûrement, mais il savait que comme à chaque fois, les choses pouvaient dégénérer avec sa présence, surtout qu'il commençait à avoir un violent besoin de se sustenter, et ce n'était pas le café qui lui permettrait de calmer la soif si propre à sa nature. Tant pis, il avait prévu de quitter la ville dans deux, peut-être trois jours, le temps de faire encore quelques découvertes, de se perdre encore un peu dans le monde si étranger pour lui de la vapeur et de la machinerie, pour enfin retrouver les vertes campagnes, et le domaine de la magie. Qui sait, peut-être irait-il même s'enfoncer plus loin encore dans l'empire de la vapeur ? Il en fera le choix une fois qu'il aura reprit la route.
Quittant la haute rambarde de l'étage numéroté 5 de la ville, il commença avec une lenteur toute personnelle de descendre plus bas dans la cité, évitant les gamins tâchés d'huiles, les colporteurs aux sacs monstrueusement pleins, et les gueux aux airs plus ou moins éveillés pour continuer vers la Haute place, qui se situait au troisième étage de la ville, et où se trouvait la principale source d'activité, à savoir le grand fatras des échoppes principales de ces grandes festivités. Il avait bien remarqué qu'il s'agissait du lieu le plus observé, le plus gardé aussi d'ailleurs, et il avait pour l'instant fait le choix d'en rester éloigné, au cas où les écriteaux des lieux n'avaient pas eut l'occasion de mettre à jour leurs affichages, et d'ôter sa face de criminel Terran ayant déjà subit la justice d'Ashnard... Et n'en ayant rien vu de tel, il n'eut que peu de craintes à aller se balader dans cette zone où le monde pullule, se déplace vivement, dans tout les sens, sans jamais cesser, où chaque marchand scande haut et fort la qualité de leurs produits, et la baisse des prix, si bien que même à un étage plus haut, il pouvait ouïr toute la vie de la place qui se trouvait sous ses pieds. En revanche, il remarqua une altercation, un peu plus bas, une pauvre jeune femme qui, n'ayant apparemment pas eut le pied agile, venait de se trouver en partie affalée dans la crasse des lieux, et ce fut avec un mouvement de bonté d'âme qu'il vint passer les prochains escaliers pour se faufiler dans la rue la plus proche, et la plus directement reliée à la grande place où se déroulait désormais un vacarme un peu railleur, apparemment bien amusé par ce qu'il venait de se dérouler.
Elle passa juste devant lui. Une jeune femme, belle comme tout, en train de maintenir un corset qui venait sûrement de connaître une poigne un peu trop violente, au vue de la poitrine parfaite qui en était sortie sous la contrainte, et si elle ne vint même pas couler un regard vers lui, absolument concentrée sur sa fuite dans l'ombre, il ne manqua pas lui de remarquer en son regard une lueur un brin affolé. Pas étonnant, mais il n'allait pas se permettre de plus amples commentaires : En face déjà se profilait un homme bourru, mal-pensant, qui n'avait encore en vu que le corps en partie dénudé de la fuyarde, et ce ne fut pas pour le plaisir du vampiroïde, qui n'attendit que son approche pour agir, alors que celui-ci remarqua bien facilement sa présence inconfortable, et vint à lui beugler, au travers de sa charge, de se barrer rapidement :
« Fous le camp l'ami, j'ai un joli spectacle à faire tourner !
- Je crois que je ne suis qu'un amateur, mais pour être honnête ce n'est pas le genre d'événements que j'apprécie, désolé. »
Attrapant le jeune homme d'une poigne de fer, ce qui s'ensuivit fut sûrement tout à fait exceptionnel pour les gens du coin, car si il avait vu le charretier aux larges épaules entrer avec vigueur dans la rue, bloquant la vision des badauds de ses larges épaules, et les coupant de la scène qui venait de se produire, mais il ne s'attendait guère à le voir bondir, ou plutôt s'envoler, à plus de deux mètres du sol pour faire un rapide retour arrière, s'écrasant dans la boue, et sûrement les excréments de ses chevaux, dans un mouvement lourd et pataud. Darthestar se tourna tandis que l'activité se faisait vive sur la grande place, le tout ayant fait du bruit pour être honnête, sans parler du fait que les caméras qui avaient précédemment révélées aux gens de la cité la poitrine ronde et attirante de la jeune femme venaient désormais de capturer le vol expérimental du fauteur de trouble, mais il ne se pressa pas, et capta de son œil habitué aux ombres la forme un peu maladroite de la demoiselle qui venait de se faire humiliée, l'amenant tout simplement à s'approcher d'elle dans un mouvement des plus calme et léger, cherchant à prévenir une potentielle crainte de la part de cette belle femme. Bien sur, il ne chercha aucunement à faire un pas de trop, se tenant à une distance qu'il jugeait respectable pour que celle-ci ne se méprenne pas sur ses intentions, et vint à mettre le genoux à terre, calmement, pour pouvoir lui parler, face-à-face, avec un ton qui se voulait aussi réconfortant qu'amical, même si il n'avait pas vraiment le physique de l'emploi, avec son air de voyageur austère :
« Bonjour. Je m'excuse si mon intervention était un peu zélée de ma part. Je me présentes, Darthestar, et je voulais vous inviter à faire un bout de marche ensemble. Il ne vas pas tarder à y avoir du grabuge, et je sais d'expériences que ces gens ont tendances à être revanchard, n'est-ce-pas ? »