Cela réchauffait son cœur que d’entendre quelqu’un, connaissant son secret, l’encourager ainsi. Nümba n’était clairement pas le genre de personne s’excitant dès la moindre montée en pouvoir, quel qu’il soit. Ni physique, ni magique, ni politique. En elle, il n’y avait que douceur et paix. Elle, la jeune druidesse qui n’aspirait qu’au calme et à servir sa douce reine. Clairement, elle n’avait pas le profil pour devenir une méta-humaine. Cela tombait bien car, elle ne l’était pas vraiment … D’un certain point de vue. Mais Diana avait bien pointé le fait que désormais, elle renfermait en elle un pouvoir puissant. Plus que cela ; il était destructeur si mal contrôlé. Et autant dire que contrôler ce qui était – dans le mythe druidique dans lequel Nümba baignait – la manifestation même de la puissance, de la force, de la colère de la Nature même, n’était pas chose aisée.
La guérisseuse avait fait d’énormes efforts pour contenir ce feu en elle, qui n’était au final ni bon, ni mauvais. Il était très difficile de juger quelque chose ainsi, car cette chose, était techniquement une figure sacrée au sein du mythe. La reine Amazone semblait convaincue que Nümba pouvait contrôler cette force, et c’était bien là vers où tous ses efforts tendaient. Contrôler ce qu’elle était devenue, le maitriser, afin de réduire son potentiel destructeur et, surtout, protéger ce qu’elle avait de plus cher. Diana était une personne aux paroles motivantes et encourageantes, et cela avait un bel effet sur des personnes aussi sensibles que Nümba. La druidesse sourit doucement, et la remercia poliment, avant d’entendre sa question sur les Originels.
« Oui, eux. » Dit-elle alors, soupirant. Les Originels, ces druides renégats qui jouaient bien souvent avec des forces les dépassant de loin. C’étaient eux qui avait fait ça à Nümba, en se servant de son âme pure et chargée en magie pour permettre à l’Idole de renaitre par ses chairs. Quand elle avait fini par comprendre, bien après les derniers évènements, le sens des mots employés par les Originels, Nümba avait perdu espoir de pouvoir redevenir normale. Sa seule issue était de se contrôler, de dompter durablement ce qu’elle était devenue. Car … Elle avait changé. Ce qui s’était passé n’était ni une possession, ni une banale transformation. La druidesse avait changé, profondément. Son âme avait servi à réveiller quelque chose qui s’était dès lors emparer d’elle à tout jamais, de la manière la plus durable qu’il soit. L’Idole n’était pas un esprit qui l’habitait. Ce n’était pas une seconde conscience, ni une mutation génétique … Nümba était devenue l’Idole, de la même manière que si elle était née ainsi.
C’était compliqué, même pour la guérisseuse, qui ne retenait dès lors qu’elle était ce qu’elle était, et qu’il fallait faire avec. Elle semblait prendre un air soucieux puis entreprit de répondre à Diana, toujours de sa douce voix de velours. « Non. Ils ne font parler d’eux, ils se cachent pour qu’on les oublie. Mais ils sont toujours là malgré tout, et tôt ou tard, ils chercheront … » Dit-elle, résignée mais consciente du danger. « À me retrouver. Ils tenteront d’achever ce qu’ils ont commencé, avant que je ne parvienne à me construire de solides défenses contre leur magie. Si ce jour arrive et qu’ils réussissent … Je risque de ne plus jamais être celle que tu as en face de toi, Diana. » Finit-elle par dire, calmement. Elle n’était pas paniquée, il ne servait à rien de faire cela. Nümba était réaliste et savait parfaitement que les Originels n’allaient pas la laisser filer dans la nature aussi facilement, pas après leurs sacrifices et leurs efforts pour ramener une Idole à la vie, surtout la plus destructrice et forte physiquement de toutes.
Nümba marqua un silence, avant de se racler la gorge, regardant Diana dans les yeux. « Mais il y a quelque chose de pire. Et qui vient de moi-même … Si je ne parviens pas à maitriser totalement ce … Ce feu, en moi, c’est lui qui me maitrisera, comme tu l’as dit. Mais … Ce n’est pas une métaphore, Diana. Chaque jour qui passe, je sens qu’il est de plus en plus difficile de résister. Je sens jour après jour que mon propre corps, ma propre âme, parviennent de moins en moins à freiner l’ardeur de l’Idole. » Dit-elle, d’un ton bien plus inquiet et, pour une fois, apeurée. Mais voyant qu’elle n’aidait pas beaucoup Diana dans ses dires, elle fit simple. « Diana, ma plus grande peur est qu’un jour maudit vient où je me … Changerai à nouveau, sans que je puisse redevenir moi par la suite, comme ça a toujours été le cas. Et cela arrivera si je ne travaille pas d’avantage, si je ne m’efforce pas encore plus à me contrôler et à vaincre. C’est pour ça … » Dit-elle, se coupant juste avant la fin.
« Que je désire être parmi le soutiens qui te sera accorder dans ta quête. La seule chose qui me permettra de me protéger des Originels, et d’apprendre à me contrôler, sera l’épreuve du feu, à tes côtés, en participant à ton combat. » Finit-elle par déclarer, d’une voix sûre.