Avalonia était un petit coin de paradis en ce monde. Un pays qui semblait régner sur sa propre dimension tellement il était à part et unique en son genre. Une terre où la paix régnait en maitre, et où les cultures parvenaient à s’entendre les unes avec les autres. Un exploit que bien des nations ont tenté de réaliser, sans grand succès. Peut-être c’était grâce au cadre idyllique de ce bout de terre ? Peu de gens savaient. Dans tous les cas il s’agissait d’une terre parfaite, refuge pour les âmes cherchant paix, ou repentit. On pouvait réellement voir que Avalonia était ainsi grâce à des détails assez étonnant … Comme par exemple, sa petite population orque. En effet, Avalonia était l’une des seules nations accueillant ces créatures, tant qu’elles étaient présentes pour changer. C’était le cas de l’un d’entre eux ou plus précisément, l’une.
Nakhbaal était autrefois une puissante cheffe de clan. Sanguinaire, barbare, cruelle, elle était une guerrière sans pitié qui tranchait des têtes et brisait des os en ressentant un plaisir fou. C’était une force de la Nature, crainte et respectée tant par les siens, que par ses ennemis. Mais, si cette glorieuse position au sein du peuple orque lui donnait des lettres de renommées, tout vint à se terminer le jour où elle frôla la mort, alors que toute sa tribu fut décimée, jusqu’au dernier. Un affrontement sanglant entre son clan et son rival le plus ancien et farouche qu’il soit. Un combat d’une rare violence, qui opposa les deux tribus. L’issue de ce sinistre évènement fut que l’une comme l’autre fut exterminée, tout le monde étant laissé pour mort. Même Nakhbaal. Cependant, cette dernière ne l’était guère, même si le souffle de la mort avait caressé son visage.
Ayant tout perdu, l’orque n’avait plus de but. Elle n’avait plus d’âme. Ce feu qui courrait dans ses veines et qui faisait d’elle cette puissante guerrière semblait s’être éteint ou plutôt, enfouit profondément en elle, en sommeil. Ce tragique évènement la changea à jamais, et elle trouva ainsi refuge à Avalonia, où elle décida, paradoxalement à tout ce qu’elle était avant, de se repentir. De mener une vie calme et loin du sang, car ce dernier le lui avait tout prit. Depuis lors, sa vie semblait calme, stable, paisible même pour une orque. Elle se faisait discrète et de manière incompréhensible, ne s’était pas approchée de la petite communauté orque de la nation. Elle s’était isolée, elle menait sa vie dans l’ombre et la discrétion … Et le remord. Chaque nuit des images de cette terrible bataille refaisaient surface et la torturait. La mort de ses comparses, de ses frères et sœurs d’armes. Elle devrait vivre avec ça pour le restant de ses jours, et cela la rendait de plus en plus amère, et taciturne.
Néanmoins, même en vivant coupée de la société, tout en vivant avec, Nakhbaal ne pouvait pas ne pas être au courant des dernières nouvelles. Notamment sur la Lame-Etoile, qui était un mythe et une grande tradition au sein de la nation. Pendant sept jours, à une période bien précise de l’année, de nombreux hommes se succédaient pour tenter d’extraire une épée de son socle. La légende disait que quiconque la retirerait deviendrait une sorte d’élu. Un héros qui sauverait le pays, et qui prendrait la main de la princesse. En l’occurrence, celle de la magnifique Elyssandra Gloire-Etoile. Mais celle-ci mettait un point d’honneur à cette tradition et son passage sur le trône fut marquée par la presque abolition de cette tradition. Pourquoi cette histoire faisait un drôle d’effet sur Nakhbaal ? Car c’était une épreuve de force, et de mérite. Quiconque retirerait cette épée serait un héro … En quelques sortes, ses mauvais actes seraient expiés.
C’était fou à réaliser mais, l’orque se demanda si elle ne devait pas tenter sa chance. Peut-être que … Elle parviendrait à se racheter ? À oublier son ancienne vie, et à faire quelque chose de bien, pour une fois. Mais elle était loin de la capitale, et le voyage dura très longtemps. Elle ne fut pas sûre d’arriver à temps pour tenter sa chance. La nuit commençait à tomber, et les rues de la capitale était fortement animée pour l’évènement. C’était probablement la dernière fois dans toute l’Histoire que cette tradition serait perpétuée, car telle était la volonté de la nouvelle souveraine ; l’abolir. Elle était progressiste et avait lutté pour être où elle était. Une femme brave et courageuse, qui était réaliste. C’était avec un petit espoir, mais non grande conviction que Nakhbaal arriva à la capitale, encapuchonnée. Même si les orques étaient admis, ils étaient encore vu comme des êtres brutes, sauvages et surtout … Monstrueux physiquement. Nakhbaal était en cape et capuche, quand elle déambula dans les rues, avant de rejoindre la foule autour de l’épée légendaire.
Il y avait encore et encore des hommes qui tentaient de l’extraire avant le milieu de la nuit. Sans doute rêvaient-ils plus de la main d’Elyssandra que de la gloire du titre … Pitoyable. Nakhbaal regarda le spectacle, discrètement, dans la foule. Mais après quelques passages, elle finit par bousculer un peu ceux devants elle, n’ayant plus patience. L’on voyait alors une grande silhouette, au visage caché par une capuche, s’avançant vers l’épée inébranlable. On ne comprit pas qui était-elle, mais quand elle leva lentement son bras aux muscles saillants, la peau verte de ses mains trahit son identité. Elle releva doucement sa capuche, alors que ses yeux étaient fixés sur l’arme. On ne savait pas pourquoi un silence de plomb – gênant – s’était installé. L’orque retenait son souffle alors qu’elle sentait son cœur battre fort, très fort.
Finalement, sa main se posa sur le pommeau, avant de le tenir fermement. Une première pression, mais rien … L’épée ne trembla pas d’un pouce. Nakhbaal soupira de déception, clôturant ses yeux alors qu’à nouveau, la déception s’éprit d’elle. Une deuxième pression, puis une troisième. Rien n’y faisait, elle ne bougeait pas. Des souvenirs remontaient, douloureux, qui lui rappelait à quel point elle était incapable. Un grognement audible, des dents acérées qui se serrèrent avant que l’orque ne mette toute sa force et sa frustration dans son poing, tirant brutalement et de toutes ses forces vers le haut. Aveuglée par la douleur de ses souvenirs, Nakhbaal ne se rendit même pas compte que son bras s’était entièrement levée, et que la lame transperça la roche dans laquelle elle était enfouit … Pour la première fois de son histoire, Lame-Etoile venait d’être arrachée par la main d’une femme, doublée d’être une Peau-Verte.
« Que ? … » S’exclama-t-elle seulement après s’être rendue compte de ce qu’elle venait de faire.