Que ce soit son monde d’origine ou Terra, l’existence tirait toujours entre la paix et la guerre. Beaucoup de cités sont tombées sous le joug d’un tyran ou d’un empire puissant en soif de conquête. La vie de bien des gens non-humains comme humains n’avaient rien de glorieux ni d’intérêt à raconter. Quand une ville tombait, on l’oubliait ou on s’en souvenait par le bouche à oreille. Éventuellement, le principe faisait que la réalité devenait l’équivalent d’une fiction, même d’une légende pour celles avec une grande notoriété. Lie Matoï avait vu pas mal de ruines, les vestiges de civilisation ne méritant pas de disparaître. Impuissante, la vision des débris et des morceaux de bâtiments restaient le dernier testament que la jeune rousse peut conserver dans son esprit. C’était malheureux et aussi un privilège de voir ce genre de spectacle silencieux et retenir des leçons pour soi-même. Ses pouvoirs par exemple, qu’elle doit utiliser seulement à bonne escient pour le restant de ses jours. Surtout que la foudre n’a rien de défensif, uniquement pour l’attaque ou une ressource d’énergie pour les mondes de technologie.
Ce qu’elle devait en faire maintenant ? Lie eut une idée dont l’origine vient de ce même bouche à oreille lors d’une halte à une auberge. Une conversation tournant comme ça sur la sexualité avec un homme de passage tourna vers la révélation qu’une cité resplendissante se cachait à quelques kilomètres loin dans une vallée, une forêt, puis avec une grotte comme point d’accès. La voyageuse écouta et fut plus qu’intriguée par les commentaires positifs de cet homme dont une grande satisfaction se lisait sur son visage rafraîchi par son séjour là-bas. Toutes races et sexualité étaient la bienvenue, aucune discrimination, comme pour Caelestis, à l’exception que des messieurs habitaient les lieux. Lie sentait la confiance grandir après sa discussion avec celui qui reparti sur son chemin. L’Esper fut alors de nouveau seule, mais avec cette ville de Haven à découvrir.
Comme on lui disait, il fallut traverser forêt et vallée et du temps pour rejoindre la grotte. La quiétude de la forêt et la beauté du parcours ravie la demoiselle qui aime admirer la vue et s’imprégner de l’atmosphère pour ressourcer énergie et détermination à reprendre le pas vers un paradis d’exception. Puis quand la baie se présenta de l’autre côté de la grotte, Lie retenue son souffle en admiration. Des pics et des archipels reliés ensembles formaient la cité avec son architecture vibrante, luxueuse. La baie servit de base à la construction des infrastructures pour en arriver à ses résidences et bâtisses perchées sur des montagnes La jeune demoiselle peinait à s’approcher de l’entrée de la ville tellement il y avait pour des minutes ou même des heures à observer la panoramique de Haven. Elle voyait alors la tour d’ivoire où l’attention se portait à tous voyageurs venant pour la première fois. Descendre le chemin du regard menait vers la plage et le temple de Lust. Ah oui, la déesse qui permit la création de cet état neutre et libre. Il serait bien de lui montrer son respect durant son séjour.
Car Lie ne comptait pas rester que quelques heures et repartir à la manière d’un voleur. Loin de là, il lui fallait des jours ou un bon mois pour se faire une idée de la ville et expérimenter ce qui fallait. Toutefois, il y avait un garde sur sa route. Ce représentant de Haven était au poste et recevait les arrivants pour expliquer la règle principale. Il fallait offrir un tribut ou un cadeau pour payer son entrée et le séjour. Heureusement de nombreuses possibilités s’offraient même à l’exploratrice sans trop d’argent restant dans sa bourse. Elle proposa d’offrir ses services, prendre un travail de façon volontaire. L’homme, un mercenaire au service de la famille royale, lui sourit et lui annonça que Lie avait beaucoup de chance : on cherchait une nouvelle domestique pour la résidence Krauf. Rien qu’en voyant l’imposant manoir situé sur un pic à la vue de tous les regards, elle comprit tomber sur un emploi chez les maîtres de la cité, si on pouvait les qualifier de la sorte. Elle ne considéra pas les autres emplois possibles et accepta d’y aller, sachant avoir de l’expérience pour le ménage. Mais bon, une maison modeste n’avait rien à voir à un immense manoir. Il fallait bosser et se plier à la rigueur de ce qu’on lui demande d’accomplir.
Il fallait noter aussi que les habitants avaient une pudeur quasi inexistante. Lie fut sous le choc de voir autant de personnes avec leurs accessoires naturels à l’air libre ou recouverts que de pagnes. Même la vue des hommes ne l’effraya pas, ironique. Dans une société libre et ouvert à la sexualité, il y avait peu à craindre et rien à cacher. On l’invita même à faire de même en portant un pagne rouge cramoisie. Elle eut beaucoup d’hésitation jusqu’à ce qu’un peu d’encouragement de la part de civils eut raison de la rouquine qui finit par se révéler, une scène bien acceptée. Elle les remercia pour leur accueil « spéciale ». Par la suite elle comprit alors que la déesse Lust avait une influence supérieure à tout ce que la demoiselle espéra. Le corps était une belle chose et l’amour charnel n’avait aucune limite.
Puis elle se retrouva au manoir. Aujourd’hui il y régnait un climat tropical très agréable. Les nombreuses fontaines de la résidence crachaient l’eau qui avec le vent quelques gouttelettes se posèrent sur sa peau pâle. Lie entra avec son guide dans un environnement riche et luxueux. Comment faire pour ne pas s’y perdre ? De longs jours d’exploration ? On lui annonça que son travail sera d’être la domestique non pas de la princesse mais bien d’au moins d’une de ses alliées. C’était la jeune demoiselle qui deviendrait Archimage un jour. Lie fut honorée de l’entendre et se présenta en toute légèreté là où se trouvait la chambre de celle qu’on nomme Néthi. Elle croisa son regard et aussitôt une attraction la cloua sur place, ne pouvant que faire une courbette polie comme le ferait une maid.
- Je viens travailler en échange d’un séjour sur Haven. On m’a parlé en bien de cette cité et je vous avoue être…secouée par l’atmosphère libertine. Vous savez comment surprendre vos visiteurs, si je peux dire. C'est monsieur Maxwell qui m'a proposé de venir...et me voilà.
