C’était un peu la panique au QG japonais de l’Agence. Des rumeurs circulaient sur une attaque féroce subie par une société partenaire, attaque qui aurait entraîné des problèmes conséquents et d’innombrables répercussions. Mais parmi toutes les rumeurs, il y en avait une qui était plus forte et plus inquiétantes que les autres : l’AB-555, d’ordinaire si calme, avait ravagé son bureau dans un accès de colère, et il y était enfermé depuis maintenant trois jours, de 7h du matin jusqu’à 23h, où il se faisait généralement jeter dehors par le gardien.
Seikusu, trois jours plus tôt.
L’agent 569 marchait rapidement dans les ruelles peu fréquentées de la ville. Il le cachait assez bien, mais il était nerveux. La veille, il n’avait pas réussi à contacter son collègue situé à Porsmouth, en Angleterre. Il avait donc décidé de vérifier une à une toutes les caches de l’Agence à Seikusu, au cas où l’explication aurait été déposée dans une boîte de relais. Et c’était le cas. Après plusieurs heures de recherche il finit par trouver dans une boîte aux lettres (la maison entière appartenait à l’Agence) une lettre dont l’enveloppe était marquée du logo de KGJ inc. KGJ, tout le monde le savait à part les nouveaux, c’était les gens qui s’occupaient des communications, entre autres avec l’étranger. L’agent fourra la lettre dans sa poche et repartit. Toute lettre trouvée dans une cache devait être amenée au plus vite aux patrons.
Bientôt, la nouvelle se répandit : KGJ avait été victime d’une attaque et tous leurs serveurs avaient crashé, entraînant dans leur chute le réseau de communication de l’Agence. Les meilleurs informaticiens furent immédiatement mis sur le coup, et parmi eux l’agent 555, Hiro Castel, qui était à l’origine du système de protection du réseau. Inutile de dire à quel point il était hors de lui en apprenant la nouvelle… D’autant plus qu’il semblait y avoir autre chose, dont personne n’avait connaissance mais qui visiblement rajoutait beaucoup à sa colère. Certains avaient bien essayé de lui tirer les vers du nez, ou au moins de grappiller quelques indices auprès de son épouse, l’agent 42, mais rien n’y fit. Le mystère restait entier.
Toc toc toc.
« Inutile d’insister, j’ouvrirai pas. » grogna une voix perdue au milieu des bruits de martèlement de clavier. « J’ai du boulot.
Hiro, c’est moi. Ouvre cette putain de porte où je demande à ta chérie de l’enfoncer. »
Les bruits s’arrêtèrent aussitôt. La porte s’entrouvrit.
« Qu’est-ce que tu fous là Dragon ? Ils passent par toi pour me poser des questions maintenant ?
Non, c’est moi qui m’inquiète. On t’a pas vu comme ça depuis des mois, c’est flippant. »
L’informaticien regarda dans le couloir. Personne. Il s’éloigna de la porte pour retourner vers son bureau.
« Entre, et ferme derrière toi. »
Avec un petit sourire l’archiviste s’exécuta et rejoignit son ami devant l’ordinateur. Sur l’écran était affichée une liste de noms.
« C’est toutes les personnes à qui j’ai envoyé le LT666 quand j’étais gamin. Parmi eux, il y en a un qui a décidé de se venger. Je sais déjà lequel c’est, mais j’essaie encore de déterminer s’il s’est trouvé des all… C’est quoi ça ? »
Le Dragon avait sorti un paquet à l’odeur assez forte et l’avait posé sur le bureau. Il sourit.
« C’est ton déjeuner, crétin. Si tu sors pas pour les repas, il faut bien que quelqu’un te les amène. »
Hiro ne prit même pas la peine de répliquer. Il hocha la tête en remerciement et commença à manger. Une boîte de pâtes, c’était mieux que rien… Et puis c’était pas mauvais. Il pointa un nom sur son écran entre deux bouchées.
« C’est lui. La Gargouille. Je lui ai laissé un message, vu que j’ai éliminé toutes ses backdoors sauf une seule il devrait pas tarder à le recevoir. Mais honnêtement, avec lui ça va être une course de vitesse parce qu’il était déjà très doué à l’époque. »
Comme il l’avait dit, un message figurait à un endroit où le hacker ne manquerait pas de le recevoir :
« Ça faisait longtemps, la Gargouille… Je te préférais quand tu avais disparu de mon champ de vision. Malheureusement pour toi, tu t’es attaqué aux mauvaises personnes, maintenant je ne te lâcherai pas avant de t’avoir neutralisé pour de bon. Au plaisir de te mettre encore des bâtons dans les roues, très cher ennemi.
Le Renard noir »
« Intéressant… Le Renard noir, c’est toi ? Sympa comme surnom. Bon allez, je te laisse bosser, bon courage. »
L’archiviste sortit du bureau, croisant les doigts pour que la déclaration de guerre de son ami ne lui retombe pas sur la gueule.
