Logan grogna, avant de s'efforcer de déglutir. Il avait la gorge sèche et un affreux goût salé sur la langue. Se redressant sur les coudes, il ouvrit lentement les yeux, pour constater que la marée l'avait échoué sur une petite plage de galets. Combien de temps était-il resté évanoui ? Logan n'en avait pas la moindre idée. Un rapide coup d’œil alentour l'informa que Schad et Elydis n'étaient pas à ces côtés, ce qui signifiait qu'il avait probablement dérivé pendant un petit moment. Les rochers tranchants avaient déchiré ses vêtements, ce qui le faisait ressembler à un sauvageon. D'autant que sa barbe et ses cheveux semblaient encore plus hirsute que d'habitude. Humant les embruns, Logan s'efforça d'y déceler l'odeur des deux jeunes femmes, mais l'expérience se révéla vaine : le vent soufflait bien trop fort.
« Bon. »
L'homme se redressa entièrement, faisant craquer ses os en adamantium. Ça et là, quelques blessures superficielles griffaient son dos massif, mais le vieux mutant savait qu'elles seraient résorbées dans peu de temps. D'un pas tranquille – après tout, il était inutile de se presser – il remonta la plage de galet vers le nord, où se dressait une immense forêt touffue aux teintes bigarrées. Les environs semblaient calme, mais Logan ne connaissait pas la flore, non plus que la faune locale, si bien qu'il s'enfonça dans le massif avec prudence. Le vieux mutant avait vécu, presque à l'état sauvage dans les forêts canadiennes, mais il fallait bien avouer que celle-ci était bien plus dense. Malgré le soleil éclatant qui régnait sur l'île, il ne tarda pas à être quasiment plongé dans l'obscurité. Au bout d'un petit moment, un bruit de cavalcade attira son attention sur le droit, et il aperçut un jeune homme athlétique à demi nu, qui l'observait entre deux feuillages.
« Hé ! », l'interpella-il. Après avoir cligné des yeux, l'adolescent se retourna, et s'enfuit en courant
« Attends », grogna le vieux mutant, en se lançant à sa suite. Le jeune homme courait à une vitesse affolante et, contrairement à Logan, il semblait savoir exactement où il allait, enjambant des talus, esquivant les troncs d'arbres, tournant brusquement à droite ou à gauche. Malgré sa vélocité, Wolverine fut rapidement distancé, et du se contenter de courir à une vingtaine de mètres du jeune homme, lequel curieusement, sembla ralentir sa course... Comme s'il l'invitait à le suivre. Soudain, ils débouchèrent sur une petite allée dégagée, au milieu de laquelle son guide s'arrêta brusquement avant de faire volte face. Déboulant au pas de course, Logan s'approcha de lui et... Fut stoppé dans son élan par un choc brutal qui le propulsa en arrière, contre le tronc d'un arbre mort.
« Qu'est-ce que... » Le jeune homme était toujours debout, non loin de lui. Mais à ses côté, se trouvait une
créature sylvestre qui dépassait allègrement les deux mètres, et qui le toisait de son regard mauvais. Le jeune homme recula de quelques pas, laissant la créature s'avancer doucement vers Logan.
Quant à Schad et Elydis, sur les conseils de cette dernières, elles s'étaient également dirigées vers la forêt, dans laquelle elles purent progresser sans encombre pendant une bonne heure...Avant que la forêt ne devienne plus dense, et qu'elles soient obligées d'enjamber des racines à chaque pas. L’atmosphère luxuriante se transformait peu à peu en quelque chose de plus en plus inquiétant, alors que les deux jeunes femmes commençaient à réaliser qu'elles n'étaient pas seules.
« Schad... Tu as entendu ça ? », commença Elydis, que cette marche forcée commençait à fatiguer.
« J'ai l'impression qu'on nous suit... » Si la Lycane utilisait son odorat, elle pouvait aisément déterminer qu'il ne s'agissait pas de Logan.
« En plus je crois qu'on est déjà passées par là... » La catin avait raison ; elle venait de dépassé pour la troisième fois un énorme arbre noir, sur lequel était gravé une sorte de rune. Soudain, une épaisse brume blanche s'éleva du sol, leur supprimant tout repère visuel.
« C'est quoi ça ?! », paniqua la jeune femme, en se rapprochant de Schad, pour lui saisir la main, collant son corps gracile à celui de son amie. Finalement, la brume se leva et à leur grand étonnement, elles purent constater que les arbres alentour avaient disparus. Et qu'elles se trouvaient à présent dans une une clairière assez vaste, au beau milieu de laquelle se dressait une petite maison en bois, flanquée d'un puits et d'une étable. Sur le seul de cette bicoque, un homme de haute taille, au visage masqué les attendait, appuyé sur un long bâton de bois.
« Bonjour étrangères, bienvenues en ces terres maudites. »
L'homme était pourtant à une bonne vingtaines de mètres des deux jeunes femmes, mais elles pouvaient l'entendre comme s'il se trouvait juste à côté, ce qui avait indéniablement quelque chose d'inquiétant.
« Suivez-moi, je vous offre le gîte et le couvert », ajouta l'inconnu de sa voix grave et paisible, avant de pénétrer dans sa cabane, laissant le choix aux deux jeunes femmes de le suivre, ou non.