La nuit tombait, lentement et Galonia s'était retrouvée seule. Elle avait fait partie d'une caravane qui permettait à quelques marchands de se rejoindre dans les villages terranides de la région mais cette aventure était désormais une nouvelle page à remplir dans son carnet et elle devait à présent se trouver autre chose à faire. Il fallait qu'elle bouge, qu'elle ait de quoi occuper ses pensées pour ne pas retomber dans ses pensées morbides. Ainsi, elle avait décidé de s'arrêter au pied d'un arbre et de s'y installer pour écrire tout ce qu'elle venait de vivre. Comme de coutume, elle déposa son sac assez léger et en sortit son carnet marqué de runes elfiques. Elle en défit le nœud qui le retenait fermé, prononça les quelques mots nécessaires à son ouverture et l'ouvrit à une page vierge. L'instant d'après, elle sortit une plume et entreprit de tout écrire.
Ça avait commencé à cette petite auberge de Nexus, un commerçant cherchait des mercenaires et autres aventuriers pour l'accompagner pour un voyage dans les terres sauvages. Il n'avait pas fallu longtemps à l'elfe pour aller trouver cet homme et accepta son offre généreuse. Lors du voyage, elle avait fait la connaissance de quelques humains sympathiques mais aucun d'eux n'avaient été capables d'effacer, ne fut-ce que pour un temps, le chagrin qu'elle portait encore dans son cœur et son âme. En arrivant à la fin de son récit, elle sentait son cœur se resserrer et changea de page. Elle chercha du bout des doigts le coin supérieur corné et, lorsqu'elle le trouva, tourna toutes les autres avant de voir ce qu'elle voulait. Il s'agissait d'un
portrait de son aimé, du dernier qu'elle avait simplement laissé mourir sans pouvoir réagir.
Alors que les larmes commencèrent à brouiller sa vue, elle passa sa main sur la page dessinée. C'était sa façon de ressentir sa peau, sa présence même à travers ses doigts fins. A chaque fois elle se promettait de ne pas pleurer à l'avenir mais c'était toujours plus fort qu'elle. C'était la raison principale qui la forçait à regarder son dessin en solitaire, à l'abri du regard des autres. Finalement, elle referma son carnet, refit le nœud scellant ainsi son précieux bien et revisitait son passé, lorsqu'elle avait la force de la mage qui l'habitait. Elle serra les poings, pas assez fort pour se faire saigner des paumes mais quand même assez pour sentir la douleur l'envahir. Au final, elle avait toujours été faible et avait toujours compté sur les autres pour la défendre. C'était elle la principale cause de sa tristesse, elle était son propre bourreau de conscience. Alors elle ferma les yeux et s'endormit.
Lorsque le soleil se leva, elle ouvrit lentement les yeux et observait les alentours. La rosée faisait briller l'herbe fraîche, le lever de soleil créait une douce ambiance orangée mais le principal était que ses affaires étaient toujours posés là où elle les avait laissés. Sa main droite caressa son étrange carnet et elle se releva enfin. En ouvrant son sac, elle trouva quelques vivre qu'elle avait gardé pour ce genre de situation et mangea quelques bouts de pain avant de se remettre en route. Lentement, elle s'enfonça plus profondément dans la forêt qui l'avait hébergée afin de trouver un point d'eau. Elle fut alors heureuse de trouver un petit étang. S'assurant d'être seule, elle se déshabilla et plongea. L'eau était froide mais elle avait besoin de cette baignade. C'était un de ces moments qu'elle savourait encore, un de ces moments qu'elle appréciait au point de retrouver sa joie d'antan. Après plus d'une heure de nage, elle ressortit, se sécha et se rhabilla. Cette fois, elle avait opté pour une longue robe blanche, vestige de son passé. En la voyant, elle s'était remémorée cette époque de stabilité ainsi que sa toute première rencontre avec le héros de son enfance. Oui, elle la voyait maintenant comme sa robe porte-chance et voulait la porter une nouvelle fois. Elle avait besoin d'un peu de chance.
En remettant cette tenue, elle avait également sorti sa flûte, son instrument favori. L'envie était forte, si forte qu'elle ne résista pas longtemps avant de la prendre et de rejouer de cet instrument. Contrairement au passé, cette fois elle ne jouait plus d'airs heureux mais faisait ainsi ressortir sa mélancolie de manière plus harmonieuse, les yeux fermés le temps de l'air, assise au bord de l'étang, les pieds encore dans l'eau.