[TERMINE] Enquête costumée... [PV: Batgirl]

On  pouvait arguer que Kenji était un pur professionnel, et que torturer des femmes ne procurait chez lui aucun plaisir quelconque. C’est en tout cas ce qu’il affirmait, et on avait tendance à le croire, vu la manière dont il torturait froidement, sans jamais laisser aucune trace... Mais ça aurait été mal le connaître que de penser ça. Le père de Kenji avait effectivement été un bourreau, quelqu’un qui avait travaillé pour la CIA et les Yakuzas, afin d’interroger des communistes chinois, quand ces derniers tentaient de répandre le communisme au Japon. Et Kenji se rappelait très bien des loisirs de son père. Son père avait une petite ferme dans la forêt, où il se rendait chaque week-end. Sa mère, une pure Japonaise, totalement soumise, fanée comme une vieille fleur éteinte, convaincue que l’épanouissement de sa vie aurait lieu dans un mariage mort où elle avait toujours été incapable de satisfaire son mari (qui l’accusait d’être frigide et d’être une bonne-à-rien dont le rôle était de faire la vaisselle, et de ne jamais, ô grand jamais, l’interroger sur son travail), et ce n’est pas elle qui aurait demandé à son mari où il se rendait tous les Samedis, pour revenir ensuite le Dimanche, heureux et épanoui... Mais Kenji, lui, avait été curieux. Il avait fini par suivre son père, et avait compris... La cabane dans les bois. Son père prétextait s’y rendre pour pêcher et couper du bois, mais il n’y avait aucune canne à pêche dans cette cabane isolée, simplement une cellule capitonnée où Kenji torturait à loisir les femmes qu’il capturait dans la région. Un psychopathe. Voilà ce que son père était. Il capturait des étudiantes, des prostituées, ou encore des touristes, voire des clochardes, et les torturait ici, chaque week end, enterrant ensuite les cadavres à côté, dans le jardin.

La folie était-elle héréditaire ? Kenji n’avait jamais eu la réponse à cette question, mais, en voyant cette femme se dandiner, un sourire élargissait de plus en plus ses lèvres. Ses vêtements ne conduisaient pas l’électricité, et cette dernière stimulait les muscles de la femme. Ses lourds seins pointaient à travers son soutien-gorge, et il se rapprochait d’elle, caressant ses joues, sentant de très légers picotements. Il aurait bien aimé l’embrasser... Mais c’était un luxe qu’il ne pouvait pas se permettre. À défaut, elle pouvait toujours sentir la bosse frotter ses cuisses... Une belle érection, alors que sa respiration devenait rauque, de plus en plus précipitée... Petit à petit, il en oubliait Cassandra, et ses pouces frottaient les lèvres de la femme...

Quand il entendit un choc sourd dans son dos. Surpris, Kenji se retourna... Et put voir que la femme s’était renversée sur le sol. Elle s’était balancée sur sa chaise, et avait bondi en arrière. Ses jambes filèrent par-dessus son corps, et elle se redressa, arrachant les sangles.

« Non ! »

Kenji s’élança vers elle, mais Cassandra, les lèvres serrées, l’accueillit avec un coup de pied retourné qui l’envoya s’étaler sur le sol. Sonné, l’homme ne réagit pas, laissant à Cassandra le temps de retirer les pinces électriques... Puis Kenji se releva, et se jeta sur elle, la ceinturant à hauteur du ventre. En soupirant, Cassandra roula sur le sol, et l’homme se releva, puis envoya un coup de poing en pleine figure, faisant cracher du sang.

« Gaah ! »

Oui, ça faisait mal... Mais Batgirl n’avait pas encore dit son dernier mot, et, alors que l’homme levait son poing, Cassandra le frappa violemment à hauteur des hanches, et brisa l’une de ses côtes, heurtant ses poumons, coupant sa respiration. Un coup précis et potentiellement mortel. Elle pouvait en effet envoyer des os de la cage thoracique perforer les poumons, ce qu’elle n’avait toutefois pas fait ici. L’homme eut néanmoins la respiration coupée, et Cassandra le repoussa, puis le frappa à nouveau, le neutralisant pour de bon.

Essuyant son visage des quelques gouttes de sang l’éclairant, Cassandra regarda Vanessa, et s’empressa de la détacher. La policière s’affala contre elle, et Cassandra, surprise, finit par l’enlacer entre ses bras, tout en reprenant son souffle.

« Toi... En sécurité, maintenant... Avec... Moi... Moi... Suis dé... Désolée pour... Toi... »

Cassandra était en fureur contre elle-même. Elle avait été capturée ! Et on avait torturé devant elle une innocente !

Oh, elle allait leur faire payer... Mais, tout d’abord, elle devait mettre Vanessa en sécurité, et, pour ça, elle allait devoir quelque chose dont elle n’avait pas du tout l’habitude, et qui l’effrayait encore plus que tout le reste : réconforter quelqu’un d’autre... Ce qui était difficile, quand on analysait un corps humain en cherchant avant tout toutes les manières possibles de le briser.

C'était tout bonnement un cauchemar. Il n'y avait plus de toutes possibles dans l'esprit de Vanessa ; elle devait s'être endormie chez elle, et tout ceci n'était qu'une horrible songe, et elle allait bientôt se réveiller. Elle qui n'avait jamais connue ce genre de choses, de situations extrêmement dangereuse. Pour une policière on aurait pu penser que cela ne la choquerait pas autant, mais pourtant, non. Bien qu'elle eut des altercations diverses, jamais elle n'avait du faire face à une telle situation. Elle se sentait si faible, si inutile à ce moment précis, face à Batgirl. Quand elle y repensait ; qu'avait-elle pu faire face à ses agresseurs ? Rien. Si cette femme en costume moulant n'était pas venue la sauver, elle serait faite violée, tout simplement. Et même tuer, qui savait. Vanessa ne s'était jamais sentie aussi mal de toute sa vie. Et le fait que ses muscles se contractaient sous les impulsions électriques qu'elle était en train de recevoir n'étaient presque plus que des lointains souvenir, tellement était-elle perdue dans son propre esprit. Mais Kenji ne l'entendait pas de cette oreille. Visiblement, voir une femme en sous-vêtements l'excitait grandement, quand on voyait, et sentit une telle bosse.

(Dégouttant !) Pensa Vanessa en sentant cette bosse, appartenant à ce porc, frotter contre sa cuisse. Mais attachée de la sorte elle ne pouvait pas faire grand chose. Et ce qui était encore plus dégouttant était qu'il osa porter sa main sur sa joue et la caresser. De quel droit venait-il la peloter, ce tas d’immondices ? La tentation de mordre cette main était grande, mais Vanessa, du coin de l'oeil, sans que Kenji s'en aperçoive, constatait que Batgirl se démenait sur sa chaise et semblait en passe de faire quelque chose. Il était donc de son devoir de supporter ces attouchements, pour encore mieux piéger ce salopard. La goutte faillit faire déborder le vase quand elle sentit les doigts gras et rugueux de ce porc venir caresser ses lèvres. Mais plus il faisait cela, plus il en oubliait la présence de Batgirl. En plus d'être pervers, il était stupide. Vanessa le fusillait du regard, n'osant rien faire, par peur de mettre la puce à l'oreille. Pourtant Kenji finit par se rendre compte de ce qui se passait au moment où la chaise de Batgirl bascula sur le coté, causant un grand bruit.

Et encore une fois, Vanessa ne pu qu'être spectatrice. Ses muscles étaient toujours tétanisés par les impulsions électriques, et elle ne pouvait rien faire. D'autant plus qu'elle était exténuée, ne possédant pas l'endurance de Batgirl. Elle ne pu donc qu'observer la scène, tentant tout de même de se débattre, sans effets. Si Kenji parvint à décocher un coup de poing, la jeune femme en costume finit par le maîtriser et l'envoya au tapis. La pression retomba réellement quand elle sentit ses sangles se détacher, et les impulsions électriques s'arrêter. Reprenant son souffle, toute la pression s'échappa à ce moment. Cela se fit tellement vite, qu'elle s'effondra littéralement sur Batgirl. Presque inconsciente, elle était juste présente pour pouvoir marcher, et encore, grâce à l'aide de sa sauveuse. Elle la sentit venir l'enlacer de toute part et lui dire qu'elle était en sécurité, à présent. Vanessa et Batgirl seraient réellement en sécurité uniquement quand elles se seront extirpées pour de bon de cette cave miteuse. L'agente rassembla le restant de ses forces pour agripper la jeune femme et marcher avec, afin de ne pas la ralentir inutilement.

"Je veux … Quitter cet endroit … Vite …" Dit-elle péniblement. Partir était sa seule envie. Peu importe si ses affaires étaient encore là quelque part ; elle n'avait qu'un revolver sur elle, et rien d'autre. Elle n'avait rien à perdre. Et peu importe si elle allait sortir en sous-vêtements, cela ne sera jamais pire que ce qu'elle venait de subir. Faisant un réel effort pour rester accrocher à Batgirl, tout en marchant, elle nicha inconsciemment sa tête à son cou, cherchant quelque part la sécurité … Que seule cette femme pouvait lui offrir à ce moment.

Cassandra avait neutralisé leur adversaire. Il gisait au sol, sonné, et incapable de se relever avant un bon moment. Maintenant, il leur restait juste à trouver un moyen de s’enfuir. Seule, ce serait déjà difficile, mais, en plus, Cassandra allait devoir le faire avec une policière en sous-vêtements, une policière qui ressemblait alors davantage à une civile. Qu’elle n’ait pas encore vomi tenait, en soi, du miracle, et Cassandra passa donc un peu de temps à simplement la tenir dans ses bras. La policière avait eu la mauvaise idée de faire une patrouille dans un quartier dangereux de la Toussaint. Elle ne méritait pas ça, et Cassandra se rappelait de la règle d’or de la Bat-famille : toujours défendre et protéger les innocents. Cette directive supplantait à toutes les autres. Cassandra allait l’appliquer en ce moment en sauvant cette femme, et en lui permettant de revoir sa famille, si elle en avait une.

Pour l’heure, il fallait la rassurer, et la tâche était plus difficile que prévue. Plus difficile, car Cassandra n’avait jamais appris à parler, à lire ou à écrire, quand elle était jeune. Tout cela, elle l’avait appris depuis que la Bat-famille l’avait récupéré et adopté. Elle peinait encore à parler, car c’était des notions instinctives, qu’on apprenait bien plus facilement pendant l’enfance qu’à l’âge adulte.

« Moi… Aider toi à… Sortir… Mais… Toi devoir… Obéir moi… »

Elle parlait lentement, en hachant ses mots, et se débrouilla pour que son regard croise celui de la policière. Elle était choquée, mais résolue… Et Cassandra, qui ignorait comment faire pour l’amener à se redresser, fit alors une chose instinctive, et pas forcément logique… Elle l’embrassa. Ce fut un baiser bref et rapide. Ses lèvres se plaquèrent contre les siennes pendant quelques secondes, et elle se redressa ensuite. La priorité était de retrouver son masque, car c’était le seul moyen qu’elle avait pour contacter l’Oracle, et ainsi obtenir un soutien tactique. Elle sortit alors de sa Bat-ceinture un petit appareil, une sorte de délicat boîtier, et appuya sur un bouton, déclenchant un signal d’urgence dans le Bat-casque, qui se matérialisa sur l’écran par un petit point clignotant, un autre point fixe indiquant sa position. Il n’était pas loin, et elle soupira lentement, puis regarda à nouveau Vanessa, et désigna la porte de sortie. Une porte métallique grisâtre. Kenji avait la clef de cette dernière.

Néanmoins, avant de sortir, Cassandra demanda à la policière de l’aider, et attacha Kenji. C’était aussi un bon moyen de la réveiller, en lui faisant faire un peu d’action simple. Elle mit Kenji dans la position où se trouvait Vanessa, et entreprit de le fouiller rapidement. Elle trouva un porte-feuilles, le prit (il s’agissait de pistes pour l’Oracle), un trousseau de clefs, et un pistolet. C’était un Beretta, et elle le tendit vers Vanessa.

« Pour… Protection. »

Elle ouvrit ensuite la porte, puis s’avança dans un couloirs aux murs nus. Elles étaient dans une espèce d’entrepôt, avec des lézardes le long des murs, et de grandes portes fermées par des grillages. Il y avait quelques gardes qui marchaient ou qui fumaient, notamment autour d’une salle de détente. Cassandra s’y approchait lentement, en faisant le moins de bruit possible.

« Kenji prend son temps…
 -  Hey, on a une invitée de marque, après tout ! Tu sais, j’ai entendu parler de Gotham City… Quand le Boss s’y est rendu pour négocier avec ce type, là-bas, ce bossu fan de parapluies, j’étais là. J’ai vu cette ville… Un vrai dépotoir.
 -  Ah ouais ?
 -  La corruption y traîne partout… Et y a tellement de cinglés avec de super-pouvoirs… De foutus monstres ! Ce mec, ce Pingouin, il a eu un foutu requin géant dans son club ! Un requin géant, merde ! Et… Ils ont tous peur d’une chose. Y a un truc dont on doit jamais parler avec eux, peu importe qui ils sont… La chauve-souris. »

Cassandra posa un doigt sur ses lèvres. L’appareil n’était pas très loin. Le signal émanait d’une porte sur la droite, derrière la salle de détente. Les Yakuzas étaient sur la gauche, discutant entre eux tout en jouant aux cartes. Cassandra passa prudemment, puis fit signe à Vanessa de la rejoindre. En sous-vêtements, la pauvre devait grelotter, raison de plus pour se dépêcher. Cassandra se dirigea vers la porte, et constata qu’elle était fermée. Elle utilisa donc les clefs de Kenji, et finit par entrer dans une sorte de petite salle de dépôt.

Il y avait plusieurs étagères métalliques avec de nombreux caisses et cartons. Cassandra regarda autour d’elle, puis ouvrit une caisse, et vit du matériel à l’intérieur. Elle étudia un autre carton, et vit plusieurs sachets brillants.

*De la drogue…*

Elle balança le carton en soupirant, puis, quand elle en ouvrit un autre, elle tourna la tête vers Vanessa, et le lui lança. Il y avait ses affaires à l’intérieur. Cassandra continua à fouiller, et finit par trouver, dans un carton, son casque. Elle le saisit donc, et le mit rapidement sur sa tête, en se sentant bien mieux, puis programma ce dernier. Le Bat-casque n’était pas qu’un simple casque destiné à protéger son identité, il était aussi truffé de gadgets, d’une puce GPS, d’une radio… Elle put ainsi repérer sa position. Les sous-sols d’un hôtel de luxe appartenant aux Guramu, avec un restaurant… Et qui servait visiblement de plate-forme pour tous les trafics illégaux du clan. Un hôtel situé en plein milieu de la ville… Où les Guramu n’hésitaient pas à torturer des policiers.

Rien ne semblait devoir les arrêter.

Mais, pas de chance, pour eux, Batgirl était là.

Batgirl faisait réellement un effort pour protéger et rassurer Vanessa, mais il fallait dire que sa difficulté à parler n'aidait pas. Vanessa avait conscience de ce qu'elle tentait de faire, mais vu son état, elle était moins réceptive. Il fallait qu'elle se ressaisie ou quelque chose dans le genre. Mais elle venait de se faire électrocuter, à petite intensité certes, mais tout de même. Et elle était en sous-vêtement, sa dignité était donc bien au fond de ses chaussures, qu'elle ne portait plus non plus. Elle remarque que Batgirl croisa son regard avec le sien et semblait réellement soucieuse. Mais sa difficulté à parler était un frein et elle ne savait visiblement pas comment faire pour résoudre le problème. Vanessa avait horreur de se retrouver dans ce genre de situation. Elle était plus un boulet aux pieds de Batgirl qu'autre chose. Elle savait qu'elle devait se battre, et redresser et reprendre du poignant. Mais elle n'y arrivait pas, étant bien trop engluée émotionnellement. Il lui fallait un stimulus, quelque chose qui la sorte brutalement de son état comateux.

Et ce fut Batgirl qui ouvrit le bal, en venant subitement embrasser l'ex-policière. Il ne dura guère, mais il fut suffisamment soudain pour faire ouvrir grand les yeux à Vanessa qui venait alors se rendre compte qu'elle était en train d'embrasser sa sauveuse. Un simple baiser où leur lèvres se plaquèrent, mais qui rendu du peps à Vanessa. Confuse, ses yeux étaient ronds et ouverts. Elle ne savait pas si c'était à cause de l'émotion, mais pendant un court instant elle avait eut furieusement envie de garder les lèvres de Batgirl contre les siennes et de l'embrasser pour de bon ! Mais ce n'était ni le moment, ni le temps ni rien d'autre. Se redressant, l'agente se secoua la tête puis écouta attentivement ce que l'héroïne lui dit de faire. Hochant de la tête, elle entreprit alors de déposer ce gros lard de Kenji sur sa précédente chaise et l'attacha solidement, comme Batgirl venait de le lui demander. Elles l'avaient mise à deux en réalité, et quand ce fut le cas, la femme costumée fouilla le corps et récupéra son porte-feuille, des clés et autres objets qui lui seraient, sans doute, utiles.

Muette, Vanessa se contenta de suivre Batgirl aussi prudemment que possible. Pas question de l'entraver ce coup-ci. Elle avait froid et grelottait, de par l'absence de vêtement sur sa peau, mais résistait quand même. C'était le prix à payer pour s'échapper de cet endroit, pensa-t-elle. Batgirl avait récupéré un Beretta sur Kenji et l'avait tendu à Vanessa, qui le prit dès lors. Pour la protection, on ne pouvait avoir mieux en effet. L'ex-policière vérifia qu'il était chargé, ce qui fut bien entendu le cas. Ainsi donc, les deux protagonistes se frayèrent un chemin dans ce qui semblait être une sorte d’entrepôt. Vanessa resta silencieuse et suivit l'héroïne, qui finit par atterrir devant une porte fermée à clé. Mais étant en possession du trousseau de Kenji, ce fut l'affaire que de quelques instants avant que cette porte ne s'ouvrit. Au fond, des étagères métalliques et des cartons. Une petite fouille après et voilà que Batgirl retrouva ses effets, et ceux de Vanessa.

Cette dernière s'empressa de se rhabiller, enfilant sa jupe, son pull et ses talons avec hâte. Non seulement cela donnait une impression de sécurité et de dignité, mais surtout, ça réchauffait. Jamais Vanessa n'avait ressentie un tel bien en s'habillant … Aucune sensation n'équivalait celle-là, à ce moment. Rangeant le Beretta dans son holster vide, elle était enfin prête à réellement mettre la main à la patte. Armée et surtout redressée, Vanessa pouvait à présent apporter une vraie aide à la femme costumée, qui avait d'ailleurs retrouvée son casque. Même si à présent, celui-ci ne protégeait plus son identité aux yeux de l'agente, qui avait vu son visage pendant assez longtemps pour s'en souvenir. Et elle s'en souviendrait fortement … Que ce soit par remerciement pour l'avoir tiré de ce pétrin, ou tout simplement par sa beauté.

"Que fais-t-on maintenant ?" Dit-elle à voix basse, attendant alors la suite pour agir.

« Nous... On sort. »

Voilà à quoi se résumait le plan de Cassandra. Elle était pour l’heure trop ancrée dans l’action pour y penser, mais, par la suite, le baiser qu’elle avait partagé avec Vanessa lui reviendrait en mémoire. Pour Cassandra, ce geste avait juste eu pour fonction de la calmer, car elle avait déjà vu, dans les films, des gens s’embrasser, ce qui semblait les aider à se détendre. Cassandra regardait des films pour s’imprégner de toute une culture qui lui avait échappé, pour apprendre davantage à parler, ou à voir d’autres choses que le fait de se battre. Ce n’était pas un franc succès pour le moment... Mais elle avait au moins retenu ça : les baisers. Et ce baiser volé avec Vanessa, elle y repenserait ensuite... Mais, pour l’heure, il fallait s’évader.

Grâce à son casque, elle disposait à nouveau d’une radio, et rentra donc en contact avec Barbara. La connexion avec le Bat-ordinateur avait été prévue pour fonctionner dans de nombreuses zones qui, par nature, étaient hostiles au système sans fil : les grottes, les îles, les déserts... Le signal était moins performant qu’en pleine rue, mais était là. Cassandra s’en était aidée pour se repérer, et savait que Barbara allait maintenant pouvoir la repérer, et lui apporter un soutien de loin. Elles étaient dans les souterrains d’un hôtel de luxe, et Cassandra sortit la première, enclenchant la vision thermique de son Bat-casque, lui permettant de repérer les gardes, car ces derniers, à moins d’être des adeptes de Mr. Freeze, dégageaient des sources de chaleur autour d’eux. Elle s’avança donc dans le couloir, longeant différents entrepôts de stockage. Les deux femmes étaient perdues dans les tréfonds d’un des plus gros repaires en ville des Guramu. Il y avait des tueurs armés partout, et la prudence était de mise. Cassandra restait proche de Vanessa, et elles approchèrent du fond de ce sous-sol, pour voir un ascenseur... Malheureusement, une caméra de sécurité se trouvait là, et Cassandra pesta à voix basse.

*Mince...*

Elle se retourna, et partit en sens inverse. La caméra bloquait l’accès du couloir, et elle s’approcha de la première porte qu’elle vit, menant à un entrepôt vide, et la crocheta. Cette dernière s’ouvrit, et elle se glissa dans une grande pièce assez froide, avec de nombreuses caisses de stockage. Il y avait aussi plusieurs chaises dans les coins, et une grille menant aux égouts. Cassandra s’en approcha, et déglutit en voyant ce qu’il y avait en bas... Outre de nombreux rats, des cadavres étaient posés là, abandonnés depuis longtemps.

*Un moyen efficace de se débarrasser des corps, en laissant les rats de la ville les dévorer...*

Inutile de vouloir sortir par là. Cassandra se releva donc, et alla de l’autre côté de cette grande pièce, les sens aux aguets. Elle ouvrit la porte se trouvant de l’autre côté, et longea le couloir, pour voir des escaliers sur sa droite. De la main, elle fit signe à Vanessa de la suivre, et grimpa à l’étage, pour sortir de la cave. Une odeur de grillade remontait alors à ses narines, et le béton laissa la place à du carrelage. Elles venaient de se rapprocher des cuisines de l’hôtel.

Toujours un peu plus près de la sortie.

Le plan était simple ; il fallait sortir. Acquiesçant, Vanessa décida donc de continuer dans son mutisme et se contenta de suivre les instructions de Batgirl. Elle savait mieux que quiconque comment faire pour se sortir d'une pareille situation, alors il serait maladroit et fou de ne pas la suivre. Pour le baiser qu'elles s'étaient échangé, le temps serait beaucoup plus propice à y penser après qu'elles se soient évadé. Vanessa avait envie de sortir d'ici, c'était sa seule préoccupation pour l'heure. D'habitude calme et rationnelle, cette excursion en un milieu aussi dangereux resterait gravé dans sa mémoire à jamais. Seikusu était truffée de mafia et de mains invisibles qui géraient la ville dans l'ombre, ce dont elle ne pouvait pas se douter auparavant. Cette petite ville paisible et aux apparences tranquilles était en réalité un nid de vipères. Pour l'heure, le plus tôt elle sera à l'extérieur, avec Batgirl, le mieux ce serait.

Et le meilleur moyen pour y parvenir était bien entendu de la suivre. Ainsi, faisant preuve d'une grande discrétion, elle s'avança après elle, suivant ses pas et ses instructions. Son casque devait être un appareil technologique puisqu'elle semblait s'orienter avec précision. Ou alors elle connaissait déjà les lieux, mais c'était bien moins probable. Elle s'avançait donc, évitant les gardes qui étaient sur le chemin. Visiblement Batgirl se dirigeait vers une sortie directe et sans peines. Ce fut pour cette raison que quelques minutes plus tard, le binôme atterrit devant un ascenseur, après avoir traversé nombre de couloirs longeant des différents lieux de stockages. Mais, alors que Vanessa croyait que c'était la fin du tunnel, Batgirl s'immobilisa et fit remarquer la présence d'une caméra. Et zut ! Il fallait que ces imbéciles pensent à tout.

Pourquoi ne pouvaient-ils pas être stupides, comme dans les films ? Une porte qui se renferma donc. Les deux femmes n'allaient pas sortir par l’ascenseur et allaient donc devoir trouver un autre moyen pour sortir. Vanessa savait que Batgirl avait plusieurs cartes dans sa manche, et le fait qu'une porte s'était refermée ne signifiait pas la fin des investigations ! Elles se remirent en marche et partirent devant une porte fermée, que la femme costumée déverrouilla en crochetant la serrure. Cela menait donc à une pièce, un stock, un de plus. Des caisses se trouvaient ici. Vanessa se demandait bien, avec toutes les caisses qu'elles avaient vu depuis tout à l'heure, ce qu'elles pouvaient bien contenir. De la drogue et autres marchandises peu légales, sûrement. Soupirant, elle constata que sa sauveuse avait remarqué une bouche d'égout, mais avait fait vite de se raviser. C'était une issue pas exploitable non plus. Que restait-il ? Mais aussi éveillée qu'un félin, elle tourna sa tête et alla prêt de la porte au fond de la pièce.

Vanessa la suivit et remarqua alors que cette porte donnait sur un escalier. Batgirl fit signe à l'agente de la suivre et bientôt, les deux rescapées quittèrent peu à peu les sous-sols pour retrouver un milieu plus familier. Du carrelage au sol, des odeurs de fritures et de grillades, nul doute ; elles étaient dans un restaurant. C'était peut-être la lumière au bout du tunnel ? Mais il fallait rester prudent tout de même ; tant qu'elles ne seraient pas complètement sorti, elles étaient encore en danger. Elles montaient les marches de l'escalier jusqu'à ce qu'elles quittèrent complètement le sous-sol, pour se retrouver devant une porte menant à une pièce très étroite. Une sorte de remise pour des produits alimentaires, qui à leur tête, ne semblaient plus très frais. (Les cuisines …) Pensa Vanessa. Elles étaient à présent dans les cuisines d'un restaurant. Il y avait deux moyens de sortir ; soit par la salle à manger, ce qui serait fort peu pratique et surtout, peu discret, soit par la zone de livraison. Et à une heure aussi tardive, il n'y avait pas de livraison donc le risque de se faire repérer était minime.

L'agente prit un peu les devants et passa la première, se dissimulant pour voir s'il n'y avait personne. Il y avait là deux ou trois cuistots, occupés à leur affaires. La réussite de l'opération allait reposer sur leur faculté à ne pas faire de bruit, plus qu'autre chose. Vanessa passa la première et, silencieusement, passa d'étagère en étagère, tentant de repérer la porte ou l'accès menant au quai de livraison. Faisant le minimum de bruit, elle finit par y arriver et se retrouva bientôt sur le dit quai, plongé dans l'obscurité de la nuit. Le sas était ouvert et donnait sur la rue. *Nous y sommes !* Murmura-t-elle à Batgirl, sentant enfin l'odeur de la liberté venir chatouiller ses narines.

Vanessa et Cassandra eurent la même idée : sortir en filant par la zone de livraison, par l’arrière de l’hôtel, autrement dit. C’était une zone plus prudente que de se rendre dans le restaurant de l’hôtel. Elles s’avancèrent prudemment, se dissimulant dans l’ombre quand des cuisiniers arrivèrent. Ils fumaient dehors. Le Japon était un pays avec une législation antitabac très stricte, et, comble de l’ironie, les Yakuzas avaient tendance à craindre davantage ce genre de lois que les effets de la loi Antigang. Le Diable était dans les détails. Pour s’en convaincre, il suffisait de se rappeler d’Al Capone, qui, malgré tous ses crimes, était tombé pour une chose aussi simple que la fraude fiscale. Une infraction qui était plus facile à prouver que le meurtre, l’extorsion, ou la corruption, car il suffisait de produire des chiffres... Et eux ne mentaient pas. Batgirl connaissait cette histoire, et elle savait que les criminels étaient des colosses aux pieds d’argile. Il suffisait de peu de choses pour que leur empire s’écroule. Gotham City en avait été une illustration. Carmine Falcone avait régné en maître sur la ville pendant des années. Il n’y avait pas une seule administration publique de Gotham City qui n’ait pas été corrompue par Falcone, allant aussi bien du GCPD qu’au service de ramassage des ordures ou au traitement des eaux de pluie. Un système infaillible, mais qui s’était progressivement effondré sur place, sous l’action du Chevalier Noir. Akihiro Guramu redoutait la même chose dans sa ville, et il avait bien raison d’avoir peur. Comme Wilson Fisk ou Don Falcone, sa place était en prison, et c’était bien là que Cassandra comptait l’envoyer.

Les deux femmes marchaient, et se rapprochèrent du quai de chargement, là où les camions devaient arriver tôt le matin pour délivrer leurs victuailles. Cassandra regardait autour d’elle, et attendit que les cuisiniers retournent travailler. Les deux femmes étaient dissimulées dans l’ombre, mais Vanessa devait avoir froid. La jeune femme grelottait sur place. Les trois cuisiniers filèrent, puis Cassandra se rapprocha de la sortie. Le portail était ouvert, et, alors qu’elle se rapprochait, toutes les lumières s’allumèrent brusquement, et le portail s’avança lourdement, tandis que, dans son dos, Cassandra entendit des rires et des cliquetis métalliques.

« Vous avez bien fait de venir ici, les filles.
 -  Aucun client ne vous entendra hurler. »

Cassandra se retourna rapidement, et vit une dizaine d’hommes marcher vers elle. Certains avaient des battes de base-ball, d’autres des chaînes métalliques qu’ils frottaient contre les murs, provoquant ces cliquetis métalliques. Batgirl fronça les sourcils, sans rien dire, et s’avança un peu, vers eux... Puis se mit en position de combat.

« Héhé ! Tu te crois de taille, chérie ?
 -  On est pas les vulgaires imbéciles du Pingouin, nous ! Y a pas autant d’armes à feu au Japon que dans ton pays de cinglés... Alors, on a appris à se battre.
 -  On va vous faire souffrir, mes salopes, et vous apprendre ce qui se passe quand on cherche à nous fausser compagnie. »

L’un d’eux avait sorti un couteau à cran d’arrêt... Et ils se rapprochèrent donc. Cassandra lança alors un Batarang, qui heurta un néon, et le fit exploser, faisant tomber une myriade d’étincelles. Cassandra bondit ensuite, pied en avant, et heurta le visage d’un homme, l’envoyant s’étaler sur le sol. Elle releva alors son bras, et son coude heurta le cou d’un autre homme. Sa ccape se déploya ensuite quand elle tournoya, aveuglant un autre homme, qui se reçut ensuite un coup de pied l’envoyant heurter une grosse étagère, faisant dévaler tout un tas de caisses abritant des ustensiles de cuisine.

Sur la droite de Cassandra, un homme s’élança vers elle en levant sa chaîne métallique, et l’envoya vers elle. Batgirl se déplaça sur le côté, et la chaîne heurta le sol. L’homme avait attaqué avec son corps, filant en avant, et, déstabilisé, glissa vers le sol, où sa tête se reçut le pied de Batgirl, l’envoyant valser en arrière. Cassandra sentit alors des mains la ceinturer dans le dos, juste sous les seins. Un autre homme en profita pour se ruer vers elle avec son couteau à cran d’arrêt, et Cassandra leva sa jambe, le frappant dans le ventre, et se servit de son corps pour bondir en hauteur, déstabilisant l’homme... Qui tomba sur le dos, et roula, lmaissant s’échapper Batgirl.

Elle redressa la tête, et vit un pied filer vers son champ de vision. Elle le bloqua avec ses mains, et renversa l’homme, puis lui tordit la jambe, le faisant gémir, tout en sentant l’os craquer... La femme se tourna alors vers Vanessa, et désigna de la main le portail.

« Porte ! »

À elle de trouver un moyen de l’ouvrir tandis qu’elle affrontait tous ces tueurs...

La sortie semblait à portée de main. Et elle l'était ! À moins que ces bandits ne se risquent à les pourchasser en pleine ville, alors que le jour allait se lever dans quelques temps. Bien trop risqué, pensa Vanessa. D'un autre coté, Batgirl semblait être un butin inestimable à leur yeux, et cela justifierait peut-être une nouvelle course-poursuite. De tout cœur l'agente espérait que cela n'arriverait pas, elle ne supporterait pas se retrouver à nouveau entre les mains de ces brutes. Si cette fois-ci elle avait pu s'en tirer sans trop d'égratignures, la prochaine fois nul doute qu'elle trouvera la mort. Ou pire. Une pensée qu'elle chasse vite fait de son esprit en rejoignant la zone de livraison. Batgirl mena le duo, faisant en sorte de rester aussi discrète que possible. L'efficacité de cette femme était extraordinaire, c'était indéniable. Comment pouvait-elle être si … Concentrée ? Si forte, physiquement ? Autant de questions que commençait à se poser Vanessa à son sujet.

Cependant, les deux femmes finirent par arriver près d'un portail qui semblait être la dernière rempart les séparant de la ville. Une fois franchis, elles seraient libre. Enfin ! Mais, encore fallait-il y parvenir. Le portail semblait ouvert, mais alors qu'elles s'en approchèrent, il coulissa et des bruits de chaînes métalliques retentirent par derrière. Le duo se retourna et, Vanessa, constata avec effroi que ceci semblait avoir été un piège, un autre. Une dizaine d'hommes bien baraqués, semblant bien déterminés à en finir avec ces deux évadées. Grinçant des dents, l'agente n'en oublia pas pour autant qu'elle était armée cette fois-ci et que, si cela était nécessaire, elle n'hésiterai pas à descendre un à un, par balle, ces maudits gangsters. Heureusement elle n'aurait pas à commettre un tel acte puisque Batgirl s'avança et se mit en position. (J'ai compris.) Pensa Vanessa, qui saisit alors qu'elle allait devoir rester en arrière et, probablement trouver un moyen d'ouvrir le portail.

D'ailleurs, quand la baston éclata la femme au costume moulant le lui rappela, et elle s’exécuta dès lors. Comment ouvrir ce portail ? Après un rapide coup d’œil, car elle se devait d'aller vite, Vanessa remarqua qu'il n'y avait pas autres moyens d'ouvrir cette grille autre que le panneau à digicode. Or voilà, il fallait trouver le code. Vanessa avait été policière certes, mais elle n'avait strictement aucune connaissance en piratage. Et elle doutait que tirer aveuglément dans le panneau était une bonne solution. La première idée qui lui vint fut de regarder les touches et de noter celles qui étaient les plus usées. Cela lui donnerait déjà une idée sur la composition du code. Mais avec quatre chiffre, il y avait beaucoup de possibilité et elle doutait qu'elle avait autant de temps devant elle pour toute les tester. Que faire ? La panique la gagna, son rythme s'accéléra alors qu'elle tentait de rester calme. Mais d'un autre coté, comment garder son sang-froid alors qu'une violente bagarre éclatait juste derrière vous ? Autant dire que Vanessa faisait un grand effort en ce moment.

Et ce fut peut-être cet effort qui déclencha ce qui suivit. Cela faisait depuis si longtemps que l'ex-inspectrice n'avait pas eut affaire à un tel phénomène. Ils avaient commencé à son adolescence, et avait profondément impacté sa vie après. Ces visions courtes et si réalistes, jamais elle ne pourrait oublier l'une d'entre elle. Et à ce moment, alors que sa main toucha le premier bouton du panneau de contrôle, elle fut soudainement tétanisée et prise d'une nouvelle crise. Son regard se figea et même si de son point de vue elle avait l'impression que ça durait une éternité, en réalité, il n'en fut pas plus qu'un instant parmi tant d'autre. Sa vision précise, comme toutes celles qu'elle avait vu auparavant. Un des leurs, à la place qu'elle occupait à ce moment. Sa main crasseuse se portant sur ce panneau de commande et tapant les chiffres. Les chiffres … Oui, c'était ça ! Vanessa se concentra corps et âme pour retenir ce qu'il était en train de taper, car généralement, la fin de ses visions la laissait dans les brumes.

Soupirant quand elle revint à la réalité, elle tenta coûte que coûte de se remémorer la combinaison qu'elle avait vu dans ce flash-back. Si ce n'était uniquement grâce à la pression et à l'adrénaline, elle n'aurait rien pu faire. Mais là, tout revint dans sa tête. Ainsi, comme si elle connaissait d'elle-même le code, elle l'entra dans le panneau en pianotant sur les touches. Était-ce cela ? Son don venait-il de lui sauver la vie ? Son cœur s'emballa quand elle constata, avec une certaine stupeur, que le portail s'ouvrit. "Par-ici !" S'exclama-t-elle, alors qu'elle se retourna vers Batgirl.

« Bordel, mais elle est toute seule !
 -  Haaa !!
 -  Chopez cette pute !
 -  Hnnnnhggh... !!
 -  Oh, toi, toi, toi !! »

Un autre coup de pied atteignit un homme en plein visage, et il heurta le mur. Ces hommes étaient costauds, et, malheureusement, aussi agile soit-elle, et aussi précise soit-elle également, Cassandra n’avait pas la musculature de Bruce Wayne. Ses coups étaient puissants et soutenus, oui, mais eux aussi étaient costauds, et pouvaient donc se relever. Rien à voir les malfrats manchots de Gotham City, les Yakuzas avaient tendance à s’entraîner aux arts martiaux, et elle le voyait dans ce combat. Cassandra devait redoubler de vigilance, offrant une véritable danse, même si elle recevait parfois quelques coups. Ainsi, l’un des adversaires réussit à la soulever par-dessus lui, et elle heurta le sol. L’homme la tenait toujours par le poignet, et, avant qu’il ne puisse la lui briser, elle utilisa son autre main pour faucher sa jambe, tout en déplaçant les siennes pour frapper un homme devant elle dans le ventre, le repoussant violemment.

Un autre larron se rua vers elle en tenant une barre de fer, et l’abattit droit sur elle. Cassandra roula prudemment sur le côté, et la barre heurta le sol, puis elle repartit en arrière, et prit appui sur ses bras pour se redresser, et l’un de ses pieds heurta violemment le visage de son adversaire, l’envoyant s’étaler sur le sol. Batgirl se releva alors, et déploya son Bat-grappin, le plantant dans une armoire métallique à côté, puis tira dessus, faisant tomber le lourd objet sur plusieurs criminels.

Vanessa, entre-temps, venait d’ouvrir le portail, et Cassandra la rejoignit rapidement. Elle balança juste derrière elle un Batarang, qui fit exploser une lampe, afin de retarder les ennemis, et bondit dans la ruelle. À gauche, elle entendit des hurlements, ainsi que des grognements de chiens, et fila sur la droite, vers la sortie. Elle poussa Vanessa en avant tout en courant, comme pour lui dire de se presser, car trois chiens se rapprochaient rapidement. D’énormes bergers allemands. Cassandra comprit vite qu’elles n’allaient pas pouvoir les semer.

« Va devant ! » ordonna-t-elle à l’intention de Vanessa.

Elle se retourna ensuite à temps, et opta pour un coup de pied retourné, qui cueillit un chien au ventre, le monstre lancé en plein vol. La bête rebondit en arrière, mais les autres chiens apparurent. Des crocs se plantèrent dans son poignet, et elle partit en arrière, enfonçant sn genou dans le ventre du second chien, l’envoyant heurter une poubelle. Le troisième avait planté ses dents dans sa jambe, heurtant sa combinaison. La douleur éclata dans le corps de Cassandra. Le chien tira sur sa jambe, et elle sortit de sa ceinture un Batarang à concussion. Elle le lança, et l’objet heurta la tête du chien, répandant une onde de douleur dans son crâne. Le chien couina en s’écartant, mais le premier chien s’était déjà relevé, de même que le second. Batgirl roula sur le sol, se releva. Sa jambe droite, celle que le berger allemand avait mordu, lui faisait mal, mais elle parvint à lâcher une bombe fumigène, qui avait aussi pour effet de lancer un flashbang, sonore et visuel.

Le temps que les chiens comprennent ce qui leur était arrivé, Cassandra se retrouva dans la rue, près de Vanessa... Et une moto s’arrêta alors juste devant elles dans un vrombissement de pneus. Le bébé de Barbara Gordon, son Bat-Bike, avec Barbara dessus.

« Vanessa, grimpez, vite ! »

Cassandra pourrait se débrouiller seule, mais la priorité était d’évacuer cette policière.

Tout allait décidément très vite. Peut-être trop vite pour une simple agente comme Vanessa. Même quand elle était inspectrice au sein de la police Londonienne, jamais elle n'avait eut affaire à de telle situations. Ça n'arrivait que dans les films se disait-elle. Pourtant, sa venue à Seikusu lui avait clairement démontrée que, bien souvent, la réalité dépassait la fiction. Elle comprenait à présent d'où venaient toutes ces histoires saugrenues que les scénaristes trouvaient. Bien sur elle doutait qu'ils sachent ce qui se passaient ici, mais le liens était clair. On n'inventait rien de nouveau dans tout ces films gros budgets. Tout ceci pour dire que Vanessa n'était clairement pas habituée à autant d'action, et qu'elle commençait malheureusement à arriver à ses limites. D'un coup de chance inouïe, son don étrange lui avait permit d'obtenir le digicode du portail, et elle pu l'ouvrir. Batgirl et elle s'empressèrent de le traverser, s’engouffrant alors dans des ruelles, à nouveau.

L'héroïne fit en sorte de gagner du temps et de la distance sur les malfrats avec l'un de ses gadgets, puis rejoignit Vanessa. Il aurait été stupide de penser que la course-poursuite s'arrêtait là ; des chiens ne tardèrent guère à rappliquer. Trois gros bergers allemands bien féroces, qui les poursuivaient. Et ils étaient plus rapide. Vanessa le voyait bien, et elle constata aussi que Batgirl était déterminée à la faire passer elle en première. Elle ordonna à l'agente de continuer tandis qu'elle retarderait les chiens. C'était très dur pour la jeune femme de laisser celle qui l'avait sauvé prendre autant de risque, juste pour elle. Si elle ne s'était pas bêtement aventurée dans un tel quartier, rien de tout cela n'aurait eu lieu. Il était indéniable que Vanessa avait sa part de responsabilité dans la situation actuelle, quoiqu'on en dise. Impuissante, l'agente regarda Batgirl se battre un instant puis décida de ne pas la contredire. À chaque fois cela avait mal finit. S’exécutant, Vanessa courut devant, jusqu'à un croisement de route.

Et ce qu'elle vu à ce moment fut une surprise. Ou du moins, ce qui était en train d'arriver. Deux phares scintillants dans la pénombre s'approchaient, alors qu'un vrombissent retentissait lourdement de manière exponentielle. Quelques instants plus tard, ce fut une sorte de moto qui arriva devant elle et s'arrêta, au même moment que Batgirl la rejoignit. Ayant perdue sa voix depuis longtemps, Vanessa tourna sa tête vers la jeune femme masquée quand la conductrice de la moto lui dit de grimper. Allait-elle réellement laisser sa sauveuse seule ? L'abandonner ? Ce n'était pas correct. Et s'il lui arrivait quelque chose ? D'un autre coté, en restant à ses cotés elle l'entravait plus qu'autre chose. Elle l'avait bien remarqué. Soupirant, elle s'installa derrière la jeune inconnue. Son regard se porta une nouvelle fois vers Batgirl, puis la moto démarra de nouveau, emportant la policière loin de celle qui lui avait sauvé la vie ce soir.

Cependant, qui était cette femme ? Pas Batgirl, mais celle qui conduisait. Elle devait forcément la connaître, et puis son véhicule avait les mêmes formes que la voiture de l'héroïne. Vanessa ne pouvait pas rester sans réponses et décida d'enquêter dès cet instant, même si elle était à moto. "Qui-Qui êtes-vous au fait ?" Dit-elle, en s'adressant à la jeune femme.

La policière hésita un peu, mais elle semblait avoir compris que, en l’état actuel des choses, elle était davantage une gêne qu’autre chose pour Cassandra. Barbara, elle, ne s’en faisait guère pour Cassandra. Enfin... Elle avait été capturée, mais, maintenant qu’elle était libre, ce n’était pas quelques malfrats qui allaient l’arrêter. De fait, lorsque Cassandra avait cessé d’émettre, Barbara s’était rendue le plus vite possible sur les lieux de l’accident de circulation, et avait tenté de remonter la piste, tandis que, depuis le Bat-ordinateur, Stéphanie s’amusait à retrouver le signal. Ceci expliquait pourquoi Barbara avait réagi si rapidement. Elle se considérait comme la chef légitime de cette association de Batgirls, étant après tout la première à avoir porté le costume. C’était donc à elle de venir en aide, mais, fort heureusement, Cassandra ne resterait pas seule longtemps. Kate était aussi en route, et Kate Kane, avec son entraînement militaire auprès de la CIA pendant une année, était aussi une femme terrible. De fait, quand Barbara et elle s’étaient affrontées, Kate l’avait battu, et Barbara ne s’en était tirée qu’en sortant un « Pouce ! » bien étonnant au milieu de la bataille.

Maintenant, l’heure n’était pas aux joyeux souvenirs, et, après quelques hésitations, Vanessa finit par grimper... Entre-temps, Cassandra revenait, et on pouvait entendre des hurlements dans la ruelle. La moto vrombit, et Barbara fila en avant. Assez rapidement, Vanessa lui demanda qui elle était, et Barbara tourna la tête vers elle, et lui sourit.

« Moi ? Je suis la super-nana qui vient sauver votre cul, Madame White ! Alors, cramponnez-vous, parce qu’on est pas encore sorties de cette galère ! »

Les Yakuzas n’allaient pas laisser une Batgirl s’échapper comme ça. Quand Barbara était arrivée à Seikusu, elle ne s’était pas attendue à ce que le crime organisé y soit aussi influent qu’à Gotham City. De ce point de vue, Seikusu était comme Gotham avant que Bruce ne décide de rappeler à tout le monde que la justice était une valeur supérieure, et non monnayable. Les Yakuzas avaient la mainmise sur la plupart des administrations publiques de la ville, ainsi que sur les plus grands acteurs du secteur privé. Les Guramu dominaient la ville depuis leur fort, Muramasa-jo, situé dans les hauteurs, tels d’anciens seigneurs féodaux qui se seraient trompés d’époque. Dans de telles conditions, Barbara avait vite compris que, pour réussir à mener à bien sa mission, et découvrir l’origine d’un trafic d’armes international impliquant des armes futuristes, elle allait devoir se renseigner auprès des Guramu. En quelques mois, l’autorité des Guramu sur la ville avait commencé à vaciller, et les Bates étaient devenues persona non grata au sein de la ville.

Jaillissant du parking souterrain de l’hôtel, plusieurs motos s’élancèrent à leur poursuite, ainsi que deux voitures de sport : une Nissan GT-R, et une Mitsubushi Lancer Evolution X. Qui oserait dire, en voyant ça, que le crime ne payait pas ?

« Cramponnez-vous, ça va secouer ! »

La Bat-bike était un modèle unique, une moto développée par WayneIndustries, par les grands soins de Lucius Fox, et Barbara savait parfaitement la manier. Des Yakuzas équipés de pistolets-mitrailleurs se mirent à les canarder en ville, heurtant plusieurs voitures, faisant rager Barbara. Ils risquaient de mettre en danger la vie d’innocents ! Et, malheureusement, la moto de Barbara n’était pas comme celle de Chuck Norris : elle ne disposait pas d’une option « Lance-missiles » insérée dans les phares. Elle fila droit devant elle, et braqua sèchement à gauche. Elle allait vite, et frôla le mur, laissant une flopée d’étincelles, et s’élança dans une petite rue avec des séries de cartons, de poubelles, pour filer ensuite le long d’escaliers, et rejoindre une autre rue. Les motos les poursuivaient, tandis que les deux voitures de sport entreprenaient de faire le tour, les pilotes faisant rugir leurs moteurs, profitant de l’heure tardive.

Barbara fila droit devant elle, descendant une longue rue, se dirigeant vers l’autoroute. Devant elle, la Nissan arriva alors, et une fenêtre s’abaissa, livrant passage au canon d’un fusil d’assaut. Elle pivota sur le côté, et les balles mordirent le bitume, et elle fila sur sa gauche. La Nissan rugit, et s’élança derrière elle, les motos des Yakuzas la dépassant également. Un véritable road-movie était en train de se dérouler à Seikusu, comme dans tout bon film d’action américain. Barbara voyait brièvement les panneaux, mais se fiait surtout à son capteur GPS. La moto en avait un, mais elle utilisait surtout le HUD de son casque. Dans sa visière, un plan s’affichait ainsi vers le haut, et lui indiquait quand tourner.

C’est ainsi qu’elle rejoignit la bretelle, et put lancer la moto à fond, slalomant entre les camions et les voitures qui circulaient. Dans son dos, les motos et les deux voitures continuaient à les poursuivre.

*Ils sont tenaces...*

Cependant, elle n’avait pas l’intention de se faire capturer, et elle appuya sur un bouton de la moto, ce qui ouvrit un compartiment devant elle, comprenant plusieurs petites boules argentées. Barbara fila dans un tunnel, et attendit d’en sortir, pour donner quelques instructions à Vanessa, en hurlant pour que sa voix perce malgré le vent :

« Prenez ces billes, et lancez-les sur eux. Ce sont des explosifs de faible intensité qui crèveront leurs pneus !! »

Elle lui tendit une série de billes.

« Si vous voulez d’autres munitions, pincez-moi !! »

Barbara n’avait clairement pas l’intention de se laisser faire si facilement.

La réponse à la question de Vanessa ne tarda guère à venir. Cette femme était visiblement … Une autre super-héroïne. De toute évidence elle avait un lien avec Batgirl, vu que les deux femmes semblaient se connaître. La question était donc de savoir ; combien étaient-elles ? Y avait-il d'autre Batgirl ? Ou d'autre super-héro dans cette ville ? Vanessa ne le savait guère et à vrai dire, plus le temps passait, plus elle se disait réellement qu'elle était en train de rêver. Si l'on reprenait tout depuis le début ; elle avait manqué de se faire violer, puis elle a assisté à une course-poursuite, en gambadant sur les toits de la ville. Ensuite elle s'était faite capturée, qui suite à cela, elle s'était faite électrocutée. Du moins en partie. Pour qu'au final elle assiste à une grande baston entre Batgirl et des mafioso, avant qu'elle n'use son don, pour une fois, pour s'extirper de là. Cela faisait … Beaucoup trop en une soirée. Il n'y avait pas de doute ; elle était en train de dormir chez elle, et tout ceci n'était qu'un mauvais rêve dont elle se réveillerai bientôt. D'un autre coté … Les sensations étaient bien réelles. Le vent claquait sur sa peau alors qu'elle chevauchait cette moto avec cette femme. Et l'électrocution avait fait mal, aussi !

Dur de savoir si tout ceci était réel ou pas. Quoiqu'il en était, Vanessa s'accrocha solidement à la conductrice et s'enterra dans un silence pour ne pas la déconcentrer. C'était qu'elle était une bonne pilote, en réalité. Il suffisait de voir comment elle slalomait dans les ruelles pour éviter ceux qui les poursuivaient. Deux voitures de courses, des motos, décidément tout les moyens étaient mis à disposition pour les attraper. Qu'est-ce que Batgirl avait bien fait pour attiser autant la rage de ces gens ? L'agente secoua de la tête et tenta de rester accrocher tandis que la jeune femme qui conduisait se débattait pour toujours semer ces bonhommes. Braquage sur le coté, destruction de carton et de poubelles dans une petite ruelle étroite, ainsi qu'un escalier très bien appréhendé par la conductrice qui semblait être chevronnée en conduite de moto.

Finalement, elle sortit de cette impasse, mais une voiture les attendait là, et elle ouvrit directement le feu. Bon réflexe que eut la jeune inconnue de virer sur le coté. Mais ceci les conduisit immanquablement sur l'autoroute, où elle pu cependant mettre les gaz. Le moteur de l’engin grondait terriblement, signe que les deux femmes étaient élancées à pleine vitesse. Un slalome endiablé entre camions et voitures, qu'elle assura à merveille. Mais cela ne découragea en rien ces stupides mafieux qui continuaient de les poursuivre. Jusqu'à ce que la moto entre dans un tunnel, où les choses prirent une autre tournure. Attendant la sortie, la conductrice demanda alors à Vanessa de faire quelque chose qui pourrait les sortir d'affaire. Sa voix était grande mais il le fallait pour se faire entendre, le vent sifflant coupant leur voix respectives. Vanessa acquiesça sans rien dire et saisit les billes que lui tendit la jeune femme.

(Allez, tu peux le faire Vanessa !) Se dit-elle, tentant de se rassurer. Après tout, quand on voyait des super-héroïnes faisant autant de prouesses autour de soi, alors qu'on était qu'un … Simple agent secret sans pouvoir ni particularité, on se voyait souvent à la baisse. Vanessa avait un peu l'impression d'être une enfant par rapport à eux, en terme de capacité. Elle ne savait pas spécialement se battre, du moins pas à cette échelle, n'avait pas de pouvoir offensif, ni de gadgets. C'était … Une femme normale. Ceci étant dit, balancer des billes sur la route, en direction des voitures les coursant, c'était dans ses cordes. Ainsi, elle tourna la tête pour mieux les voir et dès que ce fut le cas, elle jeta les billes. Elle avait eut peur qu'elles touchent les autres voitures, ce fut pour cette raison qu'elle avait attendue que l'une d'entre elle soit bien en vue pour jeter ses munitions. D'ailleurs, parmi les deux voitures et les motos présentes, une voiture se prit les pieds dans ces billes et vint ses pneus se faire éclater. Une petite victoire, qui encouragea Vanessa à demander à la jeune femme d'autre munitions.

(J'en toucherai plus cette fois-ci.) Pensa-t-elle, sachant pertinemment qu'elle allait devoir toucher plus qu'une seule voiture à la fois pour rendre l'opération réellement efficace. Vanessa pinça donc la jeune inconnue afin que celle-ci lui fournisse à nouveau ces précieuses billes explosives.

Policière ou non, Vanessa relevait, aux yeux de Barbara, à une seule catégorie : celle des personnes civiles, à protéger. La jeune Vanessa était secouée, et on pouvait le comprendre. Ce qui, pour une Batgirl, était presque une nuit normale, devait, pour Vanessa, être totalement incroyable. La moto de la femme fila le long de l’autoroute, traquée par une armée de tueurs. Les Yakuzas haïssaient les Bates, car les Batgirls étaient la principale raison pour laquelle l’autorité des Yakuzas était lentement en train de vaciller à Seikusu. Et, quand on avait affronté des gens comme Le Pingouin, Black Mask, ou Le Joker, des Yakuzas rentraient tout à fait dans vos champs de compétence. Barbara filait donc le long de l’autoroute, tandis que les balles fusaient autour d’elle, et que la Mitsubishi se rapprochait à vive allure. Barbara fila le long de la bande d’arrêt d’urgence, sortant alors de Seikusu pour longer la baie, sur la droite. L’autoroute était surélevée, offrant une vue incroyable. Les immeubles du centre-ville étaient sur la gauche, et, en regardant dans son rétroviseur, Barbara pouvait voir la voiture de sport se rapprocher. Ces véhicules avaient de solides moteurs, et, si une moto avait une meilleure accélération, son moteur n’était pas aussi puissant qu’une Mitsubishi. La redoutable voiture de sport se rapprochait de la Bat-bike, quand Vanessa lança les fameuses billes explosives.

Elles rebondirent sur le sol, et heurtèrent l’un des pneus de la voiture, qui explosa. Déstabilisée, et lancée à grande allure, la Mitsubishi partit sur la droite, et heurta le remblai de la bande d’arrêt d’urgence. La voiture se souleva, et heurta violemment le sol, se retournant sur le dos, puis fit une série de tonneaux, laissant dans son sillage des morceaux de tôle ondulé et des myriades d’étincelles, ainsi que des traînées sur la chaussée.

*Pas mal pour une fliquette…*

Vanessa pinça alors ses côtés, et Barbara sourit. La Nissan avait été également stoppée quand la Mitsubishi l’avait violemment heurté, la faisant piler. Il ne restait donc plus que les motos, et Barbara remit à la femme les billes explosives, puis accéléra encore, filant vers un pont en construction. Elle passa entre les panneaux de travaux indiquant de ne surtout pas prendre la route, puis esquissa un sourire, tout en appuyant sur un bouton de l’ordinateur de bord. Ceci eut pour effet de faire sortir, d’en contrebas, des ailes métalliques. Une belle paire d’ailes noirâtres métalliques jaillirent.

Le pont était censé ramener vers la ville, en évitant un détour passant par des chemins forestiers. Suivant la route sortant de la ville, Barbara dut freiner avant de déployer les ailes le long d’un virage, puis décolla ensuite, en enclenchant la nitro’ de la moto. Les ailes se déployèrent ensuite, et elle se crispa. La moto se rapprocha d’un trou, là où le centre du pont n’avait pas été faux, puis elle coupa les gaz, et releva le haut de la moto en filant dans le vide, puis pesa de tout son poids. Ce fut comme si la moto se déplaça au ralenti, surplombant le vide, puis atteignit l’autre côté.

Barbara ralentit lentement, tandis que les Yakuzas, de l’autre côté, pestaient. La moto finit par s’arrêter le long de la forêt, et Barbara stoppa contre un arbre, puis fit signe à la femme de descendre.

Barbara descendit ensuite à son tour, et s’appuya contre la moto.

« Si tu veux vomir, c’est le moment… »

Vanessa avait filé à toute allure, et était peut-être fatiguée… Il était fréquent qu’on vomisse, surtout quand toute l’action venait à redescendre d’un coup, comme en ce moment.

« Je suppose que tu dois avoir pas mal de questions en tête… »

Elle les lui laissait l’occasion de les poser, maintenant qu’elles étaient enfin un peu tranquilles.

L’ex-policière récupéra enfin de nouvelle billes, qu’elle allait utiliser avec parcimonie. La Nissan avait été neutralisée au moment où la Mitsubishi avait complètement basculé, suite à l’explosion des premières billes. Une réussite chanceuse, qui avait redonné confiance à Vanessa. Il ne restait plus que les motos. Ces maudits véhicules à deux roues qui les poursuivaient encore et toujours, malgré toute les manœuvres de la jeune femme. Celle-ci finit même par s’engager dans un chantier, signalé par un panneau de travaux. Le rodéo allait continuer de plus belle, surtout au sein même du chantier. La route se profilait au loin ; le pont, censé pouvoir offrir aux habitants un raccourci vers la ville, au lieu du sentier forestier, n’était pas encore terminé. Il avait un grand trou au milieu. Comment la conductrice effrénée allait-elle faire ? Vanessa n’en avait aucune idée.

Elle se contenta de bien viser et de lancer ses billes, dans le but ralentir à nouveau la Nissan qui avait repris sa course. Les motos ne pouvaient être atteinte, elles pouvaient facilement esquiver de si petits objets. Mais, le plus dur restait à venir. Comment parvenir de l’autre côté du pont ? Avec toute ces surprises, cette nuit, Vanessa aurait dû se douter de comment cela allait être fait. Sans un mot, la jeune femme prit un virage et activa la nitro, boostant la vitesse de la moto. Vanessa n’eut autre choix que de s’agripper à la conductrice, en passant complètement ses bras autours de sa taille, se plaquant contre elle afin de prendre le maximum d’appui. Elle ne voulait pas mourir cette nuit, et surtout, pas aussi bêtement ! Serrant les dents, l’ex-policière sentit dès lors l’engin se lever et filer dans le vide.

Elle l’avait fait … Elle avait tenté le saut. Tout allait se jouer maintenant ; la vie, ou la mort. De préférence, Vanessa voulait continuer à vivre. Sa tête se vida, son esprit s’en alla, pendant ce très court laps de temps. En l’air, alors que la moto filait à toute allure vers l’autre rive. Ce ne fut qu’au bout de quelques instants, paraissant comme des secondes entières à Vanessa, que la moto se rattrapa sur ses deux gros pneus, criant au passage. Le choc fut violent, mais à part une petite douleur aux fesses, Vanessa n’eut rien. Ses yeux se rouvrit dès lors, cherchant à droite et à gauche, finissant par regarder derrière. Elle constata que les motos les coursant étaient restées de l’autre côté du pont, n’ayant pas pu sauter à leur tour. Vanessa sourit à ce moment, enfin soulagée de voir que c’était finit. Ou presque.

La moto continua un bout de chemin, jusqu’à l’orée de la forêt, puis s’immobilisa contre un arbre. La conductrice semblait sereine, et fit signe à l’ex-policière de descendre. Elle s’exécuta, sans même songer à l’éventualité d’être laissée seule ici. Elle pouvait se montrer inconsciente des fois … Mais elle s’exécuta tout de même. Exténuée, le cœur battant fort, Vanessa avait effectivement envie de vomir. Mais elle n’allait pas le faire, car d’une sentir le vomi était très désagréable, et de deux, elle n’avait ni mouchoir, ni rien pour s’essuyer la bouche après. La sensation de vomi n’était pas si violente après tout, et elle finit par se calmer, apaisant alors son estomac qui voulait rendre tout. Fatiguée, épuisée, Vanessa n’avait qu’une envie ; rentrer chez elle et dormir. Mais ce n’était pas finit, puisque la jeune inconnue lui dit que si elle avait des questions, c’était le moment. En tant que personne lucide, l’agente savait qu’elle n’aurait pas d’autre occasion pour demander des explications.

« Oui … Je suppose aussi.  Je hum … Vous et Batgirl, qui êtes-vous exactement ? Des justicières ? Des policières ? Et qui sont ces hommes qui nous ont capturés ? Des mafieux je présume mais, qui sont-ils ? » Demanda-t-elle calmement, d’un ton posé. Elle avait tant d’autres questions, comme que voulaient ces hommes, pourquoi en avaient-ils après Batgirl, pourquoi celle-ci trainait la nuit en de pareilles lieux, etc. Mais poser toute ces questions en même temps n’était pas la meilleure chose à faire. Chaque chose avait son temps. Cependant, une autre question, plus importante, surgit dans l’esprit de Vanessa qui la posa dès lors, juste à la suite. « Et Batgirl, elle va bien ? Elle s’en est tirée j’espère ? Dite-moi que oui ! »

Après une telle course-poursuite, Barbara sentait l’adrénaline battre dans ses veines, et reprenait donc son souffle. Descendant de sa moto, elle tritura son Bat-casque. Mine de rien, ce n’était pas qu’un simple morceau de costume. Il y avait, à l’intérieur, tout un tas de microprocesseurs, de puces électriques, de composants, l’ensemble permettant à Barbara de faire pas mal de choses avec... Comme de repérer l’emplacement des autres Bates, ce qu’elle entreprit de faire, pendant que Vanessa, la mystérieuse policière, reprenait ses forces. Secouée, la jeune femme n’avait, fort heureusement, pas vomi, et finit même par poser ses questions.

La moto était arrêtée le long d’une route forestière, à un léger virage. Il n’y avait personne d’autre qu’elles ici, et une épaisse forêt les entourant. Barbara avait garé son véhicule sur une petite bande de terre longeant la route, et on pouvait entendre le sifflement du vent sur les arbres, ou le bruit des insectes sortant la nuit. Vanessa posa plusieurs questions, et Barbara se retourna vers elle.

*Elle a bien mérité des explications, après tout ce qu’elle a traversé...*

Batgirl se rapprocha d’elle, et entreprit de les délivrer :

« Ces gens sont des Yakuzas, Vanessa. Les Guramu, la plus puissante mafia de la ville. Ils étaient là quand la ville a vu le jour, il y a des siècles. Leur mainmise sur la ville n’a cessé de grandir. Après la guerre, ils ont réussi à récupérer et à rénover l’ancien château médiéval de la ville, et l’utilisent comme fief depuis cette époque. Depuis des années, ils contrôlaient tout dans cette ville. La police, toutes les administrations publiques, allant jusqu’au ramassage des ordures, utilisant les poubelles pour convoyer leurs sachets de drogue, ou des corps à faire disparaître... Ils ont profité des bombardements américains pour récupérer la nue-propriété de bon nombre de terrains, et, depuis lors, contrôlent des quartiers entiers de la ville avec des loyers surélevés, en extorquant les commerçants, et en refusant de faire des rénovations. »

Un système horrible, sans espoir, car les Guramu contrôlaient et filtraient tout.

« Et puis, nous sommes arrivées... Des éléments étrangers à l’emprise d’Akihiro et de ses séides sur la ville. Quand j’ai compris qu’Akihiro était un véritable seigneur prenant Seikusu pour son fief, j’ai mené contre lui des actions. Sa légitimité a été remise en cause, ce qui a malheureusement débouché sur une guerre des clans, dans laquelle plusieurs autres mafias se sont jointes, comme les Russes, avec le clan des Petrovski, ou encore la fameuse Cosa Nostra. Nous ne sommes pas des policières, non, nous sommes juste... Des justicières, oui. Nous agissons en-dehors du système, car, parfois, le système est tellement grippé qu’il a besoin d’un coup de main externe. »

C’était la justification classique, mais qui se suffisait à elle-même.

« J’étais une simple citoyenne de Gotham City, Vanessa, quelqu’un qui en avait assez de la corruption ambiante dans cette ville, et qui a décidé d’agir. Nous sommes... J’aime à me dire que nous sommes une sorte de réponse de la société civile face à la faiblesse d’un pouvoir qui ne respecte plus ses promesses. Vous connaissez les théories des Lumières sur le contrat social ? Cette idée selon laquelle les hommes auraient confié à un petit groupe de représentants le pouvoir, en échange de leur protection ? Je pense que c’est ça. Aujourd’hui, les pouvoirs publics n’ont plus les moyens de nous protéger, et le peuple s’en rend compte. J’existe pour rappeler aux gens qu’il faut continuer à avoir espoir, et pour rappeler aux forces de l’ordre ce qu’elles sont censées faire. »

Elle cessa de marcher un peu, et répondit ensuite à une autre question :

« Cassandra va bien, oui... Et je regrette de vous avoir embarqué dans cette histoire, Vanessa... Même si je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’une femme comme vous pouvait bien faire, sans coéquipier, en plein milieu du quartier de la Toussaint, et ce en pleine nuit... »

Le ton était clairement suspicieux. Vanessa allait vite réaliser que, contrairement à Cassandra, Barbara, elle, était plus méfiante à l’égard des autres.