Love Business [Pt. 2] "Strings" [Kelly Brooks]

Il vit l’humeur de Kelly s’assombrir un peu, en se rappelant de ce qu’elle avait dû faire dans le passé... Avait-elle fait pire qu’être strip-teaseuse ? Même Reto ne pouvait pas le deviner, mais il pouvait, en tout état de cause, le supputer, compte tenu du changement d’attitude chez Kelly. Qu’avait-elle bien pu faire d’autres ? Il aurait pu poser la question... Mais il choisit de s’abstenir, et, pendant un temps, la conversation se termina. Comme toute conversation, elle avait atteint un blanc, un moment de silence, car il n’y avait pas grand-chose d’autre à dire. Dire qu’il n’avait pas forcé Doutzen était un mensonge, mais il ne comptait pas en dire trop là-dessus. La jeune fille n’avait tout simplement pas eu le choix, et il le savait. Se sentait-il coupable pour autant ? Pas vraiment... Voire même pas du tout. La jeune fille avait tiré la mauvaise carte en venant au monde, mais, à bien y réfléchir, on tirait tous une mauvaise carte. Il n’y avait pas de recette miracle, y compris quand on était le fils d’un riche émir. Bien que Russe, Reto était partisan de la méritocratie, du fait qu’on devait mériter ce qu’on avait. Oui, la vie avait été dure avec Doutzen, mais les sévices qu’elle avait subi n’avaient fait que l’endurcir, et permettaient de dissocier le bon grain de l’ivraie. Face aux difficultés de la vie, soit on se couchait en pleurant sur son sort, soit on les affrontait de front, en se disant que la vie était une épreuve, et que ce n’était qu’en surmontant toutes ces difficultés qu’on pouvait s’accomplir. Reto comme Kelly avaient compris cette leçon.

Reto continua paisiblement à manger, peinant à trouver un nouveau sujet de conversation. C’était un domaine dans lequel il n’avait jamais été doué, car il n’était pas le genre d’hommes à parler de banalités inutiles. Les mots avaient leur importance, et il considérait qu’il ne fallait pas les gaspiller en racontant n’importe quoi. Le duo mangeait donc pendant un certain temps, et, malgré l’importance qu’il accordait aux mots, l’homme finit malgré tout par se répéter, mais c’était bien pour dire quelque chose qui lui tenait à cœur :

« Je suis heureux que tu sois là, Kelly... Heureux d’avoir quelqu’un à qui partager, à qui je peux dire ce que je pense sans cette langue de bois nécessaire dans ma profession. »

Il était important qu’il le dise, même s’il le lui avait déjà fait comprendre. L’homme continua ensuite à manger, et le repas se termina. Il finit ensuite par se relever, et fit ensuite une proposition à Kelly, tout en lui proposant son bras, de manière, là encore, très élégante :

« Souhaites-tu que je te raccompagne chez toi... Ou préfères-tu aller chez moi ? »

Le choix lui appartenait totalement.

« Tu sais je ne serai pas tres honnête de te juger alors que moi même j'ai fait des choses peu recommandables.Ce serait même quelque peu culoté de ma part »

Kelly ne croyait pas si bien dire.C'est vrai, finalement, elle avait blamé alex mais qui était-elle pour cela ? Elle devait bien admettre qu'elle avait ses torts  et que trop souvent elle avait cherché à les fuir. C'était compliqué à admettre pour elle mais pour être franche avec elle même, c'est ce qu'elle devait faire. Que ce soit pour elle ou pour même son fils. Elle avait par exemple fait souffrir Joshua plus que de raison.  Elle le savait et sur ce point, elle était l'unique responsable. Elle n'avait pas d'excuses valable à proposer. Hormis le fait qu'elle s'était servie de lui sans aucune gêne.

« J'ai envie de marcher Reto »

 Replongée dans ses sombres pensées, elle n'avait pas vraiment gouter à son plat. C'était compliqué pour elle. Une part de sa personne se rejouissait de son parcours mais une autre se rendait compte qu'elle avait du sang sur les mains.C'était une image bien sur mais elle avait ses torts.  Ayant à peine mangé, elle avait été taiseuse pour la fin du repas. Sans doute etait-elle encore pensive et perplexe

« Ne le prends pas mal mais cette conversation a reveillé certaines choses en moi. Tu n'es pas responsable sache le. Mais  on va dire que j'ai aussi mes fantômes du passé »

Elle ne savait pas ce qu'il pourrait dire. Peut être allait il partir, vexé, pensant qu'il se servait de lui. Ce n'était pas le cas pourtant. Elle était honnête avec lui, car il le méritait. Elle ne fermait aucune porte

« Je ne sais plus ce que je veux »

On sentai sa détresse. Elle avait pensé pouvoir gérer et trouver un sens a ce qu'elle avait pu faire jusque là mais maintenant, sa conversation avec Reto la faisait douter. Est-ce que son fils pouvait la comprendre si un jour il comprenait la situation ? Elle avait peur de cela, qu'il puisse la juger

« Mon fils pourrait me prendre pour une mauvaise personne s'il apprenait de quelle manière il a été conçu ou qui est sa mère. Je fais de mon mieux mais  j'ai fait certaines choses qui font que je ne suis pas ce qu'on appelle une bonne mère »

Etait-ce une crise de confiance ? Cela en avait tout l'air de toute évidence.Kelly en tout cas paraissait fragile et pour le moins désoeuvrée.

« Il y a un parc à côté... »

C’est par là qu’ils se rendirent, et Reto alla jusqu’à se risquer à tenir la main de Kelly dans la sienne, laissant à cette dernière le choix de savoir si elle voulait la retirer ou non... Peu importe son choix, l’homme ne se vexerait pas, et ils rejoignirent l’une des promenades longeant le parc. C’était le grand parc central de Seikusu, conçu sur le modèle de Central Park, et, même le soir, il y avait encore bien du monde. Le duo marcha donc, dans leurs tenues de soirées, Kelly avec sa superbe robe noire et ses tendres gants, ainsi que ses doutes, qu’elle ne tarda pas à expliquer.

C’était le genre de choses que Reto avait du mal à comprendre, et ce parce qu’il n’avait pas vraiment d’enfants... Oh, il y avait bien Doutzen, oui, mais c’était... Très particulier. Silencieux, Reto laissait le temps à Kelly de faire de l’ordre dans ses pensées, et cette dernière finit par avouer qu’elle avait honte de son passé, car elle avait peur que son fils la juge. Inutile d’être idiot ; Reto savait que cette femme ne regrettait pas que le fait d’avoir été une strip-teaseuse. Qu’avait-elle fait d’autre ? Il aurait pu poser la question... Mais, honnêtement, il s’en moquait un peu. Non pas que le passé de Kelly ne l’intéresse pas, mais il était plutôt dans l’optique qui était de considérer le passé comme appartenant au passé... Et puis, lui avait torturé, tué, menacé, brisé, humilié à outrance, et n’avait pas spécialement envie d’en parler.

Le duo continuait à longer le parc. Y rentrer risquerait de salir leurs habits, et Reto s’arrêta alors, puis se retourna vers Kelly... Sa main caressa alors l’une de ses joues, et, quand il la posa sur son menton, afin de redresser son visage, il put constater, en voyant ses yeux, que la femme était effectivement troublée.

« Une bonne mère... As-tu abandonné ton enfant, Kelly ? Cesses-tu de l’aimer ? Qu’as-tu fait, si ce n’est te battre pour lui ? Moi, ma mère était une droguée, incapable de m’élever, ou même de savoir comment je m’appelais. Nous vivions dans un ghetto de Moscou, et je savais que tout l’immeuble la sautait pour qu’elle ait ses fix’... Je l’ai détesté quand j’étais un ado’, Kelly, je ne voyais que de la honte en elle... Puis, en grandissant, j’ai appris à la défendre, à la protéger, en frappant les autres, en cognant sur les clients, en allant voir les voisins, et en les frappant... Et, quand j’ai commencé à avoir suffisamment d’argent, je l’ai envoyé en cure de désintoxication. »

Il se tut pendant quelques secondes, et reprit ensuite, se confiant plus qu’il ne l’avait jamais fait auparavant :

« L’enfant adule toujours ses parents... L’adolescent les juge... L’adulte les pardonne. C’est ainsi que les choses doivent s’élaborer. Même si tu étais la pire des monstres, Kelly, ton enfant t’adulera... Et te jugera ensuite quand il commencera à grandir, puis tentera ensuite de comprendre. Moi, j’ai compris que ma mère était battue et violée par son propre père, et qu’elle avait fui à Moscou avec un petit ami, en pensant trouver une nouvelle vie, alors que l’homme en question n’était qu’un junkie qui a fini par faire une overdose, en la laissant avec des dettes à payer... »

Il se pencha un peu plus vers elle.

« Crois-moi, je ne voulais pas que ma mère soit la plus riche du monde, qu’elle m’offre tout un tas de ces jouets à la con, ou qu’elle ait une carrière dans l’humanitaire, ou soit bénévole pour aider de petits Maghrébins... Tout ce que je voulais, c’est son amour. »

Il conclut ensuite :

« Tant que tu aimeras ton fils, Kelly, et que lui t’aimera, tu seras toujours la plus formidable des mères. »

Les mots de Reto apaisaient ses maux à elle. Kelly avait envie de se dire que c'était vrai, que le plus important c'était de faire le maximum pour son fils actuellement. Et suur ce point, elle l'avait fait plus que de raison. Elle était fière de cela, et ses doutes actuels commençaient à se calmer quelque peu. Il faut dire que la présence de Reto était quelque peu rassurante, la façon qu'il avait eu de lui tenir la main et de se tenir à ses côtés lui plaisent beaucoup.

« Merci »

 Elle avait dit cela sans rien ajouter de plus.C'était évident pour elle qu'elle lui était redevable. Elle n'allait pas refaire le détail de toutes les choses mais au final, c'est ce qu'elle ressentait comme impression. Elle était ici grâce à lui et sans doute que sans sa présence elle n'aurait jamais pu avoir ce qu'elle désirait d'alex. Ce dernier avait vu qu'elle avait un soutien de poids.Et nul doute que cela avait du peser dans la balance

« Je suis désolée pour ta mère Reto. Un enfant ne devrait jamais vivre cela. »

Elle marqua une pause. Elle avait envie de lui expliquer qu'elle aussi avait du compôser avec une famille pour le moins compliquée et des parents imparfaits au possible. Mais ne serait-ce pas de trop, ne penserait il pas qu'elle cherchait encore la pitié ? Pour autant elle avait besoin de se con fier et il était parfait pour cela

« Mes parents n'ont pas été des modèles non plus. Mon père était un mari volage qui a d'ailleurs trompé ma mère plein de fois. Cette dernière s'est refugié dans les médicaments et l'alcool et mes deux soeurs et moi étions livrées à nous même. Mon père était commercial et voyageait beaucoup. On a jamais eu de vie de famille et cela a contribué au fait que j'ai toujours eu du mal à construire une relation »

Quand elle y pensait c'était  forcement logique comme explication. Elle n'avait jamais vraiment songé à cela avant mais maintenant c'était plus clair dans sa tête et dans son esprit.Kelly parvenait à trouver une logique dans certains de ses choix pour le moins pourris et nusiibles pour elle et son entourage.

« L'important c'est de ne pas reproduire les erreurs de nos parents »

 cela valait pour elle comme pour lui. Quand elle y pensait cela leur faisait un point commun de plus .

« Tu n’as pas à l’être, ce n’est pas de sa faute si elle se droguait… »

Il avait glissé ça rapidement, tout en continuant à marcher avec elle. Et, tout en le disant, il se faisait aussi l’amusante remarque qu’il n’avait jamais parlé de ça à personne d’autre… De sa famille, de sa mère… Du fait qu’il était devenu un cogneur très tôt, dès la cour de récréation, face à ceux se moquant de sa mère. Qu’on le veuille ou non, on agissait toujours, inconsciemment, par amour envers ses parents, car la haine n’était rien de plus qu’une forme d’amour inversé. Reto était devenu un Parrain, un criminel redoutable et redouté, car c’était pour lui le meilleur moyen d’affermir son emprise sur le monde, et d’éviter de se retrouver dans la situation de dépendance que sa défunte mère avait connue.

Kelly aussi avait été construite par une vie familiale difficile, par un père infidèle, profitant visiblement de ses déplacements d’affaire pour offrir généreusement ses spermatozoïdes à qui le demandait, sa mère sombrant dans l’alcoolisme et la dépression, deux maux souvent très liés entre eux. Et, par cette cruelle ironie du sort, Kelly n’avait rien trouvé de mieux, pour améliorer sa vie, qu’un jeune héritier connu pour ses pratiques libertines… Et un criminel. Reto n’était pas un exemple, et ne prétendait guère à l’être. Contrairement à tous ces mafieux hypocrites prétendant être des hommes d’honneur, lui admettait volontiers qu’il méritait la prison… Mais, pour ça, il fallait encore avoir foi dans le système judiciaire, dans l’État, et, pour Reto, ces notions étaient vides.

La jeune femme termina sur une note qui le fit sourire, et il la regarda à nouveau :

« Alors, je te prends au mot… Si jamais je te vois avec une bouteille d’alcool à la main, je la briserais sur le sol. »

Le plus étonnant, avec un Russe, c’est quand il faisait de l’humour. Il lui sourit alors, et caressa sa joue, puis, mû par une inspiration subite, très probablement motivée par le regard bleu de cette femme, un regard dans lequel on aurait pu se perdre pendant des heures (et ce sans parler du reste de son corps), il se pencha vers elle, et l’embrassa tendrement.

« Sois là pour ton fils, tout simplement… Et ne cherche pas à croire qu’il faut être parfaite pour être une bonne mère. J’ignore ce que tu as fait dans ton passé, Kelly, mais je ne pense pas que tu aurais été davantage une meilleure mère en n’ayant jamais commise la moindre erreur. Parfois, il faut chuter pour savoir se relever. C’est ce que dit le vieux proverbe… C’est en faisant des erreurs qu’on apprend à ne plus en faire. »

Reto lui fit un nouveau sourire bienveillant, et termina par une question :

« Souhaites-tu encore marcher, Kelly ? »

Kelly avait rendu le baiser à Reto. Rien de surprenant a cela. D'ailleurs la façon qu'il avait eu de la rassurer était assez efficace il n'y avait rien à redire la dessus. Elle avait chassé ses doutes  autant se faire que peut une nouvelle fois. Ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il avait toujours le chic pour trouver les mots justes pour son plus grand bonheur.Rien que pour cela, il lui était précieux d'ailleurs.

« Je me dis parfois qu'avec toi il y a toujours des solutions et pas des problèmes. C'est nouveau mais pas déplaisant pour moi »

Il lui avait demandé si elle voulait continuer à marcher. Elle n'était pas stupide et comprenait ce que cela voulait dire. Il y avait un sous entendu à peine voilée dans sa question. Et elle ne s'en formalisait pas vraiment d'ailleurs.Ils étaient assez intimes pour cela.

« Je ne sais pas Reto »

 Elle ne lui mentait pas. A vrai dire, elle se sentait bien ici avec lui mais comprenait aussi qu'il ait envie d'autre chose. Elle même était mitigée avec cette idée. Une part d'elle en avait envie mais, elle savait aussi qu'elle n'était pas encore prete à lui offrir quelque chose de sérieux ou qui dépassait le cadre de la relation sexuelle.Et ausis surprenant que cela puisse paraitre, elle estimait que Reto méritait mieux que cela. Mais pouvait il comprendrecette façon de voir les choses ?

« Je me sens  bien avec toi mais je me doute que tu attends autre chose qu'une simple promenade dans les bois »

Elle lui sourit. Elle avait dit cela d'un ton assez complice et qui montrait toute l'évolution de leur relation. Il y avait désormais une réelle connivence entre eux.Et c'était assez agréable à voir de l'extérieur comme de l'intérieur

« Et toi reto que veux tu faire ? « 

C'était une vraie question pour lui. Elle n'avait pas d'arrière pensée et de toute façon ce n'était plus vraiment quelque chose qu'elle ferait avec lui. Elle le respectait trop pour cela. D'ailleurs, elle n'aurait jamais cesse de s'en souvenir.

Le compliment de Kelly le fit sourire. En toute sincérité. La belle jeune femme se prenait d’affection avec lui, ce qui, dans le futur, risquait sûrement de poser des soucis. Reto n’était en effet pas totalement convaincu qu’elle ait définitivement oublié Sanderson de sa vie, ce qui, sur le long terme, risquait en fait d’amener à cette situation classique d’un couple à trois... Reto se sentirait-il d’humeur partageuse ? Honnêtement, en ce moment, lui-même était incapable de répondre à cette question, étant en réalité aussi perdu que Kelly dans ce domaine. La jeune femme savait très bien ce qu’il voulait pour ce soir, presque une sorte de dû pour services rendus... Mais Kelly savait aussi qu’il n’y avait pas que ça, car Reto n’était pas qu’un homme plein d’argent, mais aussi quelqu’un qui savait manier les mots, et cette soirée, indubitablement, les avait rapprochés. Or, si elle ne savait pas trop quoi faire, c’était aussi le cas pour lui, qui avait du mal à voir jusqu’où aller avec cette jeune femme. Autrement dit, était-il amoureux d’elle ? Et, si oui, devait-il vraiment lui faire partager sa vie ? Reto n’était pas un saint, mais lui-même avait embelli le tableau de sa propre existence. Kelly ne serait-elle pas horrifiée en apprenant ce qu’il faisait avec Doutzen ? En apprenant qu’il lui arrivait de torturer, de tuer ? Jusqu’à quel point est-ce que sa louve admettrait que Reto ait des griffes ?  Jusqu’à quel point mettrait-il, non seulement son organisation en péril, mais aussi son propre équilibre ? Cette situation était compliquée, trop compliquée pour quelqu’un comme lui, quelqu’un qui aimait avoir le plus grand contrôle possible sur les choses qui l’entouraient.

Kelly finit par lui renvoyer la balle, dans ce qui était tout d’une question-piège. Une question qui ne put qu’amener sur ses lèvres un léger sourire, Reto comprenant tout à fait ce dans quoi il se risquait. Néanmoins, il avait joué ce soir la carte de l’honnêteté, et c’était une carte qu’il entendait tirer à nouveau.

« Ce que je veux faire ? Pour ce soir, en tout cas, c’est admis... Dormir avec toi... »

Sur ce point, il ne faisait que dire l’exacte vérité, une vérité dont Kelly s’était déjà rendue compte, et dont il ne risquait rien à l’annoncer clairement. Cependant, le fait qu’il ait bien précisé « pour ce soir » signifiait aussi qu’il avait compris le sens profond de cette question : que faire pour plus tard ? Et, là-dessus, il fallait bien l’avouer... Il n’en avait aucune idée.

« Quant à ce que nous ferons demain... C’est assez perturbant pour moi, car j’aime me donner l’illusion que je contrôle tout de ma vie, mais... Honnêtement, je n’en sais rien. J’ignore jusqu’où notre histoire ira, si ça se limitera juste à de simples sorties, ou si nous irons plus loin... Ou moins loin. J’ai beau chercher, il y a tellement de variables et de possibilités que tout est confus. Alors, je crois que le mieux, c’est encore de remettre ça à un futur plus ou moins proche. »

Reto sourit alors, amusé par cette situation, et par le fait qu’il allait dire ce qui, pour lui, avait toujours été le refuge des lâches et le mot des couards, de ceux qui, parce qu’ils n’arrivaient pas à s’envisager un bon avenir, remettaient ça au hasard.

« Partons donc du principe que nous nous lançons dans l’inconnu... Au moins pour demain en ce qui me concerne. Alors, la seule question qu’il faille se poser, c’est la suivante : que faire pour ce soir ? »

Le tableau n'était pas laid. Il avait raison dans ce qu'il avait dit, voir plus loin que demain était stupide. L'essentiel c'était cette nuit. Que ce soit lui ou elle ils étaient bien trop instables à tous les niveaux pour fair ede grands projets à long terme. Et puis, encore fallait il pouvoir les assumer et les assurer derrière. Elle était bien placée pour savoir que la véritée d'un jour n'était pas toujours celle du lendemain. Surtout dans les relations humaines

« Alors allons dormir ce soir »

Sa réponse était courte et lourde de sens. Elle lui fit un sourire entendu pour le coup, signe que le mot dormir voulait dire plein de choses en même temps.De toute façon kyle était avec sa nounou et elle le savait en sécurité et bien surveillé.

Donnant la main à reto, elle ne savait pas encore vraiment jusqu'ou cela les menerait. Il ne lui avait pas tout dit, elle le savait. De toute façon, elle non plus. Mais sans doute que lui même avait bien des choses à cacher aussi de son côté. Le questionner ne servait à rien, il ne dirait que ce qui l'intéressait.Pas plus pas moins. Et puis plus elle en savait plus elle s'exposait au mal autour de lui.Il n'était pas un enfant de choeur il l'avait assez dit de manière plus ou moins claire.

Se laissant guider, elle ne pouvait s'empêcher à une de sex ex collègues de travail dans le club poù elle avait rencontré Alex. Cette dernière lui avait toujours dit que d'une façon ou l'autre , elle ne manquerait de rien, que son pouvoir sur les hommes étaient réel. Qu'elle aurait toujours le chic pour dénicher des hommes puissants et importants. Kelly ne l'avait pas cru sur le fond et pourtant aujourd'hui cela sonnait plus vrai que jamais.L e faisait elle exprès ? N'était elle attirée que par le pouvoir et l'argent ?certainement que cela jouait.  Elle aimait cela. Mais quoi de plus normal de vouloir le meilleur ?

D'un autre coté, avec Reto cela ne pouvait pas durer longtemps. Il l'avait dit on ne faisait pas de vieux os dans ce milieu. Et le frequenter de pres c'était s'exposer elle et son fils. Biens ûr, il avait les moyens de la protéger mais combien de temps cela pouvait durer ? Etait-ce ce qu'elle voulait pour son fils ?

Elle n'allait pas parler de cela avec Reto ce soir.  Mais tot ou tard la question se poserait. Quel avenir était possible quand on pouvait finir en prison ou mort à tout moment ? Et que penser de Alex avec qui il restait tant de non dits ?

Non, La jeune femme avait encore trop de choses à regler. Mais elle pouvait s'offrir une nuit de répit. D'autant que finalement, il y avait de quoi vouloir le faire vu la personne qui l'accompagnait en ce moment meme

Est-ce que Kelly le changerait ? Après qu’elle eût finalement accepté (à son grand plaisir) de venir chez lui, il s’amusait à se demander si elle allait le convaincre d’abandonner sa carrière pour prendre sa retraite. Comme il le lui avait dit, dans ce métier, on n’était pas assurés de mener de vieux os. Reto ne craignait pas tant la police que les rivaux, qui étaient, statistiquement, la principale source de problèmes. Le duo revenait vers leur limousine, chacun des deux plongés dans leurs pensées. Reto ne s’était jamais imaginé faire autre chose que ce qu’il faisait actuellement, alors... Pourquoi ce besoin de changer ? Pour lui, ça ressemblait plus à un fantasme qu’autre chose. Un fantasme, car il n’avait même pas encore montré à Kelly ce qu’il était vraiment, et il était sûr que, quand elle le verrait, elle paniquerait. Il lui devait néanmoins d’être honnête, même s’il ne le serait jamais totalement. Toute vérité n’était pas bonne à dire, et son rêve d’une retraite paisible en pleine campagne ressemblait davantage à un rêve qu’à une réalité possible et envisageable.

Le duo retourna vers la limousine, et Reto lui ouvrit galamment la porte, puis alla voir le chauffeur, et lui indiqua de les ramener à la maison. Il regarda ensuite brièvement le restaurant.

*Pour l’heure, la soirée se passe plutôt bien...*

Elle avait pourtant très mal commencé, dans son appartement, où Kelly et Reto s’étaient frontalement opposés. Tout était parti de là, en fait. Si Reto voulait lui montrer ce qu’il était vraiment, c’était aussi qu’elle comprenne pourquoi il s’était énervé. Il ne cherchait pas à se dédouaner, car l’homme n’était pas de ceux qui justifiaient leur violence en invoquant la faute de la victime, mais il espérait que cela permettrait à Kelly de comprendre. Il avait conscience d’avoir franchi un cap en la giflant, et l’inviter au restaurant n’était qu’une façon de se faire pardonner. Kelly ne semblait pas lui en tenir rigueur, mais Reto était bien placé pour savoir que les femmes savaient dissimuler leurs émotions, et qu’elles pouvaient contenir leur colère bien plus facilement que des hommes... De plus, Kelly était belle, d’une beauté à endormir votre vigilance, et, si Reto lui avait dit que sa beauté était la plus redoutable de ses armes, c’est parce que lui-même en était victime.

L’homme finit par retourner dans la limousine, et cette dernière démarra rapidement, s’écartant du restaurant pour rejoindre sa maison.

« Je ne vis pas très loin, lui indiqua-t-il rapidement. Et...  Je te remercie sincèrement pour cette soirée, Kelly. Je ne suis pas du genre à m’exprimer énormément sur ce que je ressens, je le sais, mais... J’ai passé une bonne soirée en ta compagnie. »

C’était assez inédit pour Reto. La voiture, de son côté, commença à rejoindre une petite colline, puis longea un mur. Contrairement à bien des mafieux, Reto ne vivait pas dans les hauteurs de la ville. Son fief se trouvait au contraire au cœur du centre-ville, dans une grande villa japonaise, un héritage des temps anciens. Si elle n’avait pas été achetée par les Petrovski en début du siècle, elle aurait probablement été rasée depuis pour y construire des immeubles. La route décrivait un lacet avec un petit chemin partant sur la droite, et menant dans le parking souterrain. Le portail s’éleva, et la limousine rentra lentement, avant de se garer dans un coin.

Les portes s’ouvrirent, et ils débarquèrent dans le parking. Reto reprit la main de Kelly, et s’approcha d’un ascenseur. Tout ici sentait l’argent et la puissance, même s’il n’y avait pas les gardes armés. Ils entrèrent dans l’ascenseur, qui les amena directement dans la maison.

« Cette maison est dans la famille depuis la fin de la Première Guerre Mondiale, expliqua Reto en marchant. Ceux qui ont racheté cette maison fuyaient le régime bolchévique qui se mettait alors en place. »

Les Petrovski étaient à l’origine des réfugiés, tout comme les Siciliens qui avaient fui l’Italie de Mussolini pour rejoindre les États-Unis. Le duo s’avançait le long des couloirs, grimpant des marches. C’était une villa japonaise typique, avec un parquet luisant, et une série de portes murales qui glissaient sur place. Ils allèrent ainsi jusqu’aux quartiers de Reto, qui ouvrit la porte, et la laissa rentrer. En chemin, ils avaient pu croiser quelques personnes, ce qui était sans grande importance, Reto se contentant de brièvement les saluer. Doutzen, fort heureusement, n’était pas là ce soir, évitant ainsi un crêpage de chignons inutile entre les deux femmes.

C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent dans sa chambre, une chambre assez spartiate, avec un grand lit, une placard abritant ses affaires, et une bibliothèque. Reto referma la porte derrière eux, puis regarda Kelly. Une baie vitrée menait à une terrasse qui surplombait le jardin à l’arrière de la maison. Sa main alla se poser sur son visage, caressant sa tête.

« On a dû te le dire cent fois, Kelly, mais... Tu es vraiment belle. »

Et Reto devait faire partie de ces cent fois... Se penchant vers elle, il alla chercher à l’embrasser.

Tout au long du trajet , elle avait été assez silencieuse, perdue dans ses pensées comme déjà dit. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle faisait. Mais de toute façon, elle ne le serait jamais totalement, donc il fallait parfois accepter l'idée de se jeter à l'eau.Et c'est ce qu'elle allait faire.

Ayant tout le temps de se rendre compte du coté imposant de la maison, ce qui la frappa c'était surtout la froideur qui s'en degageait. Il vivait seul ici, cela se voyait. Oh, il y avait du personnel, des employés, mais personne de vraiment important pour lui.  Elle se rendait compte que derrière les apparences, il était avant tout un homme seul. Etait-ce pour cela qu'il avait tant cherché sa compagnie ? Sans doute, mais peut etre aussi que tout ceci était neuf et amusant pour lui. Que se passerait il une fois qu'il se serait lassé de cela ?  Lui rendant son baiser, de la façon la plus normale et logique qu'il soit dans pareille situation, elle s'éloigna cependant de quelques pas, semblant songeuse. Quelque chose venait de lui traverser l'esprit et c'était lié à reto comme on aurait pu s'en douter

« Moi aussi j'ai passé une bonne soirée. c'était plaisant de discuter avec toi et de mieux te connaitre.Mais tu ne m'as toujours pas parlé de ta maladie »

 puisqu'elle ne pouvait pas lui parler de ses affaires, il restait ce sujet. C'est lui même qui l'avait mis sur le tapis. Elle n'avait rien demandé sauf que maintenant elle était intriguée.Et puis, il avait été assez mystérieux la dessus. Assez que pour que maintenant, elle le questionne.

« j'ai besoin de savoir »

Oui elle voulait certainement avoir au moins quelque chose de sur sur lui.Elle ne savait que ce qu'il avait voulu lui dire. Mais  puisqu'ils étaient plus proches, il était normal d'en vouloir plus

« Si on veut avoir une chance il me semble logique de pouvoir se confier un peu + l'un à l'autre. Tu sais pas mal de choses sur moi. Mais toi , tu ménages tes effets ce que je peux comprendre vu ta situation. Mais ta maladie ne concerne pas tes affaires non ?  J'ai besoin de savoir »

Elle avait été claire. Bien sur il allait pouvoir accepter ou refuser de se confier.  Mais de cette réponse possible dépendait finalement pas mal de choses.Car kelly voyait aussi cela comme un gage de confiance entre eux. D'autant qu'elle avait un étrange pressentiment. Elle ne l'expliquait pas mais elle ressentait , pressentait quelque chose.

« Oui... Oui, tu as raison. »

Dès que leur baiser s’était rompu, plutôt que de poursuivre, Kelly avait embrayé directement sur le sujet épineux : la fameuse maladie de Reto. Cette maladie dont il avait brièvement parlé au restaurant, mais sans réellement rentrer dans le vif du sujet. Maintenant, il ne pouvait plus faire marche arrière, et l’homme hocha donc légèrement la tête, puis s’écarta un peu. En revanche, pour ce qui était de considérer que sa « maladie » ne concernait pas vraiment ses affaires... Hum, il supposait que Kelly verrait bien ça par elle-même.

L’homme s’écarta donc, conservant sur ses lèvres le délicieux goût de la bouche de la femme, puis hocha la tête.

« Très bien... »

Reto se retourna alors, et entreprit de se déshabiller. Il retira sa veste, puis sa cravate, la jetant sur le sol, et opta ensuite pour sa chemise. À quoi jouait-il ? Est-ce que sa maladie était physique ? Avait-il les pieds palmés ? Une affreuse cicatrice ? Un troisième téton ? On pouvait envisager toutes les hypothèses possibles, tandis que l’homme continuait de se déshabiller. Il déboucla sa ceinture, puis tira sur son pantalon, et ôta également ses sous-vêtements, puis se retourna silencieusement vers la femme. Tout nu, elle pourrait ainsi voir que le désordre n’était apparemment pas esthétique... Mais, en revanche, elle pourrait voir que Reto arborait sur le haut de son torse et de ses épaules une belle bardée de cicatrices, comme des griffures.

Il se tut pendant quelques secondes, puis marcha vers la terrasse, et ouvrit la porte vitrée, faisant entrer l’air frais, qu’il huma, en sentant les rayons lunaires. Quelques nuages parsemaient le ciel, mais c’était bien la pleine lune, dardant la nuit de rayons lunaires étincelants, comme une sorte de soleil nocturne.

« Tu te souviens de notre conversation sur le surnaturel, Kelly ? Il y a quelques années, quand j’étais encore à Moscou, j’ai fait partie d’une mission... Après la chute de l’URSS, beaucoup de bases militaires se sont retrouvées abandonnées du jour au lendemain, et j’effectuais des petits boulots. Moi et les gars, on avait pour ordre de se rendre dans un ancien goulag soviétique de Sibérie. On cherchait des gisements, des armes, n’importe quoi à exploiter... »

Il était toujours dos à elle, et le nuage, qui dissimulait la pleine lune, s’écartait de plus en plus.

« Le goulag avait été construit près d’un ancien château qui avait appartenu à des aristocrates russes, proches du régime tsariste, qui ont été exécutés lors d’une insurrection paysanne lors de la Révolution. Les communistes se sont ensuite appropriés ce château, et le goulag, en réalité, avait été construit dans le château. Je te laisse imaginer l’ambiance... La Sibérie, une épaisse forêt, un ancien château abandonné... Les Soviétiques qui géraient le château étaient tous partis, et avaient laissé les prisonniers mourir de faim. Ils s’étaient dévorés entre eux dans leurs cellules. Ce n’était plus un goulag, mais une sépulture. »

Reto lui offrait un récit effrayant, et poursuivait son récit :

« On savait que le goulag exploitait une mine, mais cette carrière n’était qu’une couverture officielle dissimulant des expérimentations scientifiques et génétiques dignes du Docteur Mengele et compagnies. Vois-tu, les anciens propriétaires de ce château avaient une étrange connexion avec les loups. Des témoignages historiques font état de meutes de loups protégeant les villageois, out raquant les criminels. On disait que ces nobles commandaient aux loups, car ils avaient du sang de loup dans leurs veines. J’ignore ce qui avait amené le Parti communiste à croire à ces salades, mais, après la mort de Staline, le Parti a financé des expériences. Nous avons alors compris que nous ne travaillions pas pour une quelconque mafia, mais pour le FSB, le successeur du KGB. Le FSB voulait récolter les informations obtenues dans le laboratoire, et l’un des membres de notre groupe était un agent du FSB. On a été dans les cachots, on a percé en-dessous, dans le laboratoire... »

Reto se tut un peu, serrant ses mains sur le rebord de la terrasse... Et, peu à peu, on pouvait voir des poils pousser tout le long de son corps.

« Je te laisse imaginer le musée aux horreurs... Le personnel sur place avait fui lors de la chute du régime, mais avait laissé derrière eux leurs notes, et leurs sujets d’expérience. Des hommes-loups, des Lycans... Il y a eu une bataille à l’intérieur. L’agent du FSB voulait nous tuer pour récupérer des échantillons de sang d’un cobaye transformé en Lycan. Je l’ai poursuivi dans la forêt, et nous avons été agressés par les loups. Il m’a tiré dessus, et les loups... Ils m’ont mordu et griffé, et, alors que je me vidais de son sang, la dernière chose que je vis... Ce fut... »

Le corps de Reto était en train d’enfler et de grossir, une épaisse fourrure noire venant le recouvrir.

« Les soirs de pleine lune... Le rayonnement lunaire influe sur moi... Ou alors, c’est inconscient... Mais, dans tous les cas, je peux me transformer bien plus facilement. Oh, ne t’inquiète pas, ma douce, je contrôle tout à fait ma transformation, mais... Je dois admettre que c’est assez impressionnant. »

Il se retourna alors, se dévoilant sous son autre apparence. La maladie de Reto n’était autre que la lycanthropie... Et un massif Lycan se dressait alors devant la belle Kelly.

Kelly était restée figée, attentive, pendant tout le moment où il avait raconté son histoire. Elle avait tout au long de cela commençait à imaginer certaines théories. Elle l'avait vu se déshabiller pensant un moment à une malformation quelconque. Mais très vite, elle laissa tomber cette piste. Même si ses cicatrices montraient bien une certaine forme de souffrance.Ce n'était pas cela, d'ailleurs les propos de Reto le confirmaient. L'observant, son histoire avait donc un lien avec son passé criminel. Au fur et à mesure qu'il donnait des détails,  tout devenait plus clair pour elle. C'est comme sid 'un coup le puzzle s'emboitait. Elle l'écoutait toujours mais sur son regard, se lisait une forme de compréhension. Elle mettait du sens sur ce qu'elle n'avait pas compris jusqu'ici. Elle anticipait presque ses mots.

De plus en plus avec les yeux grands ouverts, on voyait l'effroi et la stupeur dans ceux-ci. C'était impossible et pourtant, plus il en disait, plus elle se rendait comtpe que ouic ela ne pouvait être que cela. Reculant peu à peu, elle sentait son coeur battre la chamade alors que les premiers signes de transformation commençaient à être visible.

« C'est c'est »

Monstrueux , mais elle ne trouvait pas la force de laisser le mot sortir de sa bouche.  Continuant de reculer, elle arriva bientot contre un mur qui la bloquait. La peur l'envahissait même si elle entendait la voix de Reto derrière cette nouvelle apparence. Dans sa tete des souvenirs revenaient. Soivent , la nuit, elle faisait le même rêve. Cette soirée , au début de son séjour ici, pendant laquelle après etre sorti dans un bar, elle ne se rappellait plus de rien. Elle s'était réveillée le matin chez elle avec un mal de tête effroyable, sans vetements et avec aucun souvenir. Elle s'était toujours demandéce qui avait pu se passer ce soir là. La nuit elle faisait des rêves avec une bete énorme , féroce qui abusait d'elle, qui la violentait. C'était réel , elle pouvait presque encore ressentir ce qu'elle avait ressenti à ce moment là.Et quand elle se réveillait en sursaut, c'est comme si la bête était là, toujours en elle.

Et en voyant Reto, c'est à cela qu'elle pensait. Etait-ce possible que les deux événements soit liés, que ce soir là, elle ait pu croiser la route de cette bête qui était en fait Reto ?  Etait-ce pour cela que par la suite, il était venu l'aider, se montrant si gentil avec elle ? Avait-il fait cela par culpabilité ? Finalement tout se tenait et c'était même logique comme façon de raisonner

« C'était toi ce soir là ? Je savais que je n'avais pas rêvé, que je n'était pas folle »

prise d'effroi elle se sentait prise au piège. Complètement déboussolée, elle n'avait plus de repères dans cette pièce. Son coeur allait exploe rtant il battait fort et elle avait envie de crier, de hurler. Cherchant la porte , elle tenta tant bien que mal de sortir, maladroite. Et quand elle y parvint, c'est complètement affolée qu'elle sortit de la pièce, courant tant bien que mal avec ses talons. Kelly avait voulu savoir, elle savait. Mais maintenant elle le regrettait.Qu'allait il advenir d'elle ? Elle étaiten danger elle en était persuadée.Dans quoi c'était elle encore fourrée ?

Et elle fuit... Évidemment. Néanmoins, ce qui interpella Reto ne fut pas tant sa fuite que la phrase qu’elle prononça, toute paniquée, en voyant son apparence... Sauvage. Lui ? « Ce soir-là » ? De quoi parlait-elle donc ? Reto ne pouvait évidemment pas savoir que Kelly avait été agressée par un symbiote extraterrestre ayant pris le contrôle d’un policier, mais il lut une authentique terreur dans les yeux de Kelly, ce qui le blessa bien plus qu’il ne l’aurait cru. Le Lycan la laissa fuir, restant sur place, car il préférait ne pas courir sous cette forme. Néanmoins, inverser le processus n’était pas aussi facile que ça. C’était aussi une autre raison pour laquelle il ne pouvait pas encore quitter le clan. La lycanthropie était une mutation difficile, et le clan lui avait fourni des sérums, des vaccins, des méthodes curatives ayant permis de contrôler la transformation, mais pas encore à un stade optimal. L’homme s’appuya donc contre la rambarde, et se força, poussant de longs gémissements et des hurlements de souffrance en se transformant de nouveau. Les poils tombèrent le long de son corps, et il vomit plusieurs caillots de sang, en pensant tourner de l’œil. Cette souffrance-là dépassait tout ce qu’il avait jamais pu subir au cours de son existence. Tout son corps hurlait à l’unisson, et Reto se sentit bien défaillir. Il s’affala lourdement contre son balcon, le corps en sueur, mais réussit tant bien que mal à se redresser, épuisé et éreinté, mais avec une pensée revenant en tête, comme un leitmotiv entêtant et lancinant.

Kelly ! Kelly, qui l’avait fuie, Kelly, qui se terrait quelque part... Reto, tout nu, se retourna alors, et sortit de la chambre, débarquant dans le couloir, où il titubait à moitié.

*L’hypothèse la plus probable est que Kelly ait déjà rencontré, à Seikusu, une créature surnaturelle, mais que sa mémoire l’ait occultée...*

Il était impossible que ce soit lui, car Reto s’enfermait toujours quand il sentait les crises venir. Sous sa forme de Lycan, il lui arrivait parfois de perdre le contrôle, et de ne plus se retenir. Dans cet état, il devenait alors une bête sauvage, et, pour empêcher ça, quand Reto sentait cette crise arriver, il s’enfermait dans une chambre forte, en attendant que sa rage passe. Fort heureusement, ces épisodes étaient maintenant rarissimes, mais ils n’en restaient pas moins terrifiants.

L’homme s’élança donc à la poursuite de Kelly, mais le manoir était grand, et, au fur et à mesure qu’il avançait, il allumait les lumières. Au bout d’un moment, l’homme alla près d’un téléphone mural, qui permettait de contacter d’autres parties du manoir.

« Non, Monsieur, lui répondit-on, aucune femme n’est passée par le vestibule. »

Reto hocha la tête en raccrochant le combiné. Kelly était donc quelque part, probablement dissimulée dans un endroit. Reto marcha donc, et ferma alors les yeux, puis se concentra. Depuis qu’il était devenu un Lycan, quand il ressortait d’une transformation, il héritait encore de certains traits sensoriels de ces créatures, comme leur odorat très sensible. Or, il avait côtoyé Kelly toute la soirée, et l’avait suffisamment embrassé pour se souvenir de sa délicieuse odeur. Il marchait donc, essayant de se diriger en la pistant à l’odeur.

« Kelly... J’ignore ce que tu as vécu, ma chérie, mais... Je n’y suis pour rien. Si j’avais voulu te faire du mal, j’aurais pu le faire depuis longtemps. Je t’assure ! Fais appel à ton bon sens ! Je ne veux que ton bonheur... Et je ne sors jamais de chez moi quand je me transforme ! Même mes hommes de main ne savent pas ce que je suis ! Seul Yuri, mon second, est au courant. Kelly ! »

Il ouvrait les portes, l’une après l’autre, en essayant de la retrouver...

Dans sa fuite, Kelly avait fini par trouve refuge dans une pièce assez sombre. Par peur, elle n'avait pas allumé la lumière, mais elle y devinait un certain désordre. Sans doute devait il s'en servir comme débarras au vu des objets divers qui y régnait. Après tout, il y avait assez de place pour faire autre chose ailleurs. L'entendant lentement approchait, elle avait le coeur qui battait assez fort. Dans quoi s 'était elle encore fourrée ? Elle l'entendait de plus en près, il se rapprochait. Toujours sous le choc, il disait n'avoir rien de mal à lui proposer. Mais comment le croire ? Elle n'était pas folle, elle l'avait vu se transformer en monstre.

Elle avait beau dire que ce n'était pas possible, mais pourtant c'était le cas. Et elle s'était aussi rappellée de ce qui avait pu arriver quelques mois avant. Le lien paraissait évident. C'était lui, c'était cette bête qu'elle avaitrevu encore et encore en rêve. Tout devenait plus clair.

Le sentant encore plus près, elle avait peur comme jamais. Reto n'était pas un humain, c'était un monstre. Quelque chose qui n'avait pas de nom et qui échappait à la raison. Comment pouvoir expliquer pareille chose sans paraitre folle ?

Avançant dans la pénombre de la pièce , elle cherchait un moyen de s'échapper. Elle espérait une fenêtre, une porte dérobée. Certes, elle ne voyait pas grand chose, avait bien du mal à se repérer dans un endroit dont elle n'avait aucun repère, mais Kelly n'avait pas le choix. Pôur s'échapper, il fallait passer par là, elle n'avait pas d'autres options.

Trouvant une légère ouverture, elle se mit à avancer un peu plus lentement encore. Elle avait l'impression d'entrer dans un prolongement de la pièce même si le sol était un peu plus bas que prévu. Manquant de trébucher une première fois, elle se rattrappa à ce qu'elle pouvait contre le mur. Elle ne savait pas ce que c'était, mais elle y parvint,sans doute via un porte manteau  ou quelque chose de ce genre dans le mur. Laissant ses mains contre le mur, elle eut l'impression de sentir une porte. Vérifiant par deux fois, cela sonnait plus creux et surtout, elle sentit une espèce de clinche.

Retrouvant une certaine forme d'espoir, elle ne reflechit pas plus et ouvrit la porte,  S'avançant à pas de loup, elle n'eut pas vraiment le temps de se rendre de quoique ce soit puisque elle bascula dans le vide en sentant le sol se dérober sous ses pieds. Basculant vers l'avant sans plus aucun équilibre, elle sentit qu'elle heurta quelque chose assez rapidement et que sa chute fut assez rapide. Sombrant  assez rapidement dans l'inconscience, elle crut voir un moment une ombre penchée sur elle. Cette fois, elle était prise au piège pour de bon.

« Allons, Kelly, ça devient ridicule... Nous passions une si bonne soirée. Si je voulais te faire du mal, tu ne crois pas que j’aurais eu maintes fois l’occasion de le faire ? Ciel, j’aurais au moins pris la liberté de t’attacher avant de te montrer ma vraie forme ! »

Reto n’était pas fait pour rassurer les gens. Ce n’était pas un domaine dans lequel il était compétent, et, ce faisant, il tâtonnait un peu. L’homme se promenait dans ses couloirs, en sachant que Kelly n’avait pas pu aller bien loin... Puis il entendit du bruit, et s’avança vers une porte à droite, qu’il ouvrit en la faisant coulisser. Elle donnait sur un débarras, et il entendit ensuite un choc sourd, puis serra les lèvres.

« Kelly ! »

Elle s’était rendue dans une remise, en apparence anodine, mais qui abritait une porte secrète, un faux-mur qu’on pouvait faire coulisser, et qui débouchait sur un escalier. Dans la pénombre, elle n’avait pas dû faire attention, et l’homme se précipita à sa suite. Il dévala l’escalier, et se posa vers Kelly... Pour constater qu’elle était tombée dans les pommes, mais qu’elle n’avait rien. Elle ne saignait pas, et Reto se mit à soupirer, en secouant la tête.

« Quelle impulsivité... »


Quand Kelly se réveilla, ce fut pour constater qu’elle était dans un lit, qu’elle portait toujours sa robe, et qu’elle était dans une pièce sombre, aux murs gris. Le lit n’était pas un grand lit, mais une sorte de lit de caserne, collée contre le mur, dans ce qui ressemblait à un bunker souterrain. Il y avait, dans la pièce, un bureau au centre de la pièce, et une série d’écrans... Et Reto, assis sur un siège, son pantalon sur lui, et une veste sur son corps, ouverte, dévoilant son torse...

...Et Kelly était aussi menottée, avec un bâillon sur les lèvres.

« Navré, mais je devais m’assurer de pouvoir te parler avant que tu ne hurles, ou ne te tente à nouveau de t’enfuir. Tu aurais pu te faire très mal, tu sais, en tombant le long de l’escalier... Il suffit que tu heurtes le sol avec ton cervelet, là, et... Tu peux te retrouver paralysée à vie. »

Reto parlait sur un ton calme, et se redressa. Le temps que Kelly soit dans l’inconscient, il avait eu le temps de réfléchir, de faire le vide dans sa tête, et de réfléchir au meilleur moyen possible de calmer Kelly, et, surtout, de la convaincre de ses bonnes intentions à son égard.

« Je vais te détacher, d’accord ? Je veux juste... Te parler un peu. Je... Je sais que c’était un peu brutal, ce que je t’ai montré, et je m’attendais à ce que tu prennes peur... Mais là, tu as été un peu au-delà de mes honnêtes prévisions. »

C’était même un euphémisme. Il se déplaça un peu, et récupéra une télécommande traînant sur la table, puis appuya sur un bouton. Immédiatement, tous les écrans s’illuminèrent, et montrèrent une série de photographies, de revues de presse, d’articles de journaux, ayant un thème commun : les « supers ». On pouvait voir Supergirl, Sentinel Prime, des articles sur le SHIELD... Le rencard entre Reto et Kelly prenait un tour tout à fait inattendu, bien loin de ce que Reto avait initialement pensé.

« Tu es dans ma chambre secrète... C’est là que je mène quantité de recherches sur tout ce qui est paranormal. J’imagine que tu as dû entendre parler de tous ces méta-humains en tenues costumées qui se baladent dans le ciel, non ? Cette... Cette Supergirl, Miss Marvel, cette nana en armure bleue... Ces gens ne sont que la partie immergée d’un iceberg qui est dissimulé aux yeux des simples mortels. La vérité est camouflée, maquillée, et... Et je comprends ça. Mais, depuis le jour où je suis devenu un Lycan, j’ai dû multiplier mes renseignements, les recherches, afin d’en savoir plus... Nous vivons dans un monde rempli de monstres, ma belle... La... La chose qui t’a agressée, ce n’était pas moi, Kelly. J’ignore ce que c’était, mais... Si je voulais te fair edu mal, j’aurais eu mille fois l’occasion de m’y prendre ces semaines dernières, tu ne crois pas ? »

Il s’était rapproché d’elle, et venait se poser sur le lit. Lentement, sa main vint caresser sa joue, et un délicat sourire vint se poser sur ses lèvres.

« La seule chose mal que je t’ai jamais faite, ma louve, ça a été de gifler... Un geste pour lequel je continuerais encore à me faire pardonner à tes yeux. Mais, pour ce qui est du reste... Je ne t’ai jamais rien fait. »

Reto laissa encore passer quelques secondes, puis sortit de sa poche une clef, qu’il utilisa pour la libérer, avant de lui ôter son bâillon...

...Pour le coup, il était bien incapable de dire comment Kelly allait réagir.