La journée promettait d'être étrange. Ce n'était pas tous les jours que l'on photographiait des bonnes soeurs. Pete n'avait pas son mot à dire, on lui avait proposé le contrat, et il l'avait accepté tel quel. Ca le changeait des shootings pour des marques de vêtements, ça c'était sûr. Une série de photographies sur les nonnes, probablement dans le but d'en faire un calendrier ou quelque chose comme ça.
Il arrangea une nouvelle fois la pièce, en déplaçant un peu le trépied et l'objectif fixé dessus. Il avait caché volontairement les portants de vêtements qu'il laissait généralement dans un coin de la pièce. Bizarrement, il n'avait pas trop envie que des nonnes voient des tas de vêtements, des plus sobres aux plus affriolants. Enfin, surtout les affriolants. Une nonne, ça ne met pas de porte jarretelles, enfin dans son esprit. Il avait donc entreposé les portants dans la pièce jouxtant la salle de shooting.
Un mur blanc, plusieurs chaises, des éclairages, et c'était à peu près tout. Il n'avait aucune idée s'il devait prévoir des accessoires, des objets de décor. Au pire il retoucherait de manière numérique en rajoutant des décors comme cela se faisait souvent à présent. Il avait donc fait minimaliste, et ajusterait avec ce qu'il avait à disposition ici. Quelqu'un sonna, et il appuya sur l'interphone pour ouvrir la porte d'entrée de l'immeuble. Pas du genre à se méfier, il ouvrait sans même vérifier qui avait sonné. Il ne le saura que lorsque l'on frappa à la porte du studio, et qu'il ouvrit sur ... Une seule nonne.
Souriant, il dévisagea l'inconnu en gardant un air affable et accueillant. Pourtant on lisait une sorte de surprise sur son visage quand il jeta un bref coup d'oeil dans le couloir, à gauche comme à droite.
Bonjour, je suis Pete Dwight, le photographe. Et vous êtes ... ?
Il attendait qu'elle entre dans le studio en se sortant du passage pour la laisser passer. Et il refermera après elle, lui dévoilant la pièce. Un coin "détente", pourvu d'un canapé, d'une table basse ainsi que d'un petit bar avec une cafetière et des verres, et la partie travail, décrite plus haut. Il l'invita à aller vers le côté détente pour l'instant en la précédant.
Je suis surpris de vous trouver toute seule, vos consoeurs arriveront après ?
C'est vrai que la demande ne stipulait pas le nombre de modèles. Mais dans sa tête c'était plusieurs nonnes. Comme quoi les a priori ... Il s'installa dans un fauteuil, laissant le canapé à la guise de la religieuse.
Vous allez pouvoir m'expliquer plus en détails vos requêtes. L'intérêt des photos, leur usage. De toute manière à la fin de la séance je vous les remet toutes, sauf si vous préférez un post traitement par informatique avant. Pour les retouches, ce genre de choses. Aussi, s'il faut des éléments de décor ou des accessoires pour ce que vous envisagez, il me faudra voir avec ce que j'ai en stock ou prévoir une seconde séance.
Bon, il avait énoncé les principaux points pour la mettre au courant de tout ce à quoi il avait pensé jusqu'ici, pour qu'elle ait toutes les cartes en main de son côté. Ca lui faisait bizarre d'être face à une bonne soeur jeune, il s'attendait également à voir une vieille pomme flétrie venir poser, mais ce n'était pas pour lui déplaire qu'être face à Leah.
D'un geste silencieux, il lui proposa du café, en se levant pour s'en servir. Ce n'est pas parce qu'elle vivait dans un couvent qu'elle ne devait pas goûter à certaines choses, et il doutait même qu'on leur interdise le café. Mais enfin, au risque de commettre un impair, il allait y aller petit à petit avec la nonne.